L’exclusion de Marc Tarabella démontre l’inconséquence du PS


Le député européen et bourgmestre socialiste d’Anthisnes, Marc Tarabella, est désormais écarté de l’Alliance Progressiste des Socialiste et Démocrates au Parlement européen, où il siège depuis 2004, et il est, par surcroît, exclu du Parti Socialiste. Une exclusion temporaire, a-t-on expliqué au Boulevard de l’Empereur, jusqu’au moment où l’enquête sur la corruption au Parlement européen aura conduit soit à son inculpation, soit à son innocence.

Les «révélations», ou pseudo-révélations du «repenti» italien, Pier Antonio Panzeri, l’ont, il est vrai, gravement mis en cause ces derniers jours: à en croire certaines fuites, son ancien collègue au Parlement européen l’accuserait d’avoir perçu 120000 euros en provenance du Qatar. Et Panzeri, dans le même temps, a complètement innocenté Marie Arena, compromise elle aussi par un voyage dans l’émirat qu’elle avait opportunément omis de déclarer.

Marc Tarabella s’est-il laissé acheter? L’enquête devra le démontrer. La perquisition menée tambour battant à son domicile n’a en tout cas pas laissé apparaître le moindre pactole. Et ses concitoyens d’Anthisnes ont peine à croire que leur bourgmestre, resté très proche d’eux, ait ainsi cédé à une offre sonnante et trébuchante.

Pour l’heure, Marc Tarabella, mis en cause par des «fuites», n’est pas inculpé…

Pour ma part, pour bien connaître Marc Tarabella depuis de très nombreuses années, j’avoue que je serais à la fois très surpris et très cruellement déçu si l’enquête, au bout du compte, démontrait que s’il a changé d’opinion sur l’organisation du dernier championnat du Monde de football au Qatar, c’est après s’être laissé convaincre par une valise de billet. Jusqu’à preuve du contraire, je m’accroche à la présomption d’innocence dont bénéficie chaque inculpé. Et je rappelle qu’à l’heure présente, le bourgmestre d’Anthisnes, qui a déjà réclamé à plusieurs reprises d’être entendu par Michel Claisse, le juge d’instruction en charge du dossier, n’est toujours pas inculpé.

La précipitation avec laquelle le Parti Socialiste l’a exclu, fût-ce de manière temporaire, n’en est dès lors que plus choquante. Et pose question sur la manière dont le PS exclut ou non ses membres. Une manière en apparence très arbitraire, qui semble essentiellement relever du bon vouloir du prince, entendez, du président du parti, Paul Magnette.

Comme le rappelait avec beaucoup de pertinence Bertrand Henne, ce matin, sur La Première, le Parti Socialiste ne respecte en rien les règles qu’il avait édictées, il y a plusieurs années, quand avaient éclaté les affaires dites de Charleroi. Celles qui avaient conduit le président du parti de l’époque, Elio Di Rupo, à jeter qu’il en avait «marre des parvenus» (sic)!

En principe, selon ces règles, tout mandataire inculpé devait être exclu du PS. Mais rapidement, il est apparu qu’une inculpation pouvait déboucher sur un non-lieu, voire un acquittement. Dès lors, la règle a été illico vidée de sens.

Il arrive néanmoins que des inculpés finissent par être condamnés. Ce fut le cas, récemment, de M. Jean-Charles Luperto, définitivement condamné dans une affaire de mœurs. Oui, mais hum, Jean-Charles Luperto est un gros faiseur de voix à Sambreville, et l’exclure risquait de le voir conduire, en 2024, une liste du bourgmestre qui aurait privé le PS du mayorat dans une ville importante de la province de Namur. On a donc inventé une excuse selon laquelle cette condamnation n’est en rien liée à l’exercice d’un mandat politique (!), et on a oublié la «blague» qu’il avait faite auparavant à son collègue de Jemeppe-sur Sambre, qu’il avait menacé de mort, en estimant que cette plaisanterie lui avait coûté un mandat ministériel. Le camarade reste donc un camarade. «Je suis le champion de l’éthique» a expliqué le président du PS, ce jeudi soir, au JT de La Une, juste avant la séance des vœux de son parti. On doit donc en conclure que, pour lui, se poster dans les toilettes d’une station d’autoroute, en quête d’une relation homosexuelle furtive est un acte parfaitement éhique…

Stéphane Moreau, ancien bourgmestre d’Ans et ex-patron de Nethys, a, lui, été exclu du PS en avril 2017, en pleine révélation des manœuvres financières et d’une fraude à l’assurance qui lui avaient bénéficié. L’ancien député provincial sérésien André Gilles, ex-président du conseil d’administration de l’intercommunale Publifin, aujourd’hui Tecteo, dont dépendait Nethys, a été lui aussi exclu en même temps du parti: la règle vide de sens a été appliquée à leur endroit, sans que personne la remette en cause. Pour rappel, à nouveau, à l’heure présente, Marc Tarabella n’est pas inculpé dans le «Qatargate».

Il y a un an Alain Mathot, l’ancien député-bourgmestre de Seraing, condamné pour corruption, a préféré, lui, se retirer du PS, avant de subir une exclusion qui lui semblait devenue inévitable.

