Dans le monde bancaire, les vaches courent en liberté


Dorénavant, le panneau de BNP Paribas Fortis côtoie celui de BPost sur les bureaux postaux

Deux visites dans un bureau de BPost, ces deux dernières semaines, pour des opérations banales comme le dépôt d’un recommandé, ou l’achat de timbres, et à chaque fois, une file qui m’a obligé à patienter «un certain temps». Sans énervement, car le personnel postal était extrêmement aimable, et aidait de son mieux les anciens clients de la Banque de La Poste, aux prises avec les problèmes que leur posait le passage sous la bannière de la BNP Paribas Fortis, dont l’enseigne, désormais côtoie celle de BPost sur tous les bureaux du pays.

Les employé(e)s de BPost avaient bien du mérite, car leur formation à cette nouvelle fonction d’agents bancaires avait été expéditive. «C’est comme si on nous avait appris à faire du vélo sans vélo» avait confié l’un d’entre eux.

Lors de mes deux visites, l’accueil que j’ai reçu a été extrêmement positif, dans la mesure où les opérations que je requérais étaient strictement postales, et pas d’une complexité extrême.

Le passage de la Banque de La Poste à BNP Paribas Fortis interpelle néanmoins sur plusieurs points.

D’abord parce que, même s’ils (elles) ne sont pas forcément les plus nombreux(ses), les client(e)s de la Banque de La Poste, qui l’avaient choisie parce qu’elle était une banque publique, se sont retrouvé(e)s du jour au lendemain client(e)s d’une banque privée française, sans avoir le choix de réagir. Bien sûr, il leur était loisible de changer d’organisme bancaire, mais au prix de démarches qui ne les tentaient sans doute pas forcément.

Ensuite parce que, son réseau s’étant ainsi considérablement étoffé, on peut supposer que BNP Paribas Fortis va poursuivre sa politique, qui n’est pas la seule du secteur bancaire, de fermeture d’agences, et de licenciements de personnel, qui lui coûte par définition beaucoup plus cher que le personnel de La Poste, qu’elle ne rémunère pas.

Enfin, et ce n’est pas le moindre paradoxe, parce que, tandis que les agents de BPost se muent ainsi en agents bancaires, de nombreux(ses) employé(e)s de moyennes surfaces, où sont implantés des «Points Poste» ajoutent à longueur de journée un travail… d’employé(e) de BPost à leur boulot de caissier(e) ou de réassortisseur(se). Sans être rémunéré, on le suppose, pour ce travail additionnel. Une situation où on se dit qu’on marche décidément sur la tête!

Selon un vieux dicton campagnard, si chacun est à sa place, les vaches seront bien gardées. Dans le secteur bancaire, manifestement, les vaches commencent à courir en liberté…

Un coin limbourgeois dans le «canon flamand»


Quand il n’oublie pas la commune de Fourons, le Belang van Limburg joue le rôle de porte-parole de sa province. Et en vertu du principe selon lequel «qui aime bien châtie bien», il n’hésite pas à fustiger l’autorité flamande quand elle ne respecte pas, à ses yeux, la spécificité du Limbourg.

Nous avons déjà évoqué dans ce blog, la critique du «canon flamand», ce récit historique à visée nationaliste, voulu par le ministre-président flamand, Jan Jambon, et son ministre de l’Enseignement, Ben Weyts, lui aussi N-VA.

Des historiens flamands réputés ont fait part de leur désaccord avec cette manière d’écrire, ou de réécrire l’Histoire.

Le Belang van Limburg, lui, a dénoncé le fait que ce «canon flamand» résumait trop à ses yeux l’histoire du comté de Flandre, et un peu du duché de Brabant et du marquisat d’Anvers. Un peu à la manière dont Henri Pirenne, à la fin du XIXeme siècle, avait écrit l’histoire de… Belgique, négligeant la Wallonie. D’où le cri de Jules Destrée, dans sa Lettre au Roi, de 1912, «Ils nous ont volé notre histoire».

Le quotidien de Hasselt dénonçait le même oubli pour la province de Limbourg, dont il rappelait qu’à l’époque, les territoires qui le composent, essentiellement le comté de Looz, faisait partie de la principauté de Liège.

Le Belang van Limburg en remet une couche pour l’instant, en publiant une série d’été sur l’histoire du Limbourg.

Ce vendredi, il rappelait ainsi que Louis-Erasme Surlet de Chockier a été le premier chef d’État de la Belgique, avant le choix de Léopold Ier.

Surlet de Chockier est largement tombé dans l’oubli depuis lors. Sauf à Gingelom, une petite commune du sud de la province, non loin de Saint-Trond, dont il était châtelain, et où son buste décore toujours la Maison communale.

La série est sur le point de prendre fin. Elle enfonce un coin dans le «canon flamand». Elle rappelle surtout que les faits sont têtus. Et que vouloir les plier à une humeur politique du moment est une démarche condamnée d’avance.

Le football belge scie la branche sur laquelle il est mal assis


La plainte de l’Excelsior Virton contre la licence accordée au SKLommel ébranlera-t-elle le football européen, voire mondial, à l’instar de l’action entreprise, il y a plus de trois décennies, par un joueur belge inconnu sur le plan international, Jean-Marc Bosman, qui a mis par terre l’enchaînement des footballeurs à leur club? Bien malin qui pourrait le dire, car le bras-de-fer engagé par le club gaumais est gigantesque, en ceci qu’il vise des clubs européens de premier plan comme le Paris Saint-Germain, ou Manchester City? Et puis, dans une affaire qui oppose un club wallon à un club flamand, il ne faut pas être grand clerc pour deviner dans quel sens pencheront et l’Union belge et la Ligue professionnelle, dont le directeur, faut-il encore le rappeler, est l’ancien président de la N-VA…

Il n’empêche, les Virtonais ont de quoi faire réfléchir les juges, sinon belges, du moins européens puisqu’ils annoncent déjà, s’ils étaient déboutés, qu’ils s’adresseraient à la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui a son siège à Luxembourg. Au moins, si leur dossier y aboutit, ne seront-ils pas astreints à un très long déplacement.

C’est là que le parallèle avec le dossier Bosman prend toute sa dimension, car à l’époque, c’est à la fois à la non-conformité du système de transferts en vigueur avec les règles européennes sur la libre circulation des travailleurs et à la pseudo-autonomie juridique des fédérations sportives que les avocats du joueur liégeois s’étaient attaqués. Avec, en apparence, aussi peu de chances de s’imposer que l’Excelsior Virton aujourd’hui.

Nous avons déjà eu l’occasion, dans ce bloc, d’épingler la main-mise sur le football mondial, sur le football européen, et donc sur le football belge, par des pouvoir qui n’ont rien de sportifs, et qui pèsent sur des décisions sportives.

C’est ainsi que le Paris-Saint-Germain est passé sous pavillon qatari, pas pour le pire mais pas non plus pour le meilleur, dans la foulée du soutien de la France à l’attribution au Qatar du récent Mondial qui a couronné l’Argentine.

L’émirat n’est certainement pas le seul à pratiquer de la sorte: ce sont les Émirats Arabes Unis qui contrôlent Manchester City, et l’Arabie Saoudite Newscastle. L’oligarque russe Roman Abramovich avait acquis Chelsea avant de le céder au groupe du milliardaire américain Todd Boelhy, par suite de la guerre en Ukraine.

La situation en Belgique n’est pas plus rose: si le Club Brugeois, Anderlecht, le Sporting de Charleroi, Malins, le RC Genk, ou La Gantoise et l’Antwerp restent contrôlés par des propriétaires belges plus ou moins fortunés, l’AS Eupen est toujours financée, elle aussi, par le Qatar (qui semble toutefois se retirer progressivement du club); le Standard de Liège est aux mains d’un consortium international, 777 Partners, qui achète des équipes de football dans le monde entier; le Cercle de Bruges est un satellite de l’AS Monaco. Courtrai est propriété d’un milliardaire malaisien qui possède déjà Cardiff City et le FK Sarajevo; et Saint-Trond est aux mains d’une entreprise japonaise d’e-commerce.

