Rien de tel que le pétrole pour effacer toute trace de sang


Un hôte particulier est reçu à dîner à l’Élysée, ce jeudi soir, par le président de la République française, Emmanuel Macron: avec le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, la conversation roulera sans doute sur la demande des pays occidentaux, États-Unis en tête, formulée à ce pays gros exportateur de pétrole, pour qu’il augmente la production, et contribue ainsi à faire chuter les prix du baril de brut. Manière de faire baisser les prix de l’essence, du gaz, et du pétrole à la pompe, qui contribuent lourdement à la hausse des prix et à l’envol de l’inflation actuels.

Emmanuel Macron avait été l’hôte de Mohammed ben Salmane en décembre; il lui rend la «politesse» ce jeudi soir à l’Élysée

Ce n’est pas la première rencontre entre le chef de l’État français et le prince héritier saoudien: en décembre dernier, le locataire de l’Élysée s’était rendu à Djeddah, où il avait déjà chaleureusement serré la main de son hôte, encore dégoulinante du sang du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi, assassiné et dépecé dans le bâtiment du consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul, le 2 octobre 2018.

À l’issue de cette rencontre tout de même interpellante, Emmanuel Macron avait déclaré que «tous les sujets (avaient été) abordés, y compris le respect des droits de l’Homme». Ben voyons… et aussi peut-être l’impunité scandaleuse dont bénéficient les assassins de journalistes?

Entre-temps, cinq personnes ont été condamnées à mort pour cet horrible assassinat en Arabie Saoudite, mais la sentence a ensuite été commuée en une peine de vingt ans de prison, là où la perpétuité s’impose généralement. L’un des membres du commando de tueurs est par ailleurs décédé, officiellement dans un accident de voiture.

Des lampistes, une fois de plus, ont été châtiés pour l’assassinat d’un journaliste, tandis que les commanditaires, ou plutôt le commanditaire, restaient, eux, impunis.

L’Arabie Saoudite a, il est vrai, refusé la demande d’enquête internationale sur l’assassinat de Jamal Kashoggi. Et il y avait sans doute une raison à cela: la CIA a démontré que dans les heures qui ont précédé et qui ont suivi le massacre du journaliste saoudien, le prince héritier Mohamed ben Salmane avait adressé au moins onze messages à à son proche conseiller Saoud al-Qahtani, qui supervisait «l’opération». Même si le contenu de ces messages est resté inconnu, ils trahissent l’implication directe plus que probable du prince héritier dans l’assassinat de Jamal Kashoggi, critique de ses initiatives de modernisation cosmétiques de son pays ainsi que de la guerre meurtrière que mène l’Arabie Saoudite au Yémen, dans l’indifférence générale.

En juin 2019, l’Organisation des Nations-Unies (ONU) a, elle, indiqué avoir «des preuves crédibles» de l’implication de Mohammed ben Salmane dans le forfait.

À l’époque, l’héritier du trône saoudien avait été placé au ban des nations. Mais depuis lors, bien de l’eau a coulé sous les ponts, et le pétrole ne coule plus suffisamment dans les pipelines.

Alors, toute honte bue, les chefs d’État de nos belles démocraties oublient leurs grands principes, et s’en vont, les unes après les autres, serrer la main princière, couverte du sang du journaliste. Emmanuel Macron s’y était exercé en décembre de l’année dernière; le président états-unien, Joe Biden, vient de lui emboîter le pas lors de sa récente tournée au Proche-Orient, dont le but avéré était de persuader les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) d’ouvrir plus larges les vannes.

Mais la réception de ce soir à l’Élysée est une «première»: c’est la toute première fois que le commanditaire (fortement) présumé de l’assassinat de Jamal Kashoggi est l’hôte d’un pays européen.

Sans doute, «tous les sujets y compris le respect des droits de l’homme» y seront-ils à nouveau brièvement abordés, entre la poire et le fromage?

Il en est un autre qui pourrait aussi être envisagé: le pouvoir de nettoyage du sang des produits pétroliers!

