Dans le monde bancaire, les vaches courent en liberté


Dorénavant, le panneau de BNP Paribas Fortis côtoie celui de BPost sur les bureaux postaux

Deux visites dans un bureau de BPost, ces deux dernières semaines, pour des opérations banales comme le dépôt d’un recommandé, ou l’achat de timbres, et à chaque fois, une file qui m’a obligé à patienter «un certain temps». Sans énervement, car le personnel postal était extrêmement aimable, et aidait de son mieux les anciens clients de la Banque de La Poste, aux prises avec les problèmes que leur posait le passage sous la bannière de la BNP Paribas Fortis, dont l’enseigne, désormais côtoie celle de BPost sur tous les bureaux du pays.

Les employé(e)s de BPost avaient bien du mérite, car leur formation à cette nouvelle fonction d’agents bancaires avait été expéditive. «C’est comme si on nous avait appris à faire du vélo sans vélo» avait confié l’un d’entre eux.

Lors de mes deux visites, l’accueil que j’ai reçu a été extrêmement positif, dans la mesure où les opérations que je requérais étaient strictement postales, et pas d’une complexité extrême.

Le passage de la Banque de La Poste à BNP Paribas Fortis interpelle néanmoins sur plusieurs points.

D’abord parce que, même s’ils (elles) ne sont pas forcément les plus nombreux(ses), les client(e)s de la Banque de La Poste, qui l’avaient choisie parce qu’elle était une banque publique, se sont retrouvé(e)s du jour au lendemain client(e)s d’une banque privée française, sans avoir le choix de réagir. Bien sûr, il leur était loisible de changer d’organisme bancaire, mais au prix de démarches qui ne les tentaient sans doute pas forcément.

Ensuite parce que, son réseau s’étant ainsi considérablement étoffé, on peut supposer que BNP Paribas Fortis va poursuivre sa politique, qui n’est pas la seule du secteur bancaire, de fermeture d’agences, et de licenciements de personnel, qui lui coûte par définition beaucoup plus cher que le personnel de La Poste, qu’elle ne rémunère pas.

Enfin, et ce n’est pas le moindre paradoxe, parce que, tandis que les agents de BPost se muent ainsi en agents bancaires, de nombreux(ses) employé(e)s de moyennes surfaces, où sont implantés des «Points Poste» ajoutent à longueur de journée un travail… d’employé(e) de BPost à leur boulot de caissier(e) ou de réassortisseur(se). Sans être rémunéré, on le suppose, pour ce travail additionnel. Une situation où on se dit qu’on marche décidément sur la tête!

Selon un vieux dicton campagnard, si chacun est à sa place, les vaches seront bien gardées. Dans le secteur bancaire, manifestement, les vaches commencent à courir en liberté…

Voyager en avion, l’aventure estivale!


Cette saison estivale 2022 qui devait marquer, pour les compagnies aériennes, l’amorce de la reprise, après deux années de vaches très maigres dues à la pandémie de Covid-19, est progressivement en train de virer au cauchemar: après la grève qui a cloué au sol les appareils de Brussels Airlines, du 23 au 25 juin dernier, ce sont les pilotes et le personnel de cabine de Ryanair qui ont débrayé les 24, 25 et 26 juin.

Et ce n’est pas fini: puisque le patron de la compagnie low-cost irlandaise, Michael O’Leary, se refuse à toute discussion, ses pilotes vont remettre cela ces prochains 23 et 24 juillet. Les annulations de vols risquent à nouveau de se succéder en cascade!

Cet été qui devait marquer le redémarrage du tourisme aérien est décidément bien perturbé

La Belgique n’est pas le seul pays frappé: partout en Europe, des mouvements sociaux perturbent le secteur: la France, l’Espagne, le Royaume-Uni notamment, sont tour à tour frappés. Le personnel aérien, qui a accepté de se serrer la ceinture pendant deux ans, réclame le retour à la normale; les compagnies, qui n’ont pas encore renoué avec le profit, n’y sont pas encore prêtes. La solution, chez Brussels Airlines, a été la suppression de quelque 700 vols cet été.

Est-ce la raison pour laquelle un appareil qui opérait deux rotations sur Porto ce dimanche n’a pas redécollé de la cité lusitanienne pour ramener des voyageurs dans la capitale belge, et en ramener d’autres vers le Portugal? Officiellement, c’est de maladie frappant plusieurs membres de l’équipe de cabine qu’il a été question. «Nous n’avons aucune raison de mettre cette parole en doute. Mais, faute de personnel suffisant, on ne peut faire voler un avion», nous a-t-on expliqué chez Brussels Airlines.

Les passagers en attente à Bruxelles se sont vu conseiller de rentrer chez eux, et il leur a été remis un formulaire leur permettant de postuler les indemnités dues en vertu de la directive européenne sur les droits des passagers aériens (https://europa.eu/youreurope/citizens/travel/passenger-rights/air/index_fr.htm).

«Pendant la période estivale, il n’y a pas pas d’appareil « de réserve » qui peut pallier une défaillance de ce type», nous a-ton également précisé. «Comme la plupart des appareils sont complets, il est difficile par ailleurs de recaser les passagers sur un autre vol. C’est pourquoi nous conseillons aux voyageurs qui ont leur résidence en Belgique de rentrer chez eux, dans l’attente d’une solution de rechange. Pour les passagers qui n’ont pas de résidence en Belgique, la compagnie offre un séjour à l’hôtel», conformément au prescrit de la réglementation européenne… que toutes les compagnies, notamment low-cost, n’appliquent pas alors que le texte s’impose à elles également.

Dans le même temps, Brussels Airlines se voyait obligée d’offrir le même service aux passagers belges qui auraient dû rentrer de Porto: quand on vous disait que cette saison estivale était loin d’être celle du redémarrage idéal…

Les passagers ainsi privés d’une escapade ou de vacances dans le nord du Portugal se sont vu ou se verront proposer un autre vol ou un remboursement si cette alternative ne comble pas leur attente.

D’autres, qui avaient par exemple un séjour réservé à l’hôtel, ou qui devaient participer à une croisière fluviale sur le Douro «peuvent faire jouer leur assurance en annulation» conclut-on chez Brussels Airlines. Autant dire, donc, que les voyageurs aériens, surtout en cette période agitée, ont intérêt à être bien assurés en la matière. À moins qu’ils soient passés par une agence de voyage sympa, mais qui se passerait volontiers de pareille tuile, après avoir également subi la pandémie, puis les retombées de la guerre en Ukraine!

