Une nouvelle leçon d’héroïsme


Une nouvelle fois, une jeune nous a donné à tous une leçon d’héroïsme ce week-end: en tentant de sauver la vie d’Antoine, dont le corps a été repêché dans la Meuse ce lundi, Edwige Wiliquet a risqué sa propre existence. Car sans la réaction rapide des deux ouvriers communaux hutois, qui ont eu la présence d’esprit de courir à la chambre de visite la plus proche de l’avaloir dans laquelle le flot impétueux de l’Homme sauvage, le ruisseau transformé en torrent, l’avait entraînée, elle et l’enfant du patro des Ti-Loups, dont elle est une des monitrices, on n’ose imaginer ce qui lui serait arrivé.

Edwige WiliquetSur le moment, cette brillante étudiante en médecine n’a  sans doute pas réfléchi à son geste, mais n’est-ce pas le propre des actes héroïques? Cela veut simplement dire que pour elle, ce geste était naturel.

Il ne va pas sans rappeler celui des malheureux étudiants amoureux Vicky et Alexis, morts dans l’explosion au gaz de la rue Léopold, à Liège, le 27 janvier 2010: coincés sous les décombres, ils ont indiqué un enfant à dégager, tout près d’eux, aux pompiers qui venaient à leur secours, et sont morts quelques instants plus tard, dans l’effondrement des deux immeubles.

En d’autres temps, heureusement désormais lointains, d’autres ont instinctivement porté secours, eux aussi, à des Juifs traqués par les tueurs nazis: cela leur a valu d’être proclamés  plus tard «Justes parmi les Nations».

Ce témoignage de solidarité, aux antipodes des messages de haine diffusés à foison aujourd’hui soit par les criminels islamistes, soit par les propagateurs de la xénophobie d’extrême-droite, fait chaud au cœur. Mais pour Edwige Wiliquet, et ses proches que j’ai l’honneur de connaître, c’est peut-être maintenant que l’épreuve va devenir la plus difficile. Quand elle va revivre le drame qu’elle a traversé. Quand elle va, peut-être, et bien à tort, se reprocher de ne pas avoir réussi à sauver Antoine. Voire, comme des survivants des camps de concentration, se demander pourquoi elle, elle a survécu… Puisse-t-elle bénéficier de tout le soutien psychologique dont elle aura besoin, si elle passe (ou quand elle passera) par ces stades, qui pourraient marquer chez elle le contre-coup de l’événement.

Dans un autre billet de ce blog, j’avais indiqué que la véritable noblesse se situait ainsi dans des actes de la vie quotidienne, bien plus que dans les titres héréditaires venus du passé, ou les promotions accordées annuellement par le Palais Royal. Sa modestie naturelle dût-elle en pâtir, on ne devrait plus appeler Edwige Wiliquet que «grande dame»!