Westerlo, pour sa part, est sous la coupe d’un entrepreneur turc, dont l’usine, installée au Soudan, produit du matériel militaire. Le KV Ostende, relégué à l’issue de la présente saison, est toujours, mais pour combien de temps encore, dans le giron du Pacific Media Club, lui aussi spécialisé dans l’achat de clubs de football. Le partenariat entre le FC Seraing et le FC Metz n’a pas empêché le club liégeois, lui aussi, de basculer en seconde division.

Pour l’Union Saint-Gilloise, le partenariat avec Brighton & Hove-Albion est, depuis quelques années, marqué du sceau de la réussite, mais là aussi, il y a le risque qu’un jour, le propriétaire du club britannique change d’humeur.

Visé par la plainte de l’Excelsior Virton, leSK Lommel, lui, fait patrie du City Football Gropup,et reçoit donc des fonds d’Abu Dhabi. De quoi violer les règles en matière de concurrence, souligne le club gaumais, avec une pertinence apparente.

Les Allemands, eux, ont depuis longtemps réglé le problème: leurs clubs doivent avoir des propriétaires majoritairement allemands. Cela n’empêche pas le Bayern de Munich d’être champion pratiquement avant que le championnat ne débute. Mais au moins, cela évite-t-il, en principe, des écroulement sspectactulaires.

Retour au football dans notre petite terre d’héroïsme. Un football pas très ragoutant, si on se rappelle les magouilles mises au jour par notre ancien confrère Thierry Luthers, qui avouait n’avoir pu les dévoiler que parce qu’il arrivait en fin de carrière.

Les dossiers de corruption ainsi établis, et confirmés par les aveux d’un repenti n’ont rien changé: la plupart d’entre eux se sont terminés par des transactions financières (ben, tiens), et on peut supposer qu’en coulisses, bien peu de choses ont changé. Une preuve? La finale de la coupe de Belgique se joue toujours avant la fin du championnat. Manière de favoriser tous les arrangements pour la distribution des tickets européens…

Cette année, le nombre de clubs plus haut niveau de notre football va se réduire, et la deuxième division, que je me refuse à baptiser du nom publicitaire qu’on lui donne, sera renforcée.

De quoi renforcer nos clubs? Soyons sérieux, là n’est pas le propos! Nous ne serions que moyennement étonnés si les «play-offs», qui étonne tous les observateurs étrangers, résistaient encore longtemps à l’absence, cette année, du Standard et d’Anderlecht dans le dernier carré.

Surtout, il faudrait se rendre compte que le nombre de clubs professionnels est trop élevé en Belgique, et que la manière dont le football professionnel étouffe le football amateur ne fera qu’amplifier le marasme.

Passons rapidement sur la désaffection du public autour des terrains de toutes les séries provinciales: qui voudrait aller voir se disputer une rencontre sous la pluie et dans le froid, un dimanche après-midi, alors que la télévision payante offre deux rencontres de la pseudo-élite de notre football, tranquilles, au coin du feu?

Et puis il y a ces règles absurdes pour empêcher des clubs amateurs de damer le pion à des clubs professionnels.

Encore un champion qui ne peut pas monter: le FC Warnant en division II amateur. Le cinquième ou le sixième classé le remplacera. En dépit de toute logique sportive!

Pas question, par exemple, d’obliger, dans le cadre de la coupe de Belgique, le club le plus haut classé d’aller disputer un match éliminatoire sur le terrain du club le plus modeste. La formule marche bien en Franche, mais chez nous, pas question d’autoriser un club amateur à atteindre le stade des quarts, voire des demi-finales!

Et puis il y a cette règle absurde qui empêche un club amateur de monter, même s’il est champion, et respecte les règles éthiques.

Il y a un an, j’épinglais le cas du RFC Liégeois, champion de sa série, mais empêché de monter dans un absurde tour final à quatre, avec trois équipes flamandes dont deux n’avaient pas le sésame indispensable pour atteindre la division Ib.

Cette année, le club de Warnant a été sacré largement champion de division II amateur, devant des clubs nettement plus huppés, qui n’ont pas manqué de dénigrer et ses installations et ses «paysans» de joueurs, car en Hesbaye évidemment, il n’y a que des bouseux.

Tout cela n’a pas empêché les «Verts» de s’emparer du titre, pour le plus grand plaisir de leur président-mécène depuis plus de 30 ans, mais ils ne monteront pas. À la fois parce que ce président ne peut se permettre d’engager un nombre requis de footballeurs professionnels. Et aussi parce que le terrain du club pourrait être trop étroit de quelques mètres.

Les joueurs du FC Warnant garderont en mémoire ce titre gagné de haute lutte, mais le promu sera un club classé… en cinquième ou sixième position. Plus professionnel, sur papier du moins.

À force de continuer à scier la branche sur laquelle il est assis, en étouffant le football amateur, le football professionnel belge ne se ménage pas un bel avenir.

Une génération dorée comme celle qui passe la main au niveau national ne sera plus là pour masquer cette vérité.

Quand le «Belang van Limburg» reprend la «Lettre au Roi» de Jules Destrée de… 1912


Depuis quelques semaines, la VRT, aux ordres du gouvernement flamand, a entamé la diffusion d’une grande fresque historique retraçant l’Histoire de la Flandre. Une Histoire de Flandre qui ne convainc pas nombre d’historiens flamands. Et ne satisfait pas des téléspectateurs, notamment en province de Limbourg, où, sans le savoir sans doute, on reprend pratiquement les termes de la fameuse «Lettre au Roi» où le député wallon Jules Destrée, en 1912. Celle où il déclarait à Albert Ier, «laissez-moi Vous dire la vérité, la grande et horrifiante vérité : il n’y a pas de Belges».

Het Verhaal van Vlaanderen a fait froncer les sourcils de plus d’un historien flamand rigoureux. D’abord parce que l’entreprise a été commanditée par des ministres nationalistes flamands de la N-VA, qui ont généreusement subsidié l’entreprise. Et on peut les soupçonner de ne pas vouloir un résultat contraire à leurs attentes.

La démarche historique, ou pseudo-historique, n’est par ailleurs pas neuve, et elle a montré ses limites dans le passé. Notamment à travers la monumentale Histoire de Belgique, établie par Henri Pirenne, à la fin du XIXe siècle, et dont le propos était que la Belgique pré-existait déjà avant son indépendance, proclamée en 1831. C’est de cette époque que date la référence à la fameuse phrase de Jules César, dans sa relation de la guerre des Gaules, «horum omnium, fortissimi sunt Belgae»; «de tous ces peuples de la Gaule, les Belges sont les plus courageux». En omettant opportunément la suite de la phrase du conquérant latin, «propterea quod a cultu ataque humanitate provinciæ longissime absunt», «principalement parce qu’ils sont les plus éloignés de la culture et le l’humanité de la province (romaine)».

C’est, près de 130 ans plus tard, la démarche qu’a voulu initier le gouvernement flamand, en imposant le «canon flamand» à sa chaîne publique, dont il a par ailleurs singulièrement réduit les moyens.

Dans cette perspective, il faut nécessairement tordre le cou aux faits historiques, à la fois pour ne pas allonger indéfiniment le récit, et aussi pour rendre plus solide la thèse sous-jacente.

