L’échevin disonais Delaval défenestré: sérieux dilemme pour le PS


L’absence de quorum requis lors du vote à bulletins secrets imposé à l’Union Socialiste Communale (USC) de Dison n’y a rien changé : la motion de défiance introduite par son propre parti contre l’échevin des Finances, Jean-Michel Delaval, a été approuvée par le groupe socialiste, rejoint bizarrement par un élu MR, moins évidemment le désormais ex-échevin lui-même. Ce dernier a plaidé sa cause en conseil er sur Facebook, mais il n’a pas fait de pli, et a repris sa place au sein du groupe socialiste, se disant toujours membre du parti. Fin de l’épisode? Pas si sûr…

On peut se réjouir de voir ainsi des élus voter en âme er conscience, en ignorant les mots d’ordre… ou les statuts de leur propre formation politique. Mais on s’étonne en même temps de voir des élu(e)s socialistes, par essence parmi les plus régenté(e)s par leur parti, s’éloigner ainsi du « rappel à la loi » que leur avait imposé la commission de vigilance du PS, après que la fédération verviétoise de l’ex-parti à la rose eut, comme expliqué ici, décidé courageusement de se débarrasser de la patate chaude.

L’ex-échevin n’a pas fait un pli, mais a annoncé un recours

L’ex-échevin Delaval a déjà annoncé un recours devant les instances du PS, qui vont se retrouver face à un terrible dilemme: vont-elles désavouer l’ensemble du groupe socialiste disonais (moins Jean-Michel Delaval) et notamment la bourgmeste, Véronique Bonni, à un peu plus d’un an du scrutin communal, ou bien va-t-il lui imposer un humiliant retour en arrière ?

Le sort de ce recours sera observé avec grand intérêt, même si la formation du président Paul Magnette se caractérise par une interprétation assez erratique de ses propres statuts. Faut-il rappeler ici l’exclusion de la bourgmestre de Verviers, Muriel Targnion, coupable d’avoir voulu démettre un président de CPAS, qui a ensuite été écarté, mais la confiance renouvelée à son collègue de Sambreville, Jean-Charles Luperto, pourtant définitivement condamné en justice? Ou la suspension immédiate du bourgmestre d’Anthisnes et député européen Marc Tarabella, cité et inculpé dans le «Qatargate», mais qui bénéficie toujours , comme tout accusé, de la présomption d’innocence?

Reste que désormais, la majorité disonaise est irrémédiablement divisée.

La défenestration de l’échevin Delaval, après celle de la présidente du CPAS, Dany Wérisse, et la démission de l’échevin Benoit Dantinne pourrait se révéler une victoire à la Pyrrhus pour la bourgmestre.

Celle-ci, qui se disait « attristée » au début de l’épisode, a sans doute révélé ses véritables intentions en se muant en authentique Fouquier-Tinville à l’égard de son ex-collègue, qui a par ailleurs des choses à se faire pardonner: https://www.vedia.be/www/video/info/politique/l-echevin-des-finances-de-dison-jean-michel-delaval-a-ete-limoge_111801.html

Véronique Bonni a ainsi (provisoirement?) écarté celui qui avait failli la priver de la tête de liste aux dernières élections communales et qui risquait de lui faire de l’ombre en octobre 2024. Son pari est risqué : elle pourrait dans un peu plus d’un an devenir la bourgmestre qui aura fait perdre au PS son emprise quasi-séculaire sur la politique disonaise..

Il est loin le temps où le PS(B) était «fort et uni, sterk en eensgezind»


C’est un temps dont seuls les plus de… soixante ans peuvent se souvenir: les plus jeunes doivent consulter les livres d’histoire politique de la Belgique. Afin de remonter au temps où le Parti Socialiste Belge (PSB) et son pendant flamand le BSP s’affichaient «fort et uni, sterk en eensgezind» comme le proclamait un slogan bien connu à l’époque.

Edmond Leburton et Jos Van Eynde, les coprésidents d’un PSB-BSP qui s’affichait alors «fort et uni». La photo est en noir et blanc, signe d’une solidarité lointaine…

Porté par des hommes comme Edmond Leburton et Jos Van Eynde, notamment, issus de l’après-Deuxième Guerre mondiale et encore pétris de l’idée de l’internationalisme de la solidarité socialiste, le PS qui était toujours B, a été, parmi les partis traditionnels de l’époque, celui qui a le plus longtemps résisté à la scission linguistique. PS et SP, puis sp-a puis Vooruit, ont suivi alors une évolution de plus en plus divergente. On se rappelle par exemple combien la gestion de certains ministres socialistes flamands de l’Intérieur, dont notamment Louis Tobback, a été contestée, côté francophone, dans le contentieux fouronnais.

Aujourd’hui, la solidarité que le président actuel du PS, Paul Magnette, avait semblé vouloir recréer avec son jeune alter ego flamand, Conner Rousseau, s’est complètement étiolée. Les dernières propositions du président de Vooruit, à propos de la limitation dans le temps des allocations de chômage ont ainsi été saluées par les… libéraux flamands, tout en s’attirant les foudres du PS francophone.

Cela dit, l’évolution du PS francophone n’a guère été plus brillante avec les «affaires» qui se sont succédé au fil du temps, de Liège à Charleroi, de Charleroi à Bruxelles et de Bruxelles à Liège, et dans des cités diverses, sans que, apparemment, il ne soit possible d’y mettre un terme définitif. Et avec des décisions à géométrie variable, comme il en a déjà été question sur ce blog.

Le PS verviétois a ainsi connu des remous graves, qui ont entraîné la paralysie de la gestion de la ville, et dont on n’est pas sûr qu’ils appartiennent désormais au passé: la lutte pour les places utiles, et peut-être le mayorat, risque à nouveau d’y être féroce l’an prochain.

Jean-Michel Delaval avait été mis en cause par ses «camarades» dès le lendemain du dernier scrutin communal

Dans la commune voisine de Dison, les duels sont plus feutrés. Mais, mine de rien, avec la menace de motion de défiance, venant de son propre parti, qui plane sur l’échevin des Finances, Jean-Michel Delaval, c’est la troisième défenestration qui risque de secouer ainsi l’équipe dirigée (?) par la bourgmestre, Véronique Bonni, qui a hérité de l’écharpe mayorale détenue pendant plusieurs décennies par Yvan Ylieff.