Et puis il y a eu les exclusions pour cause de divergence politique avec certains mandataires. Emir Kir, le populaire député-bourgmestre de Saint-Josse a été «dégommé» pour son refus de reconnaître le génocide arménien et pour sa proximité avec des «Loups gris», la milice d’extrême-droite turque. Son exclusion temporaire, largement approuvée, va bientôt prendre fin… sans qu’on sache si, sur le génocide arménien, sa position ait évolué. Lui aussi est une «machine à voix»…

La bourgmestre de Verviers, Muriel Targnion, et son échevin des Finances, Alexandre Loffet, ont, eux été exclus, en violation des règles internes du PS soit dit au passage, parce qu’ils n’étaient pas revenus sur leur signature au bas d’une motion reniée, sous pression, par certain(e)s de leurs ancien(ne)s colistier(e)s, demandant le retrait du mandat d’un président du CPAS, lui aussi PS, dont le comportement politique posait problème à la gestion de l’ancienne cité lainière. La tentative de mettre un autre bourgmestre de consensus, feu Jean-François Istasse, à la place de Muriel Targnion, ayant échoué, le-dit président du CPAS a tout de même été écarté. Et dernier épisode en date, Alexandre Loffet, ancien président de la fédération verviétoise du PS, qui devait démissionner en ce début d’année pour faire place à un(e) socialiste «orthodoxe»…. a été réintégré au parti. Manière de lui éviter de nouveaux déchirements.

La jurisprudence du Parti Socialiste, on le voit, est à géométrie (très) variable, et le tort principal de Marc Tarabella est sans doute d’être le bourgmestre d’une… petite commune condruzienne, et de ne pas peser suffisamment lourd. Comme l’écrivait déjà Jean de la Fontaine, selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous feront blanc ou noir…

L’étrange mansuétude du PS à l’égard du bourgmestre de Sambreville tranche avec son intransigeance avec des élu(e)s verviétois(e)s


Ainsi donc, après s’être muré dans le silence, le président du parti socialiste, Paul Magnette, dont l’avis avait vainement été sollicité auparavant, a fait répondre, par son directeur de la communication, à Samuel Sinte et Guillaume Barkhuysen, mes anciens collègues du journal qui m’a employé pendant de nombreuses années mais ne m’a jamais assez rémunéré à mon goût (air connu), que «la décision de la Cour européenne des Droits de l’homme (relative au bourgmestre de Sambreville, Jean-Charles Luperto, Ndlr) n’est pas une surprise. Elle ne constitue pas un élément nouveau par rapport à ce qui a été décidé l’année dernière».

Pour rappel, la veille, mes anciens et excellents confrères avaient révélé qu’en décembre dernier, le recours que Jean-Charles Luperto avait adressé à la Cour de Strasbourg avait été déclaré «irrecevable». Et que dès lors, après l’échec de son pourvoi en Cassation, sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour outrage aux mœurs, prononcée par la Cour d’appel de Liège, le 29 septembre 2020, était devenue définitive… dans le plus grand secret. Car ni l’intéressé, ni son avocat, ce qu’on peut comprendre, n’avaient signalé l’échec de leur appel à la Cour européenne des Droits de l’homme; et le PS lui-même est resté dans l’apathie la plus totale.

Interrogé l’année dernière, le président du PS, Paul Magnette, avait expliqué que, dans l’attente de la décision de la Cour de Strasbourg, «personne, pas même parmi ses adversaires politiques locaux» n’avait réclamé la démission du bourgmestre de Sambreville, et qu’entre-temps, «les électeurs lui avaient renouvelé leur confiance, malgré son affaire».

Jean-Charles Luperto est condamné définitivement pour outrages aux mœurs mais, pour le PS, ses adversaires politiques ne demandent pas sa démission, et la population lui a renouvelé sa confiance. Pas de quoi s’émouvoir!

Une étrange mansuétude, dont n’avait pas fait preuve, dans le passé, le PS à l’égard de Stéphane Moreau, ancien bourgmestre d’Ans, et d’André Gilles, ancien député provincial: le premier avait démissionné du parti avant d’en être exclu, tandis que le second en avait été exclu, à la suite de leur gestion calamiteuse du dossier Nethys.

Emir Kir, bourgmestre PS de Saint-Josse, a fait l’objet d’une exclusion de trois ans, à la suite de la réception qu’il avait offerte à six maires turcs, deux membres d’un parti proche de la sinistre milice d’extrême-droite des «Loups Gris».

Benoît Hons, échevin à Neupré, a été exclu en janvier 2020 pour propos injurieux envers les gens du voyage proférés sur Facebook, notaient encore mes anciens collègues.

Quant à Alain Mathot, ancien bourgmestre de Seraing, il a démissionné du parti en mars dernier (avant d’en être exclu?), à la suite de sa condamnation pour faits de corruption.

Samuel Sinte et Guillaume Barkhuysen rappelaient aussi l’exclusion de l’ancien échevin de Charleroi Claude Despiegeleer par la commission de vigilance du PS, pour ses condamnations dans les affaires de «La Carolorégienne».

Paul Magnette utiliserait-il donc un instrument à deux poids deux mesures, qui vaut exclusion, spontanée ou forcée du Parti socialiste, à l’ensemble des mandataires condamnés, sauf pour…. Jean-Charles Luperto, bourgmestre de Sambreville?

On a connu le président du PS beaucoup plus vindicatif à Verviers, quand il s’est agi de sanctionner la bourgmestre, Muriel Targnion, et ses fidèles au sein du collège communal, qui avaient eu l’outrecuidance de vouloir écarter un président de CPAS, tout aussi socialiste qu’eux, qui se refusait à tout contrôle de l’exercice de sa fonction!

Le Boulevard de l’Empereur avait alors «fait pression» pour forcer certain(e)s des signataires de la motion de défiance à revenir sur leur parole, quelques jours après avoir approuvé l’initiative mayorale, et à mettre en place un bourgmestre alternatif, feu Jean-François Istasse, au prix d’une manœuvre dont l’illégalité avait ensuite été constatée par le Conseil d’État.