Cela ne va pas sans mal. Ainsi, cette semaine, un lecteur du «Belang van Limburg» se plaignait-il. «La manière dont la Bataille des Éperons d’Or a été reconstituée a été bien réalisée et s’est révélée très instructive» a-t-il écrit au quotidien limbourgeois. «Mais ce qui me dérange», a-t-il ajouté, «c’est que depuis mon école secondaire, nous sommes, ici au Limbourg, obligés d’apprendre l’histoire de la Flandre-Occidentale et de la Flandre-Orientale, et que nous n’apprenons presque rien de notre propre histoire (…). Et je suis toujours aussi frustré. Est-ce qu’on parlera, dans de prochaines émissions, des traités de Londres (1839) et de Maastricht (1843), qui ont été tellement important pour le Limbourg? Le Limbourg qui est à nouveau traité par une marâtre.».

Et de conclure: «Je n’ai aucun problème avec le fait que cette série a été largement subsidiée. Sans de tels subsides, j’en ai bien peur, une telle série télévisée serait impossible à réaliser. Mais, par contre, j’aurais aussi aimé que ma propre histoire soit mise en image».

Ce que ce lecteur ne sait peut-être, ou pratiquement pas, c’est que dans son courrier au quotidien limbourgeois, il a en partie paraphrasé Jules Destrée. On croirait même relire le texte écrit en 1912 par le député wallon à l’adresse du roi Albert Ier.

«Ils nous ont pris notre passé», accusait Jules Destrée en 1912

«Ils nous ont pris notre passé. Nous les avons laissé écrire et enseigner l’histoire de Belgique, sans nous douter des conséquences que les traditions historiques pouvaient avoir dans le temps présent. Puisque la Belgique, c’était nous comme eux, qu’importait que son histoire, difficile à écrire, fût surtout celle des jours glorieux de la Flandre ? Aujourd’hui, nous commençons à apercevoir l’étendue du mal. Lorsque nous songeons au passé, ce sont les grands noms de Breydel, de Van Artevelde, de Marnix, de Anneessens qui se lèvent dans notre mémoire. Tous sont des Flamands ! Nous ignorons tout de notre passé wallon. C’est à peine si nous connaissons quelques faits relatifs aux comtes du Hainaut ou aux bourgmestres de Liége. Il semble vraiment que nous n’ayons rien à rappeler pour fortifier les énergies et susciter les enthousiasmes», écrivait notamment l’élu carolorégien.

«Des milliers et des milliers d’écoliers ont subi le même enseignement tendancieux. Je suis confus de mon ignorance quand je m’interroge sur le passé wallon. Des amis mieux informés m’assurent que notre grand Pirenne, malgré tant d’aperçus ingénieux, n’a pas su, sur ce point, se dégager de la traditionnelle glorification flamande et faire à la Wallonie la place qu’elle mérite. Il est assez frappant qu’à Liége, comme dans le Hainaut, on réclame maintenant des histoires régionales, dont on sent la nécessité», poursuivait Jules Destrée.

«Mais quelle que soit mon incompétence sur ces sujets controversés, un aspect significatif des dernières commémorations me paraît à noter. Il semble que le patriotisme rétrospectif des Flamands ne se plaise qu’à célébrer des massacres de Français. La bataille des Éperons d’or, si éloignée (1302 !) est devenue extraordinairement populaire parce qu’elle fut l’écrasement de la chevalerie française. Toute la Campine fut soulevée en 1898 pour le centenaire de la Guerre des paysans ; on exalta avec raison l’héroïsme de ces pauvres gens révoltés par amour de leur terre et de leur foi, mais dans tout cet élan, dans tous ces discours, on découvrait le sentiment mauvais de la haine de la France, la malédiction de l’étranger. Certains fanatiques flamingants, quand ils vous parlent d’histoire, semblent toujours regretter le temps où la mauvaise prononciation de Schild en vriend était punie de mort immédiate», commentait-il encore.
«Ils nous ont pris nos artistes. Le maître pathétique de Tournai, Roger de le Pasture, l’un des plus grands artistes du XVe siècle, est incorporé parmi les Flamands sous le nom de Vander Weyden. L’art flamand brille d’un éclat radieux. L’art wallon est ignoré», relevait également Jules Destrée.

Pour en revenir au courrier du lecteur du «Belang van Limburg», on ne se risquera pas à se demander quel cours d’histoire il a suivi en humanités ou du moins ce qu’il en a retenu. Car si sa connaissance de l’histoire du Limbourg se limite aux traités de Londres et de Maastricht, qui ont acté la scission des Limbourg belge et néerlandais, et aussi, ne l’oublions pas, la séparation de la province et du Grand-Duché de Luxembourg, le passé de sa province est bien plus ancien.

Et c’est là, sans doute, pourquoi Het verhaal van Vlaanderen ne va guère parler du passé du Limbourg. Car il devrait alors revenir sur la longue histoire de la principauté épiscopale de Liège, dont le Limbourg néerlandais et le Limbourg belge faisaient largement partie, au même titre que nombre d’autres terres wallonnes d’ailleurs.

Parmi les vingt-trois «Bonnes villes» de la principauté de Liège, douze étaient limbourgeoises pour onze répandues sur le territoire qui est devenu wallon aujourd’hui. Bree, Beringen, Bilzen, Borgloon (Looz), Hamont, Hasselt, Herk-de-Stad (Herk-la-Ville), Maaseik, Peer, Sint-Truiden (Saint-Trond), Stokkem, et Tongeren (Tongres) ont partagé leur passé avec Châtelet, Ciney, Couvin, Dinant, Fosses-la-Ville, Huy, Liège, Thuin, Verviers, Visé et Waremme. Elles y côtoyaient Bouillon et Maastricht, chacune sous statut particulier.

Difficile, on s’en doute, pour une histoire flamingante de la Flandre, de rappeler cette cohabitation qui a duré plusieurs siècles, sans que les différences linguistiques ne suscitent de conflit majeur, le latin ayant été longtemps la langue de gouvernement.

Au bout du compte, Het verhaal van Vlaanderen séduira sans doute la majorité des téléspectateurs flamands, mais en laissera un certain nombre, notamment en province de Limbourg, sur leur faim. Et d’ici à quelques années, sa démarche historique apparaîtra aussi vaine que ne l’est, aujourd’hui, celle de Henri Pirenne, chantre de la Belgique éternelle…

Les masques sont tombés au Qatar


«Humour qatari»

Les «humoristes» qataris ont fait dans la «groβe» dentelle, après l’élimination de l’équipe allemande de football du Mondial dans leur pays. En parodiant le geste des joueurs de la Mannschaft, ils ont surtout fait la démonstration de leur stupidité : le «onze» allemand, en se mettant la main devant la bouche, lors de la photo d’équipe précédant son tout premier match, ne voulait pas dénoncer en premier l’absence de droits humains dans le pays organisateur de la compétition, mais la lâcheté de la FIFA.

Un geste symbolique fort des joueurs allemands

La Fédération Internationale de Football Association avait en effet accepté au départ que les capitaines sept nations européens (Allemagne, Angleterre, Belgique, Danemark, Pays-Bas, Pays de Galles, et Suisse) arborent un brassard rappelant les droits des personnes LGBTI. Puis, à la dernière minute, son président italo-suisse, Gianni Infantino, résidant au… Qatar, a menacé d’un carton jaune les joueurs qui oseraient ainsi se faire les porte-parole d’une minorité oppressée dans son pays d’adoption.

Les fédérations concernées ont obtempéré, tout en dénonçant l’initiative. Les joueurs allemands, eux, ont jugé que la coupe était pleine.

Gianni Infantino seul candidat à sa propre succession…

Les absents ont toujours tort: Allemands, Belges, Danois, Gallois, et Suisses rentrés prématurément dans leur pays, il ne reste donc plus que les Anglais et les Néerlandais pour éventuellement faire preuve de la même audace que les footballeurs d’Outre-Rhin. On craint toutefois qu’ils n’osent pas affronter le courroux du président par accident de la FIFA, seul candidat, par ailleurs à sa prochaine réélection (où les «achats de votes» du passé se répéteront-ils?).

