Pour les Congolais(e)s, l’avenir reste aussi sombre


La Commission électorale nationale indépendante (Céni) l’a proclamé: Félix Tshisekedi est reconduit dans sa fonction de président de la République Démocratique du Congo (RDC) sur un score sans appel de 73,34% des voix. Et comme par le passé, la communauté internationale entérinera ce résultat, malgré tous les questionnements qu’on doit se poser sur la régularité de ce scrutin. Trop heureuse de voir la transition du pouvoir s’efforcer pacifiquement dans le plus grand pays d’Afrique, un continent où, dans bien des pays, des coups d’État militaires, dont certains sont orientés par le groupe de mercenaires russes Wagner et par la Russie de Vladimir Poutine, ont interrompu le cycle démocratique.

Faut-il pour autant se satisfaire de ce scrutin chahuté?

La réponse est venue de la mission d’observation des Églises catholique et protestantes, qui a dit avoir «documenté de nombreux cas d’irrégularités, susceptibles d’affecter l’intégrité des résultats de différents scrutins en certains endroits».

Pour rappel, le 20 décembre dernier, les Congolaises et les Congolais étaient invité(e)s à élire leur président, leurs députés nationaux et provinciaux, et leurs conseillers locaux. En principe, le scrutin n’était prévu que ce jour-là, mais les nombreux problèmes qui ont surgi – comme ceux de bureaux de vote censés ouvrir leurs portes à 9 heures mais qui n’ont été accessibles qu’à 13 ou 14 heures, le temps d’installer des isoloirs et/ou des «machines à voter»- ont fait que les opérations de vote ont été étendues au 21 par la Céni, et ont duré plusieurs jours dans certaines régions. Faisant naître le soupçon de manipulations, comme celles qui ont permis à Félix Tshisekedi d’être élu à la présidence en décembre 2018, au détriment de Martin Fayulu, considéré par de nombreux observateurs comme le véritable vainqueur du scrutin présidentiel.

Un succès électoral incontestable, pour Félix Tshisekedi?

Martin Fayulu était à nouveau en piste cette année, et il est crédité de 5,33% des suffrages, derrière Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga, qui aurait bénéficié de 18,08% des voix. L’ancien Premier ministre, Adophe Muzito, aurait obtenu, lui 1,12%, et la vingtaine d’autres candidats, dont le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege, n’aurait pas franchi le seuil de 1% des suffrages.

Selon la Céni, 43% des inscrits auraient pris part au scrutin.

Ce dernier chiffre, et le système d’élection présidentielle à un seul tour, qui couronne le candidat arrivé en tête, suffiraient pas, dans de nombreux pays, pour invalider ce mode de scrutin et à postuler, au moins, un deuxième tour opposant les deux candidat(e)s arrivé(e)s en tête au premier tour.

Et l’exigence d’une participation d’au moins 50% des citoyen(ne)s à l’élection.

Au-delà de ces considérations politiques, la question qui se pose est de savoir si la réélection de Félix Tshisekedi pour son second mandat présidentiel, va améliorer un tant soit peu la situation des Congolaises et des Congolais, dont l’état de pauvreté dans un pays aussi riche de son sol et de son sous-sol est un authentique scandale.

Si point n’est nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer, comme l’aurait décrété Guillaume le Taciturne, il faut bien constater que sur base de son bilan de président sortant, on ne peut guère attendre de résultat de Félix Tshisekedi.

Pour la population congolaise, l’urgence règne depuis longtemps…

On inscrira à son crédit l’effort pour amener tous les enfants gratuitement à l’école primaire. Mais pour le reste, sa lutte contre la corruption, matérialisée par la condamnation de son allié de 2018, Vital Kamerhe, réhabilité ensuite, n’a débouché sur rien de concret. Et la promesse de rétablir la paix dans l’est de la RDC est démentie chaque jour par les morts qui s’y accumulent, et la persistance de groupes de guérillas armés qui font peser leur dictature sur des populations affamées.

Quant à l’exploitation, essentiellement chinoise et rwandaise, des ressources minières du pays, elle se poursuit de manière éhontée.

Si Félix Tshisekedi avait suscité de grands espoirs, il y a cinq ans, tant en raison du nom qu’il portait que de sa réputation d’opposant à la dictature de Mobutu puis au règne sans partage de Joseph Kabila, le désenchantement est survenu. Il s’est notamment matérialisé par la très faible participation au scrutin du 20 décembre, et des jours suivants.

On n’ose espérer que les choses changent fondamentalement. À moins que dans certaines administrations locales ou provinciales se retrouvent des élu(e)s pénétré(e)s du bien public, et qui, d’ici à quelques années, pourraient accéder à des fonctions plus importantes. Pour construire une vraie démocratie à partir de la base.

Le drame, pour la population congolaise, c’est que l’urgence se fait sentir depuis longtemps…

Muerte de un periodista de al-Jazeera: Israel añada la hipocresía al crimen


Según un informe del ejército israelí, existe una « gran posibilidad » de que Shireen Abu Akleh, la periodista estrella de Al Jazeera, fuera « alcanzada accidentalmente por los disparos del ejército israelí el 11 de mayo contra sospechosos identificados como pistoleros palestinos ».