Une journaliste à la tête de la diplomatie belge: un pari plus que risqué


Hadja Lahbib, l’ancienne présentatrice du JT de la RTBF, n’aura pas vraiment eu le temps de se préparer à sa nouvelle fonction de ministre des Affaires étrangères : quelques jours à peine après l’annonce décoiffante de sa nomination au poste prestigieux de ministre des Affaires étrangères du royaume de Belgique, elle a participé ce lundi à un conseil européen des ministres des Affaires étrangères, où les sujets cruciaux, à commencer par la guerre en Ukraine, ne manquaient pas.

Un week-end studieux pour la nouvelle ministre

Elle s’y est préparée tout le week-end, a-t-elle expliqué à ses ex-collègues qu’elle a autorisés à l’accompagner ce lundi matin, un peu comme pour se faire pardonner d’avoir décliné leur invitation à venir s’expliquer sur le plateau, qu’elle connaît bien, du journal télévisé de la chaîne publique, le soir de sa désignation-surprise.

Elle s’y est préparée comme une étudiante préparant un examen délicat à l’université: la réflexion nous est venue lorsque nous l’avons vue parmi ses homologues des Vingt-Sept, un peu comme une candidate face à un jury central.

On imagine qu’elle ne sera pas sortie des clous qui lui avaient été tracés au cours de ce conseil des ministres européens des Affaires étrangères.

Un apprentissage nécessaire pour la «bleue» du conseil européen des ministres des Affaires étrangères

Si, sur la guerre en Ukraine, une relative discrétion de la nouvelle cheffe de la diplomatie belge peut se concevoir sous forme d’un alignement strict sur les positions de l’Union Européenne, ce pourrait se révéler beaucoup plus gênant sur le dossier congolais, dont il devait aussi être question lors de ce Sommet. Car, en République Démocratique du Congo, c’est la Belgique qui est censée donner le la à l’Europe. Or, dans toutes les qualités invoquées par le président du MR, Georges-Louis Bouchez, pour justifier son choix détonant, il n’a pas été question du Congo, sauf erreur…

Selon un vieux proverbe wallon, un nouveau balai balaie toujours mieux qu’un ancien. On ne risquera pas la comparaison : celle dont la biographie ne rappelle pas ses débuts de stagiaire au siège liégeois de RTL-TVI, devra faire ses preuves d’ici à la fin de la législature, pour démontrer qu’elle est à sa place à la tête d’une département qui a connu, dans le temps, des figures comme Paul-Henri Spaak, Pierre Harmel, Louis Michel, et Didier Reynders, et, à l’échelle européenne, un Jean Rey, éminent président de la Commission, avant Herman van Rompuy et Charles Michel, présidents du Conseil. Sans oublier Guy Verhofstadt: l’ancien Premier ministre libéral flamand est une des figures de proue du Parlement.

C’est ce qu’on lui souhaite et pour elle et pour le pays. Il serait dramatique que l’erreur de casting du tonitruant président du Mouvement Réformateur soit aussi désastreuse que quand il avait préféré Jacqueline Galant aux Communications, ignorant l’expertise d’un François Bellot, rappelé ensuite d’urgence pour réparer les erreurs de la bourgmestre de Jurbise…

Peut-être l’alors député-bourgmestre de Rochefort payai-il sa méconnaissance totale du néerlandais?

Sur ce plan, Hadja Lahbib, complètement inconnue au nord du pays, n’est guère plus performante. Si, lors de la conférence de presse qui a dévoilé son nom, elle a prononcé quelques mots d’introduction dans la langue de Vondel, en interview, après deux ou trois phrases hésitantes en néerlandais, elle a poursuivi en français, en avouant, au micro de la VRT, qu’elle devrait s’améliorer sur ce plan. Et l’interview qu’elle a donnée à la même chaîne publique flamande, après le conseil des ministres européens, elle l’a prononcée… en français.