L’excellent européduté socialiste belge Marc Tarabella se prononçait contre tout boycott de ce Mondial, avant le début de la compétition, au motif que les progrès insuffisants en matière de droits humains ne seraient ainsi pas encouragés. Et que donc, cet exemple ne pourrait faire ensuite tache d’huile. Cet optimisme raisonné est aujourd’hui battu en brèche: avec la complicité active de la FIFA, ce championnat du monde de football au Qatar ne changera rien à la situation des femmes, des homosexuels, et des travailleuses et travailleurs immigrés qui ont été nombreux à payer de leur vie la construction des stades où se produisent les vedettes du ballon rond.

Mutatis mutandis, la FIFA fait ainsi moins bien que la Comité International Olympique, qui avait obtenu de l’Allemagne nazie, en 1936, qu’elle suspende, au moins durant la durée des Jeux de Berlin, la persécution des Juifs, qui allait hélas reprendre, et de quelle manière dégueulasse, par la suite!

Futur meilleur buteur et futur champion du Monde?

Entre-temps, la France, avec son joueur-vedette Kylian Mbappé, semble bien partie pour renouveler son bail. À moins que les Anglais, en quarts-de-finale, ou les Brésiliens, voire les Néerlandais, à un stade ultérieur, ramènent les Coqs à la raison?

La perspective paraît peu vraisemblable, tant l’attaquant-vedette du Paris-Saint-Germain éclabousse les terrains de sa classe. Son ambition proclamée, est de conquérir un titre mondial. Avant, au prochain mercato hivernal, de monnayer encore plus son immense talent, soit en partant pour le Real Madrid, pour troquer les millions qataris contres des millions émiratis, soit en obtenant une sérieuse augmentation, et en renforçant encore sa position au sein du club parisien, où il décide apparemment déjà de tout ou quasi.

Kylian Mbappé, actuellement en tête du classement des buteurs de ce Mondial, continuera sûrement à affoler les défenses, pour se parer, au moins, du titre de capo canoniere au terme de la compétition.

Le record de Just Fontaine tiendra sans doute toujours

Cette performance, un autre joueurs français, largement oublié aujourd’hui, l’avait réalisée en 1958 en Suède, au cours d’un Mondial nettement moins critiqué, qui avait vu éclore une autre star mondiale, le Brésilien Pelé.

Il est douteux que Kylian Mbappé égale, en 2022, le record de treize buts inscrits par Just Fontaine sous les latitudes scandinaves. À une époque où les équipes qualifiées étaient nettement moins nombreuses, et par conséquent le nombre de rencontres disputées également.

En conquérant sa troisième étoile, l’équipe française pourrait hériter des dividendes du honteux arrangement de 2010, conclu sous les lambris du Palais de l’Élysée, dont le locataire de l’époque, recevant l’émir du Qatar, avait fait convoquer le président français de l’UEFA, Michel Platini, pas encore emporté par l’affaire financière qui lui a coûté son mandat.

L’objet de la rencontre était de monnayer le soutien de l’UEFA à l’octroi à l’émirat de l’édition 2022 du Mondial de football, et d’obtenir en contrepartie le rachat du Paris-Saint-Germain, alors à la dérive, par des fonds qataris, et des investissements substantiels de l’émirat en France.

C’est finalement ce qui arrivera, au terme d’un congrès où, pour rappel, Belgique et Pays-Bas avaient déposé une candidature commune qui tenait la route… mais n’avait aucune chance face aux manœuvres de coulisse de ce type.

Les engagements qataris pris ce jour-là ont été parfaitement remplis, une fois l’attribution du Mondial 2022 conclue. Emmanuel Macron, le successeur lointain de Nicolas Sarkozy, y a ajouté récemment l’odieux, en recevant le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, commanditaire présumé du massacre et du démembrement du journaliste contestataire Jamal Kashogghi, et en lui octroyant la Légion d’honneur. Le geste a choqué un certain nombre de récipiendaires, qui ont dans la foulée retourné leur décoration au Palais de l’Élysée.

On comprend, dans ces conditions, que la Fédération française de football, mouillée jusqu’au cou dans ce marchandage peu glorieux, ne s’est pas associée aux sept fédérations européennes sus-nommées, et n’ait pas osé afficher le moindre geste de contestation du régime!

Ne reste plus aux Bleus qu’à apposer le paraphe final sur ce dossier. S’ils y arrivent, leur troisième étoile sera teintée du sang des travailleurs qui ont construit les stades où se sera construit leur triomphe. Cela n’ébranlera sans doute pas ces joueurs aux talents immenses, mais au cœur apparemment de pierre et aux convictions politiques et sociales qui paraissent inversement proportionnelles à leurs qualités footballistiques.

Une fois cette consécration sportive acquise, on espère, sans trop y croire, que les autorités françaises, président de la République en tête, mettront un bémol à leurs discours en faveur des droits humains et pour la propagation de la «laïcité à la française». Car ce qui se passe au Qatar montre que, dans leur chef, ce ne sont que des paroles creuses!

Ne cachez pas ces seins que nous voulons voir!

Si la FIFA a eu soin d’empêcher des fédérations européennes de manifester un simple geste de contestation à l’égard du régime qatari, que ce soit à l’égard des femmes, des travailleurs immigrés, ou de la communauté LBGTI, les amateurs qataris de football n’en sont pas moins des hommes. Et à chaque apparition dans les tribunes d’une «influence» croate, ils n’ont pas assez de leurs yeux pour la croquer des yeux. La cocotte, elle, se réjouit de faire le buzz sur les réseaux sociaux, et d’accroître sans cesse le nombre de ces «followers». Ce serait sans doute trop lui demander de faire preuve d’un minimum de réserve, par solidarité avec les femmes de l’émirat. On ne peut pas passer des journées à préparer ses toilettes les plus sexys, et en même temps réfléchir!

Zuhal Demir et Marine Le Pen: une même récupération politique qui heurte les principes de droit


Entre la droite extrême et l’extrême-droite, il y a parfois plus de similitudes que de différences, notamment en matière de justice, que des événements récents viennent de démontrer, en France comme en Région flamande.

En France, le meurtre, ou l’assassinat de la jeune Lola a provoqué une émotion et une indignation nationales parfaitement compréhensibles. Elle a aussi donné lieu à une récupération politique de la part du Rassemblement, ex-Front, National, dont la leader, Marine Le Pen, s’est répandue en critiques contre le gouvernement, parce qu’un ordre de quitter le territoire français, frappant la meurtrière présumée, de nationalité algérienne, n’avait pas été appliqué. Quelques jours auparavant, le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti, qui, en matière de droit, en connaît nettement plus que l’ancienne candidate à la présidence de la République, elle-même pourtant avocate, avait expliqué qu’un ordre de quitter le territoire peut difficilement s’appliquer à des nationaux dont le pays refuse de les recevoir. Et c’est précisément le cas de l’Algérie. Comment dès lors appliquer cet ordre? En plaçant celles et ceux qui en font l’objet dans des zodiaques qu’on laissera indéfiniment flotter dans les eaux internationales au milieu de la Méditerranée?

Le ministre de la Justice français, dont la longue carrière au Barreau lui a valu le surnom d’«Acquittator» aurait pu aussi expliquer qu’appliquer un ordre de quitter le territoire n’a une efficacité que théorique, car souvent, celles et ceux qui en font l’objet, hors les cas où on les embarque de force dans des avions pour les ramener dans des pays où leurs droits fondamentaux, voire leur vie, sont menacés, reviennent souvent par la fenêtre, après avoir été expulsés par la porte…

Les obsèques de la jeune Lola se sont heureusement passées dans la dignité, après que sa famille, dans l’affliction que l’on devine, eut appelé à éviter toute récupération politique.