Esta tranquilizadora conclusión es el resultado de un estudio « cronológico » de la secuencia de acontecimientos que condujeron a la muerte del periodista de la televisión qatarí; un análisis de los « sonidos » y « vídeos » grabados en el lugar de los hechos; y un análisis balístico de la bala mortal, realizado en presencia de representantes del « Comité de Coordinación de Seguridad de Estados Unidos para Israel y la Autoridad Palestina ».

Matada accidentalmente?

Toda esta verborrea pretende ahogar la palabra esencial de este comunicado: ¡Shireen Abu Baker fue asesinada ac-ci-dental-mente! Por lo tanto, nadie es responsable de su muerte. ¡Y el soldado que le disparó no será procesado!

Si no fuera trágico, tal construcción sería perfectamente risible. Sobre todo, avergüenza al Estado de Israel, que, después de haber hecho todo lo posible para eludir su responsabilidad en este asesinato y este crimen contra la libertad de prensa, se regodea ahora en la hipocresía, esperando salir impune.

Inicialmente, las autoridades israelíes afirmaron que Shireen Abu Akleh había muerto en un intercambio de disparos entre una facción palestina y soldados de las FDI. Pero no hubo suerte, la multitud de testigos en el lugar y los primeros elementos de la investigación demostraron que no hubo ningún disparo palestino: fue deliberadamente que los soldados israelíes dispararon contra una multitud desarmada en el campo de refugiados de Jenin. Volver a hablar hoy de « pistoleros palestinos » es, por tanto, una información errónea.

El resultado de la investigación, que Israel se negó a permitir que la llevara a cabo un organismo internacional, demostraría posteriormente que Shireen Abu Akleh fue efectivamente asesinada por una bala israelí. No sólo no hubo intercambio de disparos, sino que no fue alcanzada por una posible bala palestina, como intentó sugerir inicialmente el ejército israelí.

Las trágicas imágenes de la periodista de Al Jazeera mostraban también que llevaba un casco y un chaleco antibalas claramente marcado como « Prensa ».

Así que ahora intentar hacer creer al mundo que un francotirador israelí le disparó « accidentalmente » es el colmo del cinismo: toda esta logorrea tiene como objetivo ocultar el hecho de que un testigo embarazoso fue eliminado deliberadamente el 11 de mayo.

A modo de recordatorio, el funeral de la desafortunada Shireen Abu Akleh dio lugar a una musculosa intervención de la policía israelí, que no tuvo la decencia de permitir que se celebrara la ceremonia en medio del dolor de la familia y la legítima indignación de quienes la acompañaron en su último viaje.

En los días siguientes a la trágica muerte del periodista estrella de Al Jazeera, se alzaron voces pidiendo una investigación internacional sobre el incidente. Israel se negó a hacerlo y luego trató de evadir la responsabilidad de la tragedia.

Con el paso de las semanas, quedó claro que no sería posible eludir la responsabilidad del ejército israelí: el informe de hoy es su último intento de evitar que el asesino de un periodista sea llevado ante los jueces.

El asesinato de Shireen Abu Akleh se sumará así a la larga lista de asesinatos impunes de periodistas: como recordatorio, nueve de cada diez asesinatos de periodistas quedan impunes en el mundo, según los informes de la Unesco. Periodistas anónimos para periodistas famosos como Ana Politkovskaya, Daphne Caruana Galizia, Jamal Kashoggi y ahora Shireen Abu Akleh.

Para evitar que los Estados eludan sus responsabilidades, como intenta hacer Israel con este informe tranquilizador y engañoso, la Federación Internacional de Periodistas ha sugerido una resolución para ser votada por la Asamblea General de la ONU, que consideraría cualquier asesinato de un periodista como un crimen contra la libertad de prensa, y crearía un organismo internacional que podría investigar, o hacer responsables a los Estados, de las investigaciones sobre los asesinatos de periodistas. Todavía estamos esperando que las principales democracias, especialmente en Europa, apoyen este texto…

Death or an al-Jazeera journalist: Israel adds hypocrisy to the crime


According to an Israeli army report, there is a « strong possibility » that Shireen Abu Akleh, the star journalist of al-Jazeera, was « accidentally hit by Israeli army fire on 11 May targeting suspects identified as Palestinian gunmen ».

This soothing conclusion follows a « chronological » study of the sequence of events that led to the Qatari TV reporter’s death; an analysis of « the sounds » and « the videos » recorded at the scene; and a ballistic analysis of the fatal bullet, carried out in the presence of representatives of the « US Security Coordination Committee for Israel and the Palestinian Authority« .

Killed accidentally?

All this verbiage is intended to drown out the essential word of this communication: Shireen Abu Baker was killed ac-ci-dental-ly! No one is therefore responsible for her death. And the soldier who shot her will not be prosecuted!

If it were not tragic, such a construction would be perfectly laughable. Above all, it shames the State of Israel, which, after having done everything to escape responsibility for this murder and this crime against press freedom, is now wallowing in hypocrisy, hoping to get away with it.

Initially, the Israeli authorities claimed that Shireen Abu Akleh died in an exchange of fire between a Palestinian faction and IDF soldiers. But no luck, the multitude of witnesses on the spot, and the first elements of the investigation had shown that there had been no Palestinian shooting: it was deliberately that the Israeli soldiers had fired on an unarmed crowd in the Jenin refugee camp. To speak again today of « Palestinian gunmen » is therefore misinformation.