Paul Magnette avait alors fait frapper d’exclusion la bourgmestre de Verviers, et ceux qui étaient restés fidèles à leur signature, dont l’échevin des Finances, Alexandre Loffet, qui fait pour l’instant… fonction de bourgmestre, et devrait céder le témoin d’ici à quelques semaines. Sauf circonvolutions qui le feraient rentrer dans le giron du parti?

Ces exclusions, soit dit au passage, n’avaient pas respecté la procédure interne du parti socialiste, qui aurait dû d’abord faire examiner leur cas par sa Fédération verviétoise. En les envoyant directement vers la commission de discipline (par crainte d’une approbation de leur conduite au plan verviétois?), le président du PS les avait privés d’un droit de recours sans le moindre état d’âme.

Sa passivité devant le dossier de Jean-Charles Luperto n’en est que plus surprenante. Car la barque du bourgmestre de Sambreville est drôlement chargée.

L’homme, on l’a oublié, avait vu une possible carrière ministérielle avortée à la suite d’une «plaisanterie» de très mauvais goût qu’il avait mise sur pied le 21 juin 2007, en menaçant d’incendier la maison du bourgmestre de la commune voisine de Jemeppe-sur-Sambre, Joseph Daussogne.

En novembre 2014, des perquisitions sont menées à son bureau et à son domicile, dans le cadre d’une enquête pour faits de mœurs qui se seraient produits à l’été de la même année, dans les toilettes de la station-service d’autoroute de Spy, sur l’autoroute de Wallonie.

Ces faits verront la levée de l’immunité parlementaire de celui qui était à la fois député wallon et président du Parlement de la Communauté française. Et lui vaudront sa condamnation définitive, le 29 septembre 2020, après une série de manœuvres de retardement judiciaire, qui amèneront son dossier à la Cour d’appel de Liège.

Jean-Charles Luperto se défend toujours des faits d’exhibitionnisme qui lui ont valu sa condamnation. Sa défense a consisté à dire qu’il s’était rendu dans les toilettes de cette aire d’autoroute pour… des rencontres furtives à caractère sexuel!

On voit d’ici l’argument! Si tout être humain, fût-il mandataire politique, a droit à sa vie privée, et que son orientation sexuelle ne peut lui être portée à charge, pareil comportement relève à tout le moins de l’inconduite notoire qui pourrait, ou devrait, lui valoir de ne plus pouvoir exercer une fonction mayorale… qui comprend notamment des responsabilités en matière de police!

Le président du parti socialiste ne pourra pas s’abriter longtemps derrière une communication sibylline, pour justifier une passivité dont l’effet nourrira encore un peu plus le rejet de la politique. Et se révèle désastreuse pour la classe politique wallonne dans son ensemble.

Quand le vote extrême sanctionnera pareille dérive, il sera trop tard pour se lamenter!

Verviers de retour à la case-départ… ou à peu près


Alléluia, la ville de Verviers a retrouvé une stabilité politique: ce vendredi, une motion de défiance collective a renversé le collège communal mis en place au lendemain des élections communales de 2018, et qui associait le PS, le MR, et le Nouveau-Verviers, ce parti né d’une dissidence du MR de l’ex-Cité lainière, et il l’a remplacé par un nouveau collège associant un PS amoindri; les Indignés Verviétois qui réunissent des exclus ou démissionnaires du PS, le MR, le Nouveau-Verviers et le cdH, associé avec ces deux derniers dans un cartel improbable et promis à disparaître au plus tard en 2024.

Gai, gai, folle ville, embrassons-nous, l’avenir devient radieux ? Pas sûr, car il faudra d’abord rabibocher des partenaires qu’un an de combats acharnés, marqué de reniements en série, ne s’effacera pas en trois coups de cuiller à pot. Voire plus, car au cdH, certain(e)s ne doivent pas avoir oublié les coups bas du MR, et notamment de l’échevin Freddy Breuwer, sous la législature précédente.

Le PS, lui, est sorti laminé de cette année d’épreuve. Il a exclu la bourgmestre qu’il avait hissée sur le pavois, s’est aliéné son ancien président fédéral qui reste échevin pour vingt mois encore, a perdu une jeune conseillère dégoûtée des manœuvres qui se sont déroulées en interne, et le voilà maintenant privé du soutien de celui qui est devenu l’ancien président du CPAS et de trois élu(e)s socialistes qui lui sont resté(e)s fidèles.

Le président du CPAS est finalement écarté… comme la bourgmestre et le collège communal voulaient le faire l’an dernier

Cette issue laisse un goût amer à ces derniers, ainsi qu’à toutes celles et à tous ceux qui ont vécu, de près ou de loin, depuis un an, les soubresauts d’une crise politique dont la seule issue honorable aurait été un retour aux urnes… dont personne parmi les élu(e)s ne voulait, sans doute notamment par crainte d’un progrès marquant de l’extrême-droite qui n’aurait pas eu besoin de faire campagne pour capitaliser le mécontentement populaire.

Ce qu’il faut bien constater aujourd’hui, c’est que le PS a écarté lui-même le président du CPAS de son poste… comme voulaient le faire, l’an dernier, la bourgmestre et tou(te)s les autres membres du collège communal.

D’où les questions qu’on peut poser: pourquoi la bourgmestre a-t-elle été exclue de son propre parti à l’instigation notamment de son président national, pourquoi des membres du collège communal ont-ils subi des pressions intolérables pour revenir sur leur signature, pourquoi un bourgmestre éphémère a-t-il été mis en place de manière irrégulière, et pourquoi les politiques verviétois ont-ils consacré l’essentiel de leur temps, depuis un an, à sortir de ce foutoir plutôt que de gérer la ville… si c’est pour en revenir ainsi au point de départ ?