Cela n’a pas empêché Jordan Bardella, candidat à la présidence du Rassemblement National, revenir à la charge hier soir, accusant les autorités françaises de se coucher devant les autorités algériennes et citant notamment en exemple la phrase d’Emmanuel Macron, le président de la République, qui avait qualifié la colonisation de «crime contre l’Humanité» lors d’une visite à Alger. Phrase que l’homme politique a évidemment récusée: il est vrai que parmi les électeurs du RN dont il sollicitera les suffrages, se trouvent notamment des nostalgiques du régime de Vichy…

En Flandre, c’est la ministre de la Justice et de l’Application des lois, de l’Énergie, de l’Environnement et du Tourisme, Zuhal Demir (N-VA) qui s’est signalée par une réaction inappropriée à un jugement, quand elle a décidé de priver la KUL, l’université catholique flamande de Leuven, d’un subside de 1,3 million, pour la punir de sa «passivité» face au viol, en 2016, d’une étudiante par un professeur.

Une réaction intempestive qui obligera sans doute Zuhal Demir à rapidement rétropédaler

Première bizarrerie: l’octroi de ce subside, en matière d’Enseignement, ne relèverait-il pas plutôt de son collègue de parti et de gouvernement, Ben Weyts, vice-président du gouvernement flamand, et titulaire de ce département?

Si, au niveau européen, on s’efforce de mettre en cause le versement de subsides à des pays comme la Hongrie ou la Pologne, dont le comportement n’est pas conforme aux valeurs européennes communes, pareille pratique n’a pas cours en Belgique ni dans ses entités fédérées. Et la question qui se pose est à la fois de savoir si la KUL était habilitée à recevoir ce subside ou non, et surtout à quoi ce subside était destiné. S’il s’agissait de financer une recherche scientifique, l’attitude de Zuhal Demir est inexcusable!

D’autant qu’il est vite apparu que la ministre entre autres de la «Justice» (car la Justice, jusqu’à preuve du contraire, reste une matière fédérale) a réagi sans discernement. Car la KUL a bien précisé que si elle ne s’était pas manifestée jusqu’ici, c’était à la demande… des autorités judiciaires, saisies du dossier en 2018 après que… les autorités académiques eurent conseillé à l’étudiante et à sa famille de porter plainte. Les enquêteurs souhaitaient la discrétion, pour ne pas alerter le professeur visé par cette plainte. Et la victime elle-même, manifestement, ne souhaitait pas que son dossier devienne public.

Le jugement dans cette affaire est intervenu récemment, et dès lors qu’un jugement est public, la presse en a parlé. Le professeur visé a été sanctionné par l’université catholique flamande de Leuven. Et dans la foulée, Zuhal Demir s’est manifestée par une décision impulsive, qui visait peut-être avant tout à montrer qu’elle se préoccupe aussi de Justice, parmi ses nombreuses attributions.

La ministre limbourgeoise d’origine turque (qui, pour rappel, a un jour estimé qu’il y a trop de personnes d’origine étrangère en Flandre!) va devoir maintenant effectuer un forme de rétropédalage, pour avoir agi sans discernement.

Sur le fond, car le dossier est toujours susceptible d’appel, elle aurait d’autant plus faire preuve de retenue qu’un principe de droit fondamental, qu’elle en tant que ministre de la «Justice» et Marine Le Pen en tant qu’avocate ne peuvent ignorer, énonce qu’une personne accusée est présumée innocente aussi longtemps que sa culpabilité n’est pas prouvée.

À l’heure où les réseaux sociaux fourmillent d’accusations publiques, ce principe est quasi quotidiennement bafoué: son respect par les autorités judiciaires et par le pouvoir politique qui en a, en apparence du moins, la responsabilité, s’impose d’autant plus.

La régionalisation de la Justice figurera au nombre des revendications flamandes après les prochaines échéances électorales, Zuhal Demir l’a confirmé en ce début de semaine en listant déjà un cahier de revendication. Si la Justice est effectivement régionalisée, on plaint déjà nos compatriotes du Nord du pays si elle se voit confier cette attribution dans le futur: ils auront intérêt à s’accrocher à leurs droits fondamentaux!

Entre-temps, la ministre multi-casquettes N-VA a encore bien d’autres chats à fouetter. Notamment celui qu’elle a voulu imposer à la hussarde en matière agricole, en imposant une série de fermetures de fermes, afin d’atteindre les objectifs d’un plan de réduction des épandages d’azote qui hérisse toujours le monde agricole!

L’étrange mansuétude du PS à l’égard du bourgmestre de Sambreville tranche avec son intransigeance avec des élu(e)s verviétois(e)s


Ainsi donc, après s’être muré dans le silence, le président du parti socialiste, Paul Magnette, dont l’avis avait vainement été sollicité auparavant, a fait répondre, par son directeur de la communication, à Samuel Sinte et Guillaume Barkhuysen, mes anciens collègues du journal qui m’a employé pendant de nombreuses années mais ne m’a jamais assez rémunéré à mon goût (air connu), que «la décision de la Cour européenne des Droits de l’homme (relative au bourgmestre de Sambreville, Jean-Charles Luperto, Ndlr) n’est pas une surprise. Elle ne constitue pas un élément nouveau par rapport à ce qui a été décidé l’année dernière».

Pour rappel, la veille, mes anciens et excellents confrères avaient révélé qu’en décembre dernier, le recours que Jean-Charles Luperto avait adressé à la Cour de Strasbourg avait été déclaré «irrecevable». Et que dès lors, après l’échec de son pourvoi en Cassation, sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour outrage aux mœurs, prononcée par la Cour d’appel de Liège, le 29 septembre 2020, était devenue définitive… dans le plus grand secret. Car ni l’intéressé, ni son avocat, ce qu’on peut comprendre, n’avaient signalé l’échec de leur appel à la Cour européenne des Droits de l’homme; et le PS lui-même est resté dans l’apathie la plus totale.

Interrogé l’année dernière, le président du PS, Paul Magnette, avait expliqué que, dans l’attente de la décision de la Cour de Strasbourg, «personne, pas même parmi ses adversaires politiques locaux» n’avait réclamé la démission du bourgmestre de Sambreville, et qu’entre-temps, «les électeurs lui avaient renouvelé leur confiance, malgré son affaire».

Jean-Charles Luperto est condamné définitivement pour outrages aux mœurs mais, pour le PS, ses adversaires politiques ne demandent pas sa démission, et la population lui a renouvelé sa confiance. Pas de quoi s’émouvoir!

Une étrange mansuétude, dont n’avait pas fait preuve, dans le passé, le PS à l’égard de Stéphane Moreau, ancien bourgmestre d’Ans, et d’André Gilles, ancien député provincial: le premier avait démissionné du parti avant d’en être exclu, tandis que le second en avait été exclu, à la suite de leur gestion calamiteuse du dossier Nethys.

Emir Kir, bourgmestre PS de Saint-Josse, a fait l’objet d’une exclusion de trois ans, à la suite de la réception qu’il avait offerte à six maires turcs, deux membres d’un parti proche de la sinistre milice d’extrême-droite des «Loups Gris».

Benoît Hons, échevin à Neupré, a été exclu en janvier 2020 pour propos injurieux envers les gens du voyage proférés sur Facebook, notaient encore mes anciens collègues.

Quant à Alain Mathot, ancien bourgmestre de Seraing, il a démissionné du parti en mars dernier (avant d’en être exclu?), à la suite de sa condamnation pour faits de corruption.

Samuel Sinte et Guillaume Barkhuysen rappelaient aussi l’exclusion de l’ancien échevin de Charleroi Claude Despiegeleer par la commission de vigilance du PS, pour ses condamnations dans les affaires de «La Carolorégienne».

Paul Magnette utiliserait-il donc un instrument à deux poids deux mesures, qui vaut exclusion, spontanée ou forcée du Parti socialiste, à l’ensemble des mandataires condamnés, sauf pour…. Jean-Charles Luperto, bourgmestre de Sambreville?

