La triste saga politique verviétoise de l’été est sur le point de s’achever de la manière dont elle s’est déroulée : dans le non-respect des paroles données et en « sollicitant » les textes légaux, en l’occurrence, le code wallon de démocratie locale.
PS, MR, Nouveau Verviers et cdH se sont donc accordés sur un scénario qui passe par le renversement de la bourgmestre ex-socialiste, Muriel Targnion, et l’installation de Jean-François Istasse au fauteuil mayoral.
L’ancien président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a été plébiscité pour construire un consensus autour de sa personne. D’une urbanité extrême, sinon caricaturale, il peut rendre en effet tout conflit personnel impossible avec lui. À 67 ans, il n’imaginait pas assumer un mandat qu’il avait refusé il y a bien longtemps déjà. Il semble avoir voulu convaincre les sceptiques en postant depuis quelques jours des photos sur Facebook qui rappellent les multiples fonctions qu’il a effectuées et les nombreux contacts qu’il y a noués. Mais s’il semble bien seul à pouvoir espérer combler les tranchées creusées ces dernières semaines entre tous les politiques verviétois, il n’apparaît pas comme la figure mobilisatrice susceptible, au-delà de cet objectif, de débloquer les dossiers en rade depuis plusieurs années dans l’ancienne cité lainière. À charge pour lui de nous apporter le démenti. Faute de quoi, il apparaîtra comme le bourgmestre de transition, chargé de chauffer la place pour celui qui est réputé avoir habilement instrumentalisé tout ce dossier depuis quelques semaines
Le hic, pour Jean-François Istasse et un certain nombre de ces colistières et de ses colistiers, c’est qu’ils ont allègrement trahi l’engagement formel pris, au début de l’été, pour soutenir la bourgmestre dans sa volonté d’écarter le président du CPAS, en guerre ouverte avec la ville, au comportement agressif et sexiste qui l’avait rendu infréquentable pour l’ensemble du collège communal, et qui a enfreint les règles en mobilisant du personnel du CPAS pour la prise de rendez-vous aux permanences politiques qu’il entendait organiser en compagnie d’un néo-échevin. L’accord prévoit le maintien de ce président de CPAS et de cet échevin. Tant pis pour le respect de la parole donnée; tant pis pour la tolérance et l’égalité des genres, et tant pis pour la moralisation de la vie politique…
L’autre hic, pour le futur bourgmestre Istasse, c’est que pour le ceindre de l’écharpe mayorale, il faudra d’abord que deux prétendant(e)s légaux (légales) à la fonction, le-dit président du CPAS et une échevine, renoncent formellement à ce mandat. Et que pour les autoriser à conserver leur fonction, qu’ils ne pourraient dès lors conserver, en application du code wallon de démocratie locale, on passe par des scénarios qui vont d’une démission du conseil communal à une motion individuelle de défiance, prévue par ce code, pour sanctionner une incompatibilité politique grave voire un comportement indigne, puis par la réélection de la-dite échevine au même poste et du président du CPAS au sien, ce qui lui assure une présence prolongée au collège communal . Tout cela dans le cadre d’un maquignonnage de dernière minute, qui rééquilibre à mi-parcours le nouveau rapport de forces au sein de la future majorité verviétoise en transférant au cartel MR-NV-cdH ce mandat scabinal conservé en dépit de toute logique mathématique par le PS. Et tant pis pour la crédibilité du code wallon de démocratie locale, tant pis pour le contrôle de l’exercice des mandats communaux, et tant pis pour la compétence (ou non) avec laquelle des échevin(e)s exercent leurs responsabilités…
Tout va ainsi rentrer dans l’ordre, pour un certain temps en tout cas. Pas forcément jusqu’à la fin de la mandature, où certains espèrent cyniquement que les électeurs verviétois auront tout oublié. Ce qui témoigne d’un solide mépris pour les citoyen(ne)s dont on sollicite périodiquement les suffrages. Le retour de bâton est parfois douloureux. Car si, selon l’adage, on a les politiques qu’on mérite, il arrive que des électeurs estiment que les politiques ne les méritent pas. Et tant pis pour l’avenir de Verviers…