Le ciel, décidément, reste plombé pour l’instant! L’occasion de découvrir d’autres façons de voyager, peut-être moins énergivores?

Le PSG et le Bayern sacrés sans gloire le même jour


Les «ultras» du PSG sont sortis du Parc des Princes pour fêter leur titre, tout en critiquant leurs joueurs et les dirigeants du club

Deux championnats européens de football ont connu leur épilogue le même jour, ce samedi: en Allemagne, le Bayern de Munich, en disposant de son dernier rival, le Borussia Dortmund (3-1) a assuré son trente-deuxième titre, et son dixième sacre d’affilée, tandis qu’au Parc des Princes, à Paris, le Paris Saint-Germain conquérait son dixième titre, égalant ainsi le record établi en 1981 par l’AS Saint-Étienne, l’équipe mythique des «Verts».

Si les supporters bavarois ont fêté l’événement dans l’«Allianz Arena» – rebaptisée en Allemagne «Arroganz Arena» par toutes celles et tous deux qu’insupporte cette domination sans partage du club munichois – à Paris, c’est par un petit nul médiocre contre le RC Lens que les protégés de Maurizio Pocchetino se sont mis à l’abri de tout retour d’un adversaire. Et au moment du but égalisateur des Nordistes, les «ultras» du PSG avaient déjà déserté le stade, pour aller saluer le sacre en-dehors du Parc des Princes. Une manière pour eux d’exprimer leur mécontentement tant à l’égard des joueurs que de la direction qatarie du club de la capitale française.

Un de leurs attaquants vedettes (???), Neymar, les a critiqués pour leur réaction. Et pourtant, même si les membres des clubs «ultras» des différents clubs de la planète foot ne brillent pas nécessairement par leur intelligence, on doit dire que, là, une fois de plus, la vox populi a eu raison.

D’abord parce que fêter un titre après un petit match nul contre une formation montant de Ligue II, même si elle reste sur une remarquable saison, n’a rien de très glorieux. Surtout pour un club aux moyens tellement disproportionnés face à la concurrence, que, hors accident l’une ou l’autre année, comme l’AS Monaco en 2017 ou le LOSC (Lille), l’an dernier, personne, en France, ne peut plus rêver du titre.

Champions d’Allemagne, oui, mais balayés en Ligue des Champions

Et puis parce que le Paris Saint-Germain avait construit une équipe pour, pensaient ses dirigeants, enfin décrocher la Ligue des Champions. Et les supporters, dont les «ultras» y croyaient. Et patatras, une fois de plus, le rêve parisien s’est fracassé en huitièmes de finale de l’épreuve, à la faveur de la remontada du Real Madrid au stade Santiago Bernabeu.

Unay Emery, viré à Paris, victorieux à Villareal

Les sympathisants du Bayern feraient bien d’y réfléchir en Bavière. Car si leurs favoris ont à nouveau écrasé la concurrence pour coiffer les lauriers pour la dixième fois d’affilée, là aussi, ils n’ont aucun mérite, puisque les moyens du club sont nettement supérieurs à ceux de tous leurs concurrents. Mais là aussi, la Ligue des Champions s’est conclue sur un flop, avec une élimination sans gloire, à Munich même, face aux Espagnols de Villareal, entraînés par Unay Emery, un ancien entraîneur du PSG, limogé il y a quelques années pour… n’avoir pas remporté la plus prestigieuse des compétitions européennes.

Ces éliminations précoces de deux clubs qui règnent sans partage sur leur compétition nationale n’est peut-être par le fruit du hasard. Car à force de disputer chez eux des rencontres qu’ils finissent toujours par l’emporter, sans devoir nécessairement forcer leur talent, leurs joueurs finissent forcément par «coincer» lorsqu’ils doivent aller chercher le meilleur d’eux-mêmes, lors de confrontations avec des adversaires de haut niveau.

Il y a des exceptions, bien sûr. Comme quand le Bayern de Munich a battu… le PSG en finale de la Ligue des Champions. Mais globalement, c’est l’émulation qui amène dans le dernier carré des compétitions européennes des clubs qui, dans leur championnat national, font face à la plus rude concurrence.

En tout cas, cette année, la compétition continentale se résume à des duels hispano-britanniques. Car tant en Espagne qu’au Royaume-Uni, le championnat national continue à faire l’objet d’une lutte acharnée. Entre clubs hyper-friqués, là aussi. Car l’argent, qu’ils viennent des oligarques russes ou des pétromonarchies, se porte toujours là où il peut rapporter le plus.

Chelsea subit les sanctions infligées à Roman Abramovitch et aux autres oligarques russes

À la longue, le modèle va forcément s’user et la bulle risque d’éclater. Car quel intérêt représente encore une compétition nationale dont le vainqueur est déjà connu au coup d’envoi?

Tôt ou tard, les télévisions vont se détourner de ces compétitions dévaluées. Et la manne financière se réduira, précipitant peut-être sans les abîmes certains des clubs-stars de notre époque. Peut-être pas en Allemagne, où le règlement impose une présence majoritaire de propriétaires allemands dans les clubs. Mais les problèmes qui attendent Chelsea, par exemple, dont le propriétaire actuel, Roman Abramovitch, subit les sanctions mondiales qui frappent les oligarques russes après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, sont là pour montrer la base mouvante sur laquelle ces clubs reposent.

Thomas Tuchel, viré au PSG, vainqueur de la Ligue des Champions avec Chelsea…

Chelsea qui, soit dit au passage, a remporté la Ligue des Champions l’an dernier sous la conduite de Thomas Tuchel, un entraîneur viré par le PSG parce qu’il n’avait pas réussi à lui faire conquérir la coupe aux longues oreilles…

Cette dérive illustre parfaitement la déchéance d’un football gangrené par le fric, comme l’ont démontré les enquêtes réalisées en Belgique dans des dossiers de corruption et de fraude fiscale à grande échelle, décelés dans le monde du football professionnel. Ou les procès à venir qui attendent, en Suisse, Sepp Blatter, ancien président de la FIFA et Michel Platini, ex-président de l’UEFA, qui tous deux, bénéficient de la présomption d’innocence, mais qui n’en devront pas moins s’expliquer sur des transferts d’argent suspects.

On attend, maintenant que la Justice fasse son œuvre à tous les niveaux, ce qui est loin d’être gagné d’avance, tant les dossiers financiers sont complexes à dénouer, et tant les magistrats spécialisés sont peu nombreux dans les divers pays européens.

