La mémoire de Sophie Scholl


Le hasard de la soirée télévisée m’a permis de découvrir le film « Sophie Scholl », sorti l’an dernier en Allemagne, et déjà diffusé par la chaîne Arte. Preuve que ce film n’aura pas le succès commercial que le remarquable « La chute », qui évoquait les derniers jours d’Adolf Hitler. Les deux sont pourtant liés: pour rappel, l’ancienne secrétaire de Hitler, qui témoigne à la fin de « La chute », explique qu’elle n’a pris conscience de ce qu’elle avait vécu qu’en voyant, à Munich, la plaque murale dédiée à Hans et Sophie Scholl. « Sophie Scholl » ne marquera sans doute pas l’histoire du 7eme art, mais le but, probablement, n’était pas là. Il popularise par contre remarquablement une figure trop peu connue, dont les interrogatoires, qu’on a retrouvés, montrent qu’elle a réussi à impressionner même ses bourreaux. Tout cela a l’air bien lointain, c’est vrai. Mais l’extrême droite, elle, n’a pas changé entre-temps. Bien sûr, elle ne commet plus les crimes qui ont été siens à l’époque. C’est peut-être surtout parce qu’on ne lui en donne plus l’occasion….

Près d’un an plus tard, la lecture des « Lettres et carnets de Hans et Sophie Scholl », je ne peux que confirmer ce que j’écrivais après la vision de ce film. Au moment où sort le film « Walkyrie », qui rappelle de manière apparemment un peu trop romanesque l’héroïsme de Claus von Stauffenberg, auteur de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler, il n’est pas inutile de constater que certains des comploteurs, avertis de l’exécution des Scholl, en mars 1943, avaient estimé que les jeunes du mouvement de « La Rose Blanche » avaient réveillé les consciences en Allemagne. Et le courage de Sophie Scholl a impressionné jusqu’aux policiers de la Gestapo qui l’interrogeaient. « Ich wurde es genauso wieder machen », « Je le referais exactement de la même manière »: sa réponse est devenue le titre d’un ouvrage qui n’est malheureusement disponible qu’en allemand. Vivement la traduction… ou le courage de le lire dans la langue originelle!