Dans le monde bancaire, les vaches courent en liberté


Dorénavant, le panneau de BNP Paribas Fortis côtoie celui de BPost sur les bureaux postaux

Deux visites dans un bureau de BPost, ces deux dernières semaines, pour des opérations banales comme le dépôt d’un recommandé, ou l’achat de timbres, et à chaque fois, une file qui m’a obligé à patienter «un certain temps». Sans énervement, car le personnel postal était extrêmement aimable, et aidait de son mieux les anciens clients de la Banque de La Poste, aux prises avec les problèmes que leur posait le passage sous la bannière de la BNP Paribas Fortis, dont l’enseigne, désormais côtoie celle de BPost sur tous les bureaux du pays.

Les employé(e)s de BPost avaient bien du mérite, car leur formation à cette nouvelle fonction d’agents bancaires avait été expéditive. «C’est comme si on nous avait appris à faire du vélo sans vélo» avait confié l’un d’entre eux.

Lors de mes deux visites, l’accueil que j’ai reçu a été extrêmement positif, dans la mesure où les opérations que je requérais étaient strictement postales, et pas d’une complexité extrême.

Le passage de la Banque de La Poste à BNP Paribas Fortis interpelle néanmoins sur plusieurs points.

D’abord parce que, même s’ils (elles) ne sont pas forcément les plus nombreux(ses), les client(e)s de la Banque de La Poste, qui l’avaient choisie parce qu’elle était une banque publique, se sont retrouvé(e)s du jour au lendemain client(e)s d’une banque privée française, sans avoir le choix de réagir. Bien sûr, il leur était loisible de changer d’organisme bancaire, mais au prix de démarches qui ne les tentaient sans doute pas forcément.

Ensuite parce que, son réseau s’étant ainsi considérablement étoffé, on peut supposer que BNP Paribas Fortis va poursuivre sa politique, qui n’est pas la seule du secteur bancaire, de fermeture d’agences, et de licenciements de personnel, qui lui coûte par définition beaucoup plus cher que le personnel de La Poste, qu’elle ne rémunère pas.

Enfin, et ce n’est pas le moindre paradoxe, parce que, tandis que les agents de BPost se muent ainsi en agents bancaires, de nombreux(ses) employé(e)s de moyennes surfaces, où sont implantés des «Points Poste» ajoutent à longueur de journée un travail… d’employé(e) de BPost à leur boulot de caissier(e) ou de réassortisseur(se). Sans être rémunéré, on le suppose, pour ce travail additionnel. Une situation où on se dit qu’on marche décidément sur la tête!

Selon un vieux dicton campagnard, si chacun est à sa place, les vaches seront bien gardées. Dans le secteur bancaire, manifestement, les vaches commencent à courir en liberté…

Laisser un commentaire