Bien sûr, son mentor, Georges-Louis Bouchez, est moins performant qu’elle en la matière, mais quand on est à la tête de la diplomatie belge, c’est là une lacune impardonnable. Les récents prédécesseurs libéraux de Hadja Lahbib parlaient parfaitement le néerlandais (Didier Reynders) ou en avaient une connaissance approfondie (Louis Michel). Philippe Goffin et Sophie Wilmès, eux, tiraient plus ou moins bien leur plan…

L’autre aspect de cet enrôlement-surprise au MR, c’est évidemment pour les libéraux d’aligner une figure de proue issue de l’immigration à Bruxelles, lors des prochaines élections législatives fédérales.

Ce sera l’occasion pour Hadja Lahbib d’acquérir la légitimité démocratique qui lui manque, puisque comme Mathieu Michel au fédéral , et Adrien Dolimont à la Région, l’ancienne journaliste de la RTBF ne dispose d’aucun mandat électif. En France, à l’inverse, le président de cette République couronnée, Emmanuel Macron, avait expliqué avant les dernières législatives que les ministres non-réélu(e)s devaient se retirer. Et des têtes sont tombées…

Bien sûr, selon le prescrit constitutionnel, « le Roi nomme et révoque les ministres », et rien n’est dit à propos de la nécessité pour les ministres d’être des élu(e)s du peuple. Mais en l’occurrence, le président du MR se substitue au Roi, et le pli qui est le sien de choisir des ministres en dehors des assemblées élues fait désordre à l’heure où les partis éprouvent de plus en plus de difficultés à dénicher des candidat(e)s, surtout au niveau local. Il fut un temps où on faisait ses dents au niveau communal avant de siéger au Parlement pour devenir ensuite ministre. Georges-Louis Bouchez préfère renverser la table. L’exercice peut être périlleux…

Du côté de Hadja Lahbib, qui se disait « ni de droite ni de gauche » (mais bien au contraire?), il faudra rapidement aussi sortir de l’ambiguïté voire de l’hypocrisie, car on ne doute pas que sa désignation ne se double d’une promesse d’adhésion au MR. Ce qu’elle a déjà amorcé ce lundi en parlant de « libéralisme du centre » une notion assez neuve en politique. On verra si elle fera florès…

La ministre se rappellera-t-elle la journaliste?

Observateurs de la vie politique, les journalistes ont depuis toujours l’envie de passer de l’autre côté de la barrière. Si la Constitution belge, depuis l’origine, a érigé la liberté de la Presse comme un de ses principes fondamentaux, c’est tout simplement parce que… de nombreux journalistes, qui avaient souffert de la censure hollandaise, siégeaient dans la Constituante de 1830-1831. Cette proximité a subsisté longtemps, mais, depuis le début des années 1960, et la création légale en Belgique du titre de journaliste professionnel(le), elle avait progressivement disparu. Mais pas complètement: lors des débuts dans le journalisme de l’auteur de ce blog, il s’est retrouvé, à Huy-Waremme face à un sénateur, puis un député appelé Frédéric François. Non pas le chanteur, mais, à l’époque, le défunt ancien grand reporter et commentateur de la RTB qui n’était pas encore RTBF, venu défier sur ses terres, sous les couleurs du PSC, qui n’avait pas encore cédé le témoin au cdH et encore moins aux Engagés, le tout puissant bourgmestre socialiste de Waremme, Edmond Leburton, qui n’avait pas encore été victime du régionalisme qui a prévalu au sein du PS. Ces derniers temps, de plus en plus de journalistes ont été tentés par la politique… ce qui postulait dans leur chef l’abandon de leur profession, sauf à la RTBF, où certain(e)s peuvent toujours bénéficier de congés politiques. Josy Dubié, au Parlement fédéral, et son frère, Jean-Claude Defossé, au Parlement bruxellois se sont engagés chez Ecolo, mais sont sortis, surtout le second, assez déçus de leurs expériences parlementaires respectives. Jean-Paul Procureur et Anne Delvaux ont connu des fortunes diverses au cdH, et particulièrement l’ancienne présentatrice, elle aussi, du JT, débarquée à Liège dans des circonstances douloureuses pour elle.

