De la qualité de l’enseignement, il n’a pas été question!


Ainsi donc, une majorité de rechange s’est formée, en commission du Parlement de la Communauté française de Belgique (désolé, je conserve l’appellation officielle), pour rendre aux étudiant(e)s universitaires la possibilité de reporter, éventuellement jusqu’en fin de Masters, des cours dont ils (elles) n’auraient pas présenté l’examen au cours de leurs années de baccalauréat.

Je ne reviendrai pas sur les accusations politiciennes qui se sont échangées de gauche à droite, si ce n’est pour noter que la fièvre électorale s’est déjà emparée des partis associés, ou plutôt dissociés désormais, dans la majorité politique qui a constitué un gouvernement communautaire français.

Il y a toutefois des affirmations trompeuses qu’il appartient de démentir. Ainsi, quand Ecolo et le PS disent qu’ils n’avaient pas besoin du PTB pour faire passer cette réforme en commission, ils mentent par omission. Car en séance plénière, ils auront effectivement besoin des voix du parti populiste d’extrême-gauche pour faire passer cette réforme. Et qu’on le veuille ou non, ainsi que l’a démontré le journal qui, jadis, m’employait et ne me rémunérait pas assez à mon goût (expression humoristique et éculée), c’est bien le PTB qui avait été le premier à introduire une proposition de réforme du fameux «Décret Paysage», aiguillonné par la Fédération des Étudiants Francophones (FEF), dont les chiffres apocalyptiques sur le nombre d’étudiant(e)s qui risqu(ai)ent de perdre leur financement n’avaient aucune base sérieuse.

Ce qui est frappant, au cours de tout ce débat, c’est que la voix des autorités académiques a été ignorées, et surtout, qu’à aucun moment, le problème de la qualité de l’enseignement ne s’est posé!

À qui doit aller le bonnet d’âne dans cet épisode?

Et là, qu’on le veuille ou non, la situation de l’enseignement francophone est de plus en plus préoccupante, puisque, au fil des années, sa place se dégrade dans les classements internationaux, dont on peut contester les critères, mais qui fixent néanmoins un point de comparaison intéressant.

La réforme que la majorité de rechange au Parlement de la Communauté française se prépare à adopter ne va pas améliorer les choses. D’autant qu’elle succède à une série de mesure, comme l’interdiction du redoublement au niveau primaire, qui contribuent déjà à une forme de nivellement par le bas!

À tout le moins doit-on reconnaître chez le coprésident d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, une forme de cohérence: quand il était jadis ministre de l’Enseignement fondamental, il s’était montré partisan acharné de l’interdiction des devoirs à domicile pour les chères petites têtes blondes…

Le résultat de tout cela: il y a plus de deux décennies, déjà, le recteur de l’université de Liège tirait la sonnette d’alarme, en signalant que, même dans les filières scientifiques, des étudiant(e)s ne comprenaient pas le contenu de questions d’examen, pourtant rédigées dans un français très clair.

Jadis, alors que l’obligation scolaire ne portait que jusqu’à 14 ans, l’honneur des institutrices et des instituteurs était de faire sortir du cycle primaire un maximum d’élèves capables de lire, d’écrire sans fautes, et de calculer correctement.

Naguère, des étudiant(e)s universitaires, bénéficiaires de bourses d’étude, ne pouvaient répéter une année qu’une seule fois, au risque de perdre ce soutien financier indispensable pour des familles d’origine modeste, ouvrière et paysanne. La réussite de ces étudiant(e)s a fait le bonheur de nombreux parents, heureux de voir que leurs rejetons auraient ainsi une vie plus aisée que la leur…

Le système précédant le décret paysage permettait aussi à des étudiant(e)s dont le parcours universitaires s’achevait au bout de deux ans, de passer par une haute école, et, à la sortie de ce cursus, d’éventuellement reprendre avec un succès un Master universitaire, fort(e)s de deux années de maturité supplémentaire.

Aujourd’hui, tout semble fait pour écarter toute difficulté du parcours des élèves, des ados et des étudiant(e)s. On craint déjà pour le prochain classement international de nos université!

Les journalistes responsables de la montée ou non de l’extrême-droite? Un peu courte, l’analyse!


Pour Jean-Marc Nollet, l’absence de l’extrême-droite en Wallonie serait le résultat du «silence médiatique» à son propos!

