Le lobby électrique impose sa politique de mobilité au gouvernement bruxellois


Ainsi donc, après avoir émis les idées de l’instauration d’une redevance de circulation sur le territoire de la région-capitale, puis de l’achat de terres agricoles en Wallonie pour nourrir sa population urbaine, le gouvernement bruxellois a sorti un nouveau lapin de son chapeau en décidant, tout seul comme un grand, que les véhicules à moteur thermique ne pourraient plus circuler dans ses rues est avenues, à partir de 2030 pour ceux qui sont alimentés au moteur diesel, et dès 2035 pour ceux qui fonctionnent à l’essence.

L’objectif déclaré est d’améliorer la qualité de l’air dans la capitale, ce qui est un objectif louable en soi. Où la démarche devient cependant plus dérangeante, c’est par l’option exclusivement électrique qui est affichée par les excellences bruxelloises. Aucun véhicule hybride n’échappera ainsi au couperet. Pas plus que les véhicules circulant au CNG. Et encore moins ceux qui rouleront à l’hydrogène, puisque l’a priori adopté par le gouvernement Vervoort est celui que seuls les véhicules lourds type bus, pourront être mus par des moteurs à hydrogène. C’est exactement la thèse du lobby électrique, qui n’a jamais démontré pourquoi des moteurs faisant mouvoir des véhicules lourds ne pourraient pas être doublés de versions plus légères pour des véhicules moins pondéreux. D’habitude, on part pourtant du principe que qui peut le plus peut aussi le moins.

Déjà les réactions se multiplient, face à pareille politique punitive, dont tous les spécialistes s’accordent à dire qu’elle est la moins appropriée pour convaincre le bon peuple d’adopter des comportements plus compatibles avec les objectifs de réduction des gaz à effets de serre et par voie de conséquence du réchauffement climatique.

Ce qui est étrange, c’est que personne au gouvernement bruxellois, et notamment parmi les ministres écologistes, ne soulève, à cette occasion, les conditions inhumaines dans lesquelles les minerais rares nécessaires aux batterie électriques sont extraits, notamment en République Démocratique du Congo. Comme écrit récemment dans ce blog, les véhicules électriques ne sont pas verts, mais rouges du sang des travailleurs, et notamment des enfants, qui meurent chaque jour dans cette extraction.

Au risque de me répéter, la filière automobile électrique ne serait acceptable que si sa production passait par l’imposition de conditions de travail décentes et sécuritaires et surtout de salaires décents, à tous ces mineurs artisanaux. Le problème est que cela multiplierait par trois ou par quatre le prix de ces batteries électriques, et entraînerait encore à la hausse les prix déjà prohibitifs de ces véhicules prétendument écologiques. Il est beaucoup plus facile de protester, à juste titre, contre les atteintes aux droits des personnes LGBTI en Hongrie: cela ne demande aucun effort, même si la protestation restera largement vaine.

On passe bien entendu sous silence le fait que ces batteries sont impossibles à recycler, et que les minerais rares nécessaires à leur production seront rapidement éliminés: le lobby électrique ne s’embarrasse évidemment pas de telles considérations, pourvu que ses bénéfices soient maximisés à court et à moyen terme.

Autres problèmes soulevés par le bon peuple mais ignorés par celles et ceux qui le gouvernent: l’absence de bornes électriques pour le rechargement, et les problèmes inextricables que cela suscitera non seulement dans la capitale, mais, par exemple, sur les autoroutes des vacances, lorsque des vacanciers devront s’arrêter aux mêmes endroits pendant une, deux, ou trois heures, pour recharger les batteries épuisées de leur véhicule.

Et puis on n’évoque que pour mémoire le problème de l’approvisionnement en électricité, une fois que les centrales nucléaires auront fermé leurs portes et que la demande en électricité explosera massivement. La solution passera-t-elle par la multiplication de centrales au gaz? Il faudrait, il est vrai, les implanter en Flandre ou en Wallonie, et sans doute dira-t-on à Bruxelles que la purification de l’air dans la capitale exige bien une solidarité régionale. Mais l’effet sur le réchauffement climatique en sera d’autant réduit…

Un gisement d’emplois pour la Wallonie?

Les inquiétudes des nombreux navetteurs qui se rendent chaque jour dans la capitale sont également largement ignorées. Leur restera-t-il à s’adapter ou à renoncer à leur emploi? Le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry, évoque à l’horizon 2035 un changement des modes de transport, et notamment un développement mirifique de l’offre ferroviaire et de transport en commun vers Bruxelles. Mais Philippe Henry a déjà un long passé de ministre écologistes derrière lui. Et on sait que certaines de ses promesses ne se sont jamais réalisées, voire se sont muées en fiasco, comme celles relatives aux certificats verts.

