My comments on this blog about the former Flemish minister of Economy’s complaint, Fientje Moerman, about the media’s behiavour towards the politicians drew to my surprise the attention of an estimated colleague from Pakistan.
My first reaction was a surprized one. My second was kind of an ashamed one: I wondered how we, Belgian politicians and journalists could complain, while other politicians and journalists in the world live in far more difficult and dangerous conditions as we do in our country? Don’t we, journalists, realize how lucky we are to live in a country where from the very beginning the Constitution states that « the press is free. Censorship may never be introduced« , and where from the very beginning press freedom was respected? Are we aware enough that around the globe, journalists can’t live from their profession, receiving money from politicians they interview (to go on with the relation between politicians and journalists) but nevertheless maintaining their independence? Do we remember that in many countries, and notably in Pakistan, journalists are jailed, assaulted or murdered, just because they want to tell the truth and play their societal role? And the very same way, don’t our politicians, and notably Mrs Moerman, remember that in many countries, being an opposition’s member means risking his/her liberty or his/her life?
In this context, one could think that the questioning of practices like joined interviews of politicians; imposed political interlocutors or themes; or interviews’ refusals tends to look like a luxury debate in a country where journalists and politicians forget the liberty they enjoy.
On the second hand, nevertheless, I had to review my questioning. Of course, we, journalists, enjoy press freedom in Belgium. But the problems we face recall us that press freedom is never granted. Even though respecting press freedom from the very beginning of its existence, Belgium was condemned in 1999 by the European Court of Human Rights for violating it: as a result, the Belgian Parliament adopted a very liberal and exemplary law protecting the journalistic sources. But the fight for press freedom is a never ending fight. First, you have to secure the journalists’ life and safety. Then to protect their freedom of expression by law. But don’t think the goal is reached by then. Still, you have to be attent. If the political pressure is lifted (or supposed to be lifted), the economic pressure is there. The auto-censorship has to be fought against. And then come the « new form » of « censorship », like imposing an interlocutor or an interview’s theme or preventing journalists to ask all questions they want during an interview.
This may sound pessimistic; the Pakistani colleague’s interest for this blog shows that journalists can be found everywhere in the world who want to fight for press freedom. My conclusion is on the contrary resolutely optimistic!
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Mon précédent billet, sur les plaintes de l’ancienne ministre flamande de l’Economie, Fientje Moerman, relatives à l’attitude des médias à l’égard des mandataires politiques, a retenu, à ma grande surprise, l’attention d’un confrère pakistanais.
Mais si ma première réaction a été une réaction de surprise, ma deuxième a été une réaction de honte: je me suis demandé comment nous, responsables politiques et journalistes belges, nous osons nous plaindre, alors que, partout dans le monde, des politiques et des journalistes évoluent dans un contexte bien plus difficiles et dangereuses que dans notre propre pays? En particulier, nous, journalistes, nous rendons-nous compte de la chance que nous avons de vivre dans un pays où, depuis l’origine, la Constitution énonce que «la presse est libre. La censure ne pourra jamais être établie» et qui, depuis lors, a toujours respecté la liberté de la presse? Nous souvenons-nous que, dans de nombreuses régions du globe, les journalistes ne peuvent pas vivre de leur métier, et acceptent donc de l’argent des mandataires politiques qu’ils ou elles interviewent (pour rester dans le thème des relations entre journalistes et politiques), sans pour autant abdiquer leur indépendance? N’oublions-nous pas que dans de nombreux pays, dont le Pakistan, des journalistes sont agressés, emprisonnés, ou assassinés, simplement parce qu’ils veulent dire la vérité, et jouer leur rôle sociétal? Et Mme Moerman, elle, ne sait-elle pas que, dans de nombreux pays, être membre de l’opposition conduit tout droit en prison? Voire constitue une menace pour la vie?
Dans ce contexte, il y a de quoi se dire que s’interroger sur des pratiques comme l’imposition d’interlocuteurs ou de thèmes d’interviews; le refus de demandes d’interviewes; ou l’octroi d’interviewes nécessairement à quatre mains, voire plus s’apparente à un débat de luxe dans un pays où les journalistes, et les politiques, jouissent d’une liberté dont ils et elles n’ont plus conscience.
A bien y réfléchir, cependant, je suis revenu sur cette première impression. Bien sûr, en Belgique, la liberté de la presse a cours. Mais les problèmes auxquels nous sommes confrontés montrent bien que la liberté de la presse n’est jamais acquise une fois pour toutes. Même si elle respecte la liberté de la presse depuis sa fondation, la Belgique a ainsi été condamnée en 1999 par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour l’avoir violée. à la suite de quoi, elle s’est dotée d’une loi très libérale et exemplaire sur la protection des sources journalistiques. Mais le combat pour la liberté de la presse ne se termine jamais. D’abord, bien sûr, il faut garantir la vie et la sécurité des journalistes. Puis garantir par la loi leur liberté d’expression. Mais une fois cela fait, tout n’est pas dit! Il faut au contraire redoubler d’attention. Car une fois les pressions politiques éliminées (ou réputées telles), il faut faire face aux pressions économiques. S’attaquer à l’autocensure. Puis faire face à ces «nouvelles formes» de «censure», comme le choix imposé d’interlocuteurs ou de thèmes d’interviewes, ou la limitation du choix des questions d’interviews.
Toutes ces réflexions peuvent apparaître bien pessimistes; l’intérêt (immérité) porté par un confrère pakistanais à un billet de ce blog démontre le contraire. Il prouve qu’il se trouvera toujours, dans le monde, des journalistes mobilisés pour défendre leur liberté. Et cela, c’est une conclusion optimiste!