Le coprésident d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, était présent sur La Première, ce matin, comme dans les colonnes de divers journaux, dont celui qui m’a employé pendant de nombreuses années sans jamais me rémunérer à mon goût (lol). Et, en radio, il a osé féliciter son interlocuteur sur le «cordon médiatique» qui, selon lui, préserve la Wallonie de la déferlante d’extrême-droite qui fait rage en Europe depuis des mois, et dont le dernier avatar a fait une percée désolante au Portugal, en demi-siècle après la révolution des œillets qui a mis fin à la dictature salazariste.

Il est vrai que l’extrême-droite n’a pas droit au chapitre dans les médias francophones… pour la bonne et simple raison qu’elle est pratiquement inexistante sur le plan politique!

Pourquoi l’extrême-droite «n’accroche»-t-elle pas en Wallonie? Différentes formes d’explications ont déjà été avancées ces dernières années, dont la principale est l’absence de «nationalisme wallon».

Si le contentieux fouronnais, dans les années 1980, le slogan flamingant «Plus un franc flamand pour l’acier wallon»; ou l’émergence progressive du pouvoir wallon ont pu créer un sentiment wallon, les Wallons sont plus particularistes que nationalistes. Avant d’être Wallon(ne), on est Liégeois(e); Borain(e); Luxembourgeois(e); Namurois(e); Condruzien(ne); Hesbignon(ne); Carolorégien(ne); et autres identités plus locales.

Autre élément d’explication: l’extrême-droite wallonne n’a jamais été entraînée par un(e) leader d’envergure. Au contraire, les diverses mouvances d’extrême-droite, portées par des responsables falots, ont plus passé leur temps à se chamailler entre elles qu’à forger un programme nauséabond, du type de ceux de la Lega en Italie; de l’Afd (Alternativ für Deutschand) Outre-Rhin; du Rassemblement national en France; ou du Vlaams Belang en Flandre, qu’on annonce premier parti au nord du pays au lendemain des scrutins du 9 juin prochain. Au point que le Front national français, mué depuis lors en Rassemblement national, avait fini par interdire au Front national belge l’utilisation de son nom et de son symbole, la flamme tricolore, rouge-jaune-noir en Belgique, sur le modèle de la bleu-blanc-rouge française.

Rendre les journalistes responsables de l’émergence et de l’essor de mouvements d’extrême-droite n’est pas nouveau, en Belgique francophone. Il y a une trentaine d’années déjà, Louis Michel, alors président des libéraux francophones, avait déjà avancé pareille explication. Ce qui m’avait déjà poussé, alors en tant que président des journalistes belges et francophones, à protester.

Les journalistes français(e)s auraient-ils (elles) rempli leur devoir d’informer s’ils (si elles) avaient refusé la parole à Marine Le Pen avant le deuxième tour de la dernière élection présidentielle?

Même si une chaîne comme CNews, en France, est réputée «rouler pour» l’extrême-droite, dont elle relaie complaisamment les points de vue, oserait-on dire que les journalistes français, dans leur ensemble, sont des suppôts de l’extrême-droite, parce qu’ils invitent périodiquement des responsables politiques du Rassemblement national à s’exprimer? N’auraient-ils pas rempli leur mission d’information, quand Marine Le Pen s’est retrouvée au deuxième tour de l’élection présidentielle, face au (futur) président Macron, s’ils ne lui pas octroyé le même temps de parole?

De la même manière, les journalistes néerlandophones de Belgique peuvent-ils se permettre de ne jamais parler du Vlaams Belang, alors que la percée de ce parti s’annonce irrésistible, au point de le placer en tête au lendemain du 9 juin?

Dans le même temps, s’indigne-t-on en Wallonie de l’espace accordé au PTB (Parti du Travail de Belgique)? Même si l’extrême-gauche et l’extrême-droite ne peuvent sûrement pas être placée sur un pied d’égalité, en fonction des «valeurs» qu’elles défendent respectivement.

De toute manière, il y a belle lurette que les journalistes, tout en refusant toute responsabilité dans l’émergence et le progrès des mouvements d’extrême-droite, ont réfléchi à la manière de les aborder, en décortiquant leur programme et en révélant ce qu’ils ne veulent parfois pas dire.