À l’inverse, les excellences bruxelloises, dont les initiatives impétueuses, prises sans concertation avec leurs homologues flamands, wallons, et germanophones, commencent à susciter l’agacement, pour ne pas dire plus, pourraient ainsi se tirer une balle dans le pied. Car nombre d’emplois de toutes ces navetteuses, et tous ces navetteurs qui partent chaque jour pour la capitale pourraient tout simplement être… rapatriés vers la Wallonie. Tant il est vrai que l’administration centralisée a fait son temps. Et que le télétravail imposé par la pandémie a démontré, si besoin en était, qu’une administration ou une entreprise établie à Verviers, La Louvière, Bastogne, ou Ciney, peut être tout aussi efficace qu’une entreprise ou une administration établie à Bruxelles.

Dans le cavalier seul adopté par Bruxelles, la Wallonie pourrait retrouver largement son compte. En réduisant drastiquement les déplacements quotidiens de dizaines de navetteurs. Et contribuant ainsi largement, sans leur imposer des dépenses pharamineuses, à la lutte contre le réchauffement climatique.

Un an plus tard, l’imbroglio politique se prolonge à Verviers


Selon un vieil adage wallon, un nouveau balai balaie toujours mieux qu’un ancien. Et la nouvelle présidente de la fédération verviétoise du PS, Valérie Dejardin, espérait bien, avec le puissant appui de son homologue liégeois, le ministre communautaire Frédéric Daerden, sortir le PS verviétois du marasme dans lequel il est plongé depuis près d’un an, et, par vie de conséquence, du marasme dans lequel les déchirements au sein d’un parti qu’un slogan, jadis, affirmait « fort et uni » a plongé la ville de Verviers.

On se demande néanmoins quelle mouche avait piqué Valérie Dejardin quand elle a tenté (sur ordre du boulevard de l’Empereur?) de relancer l’idée d’un remplacement de la « bourgmestre renégate », Muriel Targnion, par Malik Ben Achour, député fédéral à la suite de la nomination de Frédéric Daerden au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qu’on dit par ailleurs peu intéressé par l’écharpe mayorale de l’ancienne Cité lainière. Bourgmestre elle-même de Limbourg, la présidente de la Fédération verviétoise du PS aurait dû pressentir qu’elle courait droit au fiasco.

A moins qu’elle ait voulu procéder par une démonstration par l’absurde?

Elle n’a en tout cas pas trouvé une majorité d’élu(e)s de ce qui reste du PS au conseil communal de Verviers pour appuyer sa proposition. Et on s’oriente donc vers une nouvelle proposition qui prévoirait le maintien de Muriel Targnion. exclue du PS, au mayorat de Verviers jusqu’à la fin de la mandature.

Statu quo ante? Pas vraiment!

On efface donc tout et on en revient à la situation qui prévalait il y a un an, avant que Muriel Targnion, avec le soutien d’une majorité du groupe socialiste au conseil communal de Verviers et de ses partenaires de majorité, ne tente d’éjecter le président du CPAS, Hasan Aydin, de son poste?

Euh, pas vraiment car dans l’aventure, Alexandre Loffet. président débarqué de la Fédération verviétoise du PS, perdrait son mandat d’échevin.

Et pour le reste, on peut cibler:

• Hasan Aydin devrait rester en place. Certes, les relations du président du CPAS avec ses collègues du collège communal de Verviers se sont détendues, mais il nourrit peut-être toujours un espoir d’accéder au fauteuil mayoral. Et le CPAS continue à réclamer à la ville des suppléments de moyens qu’elle ne peut lui concéder

• Des échevins(e)s, notamment socialistes, doivent continuer à travailler avec une bourgmestre qu’elles ont allègrement trahie avant de se rendre solidaires de son exclusion du PS, forcée dans des conditions à tout le moins discutables.

• La ville de Verviers garde une bourgmestre dont on disait, à l’époque où elle présidait le conseil d’administration d’Enodia (où elle a défendu mordicus la gestion calamiteuse de l’administrateur-délégué de Nethys, Stéphane Moreau, ce qui l’a placée dans le viseur du président du PS, Paul Magnette) que la gestion de sa ville ne semblait plus être sa priorité première.

C’est donc un attelage de bric et de broc qui risque donc rester en place à Verviers jusqu’en 2024. Une ville qui, pour rappel, se paupérise chaque jour un peu plus et dont les commerces ferment en série.

Pour en sortir par le haut, deux solutions auraient été envisageables. Une nouvelle élection d’abord, qui aurait permis de rebattre les cartes, mais pour cela, les échevin(e)s auraient dû avoir le courage de démissionner en bloc. Ou alors, puisque les déchirures au sein du PS ont fini par paralyser la ville, la mise sur pied d’une coalition renvoyant le PS dans l’opposition. Là aussi, il aurait fallu du courage politique. Du côté des « verts » verviétois notamment….