Il reste à la « nouvelle » majorité moins d’une demi-mandature pour tenter d’enrayer la paupérisation et la désertification commerciale de Verviers: c’est fort peu, si on s’en réfère aux tensions internes qui la traversent. Les optimistes rétorqueront que les mariages de raison durent parfois plus longtemps que les mariages d’amour. Parfois…

Un an plus tard, l’imbroglio politique se prolonge à Verviers


Selon un vieil adage wallon, un nouveau balai balaie toujours mieux qu’un ancien. Et la nouvelle présidente de la fédération verviétoise du PS, Valérie Dejardin, espérait bien, avec le puissant appui de son homologue liégeois, le ministre communautaire Frédéric Daerden, sortir le PS verviétois du marasme dans lequel il est plongé depuis près d’un an, et, par vie de conséquence, du marasme dans lequel les déchirements au sein d’un parti qu’un slogan, jadis, affirmait « fort et uni » a plongé la ville de Verviers.

On se demande néanmoins quelle mouche avait piqué Valérie Dejardin quand elle a tenté (sur ordre du boulevard de l’Empereur?) de relancer l’idée d’un remplacement de la « bourgmestre renégate », Muriel Targnion, par Malik Ben Achour, député fédéral à la suite de la nomination de Frédéric Daerden au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qu’on dit par ailleurs peu intéressé par l’écharpe mayorale de l’ancienne Cité lainière. Bourgmestre elle-même de Limbourg, la présidente de la Fédération verviétoise du PS aurait dû pressentir qu’elle courait droit au fiasco.

A moins qu’elle ait voulu procéder par une démonstration par l’absurde?

Elle n’a en tout cas pas trouvé une majorité d’élu(e)s de ce qui reste du PS au conseil communal de Verviers pour appuyer sa proposition. Et on s’oriente donc vers une nouvelle proposition qui prévoirait le maintien de Muriel Targnion. exclue du PS, au mayorat de Verviers jusqu’à la fin de la mandature.

Statu quo ante? Pas vraiment!

On efface donc tout et on en revient à la situation qui prévalait il y a un an, avant que Muriel Targnion, avec le soutien d’une majorité du groupe socialiste au conseil communal de Verviers et de ses partenaires de majorité, ne tente d’éjecter le président du CPAS, Hasan Aydin, de son poste?

Euh, pas vraiment car dans l’aventure, Alexandre Loffet. président débarqué de la Fédération verviétoise du PS, perdrait son mandat d’échevin.

Et pour le reste, on peut cibler:

• Hasan Aydin devrait rester en place. Certes, les relations du président du CPAS avec ses collègues du collège communal de Verviers se sont détendues, mais il nourrit peut-être toujours un espoir d’accéder au fauteuil mayoral. Et le CPAS continue à réclamer à la ville des suppléments de moyens qu’elle ne peut lui concéder

• Des échevins(e)s, notamment socialistes, doivent continuer à travailler avec une bourgmestre qu’elles ont allègrement trahie avant de se rendre solidaires de son exclusion du PS, forcée dans des conditions à tout le moins discutables.

• La ville de Verviers garde une bourgmestre dont on disait, à l’époque où elle présidait le conseil d’administration d’Enodia (où elle a défendu mordicus la gestion calamiteuse de l’administrateur-délégué de Nethys, Stéphane Moreau, ce qui l’a placée dans le viseur du président du PS, Paul Magnette) que la gestion de sa ville ne semblait plus être sa priorité première.

C’est donc un attelage de bric et de broc qui risque donc rester en place à Verviers jusqu’en 2024. Une ville qui, pour rappel, se paupérise chaque jour un peu plus et dont les commerces ferment en série.

Pour en sortir par le haut, deux solutions auraient été envisageables. Une nouvelle élection d’abord, qui aurait permis de rebattre les cartes, mais pour cela, les échevin(e)s auraient dû avoir le courage de démissionner en bloc. Ou alors, puisque les déchirures au sein du PS ont fini par paralyser la ville, la mise sur pied d’une coalition renvoyant le PS dans l’opposition. Là aussi, il aurait fallu du courage politique. Du côté des « verts » verviétois notamment….

La loterie politique va repartir à Verviers


Un nouvel épisode de la saga politique va s’ouvrir à Verviers, où l’union socialiste communale (USC) a fait, jeudi soir, le choix du député fédéral Malik Ben Achour pour le mayorat, au détriment du président du CPAS, Hasan Aydin, à qui son score électoral promettait pourtant en principe l’écharpe.

On en arrive donc au scénario mis en place dès le départ par les plus hautes instances du PS, et qui exigeait la double mise à l’écart de l’actuelle bourgmestre, Muriel Targnion, et de Hasan Aydin, dont les rapports avec la titulaire de l’écharpe mayorale et avec l’ensemble des autres membres du collège communal étaient devenus impossibles. La manœuvre, très délicate, devait s’opérer en deux temps: d’abord l’exclusion des rangs du PS de Muriel Targnion, au prix même de certaines indélicatesses avec la procédure statutaire; avec son remplacement par Jean-François Istasse, le bourgmestre le plus éphémère de l’histoire politique de Verviers. Puis, ce jeudi soir, la mise en boîte de Hasan Aydin, par un vote savamment orchestré depuis Bruxelles au sein de l’USC verviétoise.