Mais au fait, cette attitude journalistique ne doit-elle pas s’appliquer à l’ensemble des partis politiques, spécialement en période électorale? Quand Jean-Marc Nollet, ce matin, annonçait «plus de trains ponctuels» ou «quatre mille kilomètres de pistes cyclables en Wallonie» si Ecolo revient au pouvoir après le 9 juin, on aurait pu lui rappeler que le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet, est le vice-Premier ministre… écolo du gouvernement dirigé par Alexander De Croo. Et qu’en Wallonie, le ministre écolo de l’Énergie et du Climat, Philippe Henry, est responsable entre autres du large sous-équipement de la Région en matière de bornes de recharge des voitures électriques.

On aurait pu aussi interroger Jean-Marc Nollet sur sa présence depuis trente ans dans le landerneau politique, alors qu’Ecolo, en principe, milite pour la limitation du nombre de mandats: l’incohérence politique, plus que le silence médiatique, est une des composantes du lit de l’extrême-droite…

La loterie politique va repartir à Verviers


Un nouvel épisode de la saga politique va s’ouvrir à Verviers, où l’union socialiste communale (USC) a fait, jeudi soir, le choix du député fédéral Malik Ben Achour pour le mayorat, au détriment du président du CPAS, Hasan Aydin, à qui son score électoral promettait pourtant en principe l’écharpe.

On en arrive donc au scénario mis en place dès le départ par les plus hautes instances du PS, et qui exigeait la double mise à l’écart de l’actuelle bourgmestre, Muriel Targnion, et de Hasan Aydin, dont les rapports avec la titulaire de l’écharpe mayorale et avec l’ensemble des autres membres du collège communal étaient devenus impossibles. La manœuvre, très délicate, devait s’opérer en deux temps: d’abord l’exclusion des rangs du PS de Muriel Targnion, au prix même de certaines indélicatesses avec la procédure statutaire; avec son remplacement par Jean-François Istasse, le bourgmestre le plus éphémère de l’histoire politique de Verviers. Puis, ce jeudi soir, la mise en boîte de Hasan Aydin, par un vote savamment orchestré depuis Bruxelles au sein de l’USC verviétoise.

Voilà en tout cas le scénario mis sur papier. Car il suppose, à nouveau, un jeu qui passe par une motion de défiance à l’égard de Muriel Targnion, et un tour de passe-passe qui écarte Hasan Aydin du mayorat, tout en le maintenant, si rien n’a changé entre-temps, à la présidence du CPAS, mais pas au sein du collège communal. Ce qui supposerait qu’il démissionne du conseil communal, dans un scénario qu’il a à plus d’une reprise rejeté nettement ces dernières semaines.

Malik Ben Achour, en tout cas, se tient prêt à ceindre l’écharpe mayorale avec un sens du devoir qui émeut, puisqu’il explique que s’il n’avait pensé qu’à lui, il serait resté à la Chambre -il ne peut être à la fois bourgmestre de Verviers et député fédéral- mais qu’il a toujours dit qu’il voulait «être un acteur d’une solution» et qu’il lui faut bien constater qu’il est «l’ultime solution de consensus». Ceci dit, précise-t-il, «en toute modestie». On reste muet devant pareille abnégation, qui tranche avec le lamentable spectacle donné depuis neuf mois par tous les politiques verviétois!

Cela dit, Malik Ben Achour ne va pas démissionner tout de suite du mandat de député qui lui est échu à la suite de l’entrée de Frédéric Daerden au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles en qualité de ministre du Budget. Le futur (?) mayeur verviétois est un philosophe, et il sait, par définition qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras…

Dix petits nègres

Car pour qu’il arrive à ses fins, il faut d’abord que la motion de défiance à l’égard de Muriel Targnion soit votée par sept des treize élus socialistes au soir des élections communales d’octobre 2018. La bourgmestre en titre, exclue de son parti, ne se fera évidemment pas hara-kiri, pas plus que l’échevin des Finances Alexandre Loffet, qui a également pris ses distances par rapport au parti qui l’a exclu. La jeune Laurie Maréchal, qui a elle aussi claqué la porte après avoir exigé qu’on retire son portrait de jeune élue de la façade du siège du parti, au boulevard de l’Empereur à Bruxelles, fera elle aussi défaut.

