Dites «le» Covid et pas «la» Covid


D’accord, la pandémie actuelle de Covid-19 est… une belle saloperie, dont on espère se sortir au plus vite. Mais tant qu’à faire, autant appeler «le» Covid-19 par son nom, et pas «la» Covid-19, comme l’a déclaré de manière un peu précipitée l’Académie française, en se réclamant du mot anglais «disease», autrement dit «maladie», qui est féminin dans la langue de Shakespeare, a-t-elle expliqué.

Que l’Académie française se base sur l’anglais plutôt que sur l’usage pour déterminer le genre d’un mot est en soi assez bizarre. Mais en l’occurrence, comme elle l’a fait pour le wallon, qu’elle s’obstine à considérer comme un «dialecte du français» (cf. un article précédent de ce blog), l’Académie a péché par approximation. Car le nom scientifique du virus qui nous perturbe depuis plus d’un an est le SARS-CoV-2, acronyme anglais de Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2. Autrement dit, le «Coronavirus 2» (puisque le mot «virus» est masculin), qui provoque «un syndrome respiratoire aigu sévère». On se demande toujours où nos immortels sont allés y dénicher le mot «maladie»…

À côté de l’immense défi que représente la sortie de pandémie, cette réflexion prend des allures de débat sur le sexe des anges, j’en conviens bien.

Mais comme disait Albert Camus, «mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur d’autrui», et le malheur provoqué par la pandémie est suffisamment grand pour que les approximations de l’Académie n’y ajoutent pas de la confusion. Il est assez interpellant de voir des chaînes télévisées francophones parler régulièrement «du» Covid, pendant que d’autres chaînes télévisées, essentiellement françaises, s’accrochent à «la» Covid.

Comme toujours, l’usage se chargera de régler les choses, et l’Académie l’enregistrera avec retard. Après tout, à mes débuts dans la carrière journalistique, un vieil avocat qui plaidait devant un tribunal correctionnel des dossiers tout à fait communs d’accidents de la circulation, plaisantait en relevant qu’on parlait couramment d’«une automobile» alors que la logique aurait voulu qu’on parle «d’un automobile», puisque le mot «mobile» est masculin. L’Académie, heureusement, n’était pas là, intervenue pour imposer une règle. On lui souhaite avant tout de mettre son dictionnaire à jour, et de se rappeler que le wallon est une langue…

Pandémie: on attend toujours un langage vrai


Le tour de vis annoncé ce mercredi par les autorités belges pour endiguer la pandémie, pour attendu qu’il ait été, peine à convaincre l’opinion. L’art est difficile et la critique aisée, certes, et gérer ce défi inédit n’est pas simple: on en a encore eu la preuve avec le rétropédalage effectué, ce mercredi également, par la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a annulé la « mise sous cloche » du pays, décidée la veille, sous sa responsabilité, pour la période du 1er au 5 avril prochains, tout en demandant « pardon » à nos voisins pour sa réaction impulsive de la veille.

Le revirement opéré, après à peine un mois, sur les métiers de contact donne notamment l’impression chez nous d’une improvisation totale, voire de la pratique d’un « football-panique ». D’abord parce qu’aucune étude n’est venue prouver que ces métiers de contacts donnent lieu à un taux d’infection particulier. Ensuite parce que de nombre d’entre eux, coiffeuses et coiffeurs, esthéticiennes, masseuses et masseurs avaient investi, pour pouvoir rouvrir au début mars dans de coûteux appareils de détection, que tout le monde semble avoir oubliés aujourd’hui. Enfin, parce que l’immense majorité sinon la totalité d’entre eux ont respecté un protocole strict avec prise de rendez-vous, et désinfection des lieux assurées.

Le même « à peu près » a prévalu, notamment, quand les voyages en bus ont été déconseillés. Là aussi sans la moindre argumentation scientifique, et alors que l’usage du masque en transport en commun est largement répandu depuis des mois. Et on ne parle que pour mémoire des discussions en cours dans l’enseignement, où des établissements où pas un seul cas de Covid-19 n’a été relevé sont obligés de fermer leurs portes, alors que les écoles maternelles doivent rester ouvertes. Et que le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, a dogmatiquement exclu la vaccination prioritaire pour les enseignants.