Certes, l’argent domine le football depuis longtemps. Au début des années 1960, le Real Madrid, avec l’appui du pouvoir franquiste, dominait le football espagnol et le football européen. Et la tendance à idéaliser le passé ne date pas d’hier: comme disaient déjà les Romains, la République n’était jamais aussi belle que sous l’Empire.

Il n’empêche, les écarts, à l’époque, n’étaient pas aussi flagrants qu’aujourd’hui. Et les clubs se succédaient à la tête du football européen: après le Real, il y eut l’Ajax Amsterdam magique du début des années 1970, avec… une quasi-exclusivité de joueurs néerlandais de grand talent (Johan Cruyff; Ruud Krol, Johan Neeskens, Arie Haan, etc.). Puis le Bayern de Munich qui alignait presque exclusivement des joueurs bavarois (Sepp Mayer; Franz Beckenbauer; Georg Schwarzenbeck; Paul Breitner; Gerd Müller etc..).

Les «Verts» ont marqué leur décennie

L’AS Saint-Étienne, qui a échoué d’un rien dans la conquête de la coupe d’Europe des clubs champions, a fait alors chanter «Allez les Verts» par toute l’Europe. Et si cette équipe mythique, entraînée par Robert Herbin alignait Curkovic dans le but, et Piazza en arrière central, elle y ajoutait les Gérard Janvion, Jean-Michel Larqué, Dominique Rocheteau («L’ange vert»), et autres Hervé et Patrick Revelli, le goléador à la moustache gauloise.

Conduite par Guy Roux, l’AJ Auxerre a fait la nique aux grosses cylindrées françaises

Et, de temps à autre, des petits Poucet venaient bousculer les hiérarchies les mieux établies.

En France, l’AJ Auxerre, en 1996, sous la conduite de son mentor bourguignon, Guy Roux, coiffait les lauriers, à la surprise générale.

Chez nous, on se souvient de l’élimination, en 1983, du Paris Saint-Germain par un Waterschei THOR qui allait peu après être la victime principale de l’affaire de corruption entourant le match entre le Standard de Liège de Roger Petit et de Raymond Goethals, face à la même équipe limbourgeoise. Ou, en 1972, celle du grand Leeds par le Lierse, net vainqueur, à Elland Road (0-4) face à… l’équipe réserve du club anglais, trop confiant après sa victoire à l’aller à la chaussée du Lisp.

On se rappelle aussi l’élimination, en 1979, du grand Inter de Milan par le SK Beveren, en quarts de finale de la coupe des vainqueurs de coupe: arrivant sur place, les joueurs italiens avaient cru que le Freethiel, où il allaient connaître leur Bérézina, était le… stade d’entraînement de leur adversaire. Au tour suivant, en demi-finales, les coéquipiers du jeune Jean-Marie Pfaff ne pourront rien face au FC Barcelone, futur vainqueur de l’épreuve.

On n’oubliera pas la finale de la coupe des vainqueurs de coupe, perdue en 1981 par le Standard de Liège au Camp Nou, face à… Barcelone, dans des circonstances qui suscitent toujours la controverse. Ni la victoire du Club Brugeois contre Liverpool, en finale de la coupe de l’UEFA en 1976, puis sa défaite, en finale de la coupe d’Europe des clubs champions, contre le même club, en 1978. Et les victoires du Sporting d’Anderlecht en finales de la coupe des coupes, en 1975, face à West Ham, et en 1978, devant l’Austria de Vienne, et de la coupe de l’UEFA, en 1983, face à Benfica.

Aujourd’hui, plus aucun club belge ne peut envisager une victoire européenne. Ni aucun club néerlandais, polonais, tchèque, slovaque, autrichien, suisse, croate, serbe, suédois, norvégien etc…. Tout est prévu pour empêcher un petit Poucet de venir perturber l’harmonieuse distribution de pognon entre les principaux clubs continentaux.

Au fait, oui, la République footballistique apparaît bien belle, sous l’Empire…

Le choix de la traction hippomobile en 2035?


Que la lutte contre le réchauffement climatique doive devenir une priorité politique absolue est un fait qui ne devrait plus faire l’objet de contestations: les dérèglements observés sur la planète entière cet été soulignent l’urgence des conclusions alarmistes des experts du GIEC (Groupe d’Experts Internationaux sur le Climat). Faut-il encore ne pas confondre urgence et précipitation; générer les comportements vraiment réducteurs d’émissions de gaz à effets de serre; exiger des efforts des plus gros pollueurs et non s’acharner sur les citoyens en priorité; et veiller à ce que des effets pervers ne fassent perdre toute crédibilité aux décideurs.

La Commission européenne, on le sait, a décrété qu’à partir de 2035, plus aucun véhicule à moteur thermique, y compris les véhicules hybrides, ne pourraient être mis en vente en Europe. Fort bien, mais d’ici là, pourquoi ne pas favoriser l’usage de moteurs hybrides?

Les usagers qui roulent au CNG (gaz naturel compressé) s’inscrivent dans la logique de réduction des émissions nocives: un véhicule roulant au CNG émet en effet 11% de gaz à effets de serre et 90% d’oxydes d’azote en moins qu’un véhicule roulant au carburant fossile. Par rapport à un véhicule diesel, il émet 77% de particules fines en moins. Le problème est qu’en Belgique, les pompes permettant de s’alimenter en CNG sont rarissimes.

Pire, les pompes dont l’ouverture est annoncée depuis des mois, parfois plus d’un an, dans des stations spécialisées, sur le parking de grandes surfaces, se font désormais plus attendre que la soeur Anne de l’épouse du célèbre Barbe-Bleue, dans le conte éponyme.

Rien qu’en région liégeoise, une station à Herstal attend en vain d’être équipée depuis plus d’un an, tandis que d’autres, à Fléron et à Herve, reste désespérément en attente d’équipement elles aussi. Les usagers doivent ainsi aller faire leur plein à… Tongres. Autant dire qu’au kilomètre parcouru, les réductions de pollution annoncées se… réduisent comme peau de chagrin.

L’électricité marche à reculons

Plus grave, dans sa course à la neutralité climatique pour 2050, l’Union Européenne a mis quasiment tous ses œufs dans le même panier, puisque pour les particuliers, son option prioritaire, sinon exclusive, pour 2035, sera la généralisation des véhicules électriques.