Le motif invoqué à l’appui de cette future (?) motion de méfiance est la réaction d’humeur de l’échevin Delaval, face à une citoyenne qui, selon lui, l’a accusé publiquement de faits de corruption. Mais on rappellera que l’échevin avait été sanctionné une première fois après qu’il se fut porté candidat à l’écharpe mayorale contre Véronique Bonni, avant la dernière élection communale. Pour le «récompenser» de l’avoir poussée dans ses derniers retranchements, on l’avait alors renvoyé, sur la liste du PS, à une place théoriquement non-éligible. Cela ne l’a pas empêché de faire sa rentrée au conseil communal: le reproche lui a alors été fait d’avoir mené une campagne… personnelle, et non de parti.

Repris dans le collège communal, il a hérité des Finances en 2020, après la démission de l’échevin titulaire, Benoît Dantinne dont les paroles, à l’époque, prennent un aspect quasi prémonitoire aujourd’hui. «Je me suis retrouvé dans un système qui avait beaucoup changé au fil des années, et où l’intérêt général et le bien commun ne sont plus à l’ordre du jour» expliquait-il à l’époque.

La réaction de Véronique Bonni à la démission de l’échevin Benoît Dantinne avait été assez lapidaire

«J’ai une autre manière de travailler; l’électeur a choisi, et je pense qu’il faut pouvoir s’adapter» répondait la bourgmestre à l’époque. Une bourgmestre qui, un an auparavant, avait exigé… et obtenu la démission de la présidente du CPAS, Dany Werisse, dans des circonstances qui n’ont jamais vraiment été explicitées. De simples imprécisions comptables, comme on l’a dit à l’époque? Son successeur à la présidence de l’instance sociale, Regis Decerf, s’est depuis lors illustré par une réplique peu appropriée à des victimes des inondations catastrophiques de juillet 2021. «S’il n’y a pas de questions, il n’y a pas de réponses» avait-il répondu à une personne qui l’interrogeait sur des démarches à suivre. Preuve, sans doute, qu’il n’y avait pas eu de démarche proactive, ou pas suffisamment proactive, du CPAS disonais?

Nous avons eu l’occasion de le vérifier récemment, quand l’échevin des Travaux, Stéphan Mullender, s’est retrouvé bien seul pour faire face à l’objection d’un riverain compétent d’une rue qui allait être en travaux, et qui lui expliquait que comme ces travaux étaient commandités par la Commune, c’est bien le collège communal, et lui en particulier, qui en assumait la responsabilité, et pas seulement l’entreprise chargée des opérations.

Les ennuis suscités aujourd’hui à l’échevin Delaval, qui conteste la légalité de la procédure, semblent le montrer: la quête des mandats est lancée au sein du PS disonais. Mais si Jean de la Fontaine a bien écrit que rien ne sert de courir, et qu’il faut partir à point, là, la course démarre peut-être un peu tôt. Car le scrutin communal n’est que pour octobre 2024. Et un PS divisé risque bien d’affronter, sur sa gauche, une liste PTB offensive à Dison. Les lendemains pourraient apporter quelques surprises…

La fédération verviétoise du PS désavouée par le comité de vigilance du parti!
Nouveaux rebondissements à Dison, où le comité de l'USC (Union Socialiste Communale) a anticipativement désigné le successeur de l'échevin Jean-Michel Delaval, qu'une motion de défiance attendait au prochain conseil communal. Le futur (?) échevin a pour particularité de n'avoir jamais pu décrocher une élection directe au sein de l'assemblée, au sein de laquelle il a remplacé le défunt Marc Tasquin au cours de la législature précédente, et, lors de la mandature actuelle, où il n'a fait sa rentrée qu'à la faveur de la démission de l'échevin Benoît Dantinne. Il serait donc sur le point de bénéficier d'une deuxième défenestration d'échevin... si ce n'est que la procédure lancée contre l'échevin des Finances disonais a été déclarée contraire aux statuts du PS par le comité de vigilance de l'ex-parti à la rose. 
C'était la thèse immédiatement défendue par l'échevin Delaval, qui s'était adressé à la fédération verviétoise du PS, dont on se demande à quoi elle sert, puisqu'elle n'a pas vu malice dans la manœuvre, se réfugiant derrière le Code wallon de la démocratie locale. Obstiné, le plaignant s'est adressé alors au comité de vigilance du PS, qui a décrété qu'il y avait un vice de forme: ce n'est pas le comité de l'USC qui pouvait prendre la décision; elle est du ressort de son assemblée générale. Et le vote ne peut s'y dérouler à mains levées (ce qui inhibe beaucoup de contestataires en puissance) mais doit s'exprimer par bulletins secrets. Autant dire que la majorité requise des deux-tiers de l'assemblée générale des socialistes disonais risque d'être fort agitée. Comme pour mieux souligner que, décidément, le temps où ce parti était «fort et uni, sterk en eensgezind» appartient désormais... à la préhistoire!

Au nord comme au sud de la frontière linguistique, les mêmes maux frappent les politiques


Après l’affaire Nethys, l’affaire du greffier du Parlement wallon: il semble bien difficile de moraliser la vie politique en Wallonie. En Wallonie uniquement? Un peu au-delà de la frontière linguistique, les «affaires» se succèdent à Saint-Trond, où le dernier épisode en date a vu Jelle Engelbosch, une des figures de proue de la N-VA locale et limbourgeoise, annoncer son retrait de la politique. L’homme, l’année passée, avait été proposé par son parti au poste de bourgmestre de la cité fruitière, en remplacement de Veerle Heeren (CD&V), obligée de démissionner après plusieurs affaires embarrassantes. En Flandre aussi, la Roche Tarpéienne est décidément fort près du Capitole.

Veerle Heeren s’était arrogé une priorité vaccinale avant d’accorder un prêt illégal à un de ses prédécesseurs

Les première péripéties des «affaires Heeren» avaient transpiré quelque peu de ce côté de la frontière linguistique. Parce qu’elles touchaient à la pandémie de coronavirus. Celle qui était alors la bourgmestre trudonnaire s’était accordé, à elle et à son entourage, une priorité vaccinale qui n’avait pas lieu d’être. Lorsque ces faits avaient été rendus publics, une suspension de six mois de sa fonction mayorale lui avaient été imposée. Au passage, l’épisode l’avait privée d’une promotion dans les Ordres nationaux, que son passé de parlementaire lui aurait en principe automatiquement value.