The outcome of the investigation, which Israel refused to allow to be conducted by an international body, would later show that Shireen Abu Akleh was indeed killed by an Israeli bullet. Not only was there no exchange of fire, but she was not hit by a possible Palestinian bullet, as the Israeli army was initially trying to suggest.

The tragic images of the al-Jazeera journalist also showed that she was wearing a helmet and a bullet-proof waistcoat clearly marked « Press ».

So now to try to make the world believe that an Israeli sniper shot her « accidentally » is the height of cynicism: all this logorrhoea is aimed at hiding the fact that an embarrassing witness was deliberately eliminated on 11 May.

As a reminder, the funeral of the unfortunate Shireen Abu Akleh gave rise to a muscular intervention by the Israeli police, who did not have the decency to allow the ceremony to take place amidst the pain of the family and the legitimate indignation of those who accompanied her on her last journey.

In the days following the tragic death of al-Jazeera’s star journalist, voices were raised calling for an international investigation into the incident. Israel refused to do so, and then tried to evade responsibility for the tragedy.

As the weeks went by, it became clear that it would not be possible to evade responsibility for the Israeli army: today’s report is its last attempt to prevent a journalist’s murderer from being brought before judges.

The murder of Shireen Abu Akleh will thus join the long list of unpunished murders of journalists: as a reminder, nine out of ten murders of journalists go unpunished in the world, according to Unesco reports. Anonymous journalists for famous journalists such as Ana Politkovskaya, Daphne Caruana Galizia, Jamal Kashoggi and now Shireen Abu Akleh.

To prevent states from shirking their responsibilities, as Israel is trying to do with this soothing and misleading report, the International Federation of Journalists has suggested a resolution to be voted on by the UN General Assembly, which would consider any murder of a journalist as a crime against press freedom, and would create an international body that could investigate, or hold states accountable for, investigations into the murders of journalists. We are still waiting for the major democracies, especially in Europe, to support this text…

Mort d’une journaliste d’al-Jazeera: Israël revêt le crime d’hypocrisie


Ainsi donc, selon un rapport de l’armée israélienne, il y a «une forte possibilité» que Shireen Abu Akleh, journaliste vedette d’al-Jazeera, ait été, le 11 mai dernier, «touchée accidentellement par un tir de l’armée israélienne qui visait des suspects identifiés comme des hommes armés palestiniens».

Cette conclusion lénifiante fait suite à une étude «chronologique» de la séquence des événements qui ont conduit à la mort de la journaliste de la chaîne qatarie; à une analyse «des sons» et «des vidéos» enregistrées sur place; et à une analyse balistique de la balle mortelle, menée en présence de représentants du «Comité de coordination sécuritaire des Etats-Unis pour Israël et l’Autorité palestinienne».

Tuée accidentellement?

Tout ce verbiage a pour but de noyer le mot essentiel de cette communication: Shireen Abu Baker a été tuée ac-ci-dent-elle-ment! Personne n’est donc responsable de sa mort. Et le soldat qui l’a descendue ne sera donc pas poursuivi!

Si ce n’était tragique, pareille construction serait parfaitement risible. Elle fait surtout honte à l’État d’Israël, qui, après avoir tout fait pour échapper à la responsabilité de ce meurtre et de ce crime contre la liberté de la presse, se vautre aujourd’hui dans l’hypocrisie, en espérant s’en tirer à très bon compte.

Pour rappel, au départ, les autorités israéliennes avaient affimé que Shireen Abu Akleh était décédée au cours d’un échange de tirs entre une faction palestinienne et des soldats de Tsahal. Mais pas de chance, la multitude de témoins sur place, et les premiers éléments de l’enquête avaient montré qu’il n’y avait pas eu de tir palestinien: c’est délibérément que les soldats israéliens avaient fait feu sur une foule désarmée au camp de réfugiés de Jenine. Reparler aujourd’hui «d’hommes armés palestiniens» relève donc de la désinformation.

Les suites de l’enquête, qu’Israël a refusé de voir menée par une instance internationale, allaient montrer ensuite que Shireen Abu Akleh a bel et bien été tuée par une balle israélienne. Non seulement, il n’y avait pas eu d’échange de tirs, mais elle n’a pas été atteinte par un tir palestinien éventuel, comme l’armée israélienne tentait de le faire entendre au départ.

Les images tragiques de la journaliste d’al-Jazeera montraient par ailleurs qu’elle portait un casque et un gilet pare-balles portant clairement l’indication «Press».

Alors aujourd’hui tenter de faire croire au monde qu’un sniper israélien l’aurait abattue «accidentellement» relève du plus parfait cynisme: toute cette logorrhée vise à cacher le fait qu’une témoin gênante a été volontairement éliminée, le 11 mai dernier.

Pour rappel aussi, les obsèques de la malheureuse Shireen Abu Akleh ont donné lieu à une intervention musclée des forces de l’ordre israéliennes, qui n’ont pas eu la décence de laisser se dérouler la cérémonie dans la douleur de la famille et dans l’indignation légitime de celles et ceux qui l’accompagnaient dans son dernier voyage.

Dès les jours qui ont suivi la mort tragique de la journaliste vedette d’al-Jazeera, des voix s’étaient élevées pour réclamer une enquête internationale sur cet événement. Israël l’avait refusée avant de tenter, pied à pied, d’éluder sa responsabilité dans le drame.