Ils restent donc à dix dans le groupe socialiste «orthodoxes», comme les dix petits nègres du roman policier éponyme d’Agatha Christie. Et l’une est déjà tombée du bateau, puisque l’ancienne échevine, Sylvia Belly, prudente, a déjà repris une fonction directoriale dans l’enseignement communale, incompatible avec sa fonction scabinale. Se souvenant sans doute qu’elle s’était fait menacer par ses camarades, l’an dernier, de se retrouver au chômage, si elle persistait à soutenir la motion mise en œuvre par Muriel Targnion pour écarter Hasan Aydin de la présidence du CPAS.

Que fera ce dernier? Après avoir dit et répété qu’il n’accepterait pas de se voir déposséder d’une écharpe mayorale que son score électoral lui garantissait, une fois Muriel Targnion écartée; après avoir expliqué qu’il n’entrerait pas dans une mécanique compliquée, qui l’obligerait à démissionner du conseil communal pour continuer à présider le CPAS, on le voit mal manger son chapeau et se faire volontairement hara-kiri. Restent huit petits nègres…

C’est ici, sans doute, que les pressions vont jouer à fond pour garder tout le monde bien dans la ligne fixée par le parti socialiste. Et les moyens de pression existent, à commencer par les mandats d’échevins à distribuer.

Antoine Lukoki, par exemple, qui s’était allié à Hasan Aydin, au point de mettre en place avec lui des permanences sociales impliquant illégalement des employés du CPAS, va-t-il rester fidèle à son engagement, ou considérer que, tout compte fait, son maintien au collège communale, dans le plus haut intérêt de la ville et de la population de Verviers, lui imposent de retourner sa veste?

Avec Chimaine Nangi, le scénario semble cousu de câble blanc: il semble qu’un fauteuil scabinal lui a été promis. Bien sûr, les promesse n’engagent que celles et ceux qui y croient, selon un adage bien connu. Mais cela devrait suffire à la maintenir dans le rang.

Tout dépendra donc de deux élus socialistes incertains, Said Naji et Anass Gallas: d’ici au 29 mars, date du prochain conseil communal, on suppose que les deux mandaitaires vont faire l’objet d’un tas de pressions, amicales ou menaçantes, pour s’assurer qu’ils ne feront pas défaut tous les deux, car si c’était le cas, patatras, le beau scénario s’écroulerait avant même d’avoir été mis en place. Cela posé, les voilà tous deux en position de force pour revendiquer, qui sait, un mandat d’échevin? Ah oui, mais alors, c’est Antoine Lukoki qui serait sur un siège éjectable, et qu’il faudrait ramener à de meilleurs sentiments…

Tout ces maquignonnages, on s’en doute, ne sont guère de nature à réconcilier le Verviétois lambda, avec la classe politique. Surtout après le blocage du PS autour du budget communal, qui a retardé de quatre mois l’activation des mesures de soutien aux commerçants réduits à l’inactivité par la pandémie du Covid-19, ou les commandes à passer pour assurer le bon déroulement des chantiers qui défigurent depuis des mois le centre de la Cité lainière, et ne sont pas de nature à y ramener le chaland…

Rendez-vous rue de la Science

Tout cela suppose que le scénario réécrit au sein de l’USC verviétoise tienne la route. Or, le Conseil d’État doit toujours se prononcer sur le recours en annulation introduit par Muriel Targnion contre le précédent mécanisme qui l’avait privée de l’écharpe mayorale.

L’instance de la rue de la Science avait, à l’époque, validé la requête de suspension de la décision en extrême urgence, ce qui avait obligé Jean-François Istasse à jeter l’éponge après à peine quinze jours de fonction à l’Hôtel de ville de Verviers. Elle avait remis à plus tard sa décision sur le fond, et cette décision n’est pas encore connue. Pour rappel, elle avait suspendu le mécanisme sur base d’un premier argument; les autres doivent encore être examinés.

Il n’est pas exclu, si l’histoire se répète, que de nouveaux recours en suspension et annulation partent pour la capitale. Envoyés par Muriel Targnion, ou Alexandre Loffet? Possible, mais qu’est-ce qui empêcherait Hasan Aydin, s’il n’est pas satisfait du sort qui lui est fait, de leur emboîter le pas, voire de risquer sa chance à lui seul?