Le MR,lui, a surtout recruté des ancien(ne)s journalistes, tant du côté de la chaîne privée, et avec un certain bonheur, puisque Frédérique Ries s’est imposée comme un députée européenne active, tandis que Florence Reuter a fini par hériter, à Waterloo, du mandat mayoral délaissé par Serge Kubla, empêtré dans une affaire judiciaire. Michel De Maegd, dernière recrue en date de RTL-TVI, siège, lui, au Parlement fédéral. Mais, alors que la RTB, pas encore F, passait pour un repaire de journalistes d’extrême-gauche dans les années 70, c’est là que les libéraux francophones ont réussi à convaincre Olivier Maroy, à la Région, et désormais Hadja Lahbib, de s’engager sous leur bannière. Élu, puis réélu, Olivier Maroy n’a jamais oublié ses débuts journalistiques: dans le long conflit qui l’a opposée à son ancien actionnaire Nethys, la rédaction de «L’Avenir» a toujours trouvé en lui une oreille très attentive. On espère que la nouvelle ministre des Affaires étrangères imitera cet exemple, et qu’au contraire de ses deux plus récents prédécesseurs, elle accordera toute son attention au projet de la Fédération Internationale des Journaliste (FIJ) de Déclaration à soumettre à l’assemblée générale des Nations-Unies pour lutter contre l’impunité scandaleuse dont bénéficient toujours neuf assassins de journalistes sur dix dans le monde…

Un premier faux-pas qu’il sera difficile d’effacer

Bien sûr, la toute nouvelle ministre belge des Affaires étrangères a fait part à son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba, de l’«indéfectible solidarité» de la Belgique avec son pays agressé par la Russie de Vladimir Poutine. Et elle a exprimé le souhait de se rendre «bientôt» à Kiev, où, expliquait ce jeudi soir la VRT, elle ne sera accueillie que si elle présente des excuses complètes pour l’impair qu’elle a commis en se rendant de manière «illégale» pour les autorités ukrainiennes, en Crimée, annexée par la Russie en 2014.

Ce voyage, l’ancienne journaliste puis réalisatrice de la RTBF, l’a effectué en 2021. Et, néophyte en politique, elle a été prise de court par l’attaque du chef de groupe de la N-VA au Parlement fédéral, Peter De Roover, qui a rapidement accumulé les éléments accablants sur ce périple. Hadja Lhabib est en effet passée par Moscou pour se rendre en Crimée, dont l’annexion, non reconnue par la communauté internationale, a valu à la Russie ses premières sanctions, il y a huit ans. Ce déplacement, a-t-il ajouté, était destiné à prendre part à un festival culturel dont l’une des sociétés organisatrices est présidée par Katerina Tikhonova, l’une des filles du président russe Vladimir Poutine. Et il aurait été financé, en partie du moins, par Gazprom, la société étatique gazière russe, que le locataire du Kremlin utilise comme arme économique contre l’Union Européenne, pour son soutien à l’Ukraine, a ajouté Georges Dallemagne, député des «Engagés».

La RTBF a finalement décidé de ne pas pousser le projet plus avant, parce que la nécessaire indépendance journalistique n’était pas garantie. Cela n’avait pas empêché Hadja Lahbib de se répandre sur la Première, dans une interview radio, où il ressortait de ses propos que la Crimée est bien russe. (https://www.facebook.com/100003668988302/videos/572743527225033/). Ce sont ces propos, tout autant que le caractère «illégal» de son voyage qui valent aujourd’hui à la ministre des Affaires étrangères l’irritation des autorités ukrainiennes.