Au fil des semaines, il lui est apparu qu’il ne lui serait pas possible d’éluder la responsabilité de l’armée israélienne: le rapport d’aujourd’hui est son ultime tentative pour éviter qu’un assassin de journaliste soit traduit devant des juges.

Le meurtre de Shireen Abu Akleh va ainsi rejoindre la longue liste des assassinats impunis de journalistes: pour rappel, neuf assassinats de journalistes sur dix restent impunis dans le monde, selon les rapports de l’Unesco. Journalistes anonymes, pour journalistes célèbres qui ont noms Ana Politkovskaïa, Daphne Caruana Galizia, Jamal Kashoggi et désormais Shireen Abu Akleh.

Pour éviter que des États puissent échapper à leurs responsabilités, comme Israël tente de le faire avec ce rapport lénifiant et mensonger, la Fédération Internationale des Journalistes a suggéré un texte de résolution à faire voter par l’assemblée générale des Nations-Unies, qui considérerait tout assassinat de journaliste comme un crime contre la liberté de la presse, et créerait un organe international susceptible d’enquêter, ou de demander aux États de rendre compte sur les enquêtes diligentées dans le cas de meurtres de journalistes. On attend toujours que les grandes démocraties, notamment européennes, soutiennent ce texte…

Dolor e ira


Parafraseando el famoso título del documental de Marcel Ophüls sobre la vida cotidiana en Clermont-Ferrand, Francia, durante la ocupación nazi, he querido titular mi post de hoy « Dolor e ira ».

Matada mientras era claramente identificada como periodista

Las imágenes del cuerpo sin vida de Sherine Abu Akleh, la famosa periodista de Al Jazeera, que yacía en el suelo, muerta, atada a su chaleco antibalas con el claro sello de « Prensa » y con un casco, inspiraron estos dos sentimientos. Para mí, no hay duda de que la periodista de la televisión qatarí fue disparada deliberadamente y su colega Ali Al-Samoudi fue herido deliberadamente para evitar que filmaran la represión que el ejército israelí iba a lanzar, o estaba lanzando, en el campo de refugiados de Yenín.

Por supuesto, me dirán que esta tragedia debe ser investigada a fondo.

Las autoridades israelíes han propuesto una investigación conjunta a las fuerzas policiales palestinas. No puedo creerlo. En primer lugar, porque el contexto entre Israel y la Autoridad Palestina hace improbable una colaboración sincera entre los investigadores de ambas partes.

El proceso recuerda a un episodio fatal: la negativa de Serbia a permitir que investigadores austriacos entren en su territorio para investigar el asesinato en Sarajevo del príncipe heredero Francisco Fernando y su esposa. La posterior declaración de guerra de Austria-Hungría a Serbia condujo a la Primera Guerra Mundial.

La afirmación de algunos círculos israelíes de que Sherine Abu Akleh y Ali Al-Samoudi fueron víctimas de… disparos palestinos me parece indecente. Aunque tengamos que esperar a los resultados de una investigación verdaderamente independiente (y, por tanto, internacional) sobre esta tragedia, ¿podemos escuchar que los pistoleros palestinos atacaron deliberadamente a los periodistas de una cadena de televisión árabe? ¿O que las balas perdidas alcanzaron a la periodista de Al Jazeera en la cabeza e hirieron gravemente a su colega?

También en este caso cabe hacer un paralelismo con los trágicos sucesos de agosto de 1914: cuando las tropas del Káiser marcaron su paso por Bélgica masacrando a civiles en Herve, Visé, Andenne, Tamines, Lovaina, etc., cada vez se invocó el mismo pretexto: los soldados alemanes habían sido objeto de disparos de francotiradores. Desde entonces, estas acusaciones se han convertido en un hechizo.

Algún día sabremos quién dio la orden de disparar a Sherine Abu Akleh, y así tratar de amordazar no sólo a al-Jazeera, sino también a cualquier medio de comunicación que sea demasiado curioso para investigar el acoso diario a los palestinos. Y también en la reacción violenta que a veces desarrollan, que siempre conduce a represalias sangrientas.

No hay que olvidar, por cierto, que hace un año, en la Franja de Gaza, Israel bombardeó deliberadamente el edificio que albergaba la redacción de Al Jazeera. La inauguración de las nuevas instalaciones del canal qatarí estaba prevista para esta semana…

A Israel le gusta presentarse como la única democracia de Oriente Medio. El país puede demostrar que entiende que la libertad de prensa es un valor fundamental de la democracia, aceptando una investigación independiente sobre la trágica muerte de Sherine Abu Akleh.

Pero, en términos más generales, los periodistas no pueden conformarse con la protección dirigida a los civiles ordinarios en las zonas de conflicto: son testigos y, como tales, son un objetivo particular.

Por lo tanto, necesitan una protección especial. Este es el propósito de la « Convención sobre la Seguridad e Independencia de los Periodistas y los Profesionales de los Medios de Comunicación » que la Federación Internacional de Periodistas inició hace casi cuatro años.

La Convención es una herramienta para la protección de los periodistas y los profesionales de los medios de comunicación.

El objetivo principal de este texto es luchar contra la impunidad de la que gozan los asesinos de periodistas: un informe de la UNESCO ha demostrado que nueve de cada diez asesinatos de periodistas quedan impunes en el mundo. Probablemente porque nueve de cada diez periodistas asesinados son periodistas locales, que no caen en zonas de conflicto.

