Le choix de la traction hippomobile en 2035?


Que la lutte contre le réchauffement climatique doive devenir une priorité politique absolue est un fait qui ne devrait plus faire l’objet de contestations: les dérèglements observés sur la planète entière cet été soulignent l’urgence des conclusions alarmistes des experts du GIEC (Groupe d’Experts Internationaux sur le Climat). Faut-il encore ne pas confondre urgence et précipitation; générer les comportements vraiment réducteurs d’émissions de gaz à effets de serre; exiger des efforts des plus gros pollueurs et non s’acharner sur les citoyens en priorité; et veiller à ce que des effets pervers ne fassent perdre toute crédibilité aux décideurs.

La Commission européenne, on le sait, a décrété qu’à partir de 2035, plus aucun véhicule à moteur thermique, y compris les véhicules hybrides, ne pourraient être mis en vente en Europe. Fort bien, mais d’ici là, pourquoi ne pas favoriser l’usage de moteurs hybrides?

Les usagers qui roulent au CNG (gaz naturel compressé) s’inscrivent dans la logique de réduction des émissions nocives: un véhicule roulant au CNG émet en effet 11% de gaz à effets de serre et 90% d’oxydes d’azote en moins qu’un véhicule roulant au carburant fossile. Par rapport à un véhicule diesel, il émet 77% de particules fines en moins. Le problème est qu’en Belgique, les pompes permettant de s’alimenter en CNG sont rarissimes.

Pire, les pompes dont l’ouverture est annoncée depuis des mois, parfois plus d’un an, dans des stations spécialisées, sur le parking de grandes surfaces, se font désormais plus attendre que la soeur Anne de l’épouse du célèbre Barbe-Bleue, dans le conte éponyme.

Rien qu’en région liégeoise, une station à Herstal attend en vain d’être équipée depuis plus d’un an, tandis que d’autres, à Fléron et à Herve, reste désespérément en attente d’équipement elles aussi. Les usagers doivent ainsi aller faire leur plein à… Tongres. Autant dire qu’au kilomètre parcouru, les réductions de pollution annoncées se… réduisent comme peau de chagrin.

L’électricité marche à reculons

Plus grave, dans sa course à la neutralité climatique pour 2050, l’Union Européenne a mis quasiment tous ses œufs dans le même panier, puisque pour les particuliers, son option prioritaire, sinon exclusive, pour 2035, sera la généralisation des véhicules électriques.

Inutile de revenir, ici, sur les défaillance écologiques graves de ce type de véhicule, comme l’impossibilité de recycler ses batteries, ou le recours à des minéraux rares, et donc en voie rapide d’extinction, nécessaire à la production de ces batteries: nous les avons déjà évoquées. Comme nous avons dénoncé à de multiples reprises les conditions inhumaines dans lesquelles des mineurs artisanaux, dont de nombreux enfants, doivent extraire ces minéraux rares en Afrique centrale, souvent au péril de leur vie, et pour des salaires de misère: l’Union Européenne, qui rappelle ses valeurs, notamment à ceux de ses États-membres qui ne les respectent pas scrupuleusement ou semblent s’en écarter, paraît nettement moins combative lorsqu’il s’agit d’en faire bénéficier des populations africaines. Quant à l’industrie automobile, si elle avait la moindre préoccupation humanitaire, on l’aurait sur depuis longtemps.

Beaucoup moins écologiques qu’on ne l’affirme généralement; grevée d’un bilan sociétal désastreux, la voiture électrique, par ailleurs, est d’un coût inabordable pour de nombreux usagers européens. Sans doute la Commission spécule-t-elle sur le fait qu’une production massive, à l’approche de 2035, en fera baisser le coût, mais ce postulat est loin d’être démontré.

Et puis la voiture électrique est particulièrement peu efficace en termes de… mobilité. En témoigne notamment cette histoire rapportée dernièrement par l’hebdomadaire satirique français Le Canard Enchaîné: celle d’un automobiliste à la conscience écologique extrêmement affûtée, et qui a choisi un véhicule 100% électrique, précédant ainsi de près de 15 ans le vœu de la Commission.

Oui, oui, vous l’avez bien lu, pour parcourir 260 kilomètres, avec une automobile électrique censée disposer d’une autonomie de 340 kilomètres, un usager français a dû rouler pendant… sept heures, au lieu des trois habituellement nécessaire pour franchir la distrance. Car l’autonomie annoncée ne précise pas qu’il est interdit d’utiliser la climatisation du véhicule, même si la température s’élève à 50° C à l’ombre. Et omet de préciser qu’en cas de bouchons sur le trafic, cette autonomie se réduit comme peau de chagrin.

Cet usager a donc parcouru la distance à la vitesse phénoménale de 37,14 kilomètres à l’heure. Si l’on veut bien admettre qu’à pareille «vitesse», les risque d’accidents graves sont particulièrement réduits, on ne peut s’empêcher de frémir à l’idée du trafic automobile, à l’horizon 2035, quand la voiture électrique, imposée par la Commission, régnera en grande maîtresse sur les réseaux européens!

Autre témoignage éclairant qui m’a été transmis: https://www.facebook.com/TestAchats/posts/10160720054843275

Si l’évolution se poursuit de la sorte, il serait peut-être finalement opportun d’en revenir à la traction hippomobile, et à rétablir les relais-postes de jadis, où on procédait au changement d’attelage, beaucoup plus rapide, en l’occurrence, qu’un rechargement de batterie électrique. La vitesse se réduirait sans doute quelque peu, mais pas dans des proportions aussi graves que celles subies par le malheureux automobiliste, dont les convictions écologiques ont dû être sérieusement ébranlées par l’épisode.

En attendant, on continue à véhiculer le dogme selon lequel un moteur à hydrogène serait capable d’équiper des poids lourds, des bus ou des autocars, sans parvenir à démontrer qu’il ne serait pas plus efficace encore pour des véhicules individuels. Et la condamnation à mort des véhicules hybrides reste sans appel.

Au fait, des statistiques démontent combien la pollution des grands tankers ou des énormes paquebots qui continuent à sortir des chantiers navals est bien plus importante que le trafic automobile. Mais bizarrement, c’est uniquement sur ce dernier que tombent les foudres de l’Union Européenne. Si vous avez une explication logique à ce comportement, je serais heureux d’en être informé….