On a connu le président du PS beaucoup plus vindicatif à Verviers, quand il s’est agi de sanctionner la bourgmestre, Muriel Targnion, et ses fidèles au sein du collège communal, qui avaient eu l’outrecuidance de vouloir écarter un président de CPAS, tout aussi socialiste qu’eux, qui se refusait à tout contrôle de l’exercice de sa fonction!

Le Boulevard de l’Empereur avait alors «fait pression» pour forcer certain(e)s des signataires de la motion de défiance à revenir sur leur parole, quelques jours après avoir approuvé l’initiative mayorale, et à mettre en place un bourgmestre alternatif, feu Jean-François Istasse, au prix d’une manœuvre dont l’illégalité avait ensuite été constatée par le Conseil d’État.

Paul Magnette avait alors fait frapper d’exclusion la bourgmestre de Verviers, et ceux qui étaient restés fidèles à leur signature, dont l’échevin des Finances, Alexandre Loffet, qui fait pour l’instant… fonction de bourgmestre, et devrait céder le témoin d’ici à quelques semaines. Sauf circonvolutions qui le feraient rentrer dans le giron du parti?

Ces exclusions, soit dit au passage, n’avaient pas respecté la procédure interne du parti socialiste, qui aurait dû d’abord faire examiner leur cas par sa Fédération verviétoise. En les envoyant directement vers la commission de discipline (par crainte d’une approbation de leur conduite au plan verviétois?), le président du PS les avait privés d’un droit de recours sans le moindre état d’âme.

Sa passivité devant le dossier de Jean-Charles Luperto n’en est que plus surprenante. Car la barque du bourgmestre de Sambreville est drôlement chargée.

L’homme, on l’a oublié, avait vu une possible carrière ministérielle avortée à la suite d’une «plaisanterie» de très mauvais goût qu’il avait mise sur pied le 21 juin 2007, en menaçant d’incendier la maison du bourgmestre de la commune voisine de Jemeppe-sur-Sambre, Joseph Daussogne.

En novembre 2014, des perquisitions sont menées à son bureau et à son domicile, dans le cadre d’une enquête pour faits de mœurs qui se seraient produits à l’été de la même année, dans les toilettes de la station-service d’autoroute de Spy, sur l’autoroute de Wallonie.

Ces faits verront la levée de l’immunité parlementaire de celui qui était à la fois député wallon et président du Parlement de la Communauté française. Et lui vaudront sa condamnation définitive, le 29 septembre 2020, après une série de manœuvres de retardement judiciaire, qui amèneront son dossier à la Cour d’appel de Liège.

Jean-Charles Luperto se défend toujours des faits d’exhibitionnisme qui lui ont valu sa condamnation. Sa défense a consisté à dire qu’il s’était rendu dans les toilettes de cette aire d’autoroute pour… des rencontres furtives à caractère sexuel!

On voit d’ici l’argument! Si tout être humain, fût-il mandataire politique, a droit à sa vie privée, et que son orientation sexuelle ne peut lui être portée à charge, pareil comportement relève à tout le moins de l’inconduite notoire qui pourrait, ou devrait, lui valoir de ne plus pouvoir exercer une fonction mayorale… qui comprend notamment des responsabilités en matière de police!

Le président du parti socialiste ne pourra pas s’abriter longtemps derrière une communication sibylline, pour justifier une passivité dont l’effet nourrira encore un peu plus le rejet de la politique. Et se révèle désastreuse pour la classe politique wallonne dans son ensemble.

Quand le vote extrême sanctionnera pareille dérive, il sera trop tard pour se lamenter!

Et si on réformait l’index pour qu’il réduise l’inégalité sociale?


Appliquer l’index intégralement, comme le défend le ministre socialiste fédéral de l’Économie et du Travail, Pierre-Yves Dermagne, ou en exonérer une partie des charges patronales, comme le suggère son collègue libéral des Classes moyennes, David Clarinval? Le débat, au sein du gouvernement fédéral, va une nouvelle fois opposer la gauche et la droite, en attendant la conclusion d’un compromis.

Le débat autour de l’index n’est pas neuf… et il va rarement au fond des choses.

Côté patronal, le mécanisme est souvent remis en cause. En mettant en avant le handicap de compétitivité que subissent nos entreprises à l’égard de leurs concurrentes étrangères, établies dans des pays où les adaptations de salaires à l’indice de prix ne sont pas automatiques. Au sein de l’Union européenne, la Belgique et la Grèce sont, sauf erreur de ma part, les seuls pays à conserver cette adaptation systématique.

Un mécanisme de protection sociale favorable à l’économie, mais qu’il faudrait sans doute réformer…

L’index est incontestablement un mécanisme de protection sociale, que la gauche en général, les syndicats en particulier, défendent avec raison. Pour l’oublier toutefois, dès qu’il est question de la fixation de la norme d’augmentation des salaires. Au point que les syndicats n’hésitent pas à plaider une augmentation plus forte des salaires, dans les secteurs économiques qui se portent bien, quitte ainsi à oublier la solidarité entre travailleurs sur laquelle ils sont censés baser leur action.

Surtout, côté syndical, on n’échappe pas à la critique patronale selon laquelle, quand ils se plaignent de la modestie de la norme ainsi fixée, ils oublient le mécanisme d’indexation automatique des salaires et des allocations sociales. Que la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) met d’office en cause dans la foulée. Retour au paragraphe précédent.

Reste que pour les chefs d’entreprise, aujourd’hui, et spécialement aux dirigeants des Petites et Moyennes Entreprises (PME), l’indexation répétée des salaires depuis un an, ajoutée à l’augmentation des prix des matières premières et de l’énergie, pose un problème aigu de gestion. Qui débouche parfois sur des propositions d’économie, voire sur des réductions d’emploi.

Et pourtant, quand on y réfléchit bien, ce mécanisme de protection sociale, favorable à l’économie, puisqu’il préserve le pouvoir d’achat des consommateurs, a un effet pervers: son application mécanique… creuse l’inégalité sociale.

Dès lors que tous les salaires et toutes les allocations sociales augmentent de la même manière en pourcentage, l’écart devient en effet plus grand entre les bas et les hauts salaires, à chaque adaptation salariale.

Le paradoxe n’est pas difficile à démontrer: au 1er avril dernier, le salaire minimum interprofessionnel a été fixé en Belgique à 1806,16 euros. Imaginons une augmentation de 5% (90,30 euros), il serait ainsi porté à 1896,46 euros. Un salaire de 2500 euros, lui, augmentera de 125 euros pour se chiffrer à 2625 euros. Et quand on envisage des salaires plus importants, de 5000, de 10000, de 15000 euros mensuels, ou plus, on voit qu’à chaque application mécanique de l’index, l’écart se creuse de plus en plus.

Comment corriger cette dérive?

Le thème mérite un examen en profondeur. On pourrait par exemple imaginer un «lissage» de l’application de l’index, qui serait entier pour les plus bas salaires, et se réduirait par paliers vers les plus hauts salaires, où son application ne serait que partielle.

On voit d’ici le problème: où placer les curseurs? Les empoignades à ce sujet pourraient être homériques.

Un rappel : lors d’une dernières négociations des conventions collectives de travail pour la presse écrite quotidienne par l’association des journalistes professionnels (AJP) -une «organisation corporatiste» comme l’a qualifiée un jour avec mépris la secrétaire générale de la CSC- les augmentations barémiques mises en place au moment où les journaux connaissaient leur âge d’or, étaient mises en cause par les éditeurs de quotidiens. La volonté des journalistes était de les conserver, surtout en faveur des journalistes débutant(e)s. La solution: les «lisser», et de ne plus conserver que… l’indexation pour les salaires des journalistes comptant 30 années d’ancienneté ou plus. Le système a perduré… et personne ne s’en est plaint.

Des empoignades homériques peuvent toujours se conclure par des accords… si chacun veut y mettre du sien.