Au fait, il est surtout remarquable que les spécialistes qui se sont succédé dans les médias avant et après le dernier CodeCo, et les ministres qui ont donné la conférence de presse n’ont précisément pas utilisé le mot « vaccination ». Alors que tout le monde sait bien que seule, une vaccination à l’échelle non pas nationale ou européenne, mais à l’échelle mondiale parviendra à juguler cette mortelle pandémie.

L’Union européenne, elle, parle bien de vaccination. Elle prend enfin l’initiative pour faire respecter les contrats qu’elle a signés avec les entreprises pharmaceutiques, et notamment AstraZeneca, qui semble se soucier comme poisson d’une pomme des obligations contractuelles auxquelles elle a souscrit.

Contingenter les exportations de vaccins produits sur le territoire de l’Union européenne a du sens dans le court terme: il est absurde d’envoyer des vaccins dans les pays qui en produisent déjà en abondance, ou bien qui se targuent d’avoir atteint un taux de vaccination bien au-delà de deux atteints dans les vingt-sept pays membres de l’Union européenne. Mais à moyen et à long terme, c’est une politique absurde: puisque seule une vaccination à l’échelle mondiale peut venir à bout de la pandémie, il faut au contraire favoriser la diffusion la plus large possible des vaccins. L’Europe s’y emploie notamment en étant la plus grande contributrice de Covax, le mécanisme de redistribution. Mais il faut dépasser ce stade, et rendre publics les brevets des vaccins que les firmes pharmaceutiques n’ont pu mettre au point en un temps-record que grâce à un financement massif des Etats.

Entre-temps, c’est bien un manque de doses qui ralentit fortement la vaccination en Belgique, comme dans la plupart des autres pays de l’Union européenne. Et quand le ministre de la Santé, ce mercredi, a affirmé que les plus de 65 ans seraient tou(te)s vacciné(e)s pour le 31 mars, avant de s’excuser après coup et dire qu’il avait voulu parler du 31 mai, même en jouant sur cette date plus éloignée, il n’est pas du tout sûr d’atteindre l’objectif.

On passe vite également sur les tests rapides qui dorment dans les pharmacies, alors qu’il y a quelques mois, on nous prêchait l’absolue nécessité d’un dépistage rapide pour limiter la taille des « clusters ». Ou le traçage par le biais d’une application qui a fait l’objet d’une bien mièvre promotion.

Je regardais pour la énième fois, ces derniers jours, le film « Les heures sombres », qui évoque les journées de mai 1940 où Winston Churchill est arrivé au pouvoir au Royaume-Uni, et où, confronté à une volonté de négocier une paix acceptable avec Adolf Hitler au sein même de son gouvernement, il connaissait des périodes de découragement. Le film, peut-être romancé sur ce point, relate une visite nocturne du roi George VI, au moment de la capitulation belge, le 27 mai 1940, qui l’encourage à ne pas perdre de pied, mais qui lui recommande de parler aux Britanniques un langage vrai. Dans les jours suivants, c’était le rembarquement de Dunkerque, et le succès de l’opération baptisée « Dynamo » allait être célébré comme une grande victoire. « Les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations« , commentera Churchill.

Sur les défaillances et perspectives de la vaccination, on attend un pareil langage de vérité. Plus que des décisions dont l’improvisation apparente, et les bisbilles politiciennes qu’elles déclenchent le soir même de leur annonce, ne font que susciter l’incompréhension. Et minent la volonté d’adhésion.

Permis de diffamer?


Les mesures prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 suscitent, à juste titre, de nombreuses questions. Celles qui ont été mises en place récemment sont d’autant plus difficiles à supporter qu’elles sont survenues en pleine période de canicule, et qu’elles ont succédé à une période où le retour à une vie normale semblait s’amorcer. Le rejet de la visière, beaucoup plus supportable en période de grandes chaleurs, m’est notamment apparu assez absurde, dès lors que j’avais pu en mesurer l’efficacité depuis le début de la pandémie.

La manière dont les chiffres sont présentés dans notre pays a particulièrement suscité de nombreuses interrogations. Utiliser des pourcentages pour décrire l’augmentation du nombre de cas, d’hospitalisations, de patients en réanimation, ou de décès est apparu singulièrement incongru, dès lors qu’on reste très loin des données constatées il y a quelques mois.