Sherine Abu Akleh, en cambio, se convirtió en una mártir de la libertad de expresión en las zonas de conflicto. La indignación que su muerte ha causado en todo el mundo puede ser un golpe decisivo en esa lucha

Le chagrin et la colère


Pour paraphraser le titre célèbre du documentaire de Marcel Ophüls sur la vie quotidienne à Clermont-Ferrand, en France, sous l’Occupation nazie, j’ai voulu titrer mon billet de ce jour «Le chagrin et la colère».

Les images du corps sans vie de Sherine Abu Akleh, la célèbre journaliste d’al-Jazeera, gisant sur le sol, morte, sanglée dans son gilet pare-balles clairement estampillé «Press» et coiffée d’un casque m’a inspiré ces deux sentiments. Car pour moi, il n’y a aucun doute: la journaliste de la chaîne qatarie a été délibérément abattue, et son collègue Ali Al-Samoudi a été volontairement blessé, pour les empêcher de filmer la répression que l’armée israélienne s’apprêtait à lancer, ou lançait dans le camp de réfugiés de Jenine.

Abattue alors qu’elle était clairement identifiable comme journaliste

Certes, on m’objectera qu’il faut faire toute la lumière sur ce drame.

Les autorités israéliennes ont proposé une enquête communes aux forces de police palestiniennes. Je ne peux y croire. D’abord parce que le contexte tenu entre Israël et l’Autorité palestinienne rend peu vraisemblable une collaboration sincère entre enquêteurs des deux camps.

Le procédé rappelle un épisode fatal: le refus par la Serbie d’enquêteurs autrichiens sur son sol, pour enquêter sur l’assassinat, à Sarajevo, du prince-héritier Franz-Ferdinand et de son épouse. La déclaration de guerre subséquente de l’Autriche-Hongrie à la Serbie a conduit à la Première Guerre mondiale.

L’affirmation de certains milieux israéliens selon lesquels Sherine Abu Akleh et Ali Al-Samoudi auraient été victimes de tirs… palestiniens, me paraît par ailleurs indécente. Même s’il faudrait attendre le résultat d’une enquête réellement indépendante (et donc internationale) sur ce drame, peut-on entendre que des tireurs palestiniens auraient délibérément visé des journalistes d’une télé arabe? Ou que des balles perdues auraient l’une, touché mortellement à la tête la journaliste d’al-Jazeera, et l’autre grièvement blessé son collègue?

Là aussi, un parallèle avec les tragiques événements d’août 1914 s’impose: quand les troupes du Kaiser ont marqué leur passage en Belgique par des massacres de civils à Herve, à Visé, à Andenne, à Tamines, à Louvain etc., à chaque fois, le même prétexte était invoqué: les soldats allemands avaient été la cible de tirs de francs-tireurs. Depuis lors, un sort a été fait à ces accusations.

On saura un jour qui a donné l’ordre de tirer, pour abattre Sherine Abu Akleh, et tenter ainsi de museler non seulement al-Jazeera, mais aussi tous les médias trop curieux, qui enquêterait sur les brimades quotidiennes dont les Palestiniennes et les Palestiniens font l’objet. Et aussi sur la réaction violente qu’ils développent parfois, et leur vaut à chaque fois des répliques sanglantes.

On n’oubliera pas, au passage, qu’il y a un an, dans la bande de Gaza, Israël avait bombardé délibérément l’immeuble qui abritait la rédaction d’al-Jazeera. L’inauguration des nouveaux locaux de la chaîne qatarie était prévue pour cette semaine…

Israël aime à se présenter comme la seule démocratie du Proche-Orient. Le pays peut démontrer qu’il comprend que la liberté de la Presse est une valeur fondamentale de la démocratie, en acceptant une enquête indépendante sur le décès tragique de Sherine Abu Akleh.

Mais plus largement, les journalistes ne peuvent se contenter de la protection adressée aux simples civils en zones de conflit: ils et elles sont des témoins, et à ce titre, ils et elles sont visés particulièrement.

Il leur faut donc une protection particulière. C’est le propos de la «Convention sur la sécurité et l’indépendance des journalistes et des professionnels des médias» que la Fédération Internationale des Journalistes a mis en chantier il y a près de quatre ans.

Le but principal de ce texte est de lutter contre l’impunité dont bénéficient les assassins de journalistes: un rapport de l’UNESCO a démontré que neuf assassinats de journalistes sur dix restent impunis dans le monde. Probablement parce que neuf journalistes assassinés sur dix sont des journalistes locaux, qui ne tombent pas dans des zones de conflit.

Sherine Abu Akleh, elle, est devenue une martyre de la liberté d’expression en zone de conflit. L’indignation que sa mort a suscitée dans le monde donnera peut-être un coup décisif à cette lutte contre l’impunité d’assassins…

On ne peut jamais prédire la fin d’une guerre…


Le président russe, Vladimir Poutine, a donc choisi la fuite en avant. D’abord en piégeant les pays occidentaux, qui en condamnant sa reconnaissance des districts sécessionnistes d’Ukraine, comme il l’avait fait de ceux de Géorgie, a placé les pays occidentaux devant leurs contradictions, eux qui avaient reconnu, à l’époque, l’indépendance autoproclamée du Kosovo. Même si l’hôte du Kremlin oubliait de son côté que, à l’époque, la Russie s’était opposée à l’indépendance du Kosovo, preuve qu’en politique, la constance n’est pas toujours de mise.

