Pour ne plus revivre le psychodrame grec, une Europe plus intégrée, tout simplement


La semaine a été terriblement difficile pour le gouvernement d’Alexis Tsipras, mais il a fait finalement passer en deux temps les réformes qui lui étaient imposées par l’Union Européenne, pour bénéficier de l’aide financière qui permettra à son pays de faire face à ses obligations financières, et de rester dans l’euro.

n001-150716-005On glosera sans doute à l’infini sur le psychodrame que l’Union Européenne vient de vivre, avec le dossier grec. Certains ne manqueront pas de souligner l’intransigeance des créanciers de la Grèce, tandis que d’autres rappelleront l’incurie des différents gouvernements grecs successifs qui n’ont jamais fait face à leurs responsabilités en la matière. Les premiers rappelleront qu’Alexis Tsipras n’a aucune responsabilité dans la gestion passée de la Grèce; les seconds dénonceront le caractère démagogique des propositions extrêmes sur lesquelles il s’est fait élire. Les défenseurs du leader de Syriza se mueront en procureurs, en l’accusant maintenant de trahir ses engagements électoraux et de faire approuver des mesures auxquelles il ne croit pas et contre lesquelles il avait demandé au peuple grec de voter lors du récent référendum; ses contempteurs se transformeront en ses défenseurs, en soulignant les responsabilités qu’il endosse désormais, et en rappelant que si les Grecs s’étaient prononcés à 60% contre l’austérité, ils étaient à  plus de 75% favorables au maintien de la Grèce dans l’euro. En veillant à ce que son pays conserve la monnaie unique, ils répond donc à l’attente du peuple grec. Et au risque de provoquer une fracture dans la coalition hétéroclite qu’il dirige; fracture mouvante d’ailleurs: Iannis Varoufakis, le ministre des Finances qu’il a sacrifié à l’Europe avait voté contre le premier train de mesure, se posant en icône de la gauche extrême grecque et européenne; puis ce jeudi, il a voté en faveur du deuxième train…

flags-european-union-greece-28690170Le tout, maintenant, est de tirer les leçons de ces événements, afin qu’ils ne se reproduisent plus dans l’avenir. Mettre les économistes d’accord entre eux se révélerait, sur de plan, encore plus compliqué que de faire s’accorder des juristes sur la solution d’un problème posé. La réponse doit donc venir du politique. Pas de la politique politicienne, de gauche ou de droite, non, mais de la «grande politique».

Car tous les économistes sont au moins d’accord sur un point: l’union monétaire européenne est fragile, parce qu’elle ne s’est pas accompagnée d’une union économique et fiscale, et, ajouterais-je, sociale. Faute de quoi, la Grèce, pour rester dans l’euro, a été obligée d’adopter les mêmes règles budgétaires que celles qui prévalent au sein de la zone. Pour qu’elle bénéficie de compensations fiscales, notamment, comme ce serait le cas pour un État en difficultés des États-Unis (rappelons-nous la Californie, naguère), il faudrait, somme toute… des États-Unis d’Europe.

Cela tombe bien: c’était le rêve des fondateurs de l’Europe, il y a six décennies. Depuis lors, il est vrai, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et les tendances, pour l’heure, sont beaucoup plus au repli nationaliste, voire sous-nationaliste, qu’à une plus grande intégration européenne. L’influence du Royaume-Uni, à cet égard, est particulièrement contre-productive: au moins le référendum annoncé par David Cameron clarifiera-t-il les choses: si les Britannique veulent rester dans l’Union, il faudra leur rappeler que cette Union ne peut se limiter à un «grand marché». Et s’ils décident d’en sortir, un obstacle important à l’intégration sera levé.

Resteront tous les mouvements de droite extrême et d’extrême-droite qui ont relevé la tête un peu partout sur le continent: la meilleure arme pour les combattre ne consiste pas à leur courir après, car l’électeur préfère toujours l’original à la copie, mais à leur opposer une alternative qui offre de bien meilleures perspectives. Et proposer une véritable Union européenne, c’est définitivement jouer dans une division supérieure!

La résolution du problème grec pour douloureuse qu’elle ait été, constitue paradoxalement peut-être un premier pas dans cette direction. Car cette résolution, qu’on l’apprécie ou non, a été… européenne.