«En faisant le tour de mes réseaux sociaux, vous avez visiblement raté le fait que j’étais journaliste avant de devenir ministre» a répliqué Hadja Lahbib à Peter De Roover. Étrange défense que celle-là: une journaliste de qualité -et on peut supposer que l’ancienne présentatrice du JT de la RTBF est une journaliste de qualité- pouvait-elle ignorer l’annexion de la Crimée par la Russie, le fait que cette annexion ne soit pas reconnue par la communauté internationale, et que l’Union européenne, et donc la Belgique, a pris dès 2014 des sanctions contre la Russie en réplique à ce coup de force! Ignorait-elle donc qu’un état de guerre de fait existait déjà entre l’Ukraine et la Russie? Que les associations de journalistes, et notamment la Fédération Européenne des Journalistes, menaient des actions, soutenues par l’Europe, afin de faire se rapprocher des journalistes russe et ukrainien(ne)s pour les encourager à adopter une démarche professionnelle et respectueuse de la déontologie de la profession, plutôt que de céder aux trompettes de la propagande? Sans doute, la réalisatrice de la RTBF n’était-elle pas attentive à ces efforts? Son voyage, en tout cas, témoignait, même pour une journaliste ou une réalisatrice en charge de l’actualité culturelle, d’une singulière légèreté, qui démontre combien hasardeux était le choix du président du MR, Georges-Louis Bouchez, pour en faire une ministre des Affaires étrangères! Au fait, en octobre 1938, se serait-elle rendue à Vienne, pour y faire l’éloge de la culture allemande?

Voyager en avion, l’aventure estivale!


Cette saison estivale 2022 qui devait marquer, pour les compagnies aériennes, l’amorce de la reprise, après deux années de vaches très maigres dues à la pandémie de Covid-19, est progressivement en train de virer au cauchemar: après la grève qui a cloué au sol les appareils de Brussels Airlines, du 23 au 25 juin dernier, ce sont les pilotes et le personnel de cabine de Ryanair qui ont débrayé les 24, 25 et 26 juin.

Et ce n’est pas fini: puisque le patron de la compagnie low-cost irlandaise, Michael O’Leary, se refuse à toute discussion, ses pilotes vont remettre cela ces prochains 23 et 24 juillet. Les annulations de vols risquent à nouveau de se succéder en cascade!

Cet été qui devait marquer le redémarrage du tourisme aérien est décidément bien perturbé

La Belgique n’est pas le seul pays frappé: partout en Europe, des mouvements sociaux perturbent le secteur: la France, l’Espagne, le Royaume-Uni notamment, sont tour à tour frappés. Le personnel aérien, qui a accepté de se serrer la ceinture pendant deux ans, réclame le retour à la normale; les compagnies, qui n’ont pas encore renoué avec le profit, n’y sont pas encore prêtes. La solution, chez Brussels Airlines, a été la suppression de quelque 700 vols cet été.

Est-ce la raison pour laquelle un appareil qui opérait deux rotations sur Porto ce dimanche n’a pas redécollé de la cité lusitanienne pour ramener des voyageurs dans la capitale belge, et en ramener d’autres vers le Portugal? Officiellement, c’est de maladie frappant plusieurs membres de l’équipe de cabine qu’il a été question. «Nous n’avons aucune raison de mettre cette parole en doute. Mais, faute de personnel suffisant, on ne peut faire voler un avion», nous a-t-on expliqué chez Brussels Airlines.

Les passagers en attente à Bruxelles se sont vu conseiller de rentrer chez eux, et il leur a été remis un formulaire leur permettant de postuler les indemnités dues en vertu de la directive européenne sur les droits des passagers aériens (https://europa.eu/youreurope/citizens/travel/passenger-rights/air/index_fr.htm).

«Pendant la période estivale, il n’y a pas pas d’appareil « de réserve » qui peut pallier une défaillance de ce type», nous a-ton également précisé. «Comme la plupart des appareils sont complets, il est difficile par ailleurs de recaser les passagers sur un autre vol. C’est pourquoi nous conseillons aux voyageurs qui ont leur résidence en Belgique de rentrer chez eux, dans l’attente d’une solution de rechange. Pour les passagers qui n’ont pas de résidence en Belgique, la compagnie offre un séjour à l’hôtel», conformément au prescrit de la réglementation européenne… que toutes les compagnies, notamment low-cost, n’appliquent pas alors que le texte s’impose à elles également.

Dans le même temps, Brussels Airlines se voyait obligée d’offrir le même service aux passagers belges qui auraient dû rentrer de Porto: quand on vous disait que cette saison estivale était loin d’être celle du redémarrage idéal…

Les passagers ainsi privés d’une escapade ou de vacances dans le nord du Portugal se sont vu ou se verront proposer un autre vol ou un remboursement si cette alternative ne comble pas leur attente.