Mais sa décision, aujourd’hui, de mener des opérations militaires en Ukraine (pour s’adjuger tout le Donbass?), et les frappes aériennes menées prétendument exclusivement contre des objectifs militaires est nettement plus aléatoire.

Vladimir Poutine «tord» l’Histoire pour les besoins de sa propagande en évoquant un «génocide» des russophones d’Ukraine par le pouvoir de Kiyv, en déniant la qualité d’État à ce pays reconnu au plan international qui fait partie de l’Organisation des Nations-Unies, et en le qualifiant de «nazi». Une référence aux troupes ukrainiennes qui ont combattu aux côtés des nazis durant la Seconde guerre mondiale, au même titre que d’autres, dont la Légion Wallonie, les combattants flamands du front de l’est: cela ne suffit évidemment pas pour faire des dirigeants actuels de ces différents pays ou régions des adhérents au racisme nazi.

Le président russe et les «faucons» qui l’entourent ont surtout une mémoire fort sélective. Ils devraient se souvenir que, quand on déclenche un conflit armé, on ignore par nature la manière dont il se terminera. Et que l’Union Soviétique, dont Vladimir Poutine a affirmé plus d’une fois sa nostalgie, avait signé avec l’Allemagne hitlérienne, en août 1939, un pacte de non-agression auquel Staline a cru jusqu’au jour du déclenchement de l’opération Barbarossa, le 22 juin 1941. Donnant ainsi à Adolf Hitler les mains libres pour envahir la Pologne, et concourir à cette conquête. Et laisser se déclencher le second conflit mondial, dont sa population aura tellement à souffrir.

Après la fin du conflit, la Russie n’a jamais restitué à la Pologne les territoires qu’elle lui avait pris. Le territoire polonais s’est déplacé vers l’ouest, et sa frontière occidentale a été fixée sur une ligne Oder-Neisse que l’Allemagne n’a reconnue qu’à la faveur de l’Ostpolitik du chancelier Willy Brandt, au début des années 1970.

Hasard ou non, c’est dans ces anciens territoires polonais incorporés à l’Ukraine que le mouvement démocratique s’est le plus fort développé, et que le désir d’adhésion à l’Union européenne, voire à l’Otan, s’est le plus fortement exprimé. Alors que dans le Donbass, majoritairement peuplé de russophones, qui s’étaient pourtant eux aussi prononcés pour l’indépendance de l’Ukraine, après la fin de l’Union Soviétique, les yeux sont toujours restés tournés vers la Russie.

L’affrontement entre ces deux parties de l’Ukraine s’est concrétisé, plus tard, dans la lutte entre Viktor Iouchtchenko, le président pro-occidental, et Viktor Ianoukovytch, le président pro-russe chassé en 2014 après son refus de ratifier l’accord d’association passé par son prédécesseur avec l’Union européenne.

C’est cet épisode que Vladimir Poutine qualifie de coup d’État… comme l’était la révolution d’Octobre, en 1917, qui a installé Lénine au pouvoir. Le locataire (permanent) du Kremlin oublie qu’ensuite des élections libres ont eu lieu en Ukraine. Et si le pouvoir de Kyiv n’a pas nécessairement fait preuve de la plus grande habileté en retirant au russe, du moins de manière temporaire, son caractère de langue officielle, aux côtés de l’ukrainien, tout cela ne justifie en rien les opérations guerrières déclenchées aujourd’hui. Dont on ne connaît pas encore toutes les conséquences pour le monde, y compris pour la population russe. Et dont on ignore nécessairement la manière dont elles se clôtureront. Et l’ampleur du bain de sang qu’elles déclencheront.

Desmond Tutu, un géant à la petite taille


Le monde entier rend hommage à Mgr Desmond Tutu, le premier archevêque noir d’Afrique du Sud, porte-parole inlassable de la population noire durant la période de l’apartheid, et artisan majeur de la réconciliation après la promulgation de la nouvelle Constitution et l’élection à la présidence de Nelson Mandela, décédé ce dimanche à l’âge de 90 ans

Le propos, icî, n’est pas d’ajouter quoi que ce soit qui ajoute à son aura, mais simplement de rappeler un souvenir, qui témoigne de l’extraordinaire charisme de cet homme petit par la taille, immense par sa personnalité.

Passage de témoin

C’était en 2005 ou en 2006. Louis Michel, alors commissaire européen chargé du Développement et de l’Aide humanitaire, avait organisé à Bruxelles un sommet -le premier du genre?- entre l’Union européenne (UE) et l’Union Africaine (UA).

Cette initiative n’est, soit dit au passage, pas restée sans lendemain puisque, il y a quelques jours, la présidence du Conseil européen, occupée on le sait par Charles Michel qui reprend ainsi le témoin de son père, a annoncé pour les 17 et 18 février prochains l’organisation, à Bruxelles à nouveau, du sixième sommet entre l’UE et l’UA, avec l’ambition de renouveler le lien entre les deux institutions.

Un homme petit par la taille, grand par son message…

Retour au sommet de 2005 ou 2006. Sa conclusion était prévue un vendredi matin, avec une intervention de conclusion de Mgr Desmond Tutu, programmée vers 13 heures

Les palabres, toutefois, avaient pris beaucoup plus de temps que prévu, et au moment où l’archevêque du Cap aurait dû s’exprimer, on commençait seulement à présenter les conclusions du sommet. Et les minutes s’égrenaient pour un aréopage où les chefs d’État et de gouvernements africains et les responsables européens, Louis Michel en tête, étaient très nombreux. Et on se prenait à penser que leurs estomacs s’étiraient en même temps que le nôtre dans l’attente de l’intervention du porte-parole de la lutte anti-apartheid.

