Un ultime épisode qui ne rend pas sa crédibilité à l’Union belge de football


Le dernier acte d’un mauvais vaudeville s’est clôturé en ce début de semaine, devant les instances de l’Union belge de football, dont la crédibilité a encore pris un nouveau coup tant le coup était prévisible.

Pour rappel, ainsi qu’expliqué dans un billet précédent, le RFC Liégeois, premier champion de Belgique de l’histoire du football belge, a été, il y a quelques semaines, le seul club à terminer en tête de son championnat à ne pas accéder à l’étage supérieur. Les «Sang et Marine» ont été contraints, pour atteindre la division IB, de passer par un tour final avec Dender, Knokke et Dessel Sports, en dépit du fait que ces deux derniers clubs, faute de licence pour gagner l’étage supérieur, ne pouvaient pas monter.

Seuls, Dender et le Club Liégeois étaient donc concernés par ce tour final, et la solution sportive la plus logique aurait sans doute été de leur faire disputer deux rencontres pour se départager, voire une belle pour trancher définitivement la question. Mais c’était sans doute trop simple, et cette compétition boîteuse a quand même eu lieu. Elle a paru définitivement tourner à l’avantage du matricule 4 quand Dender, à l’avant-dernière journée, est venu se faire battre à Rocourt. Mais là aussi, il fallait un caillou dans la chaussure.

Le coup de Jarnac est venu au lendemain de ce succès en principe décisif, quand le «sportcomité» (j’utilise à dessein sa dénomination flamande) de l’Union belge a renversé une décision antérieure, et a infligé un… score de forfait aux «Rouge et Bleu» pour une erreur administrative qui, lors d’une rencontre de championnat, leur avait fait inscrire sur une feuille d’arbitre un jeune joueur de 22 ans et quelques jours, alors qu’il ne pouvait en avoir que 21. Une sanction administrative avait d’abord frappé le RFC Liégeois; le «sportcomité» renversait le classement à son détriment, juste avant la dernière journée du tour final: le procédé était cousu de câble blanc.

La direction du Club Liégeois, par la voix de son avocat de président, Jean-Paul Lacomble, annonçait immédiatement un recours, appuyé de quatorze moyens de droit, dont l’un portait sur le caractère tardif de la réclamation de… Dender contre cette erreur administrative. Devant n’importe quelle institution judiciaire, ce retard aurait suffi à repousser ce recours, mais pas au «sportcomité».

Restait un ultime espoir aux Liégeois: aller s’imposer à Knokke, lors de la dernière journée en tablant sur un très improbable échec de Dender face à Dessel Sports. Mais le moral n’y était plus: malgré une domination écrasante, les «Sang et Marine» se sont inclinés à la Côte, tandis qu’un seul petit but suffisait à Dender pour s’adjuger une promotion indue ou en tout cas bien peu sportivement acquