Les barrières médiévales ne résisteront pas aux Saoudiennes


Capture d'écran 2016-08-21 09.48.24Arte a l’art de surprendre: ce samedi, en début de soirée, la chaîne franco-allemande a proposé un documentaire remarquable sur les femmes d’Arabie Saoudite. De pauvres femmes? Dans cette monarchie médiévale, les droits les plus élémentaires continuent à leur être déniés. Si elles ont obtenu, depuis peu, le droit de vote aux élections municipales, il leur est toujours interdit de conduire un véhicule, de s’afficher en public avec des hommes qui ne font pas partie de leur famille, ou de voyager à l’étranger sans autorisation de leur tuteur masculin.

Ce ne sont pas là les seules critiques qui visent le royaume saoudien depuis de nombreuses années: sa justice criminelle, ses liens financiers avec le djihadisme, et, ces derniers mois, l’agression dont il se rend coupable  à l’égard du Yémen voisin, lui valent, à juste titre, l’opprobre d’une part croissante de l’opinion. Et, notamment depuis les attentats de Paris et de Bruxelles, des voix de plus en plus nombreuses ont dénoncé l’alliance contre nature qui lie nos démocraties à un État aussi peu respectueux de la déclaration universelles des droits de l’Homme. En vain jusqu’ici: la raison d’État a encore de beaux jours devant elle.

Pourtant, le documentaire d’Arte incitait plutôt à l’optimisme. Car les femmes qu’il Capture d'écran 2016-08-21 09.50.23permis de découvrir ont déjà entrepris le démontage des barrières médiévales qui les enferment. Et il ne fait guère de doute que, tôt ou tard, elles les feront tomber. Pas tout de suite sans doute, car elles ne disposent sûrement pas d’un appui majoritaire des Saoudiennes. Mais les exemples de cette avocate qui s’est battue pendant treize ans pour obtenir le droit d’exercer son métier; de ces premières conseillères municipales qui  refusent d’aller siéger dans une salle distincte de celle des élus masculins; ou de cette première rédactrice en chef d’un quotidien anglophone saoudien feront de toute évidence école. Elles ont d’ailleurs déjà fait évoluer les mentalités: certaines familles progressistes dénoncent les interdits sexistes qui ciblent les femmes. Au milieu du désert, là où la redoutée police religieuse n’a pas les yeux, la liberté de ton de certaines rencontres est surprenante. Et il fallait voir la tête penaude de ces conseillers municipaux, houspillé par la rédactrice en chef parce qu’ils n’avaient pas osé manifester dans un vote leur solidarité avec les élues incriminées par leurs collègues les plus rétrogrades!

Ces femmes, dont le combat n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, celui des femmes grévistes de la FN, chez nous, en 1966, font preuve d’un grand courage, à la fois pour assumer leur situation (souvent) de femmes célibataires ou divorcées, avec enfants, mais aussi pour défier les lois toujours en vigueur dans leur pays. Et le regard qu’elles posent sur la condition des femmes dans nos pays, où un certain nombre d’entre elles ont vécu pour mener leurs études, peut interpeller également. Leurs réflexions sur la «marchandisation» du corps de la femme dans le monde occidental ne manquent pas de pertinence. Elles renvoient aussi à la réponse de ces musulmanes qui renvoyaient les Femen – qui n’ont jamais pris de tels risques, et dont on n’entend plus guère parler… – dans leur coin, quand ces dernières réclamaient pour elles la fin du port du voile. En les invitant à ne pas parler de ce qu’elles ne connaissaient pas…