Inutile de revenir, ici, sur les défaillance écologiques graves de ce type de véhicule, comme l’impossibilité de recycler ses batteries, ou le recours à des minéraux rares, et donc en voie rapide d’extinction, nécessaire à la production de ces batteries: nous les avons déjà évoquées. Comme nous avons dénoncé à de multiples reprises les conditions inhumaines dans lesquelles des mineurs artisanaux, dont de nombreux enfants, doivent extraire ces minéraux rares en Afrique centrale, souvent au péril de leur vie, et pour des salaires de misère: l’Union Européenne, qui rappelle ses valeurs, notamment à ceux de ses États-membres qui ne les respectent pas scrupuleusement ou semblent s’en écarter, paraît nettement moins combative lorsqu’il s’agit d’en faire bénéficier des populations africaines. Quant à l’industrie automobile, si elle avait la moindre préoccupation humanitaire, on l’aurait sur depuis longtemps.

Beaucoup moins écologiques qu’on ne l’affirme généralement; grevée d’un bilan sociétal désastreux, la voiture électrique, par ailleurs, est d’un coût inabordable pour de nombreux usagers européens. Sans doute la Commission spécule-t-elle sur le fait qu’une production massive, à l’approche de 2035, en fera baisser le coût, mais ce postulat est loin d’être démontré.

Et puis la voiture électrique est particulièrement peu efficace en termes de… mobilité. En témoigne notamment cette histoire rapportée dernièrement par l’hebdomadaire satirique français Le Canard Enchaîné: celle d’un automobiliste à la conscience écologique extrêmement affûtée, et qui a choisi un véhicule 100% électrique, précédant ainsi de près de 15 ans le vœu de la Commission.

Oui, oui, vous l’avez bien lu, pour parcourir 260 kilomètres, avec une automobile électrique censée disposer d’une autonomie de 340 kilomètres, un usager français a dû rouler pendant… sept heures, au lieu des trois habituellement nécessaire pour franchir la distrance. Car l’autonomie annoncée ne précise pas qu’il est interdit d’utiliser la climatisation du véhicule, même si la température s’élève à 50° C à l’ombre. Et omet de préciser qu’en cas de bouchons sur le trafic, cette autonomie se réduit comme peau de chagrin.

Cet usager a donc parcouru la distance à la vitesse phénoménale de 37,14 kilomètres à l’heure. Si l’on veut bien admettre qu’à pareille «vitesse», les risque d’accidents graves sont particulièrement réduits, on ne peut s’empêcher de frémir à l’idée du trafic automobile, à l’horizon 2035, quand la voiture électrique, imposée par la Commission, régnera en grande maîtresse sur les réseaux européens!

Autre témoignage éclairant qui m’a été transmis: https://www.facebook.com/TestAchats/posts/10160720054843275

Si l’évolution se poursuit de la sorte, il serait peut-être finalement opportun d’en revenir à la traction hippomobile, et à rétablir les relais-postes de jadis, où on procédait au changement d’attelage, beaucoup plus rapide, en l’occurrence, qu’un rechargement de batterie électrique. La vitesse se réduirait sans doute quelque peu, mais pas dans des proportions aussi graves que celles subies par le malheureux automobiliste, dont les convictions écologiques ont dû être sérieusement ébranlées par l’épisode.

En attendant, on continue à véhiculer le dogme selon lequel un moteur à hydrogène serait capable d’équiper des poids lourds, des bus ou des autocars, sans parvenir à démontrer qu’il ne serait pas plus efficace encore pour des véhicules individuels. Et la condamnation à mort des véhicules hybrides reste sans appel.

Au fait, des statistiques démontent combien la pollution des grands tankers ou des énormes paquebots qui continuent à sortir des chantiers navals est bien plus importante que le trafic automobile. Mais bizarrement, c’est uniquement sur ce dernier que tombent les foudres de l’Union Européenne. Si vous avez une explication logique à ce comportement, je serais heureux d’en être informé….

Des voitures de société plus vertes? Plus rouges, plutôt!


Ainsi donc, à partir de 2026, seuls les véhicules de société entièrement électriques bénéficieront d’un avantage fiscal dégressif au fil du temps, ce qui, par voie de conséquence, obligera les détenteurs de ce type de véhicule à modifier leur installation électrique afin de pouvoir installer une borne de rechargement à leur domicile, aménagement pour lequel le gouvernement prévoit une déductibilité fiscale de 45% (ce qui laisse donc, mathématiquement 55% à charge de l’utilisateur) pourvu que cette borne soit couplée à un logiciel: bonjour la simplicité!

La puissance du lobby électrique jouant à plein, les commentaires saluent en général le futur «verdissement» du parc automobile des sociétés et, à plus long terme, le «verdissement» du parc automobile dans son ensemble. Et comme à l’habitude, on se prévaut d’une future réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre, mais on élude soigneusement la question de l’approvisionnement en électricité de ces véhicules de société, qui ne pourront pas être hybrides, ni celle de leur recyclage, et principalement du recyclage de leur batterie, qui reste pour l’heure tout à fait insoluble.

Une autre question largement ignorée à ce propos est celle de l’impôt éludé grâce à ce mécanisme, et par corollaire celle des charges sur le travail, largement supérieures aux charges sur le capital, ainsi que l’encouragement à la voiture qui est ainsi pratiqué, de quoi amplifier les phénomènes d’embouteillage, notamment autour de Bruxelles, comme le soulignait ce matin sur La Première Dave Sinardet, le politologue flamand préféré de certains médias francophones.

Mais ce qui reste le plus choquant, dans toute cette propagande en faveur du véhicule électrique, c’est ce refus obstiné d’aborder les conditions de travail inhumaines rencontrées en Afrique, et notamment au Katanga, en République Démocratique du Congo, par les «creuseurs», ces mineurs artisanaux de tous âges, notamment d’enfants, qui extraient dans des conditions de sécurité absolument nulles, et pour des salaires de misères, les métaux rares nécessaires tant à la production de batteries électriques que de smartphones.

Ils sont nombreux à payer de leur vie pareil travail, qui parvient à peine à les nourrir, eux et leurs familles. Et aussi longtemps que l’industrie automobile n’assurera pas un travail décent et des conditions de rémunération correctes à tous ces malheureux, des vies continueront à se perdre ainsi. Alors soyons cohérents: les voitures électriques ne sont pas vertes, elles sont rouges du sang de ces mineurs artisanaux!

