Ce que les mots veulent dire


La nouvelle dénomination de la Communauté française de Belgique a décidément fait couler beaucoup d’encre et de salive, des deux côtés de la frontière linguistique, ces derniers jours.

Le choix du nouveau nom, «Fédération Wallonie-Bruxelles» (qui, soit dit au passage, ne sera sûrement pas plus populaire que le «Communauté Wallonie-Bruxelles» qu’on avait déjà tenter d’imposer) est tout sauf innocent. Et entendre les francophones nier qu’il en soit ainsi est tout de même assez étonnant. Car quand on creuse un peu les choses, on s’aperçoit bien qu’ils se sont ainsi engagés dans une forme de plan B, comme on l’a entendu dire au nord du pays.

Pour s’en convaincre, il est intéressant de réécouter le dialogue (de sourds) qui a opposé le ministre-président bruxellois, Charles Picqué (PS), et Eric Defoort, un des penseurs de la N-VA, dans l’excellente émission «Face à l’info» sur la Première. «Bruxelles est une région spécifique» a dit à plusieurs reprises le second nommé, se refusant à dire que Bruxelles est une région à part entière, comme le répétait son interlocuteur. Mais Eric Defoort a aussi précisé qu’aussi longtemps que le changement sémantique intervenu ne couvrait que les champs d’activité de la ci-devant Communauté française de Belgique, les Flamands n’avaient aucun problème à l’accepter. La «fédération Wallonie-Bruxelles» sera non seulement compétente pour toutes les matières personnalisables, mais aussi pour toutes les matières qui seront transférées aux Régions et aux Communautés lors de la prochaine (?) réforme de l’État, a toutefois répliqué Charles Picqué. «Et si la Flandre propose un même type de fédération à Bruxelles, nous l’accepterons» a-t-il lancé à son contradicteur.

Le ministre-président bruxellois a joué la provoc’: puisque, pour la Flandre, Bruxelles est une région spécifique, et pas à part entière, la proposition ne viendra pas. Mais en même temps, il l’a bien montré: en créant une «Fédération», les francophones, maintenant, s’inscrivent (au moins) clairement dans une perspective confédéraliste. Comme les Flamands les plus pointus. Ne les séparent que…. la question bruxelloise. Au fait, est-on sûr que les Wallons sont tellement préoccupés du sort de la périphérie de Bruxelles?