Les dispositions wallonnes sur la démocratie locale imposent, par ailleurs, un délai d’un an entre deux motions de défiance: le compte n’y est donc pas. Le paradoxe, peut-être, est que les Machiavels verviétois tireront argument de la suspension de leur précédente initiative pour en déduire qu’elle n’existe pas, et que dès lors, le délai n’a plus cours. Après tout, pourquoi pas? Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Et en matière de gêne, les politiques verviétois ont depuis longtemps franchi bien des limites…

Verviers est plus ingouvernable que jamais


Il y avait déjà la désertification commerciale croissante à Verviers; il y avait aussi son appauvrissement progressif: la Cité lainière y ajoute désormais une ingouvernabililité durable, sur fond d’ambitions personnelles démesurées et d’incompatibilités entre des personnalités de plus en plus clivantes.

Le résultat est que le budget 2021 de la ville n’est pas près d’être approuvé, que les projets vont rester en rade, et que l’hypothèse de l’envoi d’un(e) commissaire spécial(e) en rives de Vesdre prend de plus en plus de consistance. Hors sursaut d’honneur très peu probable d’élus qui pourraient démissionner en bloc et provoquer une élection… à laquelle certain(e) d’entre eux (elles) feraient mieux de ne plus se présenter après les reniements en série qui ont été les leurs au cours des derniers mois.

Ce qu’on dit et ce qu’on dit qu’on a dit

L’événement de cette fin de semaine a été l’annonce, par les « Verts » verviétois de leur refus de négocier plus avant avec le MR, le Nouveau Verviers ( NV, dissidence libérale), le cdH, et les «  Indignés verviétois » (IV, les exclus du PS).

Ecolo se tourne à nouveau vers le PS « orthodoxe » tout en se disant toujours ouvert à certains des autres partenaires. Mais comme le PS « orthodoxe » et amoindri proposerait toujours au mayorat le président du CPAS, Hasan Aydin devenu infréquentable pour les autres partenaires et dont les pratiques ont été plus d’une fois condamnées par la tutelle, ou le conseiller Malik Ben Achour, chef de groupe socialiste, autant dire qu’une union sacrée verviétoise est tout à fait hors d’atteinte.

Le revirement des Verts peut s’expliquer par les propos prêtés à un échevin ou à un contrat de location commerciale accordé par le même échevin dans des circonstances qui posent questions: Freddy Breuwer est à nouveau dans l’oeil du cyclone.

L’affaire a commencé comme un mauvais vaudeville: lors du dernier conseil communal par visioconférence, l’échevin, après une longue intervention qui lui avait permis d’éreinter le PS « orthodoxe » en général, et le président du CPAS en particulier, a oublié de débrancher son micro. Et tout le monde l’a entendu… ou cru l’entendre dire, dans une conversation téléphonique qui suivait, que les socialistes et les écolos le faisaient chier (sic). La toile s’est aussitôt enflammée, même si, tel le ministre fédéral de la Santé, récemment, Freddy Breuwer a apparemment été incriminé plus pour ce qu’on disait qu’il avait dit que pour ce qu’il avait vraiment dit. Mais on ne prête qu’aux riches…

Querelle de bac à sable sur un bail


L’autre motif de fâcherie entre Verts et Bleus portait sur un bail commercial particulièrement favorable accordé à un commerçant réputé proche de l’échevin. (https://www.vedia.be/www/video/info/politique/verviers-une-surface-commerciale-qui-divise-_103782_89.html)

On pouvait entendre l’argument selon lequel mieux vaut louer un emplacement commercial à vil prix dans un centre-ville où les vitrines vides se multiplient et embrayer avec la proposition du conseiller écolo Dany Smeets de systématiser ce type de bail pour lutter précisément contre cette désertification et effacer tout soupçon de favoritisme: les deux positions étaient parfaitement conciliables. Mais la querelle (publique) de bac à sable qui s’en est suivie entre l’échevin et le chef de groupe socialiste ne fait rien pour rehausser le débat démocratique dans l’ancienne cité lainière.

Sur le sujet, on peut retenir la position un peu schizophrénique des échevins socialistes « orthodoxes » qui ont approuvé l’opération en collège communal avant de s’y opposer en conseil. Et on ne peut recevoir l’explication apportée par l’un d’entre eux, Antoine Lukoki en l’occurrence, selon laquelle il n’avait pas perçu toutes les implications du dossier lors du premier vote, mais qu’il en a été informé avant le second par son chef de groupe et par le plus éphémère des bourgmestres verviétois, Jean-François Istasse. Sauf à admettre que le casting des échevins socialistes « orthodoxes » a de quoi interloquer…

Double impasse

Un autre point expliquerait le revirement « vert »: l’obligation de réserver un mandat au « groupe Targnion » en cas de mise sur pied d’une coalition dont ne ferait pas partie le PS « orthodoxe ».