Voilà en tout cas le scénario mis sur papier. Car il suppose, à nouveau, un jeu qui passe par une motion de défiance à l’égard de Muriel Targnion, et un tour de passe-passe qui écarte Hasan Aydin du mayorat, tout en le maintenant, si rien n’a changé entre-temps, à la présidence du CPAS, mais pas au sein du collège communal. Ce qui supposerait qu’il démissionne du conseil communal, dans un scénario qu’il a à plus d’une reprise rejeté nettement ces dernières semaines.

Malik Ben Achour, en tout cas, se tient prêt à ceindre l’écharpe mayorale avec un sens du devoir qui émeut, puisqu’il explique que s’il n’avait pensé qu’à lui, il serait resté à la Chambre -il ne peut être à la fois bourgmestre de Verviers et député fédéral- mais qu’il a toujours dit qu’il voulait «être un acteur d’une solution» et qu’il lui faut bien constater qu’il est «l’ultime solution de consensus». Ceci dit, précise-t-il, «en toute modestie». On reste muet devant pareille abnégation, qui tranche avec le lamentable spectacle donné depuis neuf mois par tous les politiques verviétois!

Cela dit, Malik Ben Achour ne va pas démissionner tout de suite du mandat de député qui lui est échu à la suite de l’entrée de Frédéric Daerden au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles en qualité de ministre du Budget. Le futur (?) mayeur verviétois est un philosophe, et il sait, par définition qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras…

Dix petits nègres

Car pour qu’il arrive à ses fins, il faut d’abord que la motion de défiance à l’égard de Muriel Targnion soit votée par sept des treize élus socialistes au soir des élections communales d’octobre 2018. La bourgmestre en titre, exclue de son parti, ne se fera évidemment pas hara-kiri, pas plus que l’échevin des Finances Alexandre Loffet, qui a également pris ses distances par rapport au parti qui l’a exclu. La jeune Laurie Maréchal, qui a elle aussi claqué la porte après avoir exigé qu’on retire son portrait de jeune élue de la façade du siège du parti, au boulevard de l’Empereur à Bruxelles, fera elle aussi défaut.

Ils restent donc à dix dans le groupe socialiste «orthodoxes», comme les dix petits nègres du roman policier éponyme d’Agatha Christie. Et l’une est déjà tombée du bateau, puisque l’ancienne échevine, Sylvia Belly, prudente, a déjà repris une fonction directoriale dans l’enseignement communale, incompatible avec sa fonction scabinale. Se souvenant sans doute qu’elle s’était fait menacer par ses camarades, l’an dernier, de se retrouver au chômage, si elle persistait à soutenir la motion mise en œuvre par Muriel Targnion pour écarter Hasan Aydin de la présidence du CPAS.

Que fera ce dernier? Après avoir dit et répété qu’il n’accepterait pas de se voir déposséder d’une écharpe mayorale que son score électoral lui garantissait, une fois Muriel Targnion écartée; après avoir expliqué qu’il n’entrerait pas dans une mécanique compliquée, qui l’obligerait à démissionner du conseil communal pour continuer à présider le CPAS, on le voit mal manger son chapeau et se faire volontairement hara-kiri. Restent huit petits nègres…

C’est ici, sans doute, que les pressions vont jouer à fond pour garder tout le monde bien dans la ligne fixée par le parti socialiste. Et les moyens de pression existent, à commencer par les mandats d’échevins à distribuer.

Antoine Lukoki, par exemple, qui s’était allié à Hasan Aydin, au point de mettre en place avec lui des permanences sociales impliquant illégalement des employés du CPAS, va-t-il rester fidèle à son engagement, ou considérer que, tout compte fait, son maintien au collège communale, dans le plus haut intérêt de la ville et de la population de Verviers, lui imposent de retourner sa veste?

Avec Chimaine Nangi, le scénario semble cousu de câble blanc: il semble qu’un fauteuil scabinal lui a été promis. Bien sûr, les promesse n’engagent que celles et ceux qui y croient, selon un adage bien connu. Mais cela devrait suffire à la maintenir dans le rang.

Tout dépendra donc de deux élus socialistes incertains, Said Naji et Anass Gallas: d’ici au 29 mars, date du prochain conseil communal, on suppose que les deux mandaitaires vont faire l’objet d’un tas de pressions, amicales ou menaçantes, pour s’assurer qu’ils ne feront pas défaut tous les deux, car si c’était le cas, patatras, le beau scénario s’écroulerait avant même d’avoir été mis en place. Cela posé, les voilà tous deux en position de force pour revendiquer, qui sait, un mandat d’échevin? Ah oui, mais alors, c’est Antoine Lukoki qui serait sur un siège éjectable, et qu’il faudrait ramener à de meilleurs sentiments…

Tout ces maquignonnages, on s’en doute, ne sont guère de nature à réconcilier le Verviétois lambda, avec la classe politique. Surtout après le blocage du PS autour du budget communal, qui a retardé de quatre mois l’activation des mesures de soutien aux commerçants réduits à l’inactivité par la pandémie du Covid-19, ou les commandes à passer pour assurer le bon déroulement des chantiers qui défigurent depuis des mois le centre de la Cité lainière, et ne sont pas de nature à y ramener le chaland…

Rendez-vous rue de la Science

Tout cela suppose que le scénario réécrit au sein de l’USC verviétoise tienne la route. Or, le Conseil d’État doit toujours se prononcer sur le recours en annulation introduit par Muriel Targnion contre le précédent mécanisme qui l’avait privée de l’écharpe mayorale.