Le football européen menacé sans la moindre vergogne par ses grands clubs


Ainsi donc, douze grands (?) clubs européens veulent pratiquer l’entre-soi. Enfin quand on dit européen, on dit surtout anglais (Manchester City, Manchester United, Arsenal, Liverpool, Chelsea, et Tottenham), italiens (l’AC Milan et l’Inter, et la Juventus); et espagnols: le Real et l’Atletico Madrid, et Barcelone.

Intéressant à noter: les clubs allemands, on pense surtout au Bayern de Munich et à Dortmund, indispensables à la compétition fermée que ces clubs veulent mettre sur pied, ne sont pas associés à l’initiative. Non plus que le Paris Saint-Germain, dont les responsables ont déjà fait savoir qu’ils n’y sont pas favorables.

Le nombre de clubs d’Outre-Manche à la base de l’initiative le montre clairement: il s’agit pour l’Angleterre d’assurer sa main-mise sur ce championnat hypothétique.

Leur but, sans doute, est de se partager entre eux le droits de télévision faramineux que pareille compétition pourrait susciter. Même s’ils toléreraient, par bonté d’âme, quelques formations qui pourraient, à l’occasion, participer à ce championnat de pacotille sur invitation. Histoire de «mouiller» quelques autres fédérations?

Les plus endettés

Ce qu’il faut noter tout d’abord, c’est que les clubs qui osent ainsi proposer de mettre tout le football européen en marge de leur compétition sont parmi les clubs les plus endettés de la planète. Manchester City, Manchester United, Liverpool, Tottenham, Arsenal, Chelsea, le Real Madrid, Barcelone, ou l’AC Milan, pour ne parler que de ces clubs sont aux mains soit d’oligarques richissimes, soit de capitaux arabiques, soit de consortiums internationaux, dont la préoccupation majeure est d’obtenir un retour sur investissement.

C’est ainsi, notamment qu’un derby milanais, a été délocalisé et s’est joué, naguère, à une heure totalement indue pour les tifosi, mais qui permettait une retransmission télévisée en Chine, où les recettes générées intéressaient éminemment les propriétaires des clubs.

Voilà donc le genre de compétition auquel rêvent les fantoches qui dirigent ces clubs au nom des capitaux qui les contrôlent!

L’hypothèse a déjà fait réagir: les commentateurs du Match of the Day 2, dimanche soir, sur la BBC, ne cachaient ainsi pas leur hostilité à un projet qui dénaturerait complètement la Premier League, et qui ne permettrait plus, par exemple, à un club comme Leicester, un récent champion-surprise, de tenter sa chance en Ligue des Champions.

Autre réaction, celle des supporters de Leeds qui a suggéré qu’on ne mentionne plus les noms de ces clubs renégats en télévision, ce qui a donné lieu à quelques périphrases amusantes, ce lundi, dans La Tribune, l’émission sur commandite de La Une.

Le président de la Fédération allemande de football, Christian Seifert, a lui aussi réagi très négativement, et même le Premier ministre britannique, Boris Johnson, dont on ne connaît pas les affinités sportives, s’y est déclaré hostile.

L’UEFA également a fait connaître son opposition au projet, en menaçant de suspensions non seulement les clubs qui participeraient à pareille compétition, mais aussi les joueurs qui y prendraient part. Ce serait parfait, si la fédération européenne, et la FIFA, l’instance mondiale du football, pouvaient se prévaloir d’une réelle indépendance par rapport à l’argent. Peut-être récoltent-elles aujourd’hui ce qu’elles ont semé…

Un centre d’impression de journaux rentablisé… au détriment de l’info et de l’environnement


Depuis quelques mois, les journaux du groupe qui (air connu) m’emploie et ne me rémunère pas assez à mon goût sont donc imprimés sur les rotatives du centre d’impression du groupe Rossel à Nivelles. Situation paradoxale qui voit ainsi des journaux concurrents imprimés au même endroit, mais jusqu’à présent, les craintes que la rédaction de «L’Avenir» avait exprimées, de voir cet accord technique, après des accords publicitaires, préfigurer des échanges rédactionnels ne se sont heureusement pas (encore?) matérialisées.

Journaux belges francophones

Mieux, le choix du format berlinois qui avait été annoncé par la direction a finalement été abandonné au profit du demi-berlinois, plébiscité par les lecteurs, qui se sont tous montrés satisfaits de ce revirement (dont de nombreux intervenants s’attribuent la paternité, avec une certaine suffisance…) et c’est tant mieux.

Mais, comment dire, le partage de ce centre d’impression, qui était déjà au bord de la saturation avant qu’il accueille la production des journaux des Éditions de l’Avenir, ne va pas sans inconvénients que n’avait nullement prévu le rapport McKinsey réclamé par Jean-Claude Marcourt, ministre PS communautaire des Médias, au début de son mandat. De quoi, soit dit au passage, démontrer une fois de plus que l’omniscience des consultants n’est qu’un mythe.

Ce regroupement a en effet eu effet de réduire singulièrement les heures de bouclage (entendez: les heures ultimes où on peut rentrer les toutes dernières informations) non seulement des journaux du groupe «L’Avenir», mais aussi de ceux du groupe Sud-Presse et du «Soir», où, en tout cas pour certaines éditions, l’heure limite a ainsi été «rabotée», nous dit-on, d’une heure à une heure et demie. En clair, donc, c’est l’offre d’informations de toute une série de journaux francophones qui est réduite chaque matin, afin de permettre à chaque lecteur de recevoir son quotidien dans sa boîte à lettres, ce qui n’est pas évident pour tous, ainsi qu’on va le voir.

La seule exception, relative, se produit lors de soirée sportives, où la compétition belge permet un tirage légèrement plus tardif, mais au prix, en tout cas pour les journaux du groupe «L’Avenir» d’un regroupement d’éditions, très diversement accepté par les lecteurs.

Tous les lecteurs des journaux imprimés à Nivelles ne sont par ailleurs pas logés à la même enseigne: depuis la mi-décembre, les abonnés fouronnais de l’édition de la Basse-Meuse de «La Meuse» ne se voient plus servir chaque jour leur quotidien favori dès potron-minet. Et leurs récriminations n’arrivent pas vraiment à faire changer les choses.