Le souci pour Veerle Heeren, c’est qu’à peine rentrée en fonction, elle était convaincue d’avoir accordé un prêt illégal de 65000 euros à un de ses prédécesseurs, le fantasque Jef Cleeren (CD&V) lui aussi, dont on se souvient qu’il avait présidé le club de football local alors qu’il occupait l’Hôtel de ville de la cité hesbignonne.

Cette fois, c’en était trop: Veerle Heeren a dû démissionner de son poste, et parmi les candidats à sa succession figurait Jelle Engelbosch. C’est néanmoins une autre CD&V, Inge Kempeneers, qui a hérité de l’écharpe mayorale.

Encore heureux, finalement, que cette étoile montante de la N-VA, qui avait recueilli, en 2014, pas moins de 15000 voix de préférence sur la liste N-VA pour le Parlement flamand, n’ait pas accédé au poste de bourgmestre. Sans quoi, Saint-Trond se serait à nouveau retrouvée sans mayeur en ce printemps 2023.

Après son passage au Vlaams Parlement, Jelle Engelbosch était revenu sur la scène trudonnaire en 2019, pour y occuper le poste d’échevin d’Aménagement du territoire. Ce qui n’était pas précisément compatible avec son métier d’agent immobilier, selon l’opposition trudonnaire. Comme l’expliquait le Belang van Limburg, ce jeudi, il mettra fin à cette activité… deux ans plus tard.

Conflits d’intérêts, activités commerciale incompatibles avec sa fonction scabinale, utilisation d’informations à des fins privées: la barque de Jelle Engebosch s’est sérieusement chargée au fil des mois

Entre-temps, dans le village de Velm, qui fait partie de la ville de Saint-Trond, des agriculteurs avaient remarqué qu’une parcelle lui avait été vendue au prix de 90000 euros par la fabrique d’église locale. Une parcelle située en zone d’extension d’habitat! En conseil communal, l’homme expliquera qu’il s’agissait d’une extension de son jardin, et qu’il avait l’intention d’y faire paître des chèvres. Mais l’opposition, essentiellement socialiste, parlera de conflit d’intérêts, de fautes de procédure et de délit d’initié, rappelait le Belang van Limburg.

L’affaire qui lui a été politiquement fatale, rapporte le quotidien limbourgeois, portait sur une fermette, que le couple qui l’occupait ne pouvait plus modifier, en raison de difficultés financières. Ils devaient notamment des milliers d’impôts en matière d’immeubles inoccupés.

L’échevin trudonnaire rachète alors le bien, pour 30000 euros, alors qu’une estimation menée par un audit public en fixera plus tard la valeur à 144000 euros!

Il ne peut en principe rien en faire, dans la mesure où la démolition du bâtiment est interdite par la ville, dans le cadre de la préservation du paysage rural. Mais trois ans plus tard, cette disposition est prescrite, et l’homme peut alors disposer du terrain, et il fait disparaître la fermette.

Un audit se saisira du dossier en 2022, ce qui n’empêchera pas Jelle Engelbosch, quelques mois plus tard, d’être candidat au fauteuil mayoral. «Ce que je n’aurais pas accepté si je n’étais pas certain de mon innocence» dira-t-il alors.

Le rapport final des auditeurs a conclu au conflit d’intérêts, à l’exercice d’activité lucratives incompatibles avec sa fonction scabinale, et de l’utilisation d’informations à son profit personnel. Le Belang van Limburg signalait, en conclusion de son article, que le parquet mène par surcroît une enquête pour faux en écriture: Jelle Engelbosch a beau avoir pris ses distances avec la politique, il n’en a pas forcément fini avec les ennuis.

«Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux» proclamait, il y a une vingtaine d’années, le ministre-président flamand Luk Vanden Brande (CD&V). En la matière, on dirait qu’ils font aussi pire que les autres!

Sans crédibilité, pas de confiance dans la démocratie


Si la déontologie journalistique interdit de traiter des sujets dans lesquels on est personnellement impliqué(e), dès lors que le problème est résolu, la réserve peut, à mon sens être levée. Surtout si le propos n’est pas de défendre une thèse, mais d’en tirer des leçons.

L’affaire, en soi, est simple: des riverains d’une rue où des égouts ont été implantés et où des trottoirs ont été aménagés en 2013-2014, ont contesté des taxes sur l’implantation de l’égout, sur le raccordement à l’égout, et sur la construction des trottoirs, dont le montant leur a été réclamé en décembre 2020, soit plus de six ans après la fin des travaux. Et ils ont obtenu gain de cause: les taxes ont été annulées par le collège communal, de Dison en l’occurrence, après audition de l’avocate en charge du dossier, qui n’a donc jamais atterri en Justice. Et elles leur seront remboursées.

L’affaire a été évoquée par le quotidien qui m’a employé pendant de nombreuses années et qui (air connu) m’a rétribué pour ce faire insuffisamment à mes yeux. Et les responsables communaux, invités à expliquer leur revirement, ont soigneusement botté en touche.

«L’avocat des riverains a mis en valeur que le règlement n’a pas été publié aux valves communales, ce qui l’a rendu caduc», a ainsi balayé l’échevin des Finances.

Le problème est que cet argument… ne figurait nullement dans la requête de la plaideuse. Laquelle soulignait une pratique douteuse, sinon inadmissible: la mise en œuvre, pour l’enrôlement de ces taxes, de règlements communaux à… caractère rétroactif.

La manœuvre était mal ficelée: la référence renvoyait à deux règlements différents, l’un du 17 septembre 2018, l’autre du 17 novembre 2014, tous deux postérieurs à l’exécution des travaux. Dans l’un et l’autre cas, une règle fondamentale était ainsi violée: «selon la Cour de cassation, la non-rétroactivité doit être considérée comme un principe général de droit dont le respect s’impose notamment aux administrations locales de manière contraignante», rappelait le recours introduit par l’avocate au nom des riverains.

La manœuvre était aussi sournoise: le règlement qui s’appliquait pour l’enrôlement de cette taxe précisait que cet enrôlement devait s’effectuer dans les trois ans suivant l’achèvement des travaux. Le délai d’enrôlement était donc prescrit. On peut mieux comprendre pourquoi ces taxes ont été annulées avant d’être soumises à l’examen d’un juge!

Des travaux qui donnent de avantages privés ou qui relèvent de la mission de service public?