D’autres, qui avaient par exemple un séjour réservé à l’hôtel, ou qui devaient participer à une croisière fluviale sur le Douro «peuvent faire jouer leur assurance en annulation» conclut-on chez Brussels Airlines. Autant dire, donc, que les voyageurs aériens, surtout en cette période agitée, ont intérêt à être bien assurés en la matière. À moins qu’ils soient passés par une agence de voyage sympa, mais qui se passerait volontiers de pareille tuile, après avoir également subi la pandémie, puis les retombées de la guerre en Ukraine!

Le ciel, décidément, reste plombé pour l’instant! L’occasion de découvrir d’autres façons de voyager, peut-être moins énergivores?

La Flandre réfléchit à son tour à des «barrages écrêteurs»


Un an pile après les inondations catastrophiques qui ont frappé la Wallonie, et plus particulièrement les bassins de la Vesdre, de la Hoëgne, et de l’Ourthe, le gouvernement régional flamand s’est vu remettre un rapport d’expertise, qui préconise les mesures à prendre afin d’éviter au nord du pays une catastrophe de même type, et dont elle n’est pas à l’abri.

Parmi les mesures proposées, une vieille idée, déjà proposée il y a plus d’un quart-de-siècle pour la vallée de l’Ourthe, régulièrement victime des caprices de la rivière, par le défunt ministre wallon et liégeois des Travaux, Jean-Pierre Grafé (PSC, qui n’était pas encore devenu le cdH puis Les Engagés).

Le principe d’un tel ouvrage est simple: en situation normale, il laisse s’écouler l’eau de manière tout à fait naturelle. Et dès que les précipitations gonflent le cours, il retient une partie du trop-plein et inonde une zone définie par avance. Une fois les éléments calmés, l’eau ainsi retenue s’évacue lentement, comme l’eau s’évacue d’un évier.

La solution a déjà été mise en œuvre il y a longtemps dans diverses régions françaises. Mais en Wallonie, la suggestion de Jean-Pierre Grafé ne s’est jamais concrétisée. Pourquoi? Essentiellement par l’impossibilité de définir des zones volontairement inondables. Sans doute parce que aucun propriétaire ne souhaitait voir ses pâtures mises régulièrement sous eau.

L’implantation d’un barrage écrêteur permet de choisir la zone à inonder en cas de montée importante des eaux…

La Flandre mettra-t-elle en œuvre le projet de Jean-Pierre Grafé? Lydia Peeters, la ministre libérale flamande des Travaux publics et de la Mobilité, s’est montrée fort prudente. Il faudra, a-t-elle déclaré, examiner le rapport d’expertise et envisager chacune des mesures préconisées afin d’éviter à la Flandre un cataclysme semblable à celui qui a frappé la Wallonie l’an dernier.

S’agissant des barrages écrêteurs, les propriétaires flamands risquent fort de se montrer aussi frileux que leurs alter ego wallons. À moins que les événements de la mi-juillet 2021 aient fait changer la perspective?

En Wallonie, dans la vallée de la Vesdre notamment, des zones naguère habitées vont être déclarées inconstructibles, et les personnes sinistrées, malgré les dédommagements importants qui leur seront versés, risquent d’avoir des difficultés à retrouver des logements équivalents, dans un environnement proche. Au fait, le moment de ressortir des tiroirs l’idée de barrages écrêteurs ne serait-il pas opportun?

Et si la Flandre administrait bien ses compétences avant d’en réclamer de nouvelles?


La «Fête nationale flamande» du lundi 11 juillet a vu les porte-voix de la N-VA se succéder pour réclamer, ô surprise, plus de compétences pour la Flandre.