Une journaliste à la tête de la diplomatie belge: un pari plus que risqué


Hadja Lahbib, l’ancienne présentatrice du JT de la RTBF, n’aura pas vraiment eu le temps de se préparer à sa nouvelle fonction de ministre des Affaires étrangères : quelques jours à peine après l’annonce décoiffante de sa nomination au poste prestigieux de ministre des Affaires étrangères du royaume de Belgique, elle a participé ce lundi à un conseil européen des ministres des Affaires étrangères, où les sujets cruciaux, à commencer par la guerre en Ukraine, ne manquaient pas.

Un week-end studieux pour la nouvelle ministre

Elle s’y est préparée tout le week-end, a-t-elle expliqué à ses ex-collègues qu’elle a autorisés à l’accompagner ce lundi matin, un peu comme pour se faire pardonner d’avoir décliné leur invitation à venir s’expliquer sur le plateau, qu’elle connaît bien, du journal télévisé de la chaîne publique, le soir de sa désignation-surprise.

Elle s’y est préparée comme une étudiante préparant un examen délicat à l’université: la réflexion nous est venue lorsque nous l’avons vue parmi ses homologues des Vingt-Sept, un peu comme une candidate face à un jury central.

On imagine qu’elle ne sera pas sortie des clous qui lui avaient été tracés au cours de ce conseil des ministres européens des Affaires étrangères.

Un apprentissage nécessaire pour la «bleue» du conseil européen des ministres des Affaires étrangères

Si, sur la guerre en Ukraine, une relative discrétion de la nouvelle cheffe de la diplomatie belge peut se concevoir sous forme d’un alignement strict sur les positions de l’Union Européenne, ce pourrait se révéler beaucoup plus gênant sur le dossier congolais, dont il devait aussi être question lors de ce Sommet. Car, en République Démocratique du Congo, c’est la Belgique qui est censée donner le la à l’Europe. Or, dans toutes les qualités invoquées par le président du MR, Georges-Louis Bouchez, pour justifier son choix détonant, il n’a pas été question du Congo, sauf erreur…

Selon un vieux proverbe wallon, un nouveau balai balaie toujours mieux qu’un ancien. On ne risquera pas la comparaison : celle dont la biographie ne rappelle pas ses débuts de stagiaire au siège liégeois de RTL-TVI, devra faire ses preuves d’ici à la fin de la législature, pour démontrer qu’elle est à sa place à la tête d’une département qui a connu, dans le temps, des figures comme Paul-Henri Spaak, Pierre Harmel, Louis Michel, et Didier Reynders, et, à l’échelle européenne, un Jean Rey, éminent président de la Commission, avant Herman van Rompuy et Charles Michel, présidents du Conseil. Sans oublier Guy Verhofstadt: l’ancien Premier ministre libéral flamand est une des figures de proue du Parlement.

C’est ce qu’on lui souhaite et pour elle et pour le pays. Il serait dramatique que l’erreur de casting du tonitruant président du Mouvement Réformateur soit aussi désastreuse que quand il avait préféré Jacqueline Galant aux Communications, ignorant l’expertise d’un François Bellot, rappelé ensuite d’urgence pour réparer les erreurs de la bourgmestre de Jurbise…

Peut-être l’alors député-bourgmestre de Rochefort payai-il sa méconnaissance totale du néerlandais?

Sur ce plan, Hadja Lahbib, complètement inconnue au nord du pays, n’est guère plus performante. Si, lors de la conférence de presse qui a dévoilé son nom, elle a prononcé quelques mots d’introduction dans la langue de Vondel, en interview, après deux ou trois phrases hésitantes en néerlandais, elle a poursuivi en français, en avouant, au micro de la VRT, qu’elle devrait s’améliorer sur ce plan. Et l’interview qu’elle a donnée à la même chaîne publique flamande, après le conseil des ministres européens, elle l’a prononcée… en français.

Bien sûr, son mentor, Georges-Louis Bouchez, est moins performant qu’elle en la matière, mais quand on est à la tête de la diplomatie belge, c’est là une lacune impardonnable. Les récents prédécesseurs libéraux de Hadja Lahbib parlaient parfaitement le néerlandais (Didier Reynders) ou en avaient une connaissance approfondie (Louis Michel). Philippe Goffin et Sophie Wilmès, eux, tiraient plus ou moins bien leur plan…

L’autre aspect de cet enrôlement-surprise au MR, c’est évidemment pour les libéraux d’aligner une figure de proue issue de l’immigration à Bruxelles, lors des prochaines élections législatives fédérales.

Ce sera l’occasion pour Hadja Lahbib d’acquérir la légitimité démocratique qui lui manque, puisque comme Mathieu Michel au fédéral , et Adrien Dolimont à la Région, l’ancienne journaliste de la RTBF ne dispose d’aucun mandat électif. En France, à l’inverse, le président de cette République couronnée, Emmanuel Macron, avait expliqué avant les dernières législatives que les ministres non-réélu(e)s devaient se retirer. Et des têtes sont tombées…

Bien sûr, selon le prescrit constitutionnel, « le Roi nomme et révoque les ministres », et rien n’est dit à propos de la nécessité pour les ministres d’être des élu(e)s du peuple. Mais en l’occurrence, le président du MR se substitue au Roi, et le pli qui est le sien de choisir des ministres en dehors des assemblées élues fait désordre à l’heure où les partis éprouvent de plus en plus de difficultés à dénicher des candidat(e)s, surtout au niveau local. Il fut un temps où on faisait ses dents au niveau communal avant de siéger au Parlement pour devenir ensuite ministre. Georges-Louis Bouchez préfère renverser la table. L’exercice peut être périlleux…

Du côté de Hadja Lahbib, qui se disait « ni de droite ni de gauche » (mais bien au contraire?), il faudra rapidement aussi sortir de l’ambiguïté voire de l’hypocrisie, car on ne doute pas que sa désignation ne se double d’une promesse d’adhésion au MR. Ce qu’elle a déjà amorcé ce lundi en parlant de « libéralisme du centre » une notion assez neuve en politique. On verra si elle fera florès…

La ministre se rappellera-t-elle la journaliste?

Observateurs de la vie politique, les journalistes ont depuis toujours l’envie de passer de l’autre côté de la barrière. Si la Constitution belge, depuis l’origine, a érigé la liberté de la Presse comme un de ses principes fondamentaux, c’est tout simplement parce que… de nombreux journalistes, qui avaient souffert de la censure hollandaise, siégeaient dans la Constituante de 1830-1831. Cette proximité a subsisté longtemps, mais, depuis le début des années 1960, et la création légale en Belgique du titre de journaliste professionnel(le), elle avait progressivement disparu. Mais pas complètement: lors des débuts dans le journalisme de l’auteur de ce blog, il s’est retrouvé, à Huy-Waremme face à un sénateur, puis un député appelé Frédéric François. Non pas le chanteur, mais, à l’époque, le défunt ancien grand reporter et commentateur de la RTB qui n’était pas encore RTBF, venu défier sur ses terres, sous les couleurs du PSC, qui n’avait pas encore cédé le témoin au cdH et encore moins aux Engagés, le tout puissant bourgmestre socialiste de Waremme, Edmond Leburton, qui n’avait pas encore été victime du régionalisme qui a prévalu au sein du PS. Ces derniers temps, de plus en plus de journalistes ont été tentés par la politique… ce qui postulait dans leur chef l’abandon de leur profession, sauf à la RTBF, où certain(e)s peuvent toujours bénéficier de congés politiques. Josy Dubié, au Parlement fédéral, et son frère, Jean-Claude Defossé, au Parlement bruxellois se sont engagés chez Ecolo, mais sont sortis, surtout le second, assez déçus de leurs expériences parlementaires respectives. Jean-Paul Procureur et Anne Delvaux ont connu des fortunes diverses au cdH, et particulièrement l’ancienne présentatrice, elle aussi, du JT, débarquée à Liège dans des circonstances douloureuses pour elle.