Les règlement visés n’étaient pas motivés, «mais l’objectif de ces taxes semble certainement être le suivant: permettre à la Commune de récupérer tout ou partie des dépenses effectuées par elle pour créer, améliorer les voiries, car ces travaux sont censés apporter une plus-value aux propriétaires, bénéficiant ainsi aux contribuables», ajoutait le recours.

«En ce qui concerne spécifiquement les trottoirs, cette dépense a été réalisée par la Commune dans l’intérêt général, en vue de profiter éventuellement à la communauté, alors que seul un groupe limité de redevables est soumis à la taxe. Il est donc manifestement déraisonnable et contraire aux principes d’égalité et de proportionnalité d’appliquer la taxe lorsque le propriétaire ne tire pas d’avantage de l’égout placé ou des trottoirs réalisés» poursuivait le texte.

La Commune ne respecte pas non plus le principe d’égalité lorsqu‘«elle fait supporter par une partie des contribuables (…) des travaux de voirie (revêtement et égouttage) visant à faciliter la sécurité et le flux des véhicules dans la localité, c’est-à-dire lorsqu’elle assure sa mission de service public» ajoutait l’avocate.

On pourrait ajouter que l’égouttage et l’épuration sont des objectifs imposés par l’Union européenne à ses États-membres, et, partant, à la Région et aux différentes communes: n’envisager les travaux que sous l’angle d’hypothétiques plus-value privées est en soi suffisamment spécieux.

Cette argumentation détaillée montre surtout que l’échevin des Finances, interrogé par une de mes ex-collègues, ne connaissait pas du tout son dossier, ou s’est payé la tête de son interlocutrice.

La bourgmestre, qui s’exprimait elle aussi, a renvoyé la patate chaude à son prédécesseur, en place au moment de la réalisation des travaux, oubliant qu’elle avait eu deux ans pour tenter de sauver les meubles. Et elle a incriminé les services communaux, en assurant que les procédures avaient été redéfinies, depuis lors, pour éviter que pareille méprise se reproduise dans le futur. Évitant ainsi toute réponse sur les objections soulevées au principe même de ces taxes.

Les explications semble traduire à tout le moins un malaise au sein même de l’administration communale, à la fois au sein du groupe majoritaire et entre le collège communal et son personnel.

Elles interrogent surtout sur la désaffection constatée, notamment des jeunes électrice et des jeunes électeurs, à l’égard de la démocratie. Ce n’est pas en se défaussant de ses responsabilités, à quelque niveau que ce soit, qu’on pourra les inciter à revoir leur opinion…

Pourquoi pas des moyens publics urgents pour nettoyer les berges et les lits de la Hoëgne et de la Vesdre?


On ne soulignera jamais assez le dévouement des bénévoles qui, chaque semaine, répondent aux appels qui leur sont lancés, pour venir débarrasser les berges de la Hoëgne et de la Vesdre des multiples déchets qui y ont été déposés par les crues catastrophiques de la mi-juillet.

C’est un travail de fourmis qui a été ainsi entrepris, au point d’ailleurs, comme le révèle un reportage de Vedia, la télé régionale verviétoise, certain(e)s d’entre eux (elles) se sont ainsi surnommé(e)s «Les fourmis de la Hoëgne».

https://www.vedia.be/www/video/info/environnement/des-fourmis-sur-les-berges-de-la-hoy-gne-_106698.html

Si l’on peut, et qu’on doit, être admiratifs pour les bénévoles qui s’activent ainsi de semaine en semaine, il paraît évident que leurs efforts ne suffiront pas à débarrasser les rivières des nombreux débris qui encombrent non seulement leurs berges mais aussi leurs cours. On ne dénombre ainsi plus les arbres qui gisent au milieu de la Vesdre et qui, en cas de nouvelles pluies exceptionnelles, seront à nouveau déplacés et viendront éventuellement s’accumuler sous les tabliers de certains ponts, accentuant ainsi encore la montée des eaux.

Une question se pose aussi: les risques pris par ces bénévoles sont-ils couverts par leurs assurances familiales, ou des assurances collectives ont-elles été souscrites pour faire face à tout problème éventuel?

Ce qui interpelle surtout à ce stade, c’est le désintérêt apparent des pouvoirs publics pour ce problème.

Quels pouvoirs publics? Pas les communes concernées, bien entendu, dont les services techniques ont largement souffert des inondations qui ont frappé indifféremment infrastructures publiques et bâtiments privés. Les bourgmestres concerné(e)s ont suffisamment souligné la solitude dans laquelle ils avaient été laissés face à la catastrophe: aujourd’hui, ils et elles ne sont pas plus en mesure de prendre cet indispensable travail de curage à bras-le-corps.

En principe, la gestion des cours d’eau est du ressort de la Région wallonne: on devrait donc s’attendre à la voir s’activer pour curer, et approfondir le lit des rivières avant que les pluies hivernales ne forcent à remettre l’opération aux calendes grecques. On plaidera sans doute que le ministère wallon des Travaux est déjà lui-même absorbé par la remise en état de nombreuses voiries, et que le recours aux entreprises privées passe par une procédure d’appel d’offres, par définition plus longue, qui doit peut-être être engagée par les communes sinistrées elles-mêmes? En pareil cas, une procédure d’urgence ne pourrait-elle être définie pour permettre d’intervenir vite et bien?

Et puis si l’armée a été engagée avec succès pour apporter une aide d’urgence aux sinistrés, ne pourrait-elle pas, elle, mettre en œuvre des moyens pour parer au plus pressé? De la même manière, la Protection civile dispose de moyens techniques déployés au plus fort des catastrophes, mais qui sont ensuite stockés dans des hangars, en attendant les prochains événements dramatiques. Là aussi, cela ne ferait-il pas sens de dépêcher des hommes et du matériel, pour au moins enlever tout ce qui peut faire obstacle à l’écoulement naturel de l’eau?

Reste un détail compliqué, il est vrai: l’armée et la Protection civile dépendent du pouvoir fédéral, et celui-ci ne peut les engager sans être sûr que des contestations ne viendront pas le contrarier, ici venant du nord du pays…

La Hoëgne, la Vesdre, et les rivières en crue en juillet dernier resteront ainsi en l’état pour des semaines et des mois encore. On croise les doigts pour que l’hiver ne soit pas caractérisé par des chutes de neige ou des pluies abondantes. Sans quoi de nouveaux dégâts seront à déplorer…

Et on voudrait que la politique intéresse quelqu’un?