L’instance de la rue de la Science avait, à l’époque, validé la requête de suspension de la décision en extrême urgence, ce qui avait obligé Jean-François Istasse à jeter l’éponge après à peine quinze jours de fonction à l’Hôtel de ville de Verviers. Elle avait remis à plus tard sa décision sur le fond, et cette décision n’est pas encore connue. Pour rappel, elle avait suspendu le mécanisme sur base d’un premier argument; les autres doivent encore être examinés.

Il n’est pas exclu, si l’histoire se répète, que de nouveaux recours en suspension et annulation partent pour la capitale. Envoyés par Muriel Targnion, ou Alexandre Loffet? Possible, mais qu’est-ce qui empêcherait Hasan Aydin, s’il n’est pas satisfait du sort qui lui est fait, de leur emboîter le pas, voire de risquer sa chance à lui seul?

Les dispositions wallonnes sur la démocratie locale imposent, par ailleurs, un délai d’un an entre deux motions de défiance: le compte n’y est donc pas. Le paradoxe, peut-être, est que les Machiavels verviétois tireront argument de la suspension de leur précédente initiative pour en déduire qu’elle n’existe pas, et que dès lors, le délai n’a plus cours. Après tout, pourquoi pas? Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Et en matière de gêne, les politiques verviétois ont depuis longtemps franchi bien des limites…

Verviers est plus ingouvernable que jamais


Il y avait déjà la désertification commerciale croissante à Verviers; il y avait aussi son appauvrissement progressif: la Cité lainière y ajoute désormais une ingouvernabililité durable, sur fond d’ambitions personnelles démesurées et d’incompatibilités entre des personnalités de plus en plus clivantes.

Le résultat est que le budget 2021 de la ville n’est pas près d’être approuvé, que les projets vont rester en rade, et que l’hypothèse de l’envoi d’un(e) commissaire spécial(e) en rives de Vesdre prend de plus en plus de consistance. Hors sursaut d’honneur très peu probable d’élus qui pourraient démissionner en bloc et provoquer une élection… à laquelle certain(e) d’entre eux (elles) feraient mieux de ne plus se présenter après les reniements en série qui ont été les leurs au cours des derniers mois.

Ce qu’on dit et ce qu’on dit qu’on a dit

L’événement de cette fin de semaine a été l’annonce, par les « Verts » verviétois de leur refus de négocier plus avant avec le MR, le Nouveau Verviers ( NV, dissidence libérale), le cdH, et les «  Indignés verviétois » (IV, les exclus du PS).

Ecolo se tourne à nouveau vers le PS « orthodoxe » tout en se disant toujours ouvert à certains des autres partenaires. Mais comme le PS « orthodoxe » et amoindri proposerait toujours au mayorat le président du CPAS, Hasan Aydin devenu infréquentable pour les autres partenaires et dont les pratiques ont été plus d’une fois condamnées par la tutelle, ou le conseiller Malik Ben Achour, chef de groupe socialiste, autant dire qu’une union sacrée verviétoise est tout à fait hors d’atteinte.

Le revirement des Verts peut s’expliquer par les propos prêtés à un échevin ou à un contrat de location commerciale accordé par le même échevin dans des circonstances qui posent questions: Freddy Breuwer est à nouveau dans l’oeil du cyclone.

L’affaire a commencé comme un mauvais vaudeville: lors du dernier conseil communal par visioconférence, l’échevin, après une longue intervention qui lui avait permis d’éreinter le PS « orthodoxe » en général, et le président du CPAS en particulier, a oublié de débrancher son micro. Et tout le monde l’a entendu… ou cru l’entendre dire, dans une conversation téléphonique qui suivait, que les socialistes et les écolos le faisaient chier (sic). La toile s’est aussitôt enflammée, même si, tel le ministre fédéral de la Santé, récemment, Freddy Breuwer a apparemment été incriminé plus pour ce qu’on disait qu’il avait dit que pour ce qu’il avait vraiment dit. Mais on ne prête qu’aux riches…

Querelle de bac à sable sur un bail


L’autre motif de fâcherie entre Verts et Bleus portait sur un bail commercial particulièrement favorable accordé à un commerçant réputé proche de l’échevin. (https://www.vedia.be/www/video/info/politique/verviers-une-surface-commerciale-qui-divise-_103782_89.html)

On pouvait entendre l’argument selon lequel mieux vaut louer un emplacement commercial à vil prix dans un centre-ville où les vitrines vides se multiplient et embrayer avec la proposition du conseiller écolo Dany Smeets de systématiser ce type de bail pour lutter précisément contre cette désertification et effacer tout soupçon de favoritisme: les deux positions étaient parfaitement conciliables. Mais la querelle (publique) de bac à sable qui s’en est suivie entre l’échevin et le chef de groupe socialiste ne fait rien pour rehausser le débat démocratique dans l’ancienne cité lainière.

Sur le sujet, on peut retenir la position un peu schizophrénique des échevins socialistes « orthodoxes » qui ont approuvé l’opération en collège communal avant de s’y opposer en conseil. Et on ne peut recevoir l’explication apportée par l’un d’entre eux, Antoine Lukoki en l’occurrence, selon laquelle il n’avait pas perçu toutes les implications du dossier lors du premier vote, mais qu’il en a été informé avant le second par son chef de groupe et par le plus éphémère des bourgmestres verviétois, Jean-François Istasse. Sauf à admettre que le casting des échevins socialistes « orthodoxes » a de quoi interloquer…

Double impasse

Un autre point expliquerait le revirement « vert »: l’obligation de réserver un mandat au « groupe Targnion » en cas de mise sur pied d’une coalition dont ne ferait pas partie le PS « orthodoxe ».