C’est que, transfert (toujours contesté) des Fourons dans la province de Limbourg en 1962 n’aidant en l’occurrence pas, les quotidiens des groupes Sud-Presse et Rossel destinés à ces irréductibles Francophones doivent en effet être transportés par la route de Nivelles à Paal (Beringen), où les quotidiens du groupe Mediahuis, dont fait partie le groupe Concentra, éditeur du Belang van Limburg, est prié de les joindre aux colis de journaux du quotidien phare de la province de Limbourg destiné à la vallée du Foron ou de la Voer, selon le clan linguistique auquel on appartient. Alors, arrivée régulièrement tardive du coursier nivellois, ou relative mauvaise volonté du distributeur? Les lecteurs de l’édition de la Basse-Meuse de «La Meuse» font en tout cas régulièrement l’amère expérience d’un service déficient. L’arrivée à… la fin de cette année d’une plieuse supplémentaire au centre d’impression de Nivelles résoudra-t-elle leur problème ? Personnellement je ne crois hélas plus au père Noël. Et le transit des journaux par Paal restera d’actualité.

Offre d’informations réduite, quotidiens non servis: le regroupement à Nivelles de l’impression des quotidiens des Éditions de l’Avenir, de Sud-Presse et du groupe Rossel a aussi des retombées écologiques négatives. Car pour faire place aux journaux du groupe «L’Avenir» dans un centre d’impression déjà au bord de la saturation, les dirigeants du groupe Rossel ont pris, au début décembre, la décision de leur faire place, en transférant l’impression de L’Echo, et du Grenz Echo, quotidiens dont Rossel est l’actionnaire à 50% du premier, et unique du second, à… Lokeren. Ce qui veut dire que, chaque jour, l’impression du seul quotidien germanophone se fait cinquante kilomètres plus loin, encore, de la capitale de la Communauté du même nom, qu’auparavant!

On avouera qu’en termes d’efficacité, mais aussi en termes de lutte contre le réchauffement climatique, à l’heure où des jeunes manifestent de semaine en semaine pour exprimer leur inquiétude à ce propos, il y a là un très mauvais exemple!

Décidément, la rédaction des Éditions de l’Avenir avait tout juste, quand elle réclamait l’impression des quotidiens du groupe à Charleroi, à un jet de journal de Namur. Là comme ailleurs, son actionnaire, décidément bien souvent mal embouché, aurait eu intérêt à écouter ses journalistes…

Enodia pourra-t-elle faire oublier Publifin?


Surréalistes, les assemblées générales extraordinaire et ordinaire de Publifin, qui se sont tenues ce vendredi à Liège.

Surréalistes d’abord parce qu’elles ont été précédées d’un conseil d’administration assez chahuté, qui s’est réuni malgré une absence apparente de quorum au départ; qui a pinaillé pendant très longtemps sur une formulation, au point que le président du conseil provincial, le MR Jean-Claude Jadot, en est sorti, excédé; qui a évité de coopter le conseiller provincial écolo Julien Vandenburie, afin de n’avoir pas à débattre de la proposition écolo de motion à propos des Éditions de l’Avenir; et qui s’est enfin abstenu de désigner un(e) président(e). Afin de laisser le champ libre à la bourgmestre de Verviers, Muriel Targnion, groupie de Nethys dans sa forme actuelle?

IMG_7413L’occasion a ainsi été donnée à Hassan Bousetta de présider l’assemblée et de révéler, à côté de ses évidentes qualités d’enseignant et de spécialiste de l’immigration, une aptitude non moins grandes à manier la langue de bois et à éluder les questions et interpellations. Celle de la conseillère provinciale Muriel Gerkens (Ecolo), par exemple, sur le sort fait par le conseil d’administration de l’intercommunale aux motions du Parlement wallon et du conseil provincial de Liège à propos du groupe L’Avenir. Pour rappel, le texte voté à l’unanimité par le Parlement wallon  «demande au gouvernement de prendre en considération toutes les perspectives possibles de nature à assurer le pluralisme de la presse, de mettre en oeuvre la sortie des Éditions de l’Avenir de Publifin/Nethys et d’examiner en conséquence les possibilités permettant aux Éditions de l’Avenir de poursuivre leur mission d’information, que ce soit par une reprise de celles-ci par un opérateur de presse, par un portage régional temporaire ou toute autre alternative, dans une perspective qui garantisse la préservation de la diversité indispensable en démocratie des titres de presse et de la liberté de leurs équipes rédactionnelles». Le conseil d’administration a «pris connaissance» de ces motions, a expliqué doctement Hassan Bousetta, et il en «reparlera» dès sa prochaine réunion. En parler est une chose, a répliqué Muriel Gerckens; mais c’est de leur mise en œuvre qu’il aurait fallu débattre.

La motion du Parlement wallon interpelle en effet directement l’intercommunale, dont le conseil d’administration, en janvier, était intervenu, en la personne de sa présidente de l’époque, Stéphanie De Simone, pour signifier au conseil d’administration des Éditions de l’Avenir, qu’il ne lui appartenait pas de prendre une décision stratégique, comme le choix d’un nouveau centre d’impression. Le conseil d’administration de Publifin, rappelait sa présidente, est responsable des options stratégiques de toutes ses filiales privées…

Dix mois plus tard, le même conseil d’administration des Éditions de l’Avenir, colonisé par le conseil d’administration de Nethys, filiale privée de Publifin, non seulement a fait le choix (erroné) du centre d’impression du groupe Rossel, qui imprimera dès le 17 décembre les journaux du groupe L’Avenir dans un format rejeté par… 82% de leurs lecteurs; mais il a également lancé un féroce plan social, dont la négociation doit se poursuivre dès ce lundi. Sans réaction du conseil d’administration de Publifin, déstabilisé par les récentes élections provinciales et communales. Et qui aurait donc pu, ou dû, se manifester dès ce dernier vendredi, n’eussent été les manœuvres politiciennes du Parti socialiste liégeois.

L’autre question éludée par Hassan Bousetta était une des plus prévisibles qui soient dans une assemblée générale: le nouveau bourgmestre d’Olne, Cédric Halin, voulait savoir combien ont coûté les opérations de changement de nom de l’intercommunale, dénommée Enodia depuis vendredi. Manière de faire oublier le «scandale Publifin» né de la révélation, par le même Cédric Halin, alors échevin des Finances de sa commune, des rémunérations plantureuses accordées aux membres de fumeux «comités de secteur» de l’intercommunale, quel que soit le nombre de réunions de ces comités de secteur?