Desmond Tutu a enfin pu s’exprimer, avec, de mémoire, une heure de retard. Il n’a pas abrégé son intervention, qui s’il m’en souvient bien, a duré de 30 à 45 minutes… durant lesquelles, après le brouhaha précédent, on aurait entendu une mouche voler.

M’est restée l’impression de la puissance d’un verbe, qui n’avait pas besoin d’être hurlé pour être entendu. Cet homme, dont la petite taille m’avait surpris, était un géant humaniste…

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Une écologie punitive n’aidera pas à venir à bout du réchauffement climatique


Les événements tragiques des dernières semaines, inondations catastrophiques et incendies de forêt qui se multiplient à travers le monde, ont donné un poids encore plus dramatique au rapport des experts du GIEC qui ont rappelé que les efforts actuels ne suffisent pas à enrayer le réchauffement climatique et que, quand bien même le feraient-ils, les effets du réchauffement actuel ne se dissiperaient pas du jour au lendemain.

Des efforts auraient effectivement dû être entrepris il y a une vingtaine d’années, notamment quand feu Jacques Chirac, en 2002, prononçait cette phrase maintes fois rappelée lors du IVeme Sommet de la Terre: « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »

« Chichi » avait le sens de la formule… mais on peut lui reprocher, à lui et aux dirigeants de l’époque, de s’être limité au constat.

Aujourd’hui, notamment sous l’impulsion des manifestations des jeunes pour le climat, la prise de conscience est beaucoup plus large, notamment au niveau des citoyens. Combien n’ont-ils pas investi dans une meilleure isolation de leur habitation, dans le choix d’appareils de chauffage moins gourmands, dans l’installation de panneaux photovoltaïques ou dans la préférence accordée aux boissons en bouteilles de verre plutôt qu’en bouteilles de plastique.

« Ne faites plus ceci, ne faites plus cela! »

Cela ne suffit évidemment pas, et la pression sur les citoyens lambda s’intensifie,

Une pression essentiellement négative : interdiction des voitures thermiques d’ici à 2035 et obligation d’acheter des voitures électriques bien plus chères, dont le caractère non-polluant est loin d’être démontré; promotion de la mobilité douce, comme si tout le monde pouvait se convertir au vélo (à nouveau électrique, tiens, tiens…) et comme si la pratique de la bicyclette aux Pays-Bas ou au Danemark, où aucune bosse ne bouche l’horizon, était tout aussi aisée au fond des Ardennes ou dans les rues les plus escarpées de certaines de nos cités.

D’autres gourous s’immiscent même dans la vie privée des personnes en exigeant une réduction de la consommation de viande (avec des contrôles aléatoires dans les cuisines particulières ?) voire la limitation du nombre d’enfants par famille, comme le professait Malthus jadis, ou comme l’a imposée la Chine communiste dans un passé récent.

Pareille écologie punitive n’a aucune chance de convaincre. Par ailleurs, cette pression sur les citoyen(ne)s qui vise à les rendre responsables principaux du réchauffement climatique est particulièrement inique.

Les plus gros pollueurs sont en effet industriels et étatiques, et à ce niveau-là, la pression, non des experts du GIEC, mais de ces multiples gourous de l’environnement, se fait de plus en plus discrète.

Réduire la navigation des super-tankers, bien plus polluants que la circulation automobile, et donc réduire drastiquement les échanges internationaux comme le suggèrent certains? D’accord mais en n’oubliant pas que certains de ces échanges permettent à des gens plus pauvres se survivre ? La lutte contre le réchauffement peut-elle s’accommoder d’une paupérisation croissante?

Renoncer à la voiture, fort bien, à condition d’organiser des transports en commun autrement efficaces et moins chers pour les usagers. Donc en leur consacrant des moyens, qu’il faudra bien trouver. Par des impôts dédicacés ? Il faudra alors bien expliquer les objectifs pour convaincre… comme cela n’a pas été fait pour l’augmentation du prix du gasoil chez nos voisins français. On n’a entendu personne, alors, défendre face à déferlante des gilets jaunes une mesure destinée à entrainer un changement de comportement. Une mesure punitive, à nouveau… On ne comprend par ailleurs pas pourquoi, par exemple, nos autorités n’ont pas déjà imposé une consigne sur les canettes en métal, et les petites bouteilles de plastique: cela épargnerait déjà de sérieux frais de ramassage et de dépollution.

Instaurer des taxes à l’entrée de l’Union Européenne pour les produits en provenance de pays qui ne respectent pas nos normes sociales et climatiques ? Pourquoi pas mais de telles taxes appliquées aveuglément ne frapperont-elles pas durement des pays pauvres, incapables sans aide de pays riches à enclencher le moteur de la lutte contre le réchauffement ?