Édifiante histoire que celle racontée, ce jour, dans «L’Avenir Verviers» par mes anciens collègues: un agriculteur, à qui, à la suite de travaux routiers, s’est vu exproprier une bande de 13 mètres de long sur 1,3 de large, pour conduire les eaux de pluie à un bassin d’orage de quelque 3000 mètres carrés, attend depuis neuf ans d’être indemnisé! (https://www.lavenir.net/cnt/dmf20210712_01596950/neuf-ans-qu-il-attend-d-etre-indemnise)

Retard normal de l’administration? Le délai paraît fort long, et pour cause, à l’intéressé, qui s’est adressé à l’ancien bourgmestre de sa commune. Lequel, à l’en croire lui a d’abord expliqué qu’il fallait attendre le versement de subsides, puis a incriminé une notaire, qui n’aurait pas fait mesurer précisément ce fameux bassin d’orage. N’étant pas tombé de la dernière… pluie, l’agriculture a contacté cette notaire, qui lui a expliqué que pour faire mesurer ce bassin, il fallait que la commune lui fasse parvenir de l’argent pour payer le géomètre, et que cette somme devait donc être provisionnée. Ce qui n’a jamais été fait.

Le temps passant, l’agriculteur, qui n’est pas seul dans le cas, s’est à nouveau inquiété. Il s’est alors entendu dire qu’il ne toucherait… rien. Ce qui reviendrait à dire qu’un pouvoir public peut s’approprier gratuitement un bien privé?

Un changement de titulaire au fauteuil mayoral aidant, l’homme est revenu à la charge. Et la nouvelle détentrice de l’écharpe mayorale lui a expliqué… n’être au courant de rien.

Être bourgmestre ne se limite pas à ceindre une écharpe lors de cérémonies…

On veut bien la croire sur parole. Mais dans sa fonction, n’aurait-on pu attendre d’elle qu’elle consulte le dossier, ou interroge le service concerné, pour donner une réponse plus précise au contribuable qui l’avait interpellée? Car entre-temps, comme il le précise, l’agriculteur reçoit chaque année de l’administration fiscale une taxe foncière sur un bien dont il a perdu une partie de la jouissance…

Les politiques se plaignent régulièrement du désintérêt des citoyen(ne)s et notamment des jeunes pour la politique et pour la chose publique. Ce qui n’empêche pas nombre d’entre eux de s’accrocher à des mandats, dont l’augmentation sérieuse des rémunérations, il y a quelques années, était censée leur permettre de s’attacher à la chose publique. Elle semble au contraire, pour un certain nombre d’entre elles et eux, s’apparenter à une rente de situation.

Le vote obligatoire en Belgique évite de connaître la désaffection catastrophique dans les urnes qu’a encore connue la France à l’occasion du dernier scrutin régional. Avec pour résultat que les décisions prises par des mandataires aussi mal élu(e)s sont de plus en plus contestées par des citoyen(ne)s qui n’ont plus envie d’exprimer leur suffrage. Mais le taux d’abstention va croissant chez nous aussi. Et même s’il faudra bien se traîner jusqu’aux isoloirs, pour les moins concerné(e)s d’entre eux, comment voudrait-on que les électrices et les électeurs s’intéressent encore à la chose politique, quand les élu(e)s manifestent pareille indifférence à leur endroit?

Verviers de retour à la case-départ… ou à peu près


Alléluia, la ville de Verviers a retrouvé une stabilité politique: ce vendredi, une motion de défiance collective a renversé le collège communal mis en place au lendemain des élections communales de 2018, et qui associait le PS, le MR, et le Nouveau-Verviers, ce parti né d’une dissidence du MR de l’ex-Cité lainière, et il l’a remplacé par un nouveau collège associant un PS amoindri; les Indignés Verviétois qui réunissent des exclus ou démissionnaires du PS, le MR, le Nouveau-Verviers et le cdH, associé avec ces deux derniers dans un cartel improbable et promis à disparaître au plus tard en 2024.

Gai, gai, folle ville, embrassons-nous, l’avenir devient radieux ? Pas sûr, car il faudra d’abord rabibocher des partenaires qu’un an de combats acharnés, marqué de reniements en série, ne s’effacera pas en trois coups de cuiller à pot. Voire plus, car au cdH, certain(e)s ne doivent pas avoir oublié les coups bas du MR, et notamment de l’échevin Freddy Breuwer, sous la législature précédente.

Le PS, lui, est sorti laminé de cette année d’épreuve. Il a exclu la bourgmestre qu’il avait hissée sur le pavois, s’est aliéné son ancien président fédéral qui reste échevin pour vingt mois encore, a perdu une jeune conseillère dégoûtée des manœuvres qui se sont déroulées en interne, et le voilà maintenant privé du soutien de celui qui est devenu l’ancien président du CPAS et de trois élu(e)s socialistes qui lui sont resté(e)s fidèles.

Le président du CPAS est finalement écarté… comme la bourgmestre et le collège communal voulaient le faire l’an dernier

Cette issue laisse un goût amer à ces derniers, ainsi qu’à toutes celles et à tous ceux qui ont vécu, de près ou de loin, depuis un an, les soubresauts d’une crise politique dont la seule issue honorable aurait été un retour aux urnes… dont personne parmi les élu(e)s ne voulait, sans doute notamment par crainte d’un progrès marquant de l’extrême-droite qui n’aurait pas eu besoin de faire campagne pour capitaliser le mécontentement populaire.

Ce qu’il faut bien constater aujourd’hui, c’est que le PS a écarté lui-même le président du CPAS de son poste… comme voulaient le faire, l’an dernier, la bourgmestre et tou(te)s les autres membres du collège communal.

D’où les questions qu’on peut poser: pourquoi la bourgmestre a-t-elle été exclue de son propre parti à l’instigation notamment de son président national, pourquoi des membres du collège communal ont-ils subi des pressions intolérables pour revenir sur leur signature, pourquoi un bourgmestre éphémère a-t-il été mis en place de manière irrégulière, et pourquoi les politiques verviétois ont-ils consacré l’essentiel de leur temps, depuis un an, à sortir de ce foutoir plutôt que de gérer la ville… si c’est pour en revenir ainsi au point de départ ?