En attendant, aussi infréquentable qu’elle soit, là bourgmestre de Verviers semble bien partie pour rester encore un certain temps en place, alors qu’il y a quelques semaines, Jean-Francois Istasse, privé d’écharpe mayorale par le conseil d’État, se faisait fort de lui régler son compte en moins de deux. Mais la défection de ses échevins socialistes « orthodoxes » la met désormais dans une situation impossible.

Les écologistes verviétois auraient aussi été choqués par la publication, dans l’édition verviétoise de La Meuse, ce jeudi, d’un «casting» du collège communal en cours de négociation. Si les noms mentionnés n’avaient déjà circulé depuis quelques jours, l’hypothèses serait envisageable. Mais on peut en douter…

Le revirement des « Verts » conduit donc à une impasse politique, puisque aucune coalition ne semble en mesure de recueillir une majorité. L’impasse politique se double d’incompatibilités personnelles: Muriel Targnion et Alexandre Loffet (L.I.V.) pour les socialistes « orthodoxes » et les Verts; Hasan Aydin et Malik Ben Achour (l’éminence grise du PS « orthodoxe », qui s’avance manifestement mieux masquée dans ce dossier que devant la caméra de la télé verviétoise!) le premier pour tous les autres sauf peut-être les Verts; le second pour pas mal de monde; et maintenant à nouveau Freddy Breuwer (MR) pour le PS « orthodoxe » et Écolo, après l’avoir été pour le PS, jadis, quand il l’a déserté pour la liste Verviers Autrement, du défunt ex-échevin Paul Cormeau, pour le cdH quand les deux partis étaient en majorité, et même pour le… MR avant la constitution des listes pour le scrutin communal d’octobre 2018.

Les acteurs actuels ne pouvant en sortir, la piste la plus logique serait l’envoi d’un(e) commissaire spécial(e) chargé(e) de rétablir une gestion normale de la Cité lainière. Soit dans un sursaut d’honneur d’élu(e)s qui n’ont pas vraiment fait honneur à la démocratie ces derniers mois, sous forme d’une démission collective qui entraînerait de nouvelles élections où un certain nombre d’entre eux (elles) devraient alors avoir le bon sens de ne plus se présenter. Et où un chien avec un chapeau d’extrême-droite risquerait de faire de leur tailler des croupières. Ne leur resterait alors qu’à parodier l’empereur allemand, Guillaume II, au lendemain de la Première guerre mondiale, et de soupirer «Das habe ich nicht gewollt», «Ce n’est pas cela que j’ai voulu»…

Pourquoi une majorité PS-MR est en cours d’élaboration en Wallonie


Or donc, à en croire d’éminents confrères spécialisés en politique fédérale et wallonne, vendredi dernier, sur La Première, de fortes réticences dans les bases socialiste et libérale constitueraient un problème de nature à freiner la mise en place d’une majorité PS-MR en Wallonie.

Je me garderais bien de remettre en cause la pertinence de l’analyse, mais tout de même, dès lors que le cdH a choisi la cure d’opposition (et que de critiques se seraient abattues sur Maxime Prevot si son parti avait fait acte de candidature au pouvoir, après sa déculottée électorale du 26 mai?), les hypothèses sont singulièrement réduites. Bien sûr, Thierry Bodson, le leader de l’interrégionale wallonne de la FGTB, continue à prôner une majorité PS-PTB-Ecolo, mais personne n’y croit. Notamment au PS, où aucune voix ne s’est élevée pour défendre cette hypothèse, a fait remarquer un des intervenants au débat de La Première, ce vendredi.

pexels-photo-1020315Donc, ne restent que deux hypothèses: l’alliance PS-MR en Wallonie, ouverte ou non à Ecolo. Manière de ne pas associer au pouvoir deux partis qui, quoi qu’en aient dit leurs dirigeants, et notamment le président du PS, Elio Di Rupo, dès le soir du scrutin, ont figuré parmi les battus de l’élection. Et de «mouiller» à nouveau les Verts dans une coalition où ils ne seraient pas indispensables, comme cela a déjà été le cas au niveau fédéral, en 1999, après la crise de la dioxine et le renvoi historique du CVP (devenu CD&V depuis lors) dans l’opposition, après plus de quatre décennies au pouvoir.

