«Un symbole d’ouverture et de progrès»: le site du PS ne tarit pas d’éloges pour Duygu Celik, mise en vitrine «à l’heure où les conservatismes ressurgissent un peu partout en Europe».
On en est franchement heureux pour la jeune conseillère communale verviétoise, photographiée aux côtés du président ff du PS, dimanche, au congrès qui a vu Elio Di Rupo quitter (si peu) son costume de Premier ministre pour se profiler en candidat socialiste aux accents résolument (?) de gauche. On en est d’autant plus satisfait pour elle qu’au soir de la défaite socialiste aux élections communales à Verviers, l’ancien mayeur de la cité lainière, et aussi ancien député européen, Claude Desama, l’avait qualifiée d’«écervelée», pour avoir osé dénoncer le poids des mosquées dans le vote socialiste verviétois. Les avis que nous avions sollicités à l’époque, notamment du côté de l’université de Liège, avaient démenti ce qualificatif peu amène, qui discréditait celui-là même qui l’avait fait figurer sur sa liste démontrant, pour le coup, un singulier manque de clairvoyance.
Paul Magnette, manifestement, ne partage pas cette opinion. Et le PS promeut la candidature à l’Europe de Duygu Celik… reléguée à la quatrième suppléance, ce qui ne lui donne évidemment pas la moindre chance d’être élue. L’ouverture et le progrès ont leurs limites!
Le Parlement européen, Véronique De Keyser, elle, elle le connaît bien: elle vient d’y siéger pendant treize ans, y exerçant la fonction de vice-présidente du groupe socialiste sous sa dernière mandature. En mai, elle siégera pour la dernière fois dans l’assemblée européenne. Parce qu’elle ne se représentera plus aux suffrages des électeurs. À 69 ans, après trois mandats consécutifs, elle peut bien passer le témoin, me direz-vous, et sans doute peut-on adhérer à cette idée. Si ce n’est que Véronique De Keyser n’a pas été écartée sur son âge, ni non plus sur son bilan (très riche) de députée européenne, mais simplement parce qu’«il y avait trois eurodéputés socialistes liégeois (et que) le parti a souhaité proposer un candidat de Bruxelles, de Liège, et du Hainaut» a expliqué à ma collègue Pascale Serret Hugues Bayet, député wallon et bourgmestre socialiste de Farciennes. Lequel, en troisième place sur la liste européenne du PS, est assuré ou quasi d’être élu… et de pouvoir continuer à cumuler son écharpe mayorale et son nouveau mandat, cette fois d’eurodéputé.
Vous avez remarqué? Il n’est nullement question d’Europe dans la bouche de Hugues Bayet. Et, si on suit son raisonnement, le PS, comme d’ailleurs sans doute les autres partis francophones a construit sa liste européenne non en alignant les candidat(e)s les mieux au fait des enjeux européens, mais en procédant à un saupoudrage sous-régional d’autant plus stupide qu’il n’a aucune incidence au Parlement bruxello-strasbourgeois. Et voilà comment Véronique De Keyser, qui avait déjà sauvé de toute justesse sa place sur la liste européenne du PS, mise en cause pour la même raison il y a cinq ans, passe aujourd’hui à la trappe.
Une nouvelle fois, comme cela avait été le cas pour Isabelle Durant, on constate donc que les partis se soucient comme un poisson d’une pomme du travail qu’effectuent leurs représentants à l’Europe. Les cimetières sont certes remplis de personnes irremplaçables, mais il y a là quelque chose de choquant. Surtout dans la manière, car offrir une avant-dernière, voire une dernière suppléance à l’eurodéputée sortante était tout simplement insultant. Cela revenait à capter les voix qui se porteraient sur son nom, tout s’assurant qu’elle ne pourrait plus siéger. Recueillir le beurre et l’argent du beurre, en clair…
«Se faire jeter comme un chien est révoltant, mais n’a rien de honteux pour le chien. C’est le maître dont on se méfie» a lancé, rageuse, Véronique De Keyser, au risque de paraître ainsi s’accrocher à un mandat rémunérateur. Les questions que l’élue liégeoise a posées sur «le centralisme démocratique croissant de l’appareil (du PS), et la paranoïa qui s’est développée autour de la défense de la personne du Premier Ministre» risquent pourtant de rebondir autour de la campagne électorale régionale, fédérale, et européenne. Dont le PS risque de payer l’addition. Pour ne prononcer que des mots, qui n’engagent que celles et ceux qui y croient.