Une exhumation inutile


1236347053-hr-518
La «Une» a donc fait le choix de sortir ce triste sire de Léon Degrelle des oubliettes de l’Histoire, où il mérite de croupir pour l’éternité, et la chaîne a tellement bien fait sa pub’ que certains médias s’y sont laissé prendre, et ont présenté cette soirée télévisée comme un événement médiatique, politique et sociétal, multipliant les pages sur le sujet.

La démarche était aussi erronée que le postulat de départ: le contexte actuel rappelle peut-être celui des années 30, en raison de la crise boursière, financière, et économique, mais il n’a plus rien à voir avec l’époque de sinistre gloire du fascisme et du nazisme.
Ensuite, ce n’est pas la première fois que Léon Degrelle est évoqué sur le petit écran. Après une interview réalisée par Pierre Desaive, dans les années 70, que la chaîne publique n’avait jamais osé diffuser, c’est feu Maurice De Wilde dans sa remarquable série «L’Ordre nouveau», sur la VRT, dans les années 80, qui avait réellement révélé à celles et ceux qui ne le connaissaient pas, et surtout démythifié le «Fourex».

L’émission de Dutilleul n’a heureusement pas été une resucée de tout ce qu’on avait déjà vu ou lu sur le prétendu beau Léon: il faut reconnaître qu’il y avait pas mal d’infos nouvelles sur sa vie en Espagne, sous la protection de son frère en fascisme meurtrier, Francisco Franco y Bahamonde.
Reste la question: pourquoi aune émission sur ce bouffon criminel? Si son seul mérite est d’avoir décrédibilisé l’extrême-droite pour de bon en Belgique francophone, comme quelqu’un l’a dit durant l’émission, le contexte ne justifie pas une évocation qui, par ailleurs, a fait la part trop belle au personnage et à ses proches. Entendre sa fille dire que «Malheureusement, cinq mois plus tard, les chars anglo-américains défilaient à Bruxelles», place de la Bourse, sans que le journaliste réagisse – on se souvient de la manière dont Maurice De Wilde bousculait le sanglant matamore quand il dérapait dans le délire – avait quelque chose de choquant. On a fait aussi très vite l’impasse sur les crimes du rexisme: on aurait alors mieux compris alors pourquoi ce sous-fifre de Jean Vermeire (sur lequel le blog de la «Une» en apprend plus que l’émission elle-même!) a fait six ans de prison, ce qui n’est vraiment pas cher payer, pour appartenance à un mouvement criminel. Et pourquoi certains ont été fusillés avec plus de ménagements que ce qu’ils avaient laissé à leurs victimes!

Le documentaire n’a surout pas apporté réponse à la seule question qui vaille encore: pourquoi n’a-t-il pas été ramené en Belgique, pour être jugé? On attendra un vrai travail historique pour être fixé.