La perspective doit nourrir l’inquiétude chez Ecolo, d’où la nervosité de Philippe Defeyt, ce midi, au débat dominical de RTL-TVI. L’ancien coprésident des Verts a fustigé la décision «prématurée» du cdH de se mettre sur la touche, et le représentant du PS, Pierre-Yves Dermagne, a presque entonné le même refrain, ironie en plus, en rappelant que le cdH avait l’habitude de changer d’attitude. L’évocation du «tirage de prise» par l’ancien président humaniste, Benoît Lutgen, qui a conduit, sous la législature précédente, au remplacement de la majorité wallonne PS-cdH par une majorité alternative MR-cdH.

Les Verts pourront-il se permettre le luxe de refuser une participation à une majorité, alors que la thématique climatique, notamment, a pris de plus en plus d’importance, et qu’ils pourraient peser sur des décisions environnementales? Les plus pessimistes d’entre eux rappelleront l’expérience du passé: quand Ecolo n’est pas indispensable à une majorité, son poids devient très relatif. Et les décisions prises sous son influence (la sortie du nucléaire par exemple), sont rapidement annulées, une fois qu’ils sont renvoyés dans l’opposition. Car bien sûr, leurs électeurs, alors, ne leur pardonnent rien au scrutin suivant.

Le débat risque d’être chaud, entre «réalos» et dogmatiques, chez Ecolo, si PS et MR proposent l’ouverture de leur majorité. Il ne s’en manquera pour relever que, si les Verts acceptent la combinaison, l’opposition sera réservée aux seuls cdH et PTB. Et que pour les humanistes, l’occasion sera rêvée de se refaire une santé, en récupérant notamment des électeurs passés sous la bannière écologiste.

Pour le reste, PS et MR… ne sont pas aussi opposés qu’on veut bien le dire. En témoigne la négociation discrète qui vient de se produire en région verviétoise, où les deux partis se sont attribué les présidences d’intercommunale de manière impérieuse, puisque la section de Verviers-ville du MR a dû remiser ses exigences sur la présidence de l’intercommunale hospitalière.

Et puis, en province de Liège et en province de Hainaut, les deux provinces wallonnes les plus peuplées, PS et MR sont associés au pouvoir, depuis plus de trois décennies en province de Liège, sans que cette alliance soit décrite comme contre nature.

Alors, hors argument recevable sur le revers électoral, qu’est-ce qui empêcherait la reproduction de pareille majorité au niveau wallon? Une pincée de «concertation mosane» pour calmer le ban syndical; peut-être la mise à l’écart d’un ministre aussi clivant que le libéral hervien Pierre-Yves Jeholet; et les virulentes dénonciations de la campagne électorale s’effaceraient rapidement derrière un de ces «grrrrrands accord», célébrés naguère par feu Michel Daerden, au terme d’une soirée électorale bien arrosée, sur RTC, la télé régionale de Liège-Huy-Waremme.

Tout serait sans doute déjà en passe d’être réglé, s’il n’y avait l’enjeu fédéral, et le casse-tête bruxellois. Car à Bruxelles, Ecolo est sorti des urnes en deuxième position, derrière le PS, mais devant le MR. Tandis que dans le collège électoral flamand, son parti-frère, Groen, sortait en tête. Les Verts sont donc incontournables du côté francophone, sauf à imaginer une improbable association entre le PTB, le PS et le MR ou Défi. Mais un éventuel accord entre le PS et eux ne suffirait pas à dégager une majorité. Resterait dès lors à ouvrir les discussions à Défi… ou au MR. Côté flamand, entre-temps, écologistes, socialistes et…libéraux n’ont pas tarder à s’accorder.

Suivant le vieux principe que tout est dans tout, indispensable à Bruxelles, Ecolo pourrait donc s’imposer au niveau wallon avec plus de poids que son résultat arithmétique pourrait lui valoir.

Reste le fédéral, où là, une alliance des socialistes et des libéraux pourrait rassembler les deux familles politiques les plus importantes du pays… à condition que les socialistes flamands, laminés le 26 mai, ne s’associent pas à la démarche. Mais resterait encore à élargir l’attelage au CD&V. Ou alors convaincre la N-VA d’entrer dans la danse. Même si le PS donne des boutons à Bart De Wever….