En attendant, aussi infréquentable qu’elle soit, là bourgmestre de Verviers semble bien partie pour rester encore un certain temps en place, alors qu’il y a quelques semaines, Jean-Francois Istasse, privé d’écharpe mayorale par le conseil d’État, se faisait fort de lui régler son compte en moins de deux. Mais la défection de ses échevins socialistes « orthodoxes » la met désormais dans une situation impossible.

Les écologistes verviétois auraient aussi été choqués par la publication, dans l’édition verviétoise de La Meuse, ce jeudi, d’un «casting» du collège communal en cours de négociation. Si les noms mentionnés n’avaient déjà circulé depuis quelques jours, l’hypothèses serait envisageable. Mais on peut en douter…

Le revirement des « Verts » conduit donc à une impasse politique, puisque aucune coalition ne semble en mesure de recueillir une majorité. L’impasse politique se double d’incompatibilités personnelles: Muriel Targnion et Alexandre Loffet (L.I.V.) pour les socialistes « orthodoxes » et les Verts; Hasan Aydin et Malik Ben Achour (l’éminence grise du PS « orthodoxe », qui s’avance manifestement mieux masquée dans ce dossier que devant la caméra de la télé verviétoise!) le premier pour tous les autres sauf peut-être les Verts; le second pour pas mal de monde; et maintenant à nouveau Freddy Breuwer (MR) pour le PS « orthodoxe » et Écolo, après l’avoir été pour le PS, jadis, quand il l’a déserté pour la liste Verviers Autrement, du défunt ex-échevin Paul Cormeau, pour le cdH quand les deux partis étaient en majorité, et même pour le… MR avant la constitution des listes pour le scrutin communal d’octobre 2018.

Les acteurs actuels ne pouvant en sortir, la piste la plus logique serait l’envoi d’un(e) commissaire spécial(e) chargé(e) de rétablir une gestion normale de la Cité lainière. Soit dans un sursaut d’honneur d’élu(e)s qui n’ont pas vraiment fait honneur à la démocratie ces derniers mois, sous forme d’une démission collective qui entraînerait de nouvelles élections où un certain nombre d’entre eux (elles) devraient alors avoir le bon sens de ne plus se présenter. Et où un chien avec un chapeau d’extrême-droite risquerait de faire de leur tailler des croupières. Ne leur resterait alors qu’à parodier l’empereur allemand, Guillaume II, au lendemain de la Première guerre mondiale, et de soupirer «Das habe ich nicht gewollt», «Ce n’est pas cela que j’ai voulu»…

La cassure s’élargit au sein du PS de l’arrondissement de Verviers


La (mauvaise) «telenovela» politique verviétoise se poursuit, et s’est amplifiée, ces derniers jours, au gré d’interviewes de Marc Goblet, député PS de l’arrondissement de Verviers et ancien président de la FGTB, d’Yvan Ylieff, ancien bourgmestre de Dison, ancien ministre de l’Enseignement, puis, ce mercredi, de Didier Nyssen, conseiller communal de Verviers, dont les retournements de veste feraient pâlir d’envie Jacques Dutronc, inoubliable chanteur de «L’opportuniste». Et ce qu’on constate au travers de ces différents propos, c’est que la gestion du «problème verviétois» par les instances nationales du PS transposent la profonde division du parti de la ville, à la région. Et que la fracture s’amplifie de jour en jour.

Marc GobletPremière salve tirée par Marc Goblet: le député fédéral hervien faisait partie de la «tutelle» imposée à la section verviétoise du PS, avec le député wallon-bourgmestre de Huy, Christophe Collignon, avec le député wallon et conseiller communal theutois André Frédéric, qui présidait cette «tutelle», et avec la conseillère communale liégeoise, et ancienne députée fédérale Marie-Claire Lambert.

Cette «tutelle» était censée ramener la paix au sein du PS de Verviers, déchiré par ce que d’aucuns ont baptisé le conflit entre la bourgmestre, Muriel Targnion, et le président du CPAS, Hasan Aydin, mais ce qui se décrit plus justement par le problème posé par le comportement individuel du président du CPAS, devenu insupportable non seulement à la bourgmestre, mais à l’ensemble des membres du collège communal de l’ancienne cité lainière.

On ne reviendra pas ici sur les péripéties qui ont conduit à l’exclusion du PS de la bourgmestre verviétoise, et qui vont sans doute bientôt conduire à la même sanction pour l’échevin des Finances, Alexandre Loffet, toujours président de la fédération verviétoise du Parti socialiste, en violation même des statuts du PS, puisque l’intéressée a été directement jugée par la commission de vigilance nationale, l’instance d’appel, dont les décisions sont… sans appel. Ni sur le scénario mis en place pour installer (provisoirement) Jean-François Istassse au fauteuil mayoral, au prix de liberté très larges prises avec le Code wallon de démocratie locale, sur lesquelles, le cas échéant, on sera intéressé de connaître l’avis du ministre wallon et PS de tutelle, Pierre-Yves Dermagne.

C’est précisément parce qu’il n’était pas d’accord avec cette manière de procéder que Marc Goblet, sans aucun doute le seul membre de  la «tutelle», avec André Frédéric, a bien connaître le contexte verviétois, a décidé de s’en retirer. Sans que cela émeuve le moins du monde le boulevard de l’Empereur, apparemment, où on s’en tient mordicus à l’option prise, aussi invraisemblable qu’elle paraisse, tant il est évident que les partenaires de majorité du PS à Verviers n’accepteront pas le maintien de Hasan Aydin à la présidence du CPaS. Sauf s’ils mangent leur chapeau avec un bel appétit.