Parmi ces critiques, il est en est de fondées, qui ont été suivies d’effets: c’est le cas de la remarque de l’ancien recteur de l’université de Liège, Bernard Rentier, qui a requis, et obtenu, que l’augmentation du nombre de cas constatés soit mise en relation avec le nombre de tests pratiqués. Et la statistique, là, est nettement moins anxiogène.

À titre personnel, je pense qu’il serait de l’intérêt général d’étendre la démarche. En se rappelant que crier au loup en permanence n’est pas productif, puisque dès que le loup se présente, plus personne ne prend garde.

Mais à l’inverse, les plaidoyers contre le port du masque obligatoire au nom de la liberté individuelle ne peuvent être reçus. Une contamination n’est pas définition pas uniquement individuelle: l’individu porteur devient vecteur de transmission dans son entourage, éventuellement vers des personnes plus vulnérables. S’opposerait-on, dans la même logique, à l’obligation de rouler à droite, au nom de la liberté individuelle?

Le débat pourrait, ou devrait se dérouler de manière courtoise. Argument contre argument. L’exemple du Pr Bernard Rentier, cité plus haut, en est un exemple. On peut aussi citer l’astrophysicien Aurélien Barreau, dont la mise au point (https://www.facebook.com/trentemillejours/posts/584597305588737) est solidement argumentée.

Par contre, les théories complotistes ne trouvent aucune grâce à mes yeux. Et à ce titre, une séquence du JT de la RTBF, ce dimanche à 13 heures, me pose grave question. Elle était consacrée à la manifestation de quelques centaines de personnes opposées au port obligatoire du masque, devant la Bourse de Bruxelles.

Cette manifestation, aussi peu représentative soit-elle, devait être couverte. Malgré le nombre très restreints de participant(e)s. Parce qu’elle faisait écho à d’autres manifestations, dans d’autres pays d’Europe, dont la plus importante a eu lieu à Berlin, il y a peu.

Donner la parole aux manifestant(e)s était une chose, leur laisser raconter n’importe quoi, et notamment diffamer publiquement des personnes en est une autre. Une intervenante ( voir son intervention entre 2’33 » et 2’50 » sur https://www.rtbf.be/auvio/detail_jt-13h?id=2669225) a ainsi développé une thèse ubuesque mettant en cause les grandes firmes pharmaceutiques, qui orchestreraient toute la campagne sur la pandémie afin de réaliser de plantureux bénéfices au moment où un vaccin sera prêt. Et qui stipendieraient entre-temps des experts pour porter le message en télévision. Et cette dame d’accuser publiquement les Prs Marc Van Ranst et Yves Van Laethem de percevoir «des petites enveloppes des lobbies pharmaceutiques». Avant de conclure d’un ton péremptoire «ça, tout le monde l’a vérifié, ici en tout cas. On est au courant!».

Ah bon, des virologue véreux? Et l’intervenante en avait la preuve? On s’attendait à une relance sur le sujet, à l’administration de cette preuve. Rien n’est venu: le reportage a glissé comme si rien n’était. Un peu mal à l’aise, sans doute, le présentateur du JT, Laurent Mathie, a conclu (3’50 ») «On laissera à chacun la responsabilité de ses propos»

C’est un peu court. La reproduction de pareilles accusations dans un média écrit vaudrait à l’auteur(e) de l’article une plainte en diffamation, en même temps que celle visant les personnes qui profèrent des accusations aussi graves.

Les règles diffèrent-elles en télévision? Je n’en suis pas sûr. La RTBF a en tout cas réagi en supprimant ces propos diffamatoires de la séquence, reprise au JT de 19h30, consacrée à cette manifestation. Au risque de se faire accuser de censure, comme les médias «mainstream» qui se rendraient complice de cette mystification: le phénomène s’était déjà manifesté lors de la récente crise des «gilets jaunes»…

Peut-être cela nécessiterait-il un recadrage des jeunes et des futur(e)s journalistes? Pour leur rappeler que le métier n’est pas simplement de tendre le micro, mais de mettre en perspective. De réagir à ce qui est dit. Et donc de ne pas publier des pseudo-informations… impubliables.