Il reste à la « nouvelle » majorité moins d’une demi-mandature pour tenter d’enrayer la paupérisation et la désertification commerciale de Verviers: c’est fort peu, si on s’en réfère aux tensions internes qui la traversent. Les optimistes rétorqueront que les mariages de raison durent parfois plus longtemps que les mariages d’amour. Parfois…

Un an plus tard, l’imbroglio politique se prolonge à Verviers


Selon un vieil adage wallon, un nouveau balai balaie toujours mieux qu’un ancien. Et la nouvelle présidente de la fédération verviétoise du PS, Valérie Dejardin, espérait bien, avec le puissant appui de son homologue liégeois, le ministre communautaire Frédéric Daerden, sortir le PS verviétois du marasme dans lequel il est plongé depuis près d’un an, et, par vie de conséquence, du marasme dans lequel les déchirements au sein d’un parti qu’un slogan, jadis, affirmait « fort et uni » a plongé la ville de Verviers.

On se demande néanmoins quelle mouche avait piqué Valérie Dejardin quand elle a tenté (sur ordre du boulevard de l’Empereur?) de relancer l’idée d’un remplacement de la « bourgmestre renégate », Muriel Targnion, par Malik Ben Achour, député fédéral à la suite de la nomination de Frédéric Daerden au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qu’on dit par ailleurs peu intéressé par l’écharpe mayorale de l’ancienne Cité lainière. Bourgmestre elle-même de Limbourg, la présidente de la Fédération verviétoise du PS aurait dû pressentir qu’elle courait droit au fiasco.

A moins qu’elle ait voulu procéder par une démonstration par l’absurde?

Elle n’a en tout cas pas trouvé une majorité d’élu(e)s de ce qui reste du PS au conseil communal de Verviers pour appuyer sa proposition. Et on s’oriente donc vers une nouvelle proposition qui prévoirait le maintien de Muriel Targnion. exclue du PS, au mayorat de Verviers jusqu’à la fin de la mandature.

Statu quo ante? Pas vraiment!

On efface donc tout et on en revient à la situation qui prévalait il y a un an, avant que Muriel Targnion, avec le soutien d’une majorité du groupe socialiste au conseil communal de Verviers et de ses partenaires de majorité, ne tente d’éjecter le président du CPAS, Hasan Aydin, de son poste?

Euh, pas vraiment car dans l’aventure, Alexandre Loffet. président débarqué de la Fédération verviétoise du PS, perdrait son mandat d’échevin.

Et pour le reste, on peut cibler:

• Hasan Aydin devrait rester en place. Certes, les relations du président du CPAS avec ses collègues du collège communal de Verviers se sont détendues, mais il nourrit peut-être toujours un espoir d’accéder au fauteuil mayoral. Et le CPAS continue à réclamer à la ville des suppléments de moyens qu’elle ne peut lui concéder

• Des échevins(e)s, notamment socialistes, doivent continuer à travailler avec une bourgmestre qu’elles ont allègrement trahie avant de se rendre solidaires de son exclusion du PS, forcée dans des conditions à tout le moins discutables.

• La ville de Verviers garde une bourgmestre dont on disait, à l’époque où elle présidait le conseil d’administration d’Enodia (où elle a défendu mordicus la gestion calamiteuse de l’administrateur-délégué de Nethys, Stéphane Moreau, ce qui l’a placée dans le viseur du président du PS, Paul Magnette) que la gestion de sa ville ne semblait plus être sa priorité première.

C’est donc un attelage de bric et de broc qui risque donc rester en place à Verviers jusqu’en 2024. Une ville qui, pour rappel, se paupérise chaque jour un peu plus et dont les commerces ferment en série.

Pour en sortir par le haut, deux solutions auraient été envisageables. Une nouvelle élection d’abord, qui aurait permis de rebattre les cartes, mais pour cela, les échevin(e)s auraient dû avoir le courage de démissionner en bloc. Ou alors, puisque les déchirures au sein du PS ont fini par paralyser la ville, la mise sur pied d’une coalition renvoyant le PS dans l’opposition. Là aussi, il aurait fallu du courage politique. Du côté des « verts » verviétois notamment….

Échec et mat aux pontes verviétois et au président du PS francophone


Les dés sont donc tombés à Verviers: le député fédéral Malik Ben Achour ne ceindra pas une écharpe mayorale à laquelle, dit-on, il n’était pas fondamentalement attaché: l’homme-lige du président du PS, Paul Magnette, s’est non seulement révélé incapable de trouver une majorité parmi les dix des treize élu(e)s qui subsistaient au sein du groupe socialiste au conseil communal de la Cité lainière, pour réenclencher une procédure hasardeuse qui lui aurait permis de remplacer Muriel Targnion au fauteuil mayoral, mais en plus, il a réussi à provoquer une nouvelle scission au sein du parti, qui se décompose désormais en trois groupes: les «Indignés verviétois», à savoir la bourgmestre et l’échevin Alexandre Loffet, exclus du PS, et la conseillère Laurie Maréchal, qui en a démissionné; le «groupe Aydin», qui rassemble cinq élu(e)s fidèles au controversé président du CPAS, Hasan Aydin; et cinq «orthodoxes», dont Malik Ben Achour lui-même.

Dix mois après la première déflagration, qui avait vu la bourgmestre tenter d’éjecter de son poste un président du CPAS, devenu infréquentable aux diverses composantes de la majorité alors en place (PS-PR-Nouveau Verviers), et les réactions en cascade, téléguidées depuis le boulevard de l’Empereur, siège du PS francophone, que cette initiative avait provoquée, on en revient au point de départ: Muriel Targnion est plus que jamais en place; Hasan Aydin continue à présider le CPAS, et les autres partenaires de majorité, avec ou non le cdH de l’ancienne Cité lainière, vont devoir tenter de gouverner la ville jusqu’aux prochaines élections communales en 2024.

Qui porte la responsabilité de cet échec?

Malik Ben Achour et Muriel Targnion se rejettent déjà par médias interposés la responsabilité de cette mauvaise farce. Plus globalement, et même si le MR et le cdH verviétois ont été et sont toujours traversés par de profondes divergences internes, c’est au sein du Parti socialiste de Verviers, et de la fédération Wallonie-Bruxelles qu’il faut chercher la responsabilité de ce fiasco qui laisse stagner une ville en phase de paupérisation et dont le centre-ville prend depuis des années des allures de désert commercial.