C’est le ministre-président flamand, Jan Jambon, qui a ouvert le feu à la veille du grand jour, avec un discours où, comme la plupart de ces prédécesseurs avant lui, il a plaidé pour un élargissement des compétences régionales, après les élections fédérales, régionales et communautaires de 2024. Puis, le 11 juillet même, sous les lambris de l’Hôtel de ville de Bruxelles, pardon, de «Brussel», Liesbeth Homans, la présidente du Vlaams Parlement, est allée un pas plus loin en réclamant des compétences accrues dès à présent, sous forme de «gains rapides» censés appâter les régionalistes wallons, un peu sur l’air du «Demain, on rase gratis»…

Le refrain est connu, mais l’air ne fait pas la chanson, pas même celle de la danse endiablée que la président du parti nationaliste flamingant, Bart De Wever, a effectuée avec la future ex-députée de son parti Valérie Van Peel, qui quittera bientôt la politique, devant les caméras des télévisions flamandes, il y a une semaine. Non sans une charge contre le gouvernement Vivaldi, minoritaire au sein du groupe linguistique flamand, chargé de tous les péchés d’Israël par le bourgmestre d’Anvers.

Conner Rousseau: «gérons d’abord bien les compétences qui sont les nôtres»

D’ailleurs, au sortir de l’Hôtel de ville bruxellois, on a relevé la réaction de Conner Rousseau, le président de Vooruit, l’ex-parti socialiste flamand, qui se demandait pourquoi réclamer de nouvelles compétences, alors que la Flandre, soulignait-il, se montre incapable de bien gérer les domaines qui lui sont déjà acquis, comme le logement par exemple. Le Premier ministre fédéral, Alexander De Croo (Open vld), flamand lui aussi, expliquait que ce qu’il fallait surtout au pays et à ses entités fédérées, ce sont des responsables politiques prêts à travailler ensemble. Pour rappel, l’Open vld fait partie de la coalition flamande dirigée par Jan Jambon.

Les agriculteurs flamands sont remontés contre leur ministre de l’Environnement, Zuhal Demir…

Les agriculteurs flamands, eux, sont peut-être moins convaincus que ce que la Flandre fait elle-même, elle le fait mieux. Car l’accord sur la limitation des déversements d’azote, défendu becs et ongles par la ministre N-VA de l’Environnement, Zuhal Demir, leur reste en travers de la gorge. C’est la raison pour laquelle ils sont récemment descendus dans les rues, quelques jours avant leurs collègues néerlandais, qui ont bloqué les autoroutes du plat pays pour exprimer leur rejet d’un accord identique outre-Moerdijk.

Le problème est ancien, et les différents gouvernements flamands qui se sont succédé se sont renvoyé la patate chaude, mais l’heure est à la prise de décision, dit et répète Zuhal Demir. Car le parti nationaliste flamingant veut lui aussi se convertir à l’écologie en ces temps où le réchauffement climatique préoccupe tous les esprits. Or, si l’agriculture flamande s’est largement industrialisée au fil des décennies, avec notamment une multiplication des porcheries à grande échelle, elle est de ce fait devenue de plus en plus polluante. La solution? Venir, pendant longtemps, épandre du lisier en Wallonie («Ce que la Flandre fait elle-même, elle le fait mieux»), une pratique qui, dit-on, n’est pas encore tout à fait éteinte, malgré les interdictions wallonnes en la matière.

Le problème, c’est que Zuhal Demir veut faire fermer des installations… et que le CD&V, membre de la majorité flamande, ne veut pas de toutes ces fermetures. Car les démocrates-chrétiens, au plus bas dans les sondages, ne peuvent se mettre leur base agricole à dos.

Le débat est loin d’être clos, chez nos voisins du nord, qui viennent à peine de régler un autre grave problème de pollution, celui posé par l’entreprise 3M dans la banlieue anversoise, dont les rejets en PFOS autour de son usine de Zwijndrecht avaient été mis au jour par les travaux de l’Oosterwel, qui doit compléter le ring anversois. Après des mois de tergiversations, 3M a enfin récemment accepté de prendre en charge la dépollution des sols.

Dans ce contexte difficile, il est évidemment plus aisé de détourner la colère de la base, en incriminant, soit la majorité fédérale, soit la structure de l’État. Mais lorsque les flonflons de la fête du 11 juillet seront éteints, on souhaite bien du plaisir à Jan Jambon, pour rétablir la sérénité dans son équipe, et sortir du casse-tête de l’accord sur la réduction des déversements d’azote…