Les journalistes belges solidaires de leurs confrères turcs


Il y a eu trop peu de monde, ce samedi, à l’assemblée générale des journalistes professionnels belges, réunis à Bruxelles. Les sujets de préoccupation ne manquaient pourtant pas. L’avenir des retraite, notamment, a fait l’objet d’un large débat.

Mais l’assemblée a surtout vu exprimer sa solidarité totale à Bariş Terkoğlu, le journaliste turc détenu que l’AGJPB a « adopté, ainsi qu’à tous ses confrères et consoeurs emprisonnés pour avoir exercé leur profession.

Une motion, adoptée à l’unanimité, exprime cette solidarité, réclame la libération immédiate de tous les journalistes turcs incarcérés, et demande au gouvernement belge de faire sienne cette revendication.

 

COURAGE, BARIŞ, TES CONFRÈRES BELGES NE T’OUBLIENT PAS!

La liberté d’expression victime de l’intolérance hypocrite


Des manifestants intégristes ont empêché, mardi soir, la tenue d’un débat sur l’extrême-droite dans les locaux de l’ULB. Leur cible était notre consœur et conférencière française Caroline Fourest,auteur d’un ouvrage cinglant sur Marine Le Pen et aussi adversaire résolue du port public de la burqa dans son pays. La France, comme la Belgique, rappelons-le, a interdit le voile intégral dans l’espace public.

La vidéo de cette obstruction obscurantiste est visible sur Youtube, y jeter un coup d’œil est édifiant:

Le spectacle est consternant à plus d’un titre. D’abord parce que les manifestants font preuve d’une intolérance parfaitement hypocrite. Ils ne défendent pas la religion musulmane, comme ils le prétendent, mais une vision de la société où la femme qui ne se dissimule pas intégralement est, passez-moi l’expression, une pute en puissance; et où tous les hommes qui regardent une femme dévoilée sont des violeurs potentiels, et où la loi autorise l’amputation de la main d’un voleur, ou encore la lapidation de la femme adultère. En taxant Caroline Fourest d’islamophobie, ils s’assimilent à leurs ennemis jurés, les juifs intégristes qui taxent d’antisémitisme tout qui ose critiquer la politique d’Israël.

Le spectacle est aussi consternant parce que cette manifestation a été suscitée par un assistant de l’ULB. Que l’on me comprenne bien: M. Souhail Chichah a parfaitement le droit d’organiser une manifestation; même si je ne partage pas ses idées, il peut soutenir l’humoriste (?) français Dieudonné, le copain de l’historien (?) révisionniste Robert Faurisson, et il peut même préférer la charia à notre droit commun. Mais qu’il soit logique, alors: qu’il n’attende pas la décision des instances disciplinaires de l’Université Libre de Bruxelles, qu’il en démissionne. Comment peut-il, lui, collaborer à une institution dont les valeurs sont exactement inverses à celles qu’il défend? Si, cela, ce n’est pas de l’hypocrisie…?

Le débat sociétal  ne concerne pourtant pas l’ULB: une atteinte à la liberté d’expression, d’où qu’elle vienne, est une attaque contre la démocratie qui est en place dans notre pays depuis sa création. Car, pour le reste, l’université bruxelloise a été sérieusement secouée dans les commentaires faits autour des incidents de mardi. Certains n’ont pas manqué de rappeler l’interdiction de s’exprimer faite il y a quelques mois à Tariq Ramadan, de s’exprimer en ses murs. D’autres ont rappelé l’opération montée par Anne Morelli, ancienne enseignante à l’ULB, en mai dernier, pour aller entarter Mgr Léonard, en débat à l’UCL avec un prof non-croyant de l’Université Catholique de Louvain. Et un internaute de poser sérieusement la question: le dialogue avorté mardi à l’ULB n’aurait-elle pu avoir lieu à l’UCL? Je me garderai bien de répondre à la question. Mais l’indignation ne doit pas être univoque, sans quoi, là aussi, l’hypocrisie n’est pas loin.