Le problème, au départ, était à la fois simple et délicat pour le PS. Muriel Targnion s’était déconsidérée, à la présidence d’Enodia, l’intercommunale faîtière de Nethys, par sa défense aveugle de la gestion de la société par son ancien administrateur-délégué, Stéphane Moreau, désormais aux prises avec la Justice. Hasan Aydin, lui, s’était signalé par son manque de collégialité, par son dédain des règles administratives et de certains prescrits légaux – par exemple quand il avait mobilisé du personnel du CPAS au profit de ses permanences sociales et de celles de l’échevin Antoine Lukoki – et par sa misogynie affichée.

La logique aurait voulu que le parti les écarte tous deux, quand Muriel Targnion, soutenue au départ par une majorité du groupe socialiste encore uni au sein du conseil communal verviétois a pris l’initiative d’une motion de défiance à l’endroit du président du CPAS. C’est alors que les choses se sont emballées, avec, in fine, l’exclusion de la bourgmestre des rangs du parti; celle de l’échevin des Finances, Alexandre Loffet; le départ de la conseillère Laurie Marechal. Et la mise en œuvre d’une motion de défiance, battue ensuite en brèche par le Conseil d’État, qui a fait de l’ancien président du Parlement de la Communauté française, Jean-François Istasse, le bourgmestre verviétois le plus éphémère.

Toute cette procédure, mise au point ou à tout le moins approuvée par le président du PS, Paul Magnette, soutien indéfectible de Malik Ben Achour, s’est faite au mépris même des statuts du Parti socialiste: ni Muriel Targnion, ni Alexandre Loffet n’ont comparu devant l’instance qui aurait dû évaluer leur comportement, mais ils ont été directement attraits devant l’instance… d’appel. Sans que personne, au sein du parti, ni à Verviers, ni au niveau de la fédération, ni à Bruxelles ne s’émeuve de cette violation des droits de la défense.

Même liberté avec les statuts du PS, au niveau verviétois: les fidèles de la bourgmestre ont été débarqués du comité de l’Union Socialiste Communale (USC) et remplacés par une direction provisoire, conduite par le directeur général en congé de la ville, qui n’a pas été validée par une élection. Nécessité fait loi, disait-on. Le résultat est qu’aujourd’hui, on en revient au point de départ.

La stratégie de Paul Magnette visait de toute évidence à éviter, à Verviers, un nouveau cas «Emir Kir», avec le président du CPAS, Hasan Aydin, qui bénéficie d’un soutien ouvert de la communauté turque de Verviers, et au-delà, des organisations turques de Wallonie et de Bruxelles, ainsi qu’on avait pu le voir lors d’une manifestation houleuse précédant une réunion du conseil communal, en juin de l’année dernière.

«Plumer la poule sans la faire crier»

L’espoir de Paul Magnette était, selon une expression bien connue, de «plumer la poule sans la faire crier». En clair, de se débarrasser définitivement de Muriel Targnion avec la complicité active de Hasan Aydin, puis d’écarter ce dernier à la fois du mayorat qu’il pouvait revendiquer en tant que deuxième score de la liste, et de la présidence du CPAS. Ce fut l’épisode, cousu de câbles blancs, des candidatures pour un échevinat à rentrer récemment à l’USC, et que Hasan Aydin a éludé en rentrant un acte de candidature au… mayorat verviétois.

Tout ceci renvoie à d’autres responsabilités dans la déglingue du PS verviétois, et, par voie de conséquence, de la vie politique à Verviers. À commencer par celle de l’ancien bourgmestre Claude Desama, qui a pavé la voie à Muriel Targnion, pour faire barrage à Hasan Aydin, avant de la dézinguer, la jugeant indigne d’exercer sa succession.

C’est sous l’impulsion de Claude Desama, également que le PS verviétois, à l’instar de ce qu’il a fait à Bruxelles avec Emir Kir, est parti à la chasse au vote ethnique, au point qu’une jeune élue d’origine turque, Duygu Celik avait dénoncé un vote organisé dans les mosquées, après le scrutin de 2012. Cela lui avait valu un qualificatif très peu amène de Claude Desama, aussitôt démenti par celles et ceux qui avaient guidé le parcours de la jeune femme, aujourd’hui attachée au cabinet de la ministre wallonne, Christie Morreale, en sciences politiques à l’université de Liège.

L’épisode ne laissera pas des traces qu’au sein du parti socialiste verviétois: les instances de la fédération verviétoise sont en cours de renouvellement, puisque le président fédéral, Alexandre Loffet, a été défenestré du PS. La bourgmestre de Limbourg, Valérie Dejardin, et celle de Dison, Véronique Bonni, sont en lice pour la présidence, et l’une d’entre elles est notoirement farouchement hostile à la bourgmestre de Verviers. Ajoutons à cela que le député wallon theutois, André Frédéric, et l’échevin malmédien Ersel Kaynak ont été, avec le désormais ministre wallon Christophe Collignon, chargés d’une mission de médiation qui a fait long feu à Verviers, tandis que l’ancien ministre et bourgmestre de Dison, Yvan Ylieff; le député hervien et ancien secrétaire général de la FGTB, Marc Goblet; ou le député provincial, ancien bourgmestre de Welkenraedt et ancien président de la fédération verviétoise du PS, Claude Klenkenberg, dénonçaient les atteintes aux statuts qui ont émaillé le processus.

Il y a très longtemps, à l’époque où le PSB-BSP était encore uni au plan national, un de ses slogans de campagne était «fort et uni, sterk en eensgezind».

À Verviers, les adversaires du PS peuvent désormais paraphraser François Mauriac parlant de l’Allemagne, et dire qu’ils l’aiment tellement qu’ils sont heureux qu’il y en ait… trois.

En attendant, la ville de Verviers attend des initiatives politiques mobilisatrices…

Vérité d’un jour en bord de Vesdre, mensonge huit mois plus tard…


Le conseil communal de Verviers s’est réuni en présentiel ce mercredi soir, car l’événement était d’importance: les élus de l’ancienne Cité lainière étaient invités à retirer la motion de méfiance mixte qu’ils avaient approuvées le 21 septembre 2020, pour écarter la bourgmestre PS, Muriel Targnion, et la remplacer par l’éphémère mayeur Jean-François Istasse. Ce qui supposait une autre motion de méfiance, alambiquée celle-là, pour écarter de la magistrature suprême Hasan Aydan, président du CPAS et successeur naturel de la bourgmestre défenestrée, mais le réinstaller tout de même à la tête du Conseil de l’aide sociale.