Donner le nom de lapin à une carpe n’a jamais transformé un poisson en rongeur amateur de carottes. Il en faudra manifestement plus que ce changement de nom pour faire oublier les graves dérives de gestion de l’intercommunale liégeoise, qui ne semble pas prête à tourner le dos aux anciennes pratiques: la probable élection de Muriel Targnion à la présidence; et le maintien dans Nethys de ses dirigeants les plus compromis ne vont pas dans le sens d’une orientation radicalement inverse.

On en saura plus dès ce mardi: le nouveau conseil d’administration de l’intercommunale se réunira à nouveau, et cette fois, cooptera les nouveaux membres issus du conseil provincial et des conseils communaux, installés la veille.

Du côté des Éditions de l’Avenir, le personnel – prêt à accepter un sacrifice social pour rétablir les finances du groupe, avec le préaccord convenu ce dernier jeudi, qui se traduira par le départ d’une cinquantaine de personnes – sera attentif à la fermeté d’Enodia à l’égard de Nethys. Car il y a urgence à empêcher la mise en oeuvre du choix illégitime du centre d’impression et la publication d’un journal qui aura tout pour déplaire à ses lecteurs.

La sortie des Éditions de l’Avenir du groupe Nethys n’est au demeurant plus qu’une question de temps: en tout état de cause, elles en sortiront au plus tard dans les six mois, dans le cadre de la revente de son pôle TelCo (Télécommunications). S’ils sont responsables, les administrateurs d’Enodia peuvent anticiper et favoriser la solution de portage par la Région, qui donnera le temps nécessaire de planifier sereinement l’avenir de L’Avenir. On verra très vite s’il y a des maçons au pied du mur…

Une réponse européenne sur les enjeux européens


wallonixL’encolure de Paul Magnette, le ministre-président du gouvernement wallon, et celle d’André Antoine, le président du Parlement régional, risquent gros aujourd’hui: la «une» de «Libération» risque d’avoir un effet catastrophique pour leur col de chemise!

Sur le CETA, rejeté par les seuls Wallons en Europe, nos talentueux confrères ont manifesté, une fois de plus, leur talent pour la titraille subtile mais pas obscure, mais ils n’ont pas fait preuve d’une grande originalité: il y a plusieurs jours déjà que la résistance wallonne au traité de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada a suscité la comparaison avec les Gaulois nés de l’imagination de René Goscinny et Albert Uderzo. Une comparaison qui a ses limites: comme le rappelait Christophe Giltay ce matin sur Bel RTL, Asterix et ses compagnons sont restés insoumis… mais n’ont jamais libéré la Gaule des Romains.

Il est un point, pourtant, sur lequel il faut rendre justice aux éminences wallonnes: leur affirmation matamoresque selon laquelle le Parlement wallon est la seule assemblée parlementaire européenne à avoir aussi bien analysé le CETA semble… correspondre à la réalité. Un tour d’Europe, incomplet je l’avoue, m’a fait voir qu’à part en Allemagne, où la controverse a été portée jusqu’à la Cour constitutionnelle, l’accord pour la mise en oeuvre provisoire du traité a été donnée  sans grands débats, dans des pays aussi variés que les Pays-Bas, l’Autriche, la Croatie, la Roumanie, la Slovénie, la Grèce, ou la France.

La raison? C’est que, dans de nombreux pays de l’Union Européenne, le débat de fond se déroulera au moment de ratifier ou non le CETA. Avec le risque que, dès lors qu’il aura déjà fonctionné pendant un certain nombre de mois, voire plusieurs années, un des arguments pour forcer la ratification sera de dire qu’il est trop tard pour revenir en arrière. La position wallonne de refuser d’autoriser la mise en oeuvre provisoire aussi longtemps que des pierres d’achoppement subsistent a dès lors toute les apparences de logique… même si, une fois l’accord donné au fonctionnement provisoire, refuser la ratification sera alors très difficile. C’est, soit dit au passage, la situation que les élus du Bundestag risquent de connaître, si la cour constitutionnelle de Karlsruhe, après avoir donné son accord conditionnel pour l’entrée en vigueur provisoire du CETA, décrète ensuite que certains de ses aspects sont incompatibles avec la loi fondamentale allemande.

La position wallonne serait évidemment à l’abri de toute critique, si elle était vierge des préoccupations de politique intérieure déjà évoquées ici: volonté de couper l’herbe sous les pieds du PTB pour le PS, d’Ecolo pour le cdH; relations exécrables entre le gouvernement wallon PS-cdH et le Premier ministre fédéral MR Charles Michel (qui, soit dit au passage, a eu un commentaire particulièrement maladroit, voire méprisant, sur le Parlement wallon, dont la légitimité est égale à la sienne); et plaisir de faire un pied de nez à la Flandre rabique, qui n’a pas voulu d’hiérarchie entre loi fédérale et décrets régionaux, et se retrouve ainsi prise à son propre piège.

Mais, si besoin en était, cette pantalonnade démontre encore de façon plus claire que, sur des sujets européens controversés, la seule manière de s’en sortir est de confier plus de responsabilités au Parlement européen, en lui donnant, par exemple, la possibilité de renvoyer la Commission en place, et, surtout du référendum européen, déjà évoqué sur ce blog, qui, tel qu’il était prévu, serait décisif à condition de réunir non seulement une majorité, voire une majorité qualifiée, parmi la population européenne, mais aussi dans une majorité, ou une majorité qualifiée, d’États-membres. Comme le dit un vieux proverbe: chaque chose à sa place, et les vaches seront bien gardées.

Autosatisfaction (ou suffisance?) wallonne et recul de l’idée européenne


Le café du Commerce de Couillet-Queue, ou celui de la Gare à Gérompont-Petit-Rosière ont peut-être résonné du «Chant des Wallons», hier soir, pour saluer la résistance sans faille des autorités wallonnes à la mondialisation, incarnée par le CETA, le traité de libre-échange négocié entre l’Union Européenne et le Canada, envoyé pour l’instant dans l’impasse par les excellences régionales qui nous gouvernent. Mieux: hier, au Canada, il s’est trouvé quelques manifestants devant le Parlement fédéral pour remercier les Wallons pour leur opposition à un traité néfaste: Thomas Mulcair, chef en sursis du Nouveau Parti Démocratique (NPD), qu’il a mené à la défaite aux législatives de l’an dernier, fustigeait même les traités précédents passés par le Canada, ruineux, à l’entendre «pour les producteurs de lait canadiens».  D’où la volonté canadienne de «se refaire» sur le dos des agriculteurs européens? Ou la crainte, chez Mulcair, d’un risque accru de dégradation de la situation des éleveurs canadiens?

