Dans la rue pour soutenir Bariș Terkoǧlu!


Nous avons rendez-vous ce jeudi matin, rue Montoyer à Bruxelles, pour manifester, pacifiquement, devant l’ambassade de Turquie en Belgique, notre soutien à notre jeune confrère turc Bariș Terkoǧlu, qui va vivre, ce jour-là, sa cinq centième journée de détention préventive, dans l’immense prison de Silivri, à une centaine de kilomètres d’Istanbul.

Depuis la reprise de son procès, le 18 juin dernier, Bariş sait en effet qu’il va rester tout l’été derrière les barreaux. Alors qu’on s’attendait à ce que les débats durent toute la semaine, ils ont en effet été reportés, le soir même, au 14 septembre prochain. Quand on sait que tous les prévenus n’ont pas encore pu présenter leurs arguments de défense; que suivra un contre-interrogatoire, pour chacun d’entre eux, par le procureur; puis qu’après seulement viendront réquisitoire et plaidoiries, on se rend compte que les journalistes incriminés risquent de rester encore de très longs mois derrière les barreaux. De quoi solidement nourrir, si un acquittement intervient en fin de parcours, des recours devant la Cour européenne des Droits de l’homme de Strasbourg, où la Turquie se fait régulièrement épingler.

Les journalistes réunis ce jeudi devant l’ambassade de Turquie (les conseils de direction de l’AJP et de la VVJ, plus quelques délégués de rédaction, et les permanents des deux associations ainsi que de la FEJ) ne se contenteront pas d’exprimer leur solidarité à Bariş Terkoğlu: ils réclameront sa remise en liberté immédiate, ainsi que celle des journalistes turcs détenus; et dénonceront les atteintes répétées à la liberté de la presse en Turquie.

Ils réclameront aussi des autorités belges une attitude plus ferme en la matière. Mais avant d’interpeller Rudy Demotte, le ministre-président wallon et communautaire, sur le projet de coopération entre la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Turquie, il nous faut relever la réponse que nous a envoyée le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, au courrier que nous lui avions adressé, en même temps qu’au Premier ministre.

Le ton, cette fois, est plus encourageant. «S’agissant de la liberté de la Presse en Turquie, sachez que je partage votre inquiétude» nous écrit en effet le vice-Premier ministre MR. «On note en effet dans ce pays un nombre élevé de procédures ouvertes à l’encontre de journalistes, d’écrivains, d’universitaires et de militants des droits de l’homme».

Didier Reynders rappelle l’invite lancée par le Conseil de l’Europe à la Turquie, à la suite du rapport d’octobre 2011 de la Commission Européenne sur les progrès accomplis par ce pays en vue de remplir les critères d’adhésion à l’Union Européenne: l’assemblée strasbourgeoise «invite la Turquie à respecter davantage les droits fondamentaux, aussi bien dans sa législation qu’en pratique».

Le ministre des Affaires étrangères signale aussi qu’il a fait part de son «inquiétude» à son homologue turc, M. Ahmet Davutoglu, lors de sa récente visite à Ankara, en avril dernier, et qu’il l’a «interrogé sur les perspectives d’adoption de réformes législatives qui doivent garantir davantage la liberté de la presse en Turquie».

La position de principe ne suffira bien sûr pas, à elle seule, à inverser la tendance. Mais au moins le langage est-il clair. Et les objectifs fixés ne peuvent que susciter notre adhésion à la démarche diplomatique.