Le retrait de cette motion devait permettre de contourner le prescrit du Code wallon de la démocratie locale, qui impose un délai d’un an entre le dépôt de deux motions de méfiance, et la voie sera dès lors libre à Malik Ben Achour, grand instrumentaliste de cette machinerie, de devenir à son tour bourgmestre, le 26 avril. Si toutefois aucun grain de sable ne vient gripper la mécanique, et sous réserve que le Conseil d’État, s’il est à nouveau saisi du problème, n’y déniche pas une autre défaillance juridique.

L’événement n’a finalement pas eu lieu, puisque… Malik Ben Achour lui-même a demandé le report du vote sur ce point. Il faut dire que seuls vingt-six élus se sont retrouvés en séance, et que le groupe socialiste, fort en principe de treize mandataires, était privé de ses exclu(e)s, Muriel Targnion, Alexandre Loffet, et Laurie Maréchal, ce qui n’en laisse plus que dix. Mais que les absences de l’échevin Antoine Lukoki; du président du CPAS, Hasan Aydin; et des conseiller(e)s Chimaine Nangi, Saïd Naji, et Mohammed-Anass Gallass ne laissaient subsister que cinq représentant(e)s. Mais sans doute n’est-ce que partie remise? Et l’installation d’une nouvelle majorité renvoyée… aux calendes grecques?

La motion de méfiance à l’égard de Muriel Targnion n’en reste pas moins, comme l’a rappelé mon ancien confrère Franck Destrebecq, dans le journal qui m’employait et ne me rémunérait pas assez à mon goût (air connu) (https://www.lavenir.net/cnt/dmf20210413_01572015/nouvelle-majorite-le-26-avril-peut-etre), motivée par «la mise en péril de la majorité sur base de la scission du groupe PS (…) à la suite d’une tentative de motion de méfiance individuelle avortée, déposée le 7 juillet 2020, à l’égard d’un de ses membres, Monsieur Hasan Aydin (PS), président du CPAS».

L’épisode a valu à la bourgmestre verviétoise d’être exclue du PS, au terme d’une procédure à dire vrai très peu orthodoxe, orchestrée par le président du parti, Paul Magnette, qui s’est rangé derrière le député fédéral verviétois, toujours en place en attendant de devoir démissionner du Parlement fédéral, s’il ceint l’écharpe mayorale à Verviers.

Dans la foulée, l’échevin Alexandre Loffet a, lui, été suspendu par le parti, tandis que la jeune conseillère Laurie Maréchal, écœurée par ces manœuvres de coulisse, en a démissionné, non sans avoir au préalable exigé, avec un certain panache, que son portrait de jeune élue soit retirée de la devanture du siège du PS, Boulevard de l’Empereur à Bruxelles.

«Expressément»

La quadrature du cercle, pour le PS verviétois, est de confirmer la mise à l’écart de Muriel Targnion, tout en instrumentalisant l’exécution de Hasan Aydin qui, non seulement ne se verra pas confier le mayorat, mais va, si l’ingéniérie politicienne mise en place par ses propres «amis» aboutit, perdre aussi la présidence du CPAS.

L’astuce? Reprendre, comme l’a évoqué mon ancien collègue, les termes de la motion de méfiance individuelle déposée à son égard par les conseillers socialistes qui avaient soutenu Muriel Targnion en juillet 2020, avant de se «raviser» opportunément par la suite.

«Pour rappel, cette motion comportait cinq pages d’argumentaire (auxquelles les signataires de la présente motion renvoient expressément)» explique le texte de la nouvelle motion de méfiance collective qui sera soumise aux élu(e)s verviétois(es) le 26 avril prochain.

Il était question, a rappelé Franck Destrebecq, «d’un certain nombre d’opérations problématiques au regard des règles», de «décisions que nos considérons non conformes à la loi»; «d’inconduite d’Hasan Aydin envers ses collègues», d’«accusations diffamatoires lancées publiquement à leur encontre» et de « pratique de l’insulte et de l’intimidation, en particulier envers les femmes qui s’engagent en politique» (qui) «ne fait pas partie de nos valeurs».

Cohérence?

Pour les partis actuellement associés au PS dans la gestion (?) de la ville de Verviers, le MR, le NV (Nouveau Verviers), ainsi que pour le cdH, invité à s’unir à l’attelage, le texte ne doit pas poser de problème, puisqu’ils s’étaient déjà ralliés au projet de motion déposé par Muriel Targnion à l’endroit de son président de CPAS.

Mais, au sein du PS, il faudra tout de même une sérieuse explication pour justifier pourquoi le dépôt d’une motion, en juillet 2020, a valu à la bourgmestre socialiste de Verviers d’être exclue de son parti et d’être chassée de sa fonction, alors qu’en avril 2021, le vote d’une même motion permettra à un autre élu socialiste de reprendre son écharpe, avec la pleine approbation du président du PS lui-même!

Muriel Targnion a-t-elle eu le tort d’avoir raison trop tôt? Notre impression est plutôt que ces mois d’empoignades politiciennes à Verviers qui font honte à la démocratie avaient pour seul but d’écarter de sa fonction une bourgmestre dont l’action, notamment en tant que présidente du conseil d’administration de Nethys, avaient heurté de front la volonté présidentielle de se débarrasser de l’image désastreuse collée à son parti par la gestion calamiteuse de l’intercommunale liégeoise et de ses filiales. Et que les reproches formulés à l’égard du président du CPAS étaient fondés. Mais alors, pourquoi n’avoir pas pris l’initiative, il y a un an, alors que la gestion d’une ville de plus en plus paupérisée et vidée de ses commerces requérait déjà l’urgence?

L’impasse constatée depuis des mois n’aurait-elle pas justifié par ailleurs l’envoi à Verviers d’un(e) commissaire spécial(e), voire, devant l’impasse prolongée, une démission collective des bourgmestre et échevin(e)s, et un retour aux urnes anticipé pour rebattre les cartes?

La procédure utilisée ici, au mépris des statuts internes du PS, prend tellement des allures de «chasse à la sorcière»; la reprise des arguments que Muriel Targnion à l’égard de celui qui a réaffirmé son droit à exercer le mayorat témoigne d’un tel cynisme que la confiance du public dans l’institution communale mettra longtemps à se rétablir. Et risque de bénéficier aux populistes de tous poils, qui n’auront qu’à se baisser pour ramasser les suffrages des déçus de la démocratie.