Yvan YlieffDeuxième acte, une autre interview de l’ancien bourgmestre de Dison, Yvan Ylieff, toujours accordée à mes consœurs et confrères de l’édition verviétoise d’un journal qui (air connu) m’emploie et ne me rémunère pas assez à mon goût.

Fidèle à sa réputation, «Yvan le terrible» y dézingue à tout va.

«Ma vie, c’était le PS et aujourd’hui y règne la panique, l’improvisation, le grand n’importe quoi. Je suis à cet égard à 100% sur la même la même longueur d’ondes que le député fédéral Marc Goblet (PS) qui d’ailleurs, en tant que dernier sur la liste PS a conquis son siège avec ses voix personnelles donc jouit d’une légitimité démocratique incontestable» lance-t-il. Et une pierre dans le jardin d’un autre député fédéral PS de l’arrondissement de Verviers, «suite au désistement de deux élus qui ont préféré rester échevins», une!

Claude DesamaLe «grand n’importe quoi», c’est notamment, pour Yvan Ylieff, le choix de la «mouvance communautariste» prise par le PS verviétois, à l’instigation de l’ancien bourgmestre de la Cité lanière, accuse-t-il. Et pan, une deuxième pierre, dans le jardin de Claude Desama, dont l’épouse fut jadis l’inamovible première échevine d’Yvan Ylieff.

Ce qui, évidemment, lui vaut dès ce mercredi, une réplique de l’ancien professeur de l’université de Liège, qui avait récemment démoli celle qui lui a succédé à l’Hôtel de ville de Verviers, en rappelant l’adage latin «Ius dementat quos vult perdere» («Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre») et qui s’affiche en «incarnation de la laïcité». La controverse entre les deux anciennes figures de proue de la fédération verviétoise du PS prend, du coup, des allures de conflit de bac à sable…

Le ralliement le plus spectaculaire à l’ancien mayeur disonais est venu, le même jour, du conseiller socialiste verviétois Didier Nyssen, dont le parcours donne quelque peu le tournis: soutien de Muriel Targnion, il a cédé à la pression du parti pour se ranger du côté des «orthodoxes» mais se déclare d’accord avec l’ancien ministre qui condamne la dérive prise par cette tendance «officielle» du parti. D’ici à son retrait, annoncé pour le 1er octobre prochain, l’élu nous réservera-t-il d’autres volte-face?

Yvan Ylieff doit aussi être un spécialiste du billard à trois bandes. Car sans la citer, c’est aussi celle qui occupe le fauteuil mayoral à Dison qu’il égratigne en s’affichant parmi les «socialistes qui restent fidèles aux valeurs de la démocratie, des droits de la femme, des valeurs d’égalité, de la démocratie et ceux qui sont soumis à des mouvances et des dérives communautaristes».

Véronique BonniOn n’a en effet entendu que le silence assourdissant de Véronique Bonni sur l’exclusion frappant la bourgmestre de Verviers: la solidarité féminine, dit-on se serait brisée sur une solide inimitié entre les deux bourgmestres.

Et si rien ne filtre en public, il est notoire que le PS de Dison subit, lui aussi, des «vents contraires». Les reproches faits au cinquième échevin, Jean-Michel Delaval, d’avoir mené une « campagne personnelle» pour forcer une élection que sa relégation, loin sur la liste -pour le punir d’avoir eu l’outrecuidance de contester la tête de liste à la future bourgmestre, et de n’échouer finalement que d’une courte tête?- rendait fort aléatoire, ont laissé des traces.

Faute d’avoir réglé un problème au départ fort circonscrit (comment ramener dans le droit chemin un président de CPAS qui ne supportait pas le moindre contrôle?), le PS a ainsi étendu l’incendie au sein de sa fédération d’arrondissement. Car on imagine bien qu’André Frédéric ne doit pas apprécier les critiques que lui ont adressées Marc Goblet et Yvan Ylieff. Mais qu’au PS de Theux, certains trouvent peut-être aussi que les libertés prises avec les statuts du parti, et avec le Code wallon de la démocratie locale, cela commence à faire beaucoup…

Si, d’aventure, les efforts du président national du parti, Paul Magnette, pour nouer une alliance a priori contre nature avec la N-VA échouaient, et si des élections anticipées devaient avoir lieu, la confection de la liste socialiste pour l’arrondissement de Verviers évoquerait sans doute un célèbre dessin de Caran d’Ache consacré à l’affaire Dreyfus. La première case montre des convives prêts à passer à table et qui s’invitent «Surtout, ne parlons pas de l’affaire Dreyfus». La deuxième montre la table renversée, les convives échevelés, des yeux au beurre noir et elle est légendée «Ils en ont parlé»!

Il fut un temps lointain où le PS qui était encore PSB et le sp.a, toujours BSP, se présentaient ensemble à l’électeur  sous le slogan «Forts et unis. Sterk en eensgezind». L’étiquette belge («B») est depuis longtemps tombée aux oubliettes. Quant à la force et l’unité elles n’ont plus guère cours au sien de la fédération verviétoise du parti socialiste…

Entre-temps, le PS « orthodoxe» a passé alliance avec Ecolo, dans l’ancienne cité lainière, ce qui interroge sur la volonté de faire de la politique autrement qui était jadis affichée par les Verts. Deux blocs antagonistes s’y font désormais face: les 14 élus du cartel PS «orthodoxe»-Ecolo font face aux 15 alignés par l’alliance entre le MR, la liste Nouveau Verviers et le cdH. Pour rappel, la majorité communale exige 19 sièges. Et pendant que ces excellences s’affrontent, le déclin commercial et la paupérisation de la ville se poursuivent…