Pour se maintenir ou obtenir une promotion dans le football belge, il ne faut pas briller sur le terrain


Ainsi donc, le club le plus mauvais de la saison dernière, qui avait réclamé l’arrêt de la saison pour motifs sanitaires avant de sombrer sportivement, a fait plier tout le football belge: contre toute logique sportive, Waasland-Beveren jouera toujours en première division l’an prochain, au motif que la dernière journée du défunt championnat n’avait pu être jouée, où la probabilité de le voir assurer son maintien devait être à peu près de l’ordre de un sur un million.

Cette pantalonnade n’est pas étonnante : l’an dernier, le football belge avait accepté que le KV Mechelen continue à jouer au plus haut niveau, alors que le club avait été convaincu d’avoir acheté une rencontre… face à Waasland Beveren. La tradition restait ainsi sauve: si, en Italie, la Juventus de Turin elle-même a été reléguée en deuxième division, il y a quelques années, pour des faits de corruption antérieurs -elle n’y est restée qu’une saison pour revenir régner sur le calcio- chez nous, on n’a jamais osé ne fût-ce qu’un instant imaginer le retrait au Standard de Liège de son titre de 1983, acquis après un fait de corruption avéré.

Le Beerschot-Wilrijk, qui ne doit sa survie qu’à l’abandon de son matricule et l’absorption par un club voisin, on l’oublie trop souvent, et l’OHL sont du coup exemptés de se départager pour la montée: tous deux sont promus parmi l’élite sur le tapis vert et non sur le terrain. Sauf réaction judiciaire de Westerlo, qui a eu le tort d’être la meilleure équipe de D1B l’an dernier, mais qui au départ de la saison a accepté ce règlement imbécile, où la meilleure équipe n’est pas forcément récompensée.

Ce maintien et ces promotions iniques ont des conséquences en cascade: pour compléter cette division IB croupion, le Lierse Kempenzonen, quatorzième de division I amateurs s’y retrouve sans autre forme de procès, au bénéfice d’une licence obtenue grâce à un financement étranger que les clubs flamands ne contestent pas, comme ils le font chaque année en vain pour Mouscron. Sans que la commission des licences ait jamais trouvé à redire au rôle trouble qu’y jouaient des agents de joueurs. D’où le passe-droit offert à Malines?

Ce tour de passe-passe ne suffisant pas l’équipe des moins de 23 ans du Club Brugeois est imposée dans une division dont elle… faussera le championnat. Car pour les jeunes Brugeois, il ne pourra bien sûr être question ni de montée, ni de relégation. Au fait, au passage pourquoi les jeunes du Club Brugeois? Un favoritisme de plus?

En attendant, l’Excelsior Virton qui aurait pu ou dû se trouver en lice pour atteindre la division IA, au risque de provoquer l’ire des clubs de l’élite peut-être peu alléchés par le déplacement en Gaume, a, lui, été dégradé, alors que, sur le terrain, l’équipe avait particulièrement performé. Logique?

Il y a trois-quarts de siècle, au sortir d’années bien plus éprouvantes que les mois de pandémie que nous traversons, une solution élégante avait été trouvée pour les cinq saisons et demie jouées en période de guerre: les montées étaient entérinées, et les relégations annulées. Et la saison 1945-1946 permettait de remettre les séries en ordre en augmentant le nombre de formations reléguées.

Personne, à l’époque, n’a remis le mécanisme en cause: le temps n’était pas à la judiciarisation systématique des questions sportives. Le pognon ne régnait pas non plus en maître sur notre football: ce n’est que deux ans plus tard que le transfert de Willy Saeren de Tongres au FC Liégeois qui n’était pas encore « Royal » pour un million de francs de l’époque, suscitera des cris d’orfraie.

Surtout, le football belge était sain à l’époque. Aujourd’hui, comme l’a écrit mon collègue Frédéric Bleus dans le quotidien (air connu) qui nous emploie et ne nous rémunère pas assez à notre gré, il est bien malade. Les grandes révélations sur les affaires de corruption et de commissions occultes n’ont abouti qu’à la suspension de lampistes, et puis le manteau de Noé à été jeté sur ces turpitudes.

Les performances exceptionnelles des Diables Rouges ne cacheront plus très longtemps cette décrépitude que le projet fumeux de Beneligue ne pourra guérir. Comme on sait aujourd’hui que l’hexachloroquine n’est pas la pilule Titus (celle qui guérit de tout) du Covid-19