Le MR,lui, a surtout recruté des ancien(ne)s journalistes, tant du côté de la chaîne privée, et avec un certain bonheur, puisque Frédérique Ries s’est imposée comme un députée européenne active, tandis que Florence Reuter a fini par hériter, à Waterloo, du mandat mayoral délaissé par Serge Kubla, empêtré dans une affaire judiciaire. Michel De Maegd, dernière recrue en date de RTL-TVI, siège, lui, au Parlement fédéral. Mais, alors que la RTB, pas encore F, passait pour un repaire de journalistes d’extrême-gauche dans les années 70, c’est là que les libéraux francophones ont réussi à convaincre Olivier Maroy, à la Région, et désormais Hadja Lahbib, de s’engager sous leur bannière. Élu, puis réélu, Olivier Maroy n’a jamais oublié ses débuts journalistiques: dans le long conflit qui l’a opposée à son ancien actionnaire Nethys, la rédaction de «L’Avenir» a toujours trouvé en lui une oreille très attentive. On espère que la nouvelle ministre des Affaires étrangères imitera cet exemple, et qu’au contraire de ses deux plus récents prédécesseurs, elle accordera toute son attention au projet de la Fédération Internationale des Journaliste (FIJ) de Déclaration à soumettre à l’assemblée générale des Nations-Unies pour lutter contre l’impunité scandaleuse dont bénéficient toujours neuf assassins de journalistes sur dix dans le monde…

Un premier faux-pas qu’il sera difficile d’effacer

Bien sûr, la toute nouvelle ministre belge des Affaires étrangères a fait part à son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba, de l’«indéfectible solidarité» de la Belgique avec son pays agressé par la Russie de Vladimir Poutine. Et elle a exprimé le souhait de se rendre «bientôt» à Kiev, où, expliquait ce jeudi soir la VRT, elle ne sera accueillie que si elle présente des excuses complètes pour l’impair qu’elle a commis en se rendant de manière «illégale» pour les autorités ukrainiennes, en Crimée, annexée par la Russie en 2014.

Ce voyage, l’ancienne journaliste puis réalisatrice de la RTBF, l’a effectué en 2021. Et, néophyte en politique, elle a été prise de court par l’attaque du chef de groupe de la N-VA au Parlement fédéral, Peter De Roover, qui a rapidement accumulé les éléments accablants sur ce périple. Hadja Lhabib est en effet passée par Moscou pour se rendre en Crimée, dont l’annexion, non reconnue par la communauté internationale, a valu à la Russie ses premières sanctions, il y a huit ans. Ce déplacement, a-t-il ajouté, était destiné à prendre part à un festival culturel dont l’une des sociétés organisatrices est présidée par Katerina Tikhonova, l’une des filles du président russe Vladimir Poutine. Et il aurait été financé, en partie du moins, par Gazprom, la société étatique gazière russe, que le locataire du Kremlin utilise comme arme économique contre l’Union Européenne, pour son soutien à l’Ukraine, a ajouté Georges Dallemagne, député des «Engagés».

La RTBF a finalement décidé de ne pas pousser le projet plus avant, parce que la nécessaire indépendance journalistique n’était pas garantie. Cela n’avait pas empêché Hadja Lahbib de se répandre sur la Première, dans une interview radio, où il ressortait de ses propos que la Crimée est bien russe. (https://www.facebook.com/100003668988302/videos/572743527225033/). Ce sont ces propos, tout autant que le caractère «illégal» de son voyage qui valent aujourd’hui à la ministre des Affaires étrangères l’irritation des autorités ukrainiennes.

«En faisant le tour de mes réseaux sociaux, vous avez visiblement raté le fait que j’étais journaliste avant de devenir ministre» a répliqué Hadja Lahbib à Peter De Roover. Étrange défense que celle-là: une journaliste de qualité -et on peut supposer que l’ancienne présentatrice du JT de la RTBF est une journaliste de qualité- pouvait-elle ignorer l’annexion de la Crimée par la Russie, le fait que cette annexion ne soit pas reconnue par la communauté internationale, et que l’Union européenne, et donc la Belgique, a pris dès 2014 des sanctions contre la Russie en réplique à ce coup de force! Ignorait-elle donc qu’un état de guerre de fait existait déjà entre l’Ukraine et la Russie? Que les associations de journalistes, et notamment la Fédération Européenne des Journalistes, menaient des actions, soutenues par l’Europe, afin de faire se rapprocher des journalistes russe et ukrainien(ne)s pour les encourager à adopter une démarche professionnelle et respectueuse de la déontologie de la profession, plutôt que de céder aux trompettes de la propagande? Sans doute, la réalisatrice de la RTBF n’était-elle pas attentive à ces efforts? Son voyage, en tout cas, témoignait, même pour une journaliste ou une réalisatrice en charge de l’actualité culturelle, d’une singulière légèreté, qui démontre combien hasardeux était le choix du président du MR, Georges-Louis Bouchez, pour en faire une ministre des Affaires étrangères! Au fait, en octobre 1938, se serait-elle rendue à Vienne, pour y faire l’éloge de la culture allemande?

La Flandre réfléchit à son tour à des «barrages écrêteurs»


Un an pile après les inondations catastrophiques qui ont frappé la Wallonie, et plus particulièrement les bassins de la Vesdre, de la Hoëgne, et de l’Ourthe, le gouvernement régional flamand s’est vu remettre un rapport d’expertise, qui préconise les mesures à prendre afin d’éviter au nord du pays une catastrophe de même type, et dont elle n’est pas à l’abri.

Parmi les mesures proposées, une vieille idée, déjà proposée il y a plus d’un quart-de-siècle pour la vallée de l’Ourthe, régulièrement victime des caprices de la rivière, par le défunt ministre wallon et liégeois des Travaux, Jean-Pierre Grafé (PSC, qui n’était pas encore devenu le cdH puis Les Engagés).

Le principe d’un tel ouvrage est simple: en situation normale, il laisse s’écouler l’eau de manière tout à fait naturelle. Et dès que les précipitations gonflent le cours, il retient une partie du trop-plein et inonde une zone définie par avance. Une fois les éléments calmés, l’eau ainsi retenue s’évacue lentement, comme l’eau s’évacue d’un évier.

La solution a déjà été mise en œuvre il y a longtemps dans diverses régions françaises. Mais en Wallonie, la suggestion de Jean-Pierre Grafé ne s’est jamais concrétisée. Pourquoi? Essentiellement par l’impossibilité de définir des zones volontairement inondables. Sans doute parce que aucun propriétaire ne souhaitait voir ses pâtures mises régulièrement sous eau.

L’implantation d’un barrage écrêteur permet de choisir la zone à inonder en cas de montée importante des eaux…

La Flandre mettra-t-elle en œuvre le projet de Jean-Pierre Grafé? Lydia Peeters, la ministre libérale flamande des Travaux publics et de la Mobilité, s’est montrée fort prudente. Il faudra, a-t-elle déclaré, examiner le rapport d’expertise et envisager chacune des mesures préconisées afin d’éviter à la Flandre un cataclysme semblable à celui qui a frappé la Wallonie l’an dernier.

S’agissant des barrages écrêteurs, les propriétaires flamands risquent fort de se montrer aussi frileux que leurs alter ego wallons. À moins que les événements de la mi-juillet 2021 aient fait changer la perspective?

En Wallonie, dans la vallée de la Vesdre notamment, des zones naguère habitées vont être déclarées inconstructibles, et les personnes sinistrées, malgré les dédommagements importants qui leur seront versés, risquent d’avoir des difficultés à retrouver des logements équivalents, dans un environnement proche. Au fait, le moment de ressortir des tiroirs l’idée de barrages écrêteurs ne serait-il pas opportun?