Ce qui frappe d’abord, dans le développement dramatique de ces derniers jours, c’est l’autosatisfaction, voire la suffisance des acteurs wallons de la négociation: André Antoine gloussait pratiquement de plaisir, ce vendredi, en constatant l’intérêt médiatique exceptionnel que suscitait la séance du Parlement wallon, qu’il préside. Les parlementaires wallons se retrouvaient, il est vrai, investis investis d’un pouvoir extravagant, qu’ils se sont empressés d’utiliser: celui de paralyser l’Union Européenne dans son ensemble. Exceptionnel pour une assemblée qu’on a plutôt comparée jusqu’ici à un «super conseil communal»!

«Aucun autre parlement européen n’a fait sur le document un travail aussi approfondi que le nôtre» ont lancé mâlement André Antoine et Paul Magnette, pour justifier cette situation presse-au-parlement-walloninsolite. On veut bien croire que les députés wallons ont produit, en l’espèce, un travail d’analyse peut-être inhabituel dans leur chef. Mais sur quelle base, le président du Parlement et le ministre-président ont-ils donc pu exprimer pareille affirmation? Ont-ils vérifié, par exemple, la manière dont les Cortes espagnoles, le Bundestag allemand, ou au Sveriges Riksdag, pour ne parler que de certains d’entre eux, ont étudié le projet de libre-échange canado-européen, pour pouvoir poser que les élus namurois ont travaillé de manière plus sérieuse que leurs homologues des autres pays européens? La proclamation relève nettement de la présomption.

Autre point interpellant: en déclarant inacceptable le statut des «chambres d’arbitrage» prévues par le traité, Paul Magnette a donné l’impression que, quoi qu’il arrive, la Région wallonne s’opposera en tout état de cause au CETA. Car on n’imagine pas qu’il ignore que le mécanisme d’arbitrage prévu par le traité prévoit la mise en place des chambres de juristes, et non plus de représentants d’entreprises privées, pour trancher les litiges éventuels entre firmes privées et États. Et que si l’Europe a réclamé du Canada que soit modifié de la sorte le mécanisme initialement prévu… qui est celui de tous les accords de libre-échange qu’elle a précédemment passés, c’est pour pouvoir l’imposer aux Américains, qui n’en veulent pas, dans l’encore plus contesté traité transatlantique (TTIP). Bien sûr, les opposants réclament toujours le traitement de ces litiges par des tribunaux ordinaires. En oubliant que, pour des partenaires de l’Union Européenne, et faute de Justice organisée à l’échelle de l’Union, cela reviendrait à s’aventurer dans vingt-huit, ou bientôt vingt-sept, systèmes judiciaires différents, et jurisprudences divergentes. Ce qui vide, alors, de sens un traité conclu avec l’Union Européenne…

nos-pieds-nickelesEt c’est là où le bât blesse: la crispation wallonne va donner du grain à moudre à tous les populistes qui dénoncent à la fois l’absence de démocratie au sein de l’Union Européenne, et qui, en même temps font tout pour la paralyser.  « Il me semble évident, à moi et au Canada, que l’Union européenne n’est pas aujourd’hui capable de conclure un accord international, même avec un pays qui a autant de valeurs européennes que le Canada », a déploré Chrystia Freeland, la ministre canadienne du Commerce, qui avait fait le déplacement de Namur, avant de reprendre l’avion pour le Canada. C’est bien de cela qu’il s’agit: les parlementaires wallons ont grippé le mécanisme européen.

C’est effectivement bien là que l’attitude wallonne est la plus dommageable. Car en déclenchant ce blocage, c’est le mécanisme de décision européenne, qu’il faudrait renforcer d’urgence, que les parlementaires namurois ont grippé.

L’ont-ils fait au nom de grands principes défendus par la société civile, ou du moins par une partie d’entre elle, car, pour rappel, comme le montrent les sondages Eurostat, les projet de libre-échange sont approuvés par une majorité de citoyens dans la plupart des pays européens… dont le nôtre?  Là aussi, il y a comme un malaise, même si on en fera en partie crédit aux élus wallons.

«La question a évidemment une dimension politique, mais plus de politique intérieure (à la Belgique) que de politique internationale» a commenté le président du Conseil européen, Donald Tusk, alors que les discussions namuroises s’acheminaient vers l’impasse. Cela apparaît comme une évidence.

On a déjà évoqué ici la volonté de Paul Magnette de se profiler en super-homme de gauche, et de couper l’herbe sous le pied d’un PTB qui fait de plus en plus d’ombre au PS. L’Europe vient de faire, en l’occurrence, la découverte de la particularité du système belge, qui n’établit pas d’hiérarchie des normes entre les niveaux de pouvoir fédéral, régionaux, et communautaires. On ne jurerait pas que, chez certains de nos parlementaires, il n’y a pas eu, hier, une jubilation à placer la Flandre, qui a précisément réclamé cette équipollence des normes et qui peste du blocage wallon sur le CETA, devant ses responsabilités. On est là loin des grands principes sociétaux affichés par Paul Magnette!

On en est tout aussi loin, quand on mesure l’impact qu’a désormais sur l’Europe la guéguerre que se livrent depuis les dernières élections le Premier ministre MR, Charles Michel, et le ministre-président PS, à la tête de majorités asymétriques. Dans le cadre belgo-belge, cette guégerre a des aspects parfois dérisoires, parfois fondamentaux. Quand elle déboule sur le plan européen, elle devient consternante.

Mais tout cela, dira-t-on, n’est rien à côté de la mondialisation, dont les effets dramatiques pour l’emploi se sont encore fait récemment sentir en Wallonie, avec le drame social en cours chez Caterpillar? L’opposition au CETA et au traité transatlantique procède, c’est vrai, pour une large part du refus de la globalisation, et, dans le cas du TTIP, d’un anti-américanisme toujours vivace, que les USA semblent parfois avoir un malin plaisir à entretenir. Mais l’absence de CETA n’empêchera pas la globalisation de développer ses effets, les pires et les meilleurs. Sauf peut-être que la concurrence pour notre économie viendra moins de l’autre rive de l’Atlantique, mais d’un géant d’Asie, dont, isolés, nous devrons de plus en plus subir l’absence de normes tant sociales qu’environnementales…