Pour éteindre l’incendie qui consume notre maison commune, chacun doit apporter sa contribution, comme on le voit face aux inondations ou aux grands incendies meurtriers de forêts. Mais il appartient aux autorités d’organiser les services de lutte, les particuliers, eux, n’ont que leurs seaux ou leurs tuyaux d’arrosage pour tenter d’enrayer les flammes…

Pluie de bombes au Proche-Orient: le problème enfoui persiste


Rien ne semble pour l’instant pouvoir arrêter les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza sur Israël, et les bombardements en réplique de l’armée israélienne sur la bande de Gaza: aux propositions de cessez-le-feu présentées par le Hamas, au pouvoir à Gaza, Israël a opposé son droit de se défendre, et il s’y accrochera d’autant plus que le président des États-Unis, Joe Biden, a apporté son soutien à l’État hébreu sur ce point.

Le nombre de victimes, tuées ou blessées, risque donc d’augmenter dramatiquement, et de manière totalement déséquilibrée, puisque, comme le signalait un analyste, quand Israël est touché par une pierre, il réplique avec des bombes. Et pas de manière à éviter les victimes civiles, comme l’a prétendu l’ambassadeur d’Israël en Belgique, Emmanuel Nahshon lors d’une récente interview télévisée. La théorie selon laquelle Tsahal, l’armée israélienne préviendrait ses adversaires plusieurs heures avant de frapper ne peut abuser personne.

L’ambassadeur, que j’ai eu l’occasion de rencontrer il y a quelques mois, s’est par ailleurs exprimé de façon fort peu diplomatique en accusant le gouvernement belge auprès duquel il est accrédité d’« hypocrisie et de lâcheté » pour ne pas soutenir inconditionnellement Israël, comme l’ont fait les États-Unis ou le Royaume-Uni, mais d’avoir insisté sur la nécessité d’un dialogue pour mettre fin à l’escalade actuelle.

Emmanuel Nahshon a par ailleurs repris la thèse de propagande selon laquelle les Palestiniens menacés d’expulsion à Jérusalem-Est sont des « squatters » occupant indûment des immeubles « acquis il y a 70 ans par des associations juives ».

Si cette théorie était exacte, et les faits aussi évidents, le recours actuellement pendant devant la Cour suprême d’Israël n’aurait pas été indispensable. Et puis au-delà du cas d’espèce, il y a une politique israélienne d’expulsion répétée de Palestiniens des habitations qui sont les leurs, notamment en invoquant de prétendues découvertes archéologiques dans leurs propriétés.

Le rôle d’un diplomate est bien sûr de représenter son pays. S’il dépasse sans doute certaines limites dans son expression, on peut comprendre qu’Emmanuel Nahshon élude la responsabilité écrasante d’Israël dans la situation actuelle. Avec la complicité active de l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, l’État hébreu s’est de plus en plus écart ces dernières années de la solution à deux États que l’ONU préconise en vain depuis plus de sept décennies.

Après l’annexion illégale du plateau du Golan ont succédé les projets d’annexion de la Cisjordanie occupée, et de Jérusalem-Est, appelée à être la capitale de l’État palestinien, dont la carte, parsemée de colonies israéliennes annexées, figurant en annexe du récent « plan Jared Kushner » pour le Proche-Orient, démontre là non-viabilité.

L’instabilité politique persistante en Israël, où le camp de la paix semble durablement réduit au silence, ajoute au marasme: d’élection en élection, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’accroche d’autant plus à son poste que sa persistance au pouvoir retarde les procès pour corruption dont il fait l’objet. Quitte à courir derrière de possibles alliés de plus en plus classés à l’extreme-droite.

La responsabilité de l’Autorité palestinienne est également fort grande dans cette dérive : à 86 ans, son président, Mahmoud Abbas a reporté le 30 avril dernier une élection attendue par la population depuis… plus de quinze ans.

Pour justifier sa décision, il a invoqué le refus israélien de tenir le scrutin à -on y revient- Jérusalem-Est où vivent 350000 Palestiniens. Mais il est notoire que sa crainte était de perdre le pouvoir face aux listes concurrentes « de la Liberté » (celle-ci, menée par Marwan Barghouti, détenu dans une prison israélienne, secondé par Nasser al-Kidwa, neveu de Yasser Arafat, était donnée favorite de l’élection) et du « Futur » conduite depuis les Émirats par Mohamed Dahlan qui y a été exilé par… Mahmoud Abbas.

Et puis le Hamas comptait aussi sur ce scrutin pour sortir de sons isolement à Gaza: son offensive actuelle lui permet peut-être de marquer des points, et ne l’incitera pas à faire baisser la pression. Soutenu par l’Iran, le Hamas est lui aussi responsable de la dégradation actuelle de la situation, même si on doit le créditer de ses offres de cessez-le-feu.

Autres responsables de la dramatisation actuelle, les États-Unis qui ont jusqu’à récemment appuyé Benjamin Netanyahu dans tous ses errements et les États arabes (Émirats Arabes Unis, Koweït, Soudan, Maroc) ont noué des relations diplomatiques avec l’État hébreu en n’accordant pratiquement aucune attention aux doits du peuple palestinien, au bénéfice d’avancées comme, s’agissant du Maroc d’une reconnaissance fragile par les États-Unis de sa souveraineté sur la région toujours disputée du Sahara Occidental. Reste l’Union européenne dont l’incapacité à faire prévaloir une voie originale dans cette zone est plus que jamais criante

Tout cela revient au problème du déni des droits du peuple palestinien à un État viable, affirmé par les Nations-Unies. Au plus tard ce droit sera satisfait, au plus tard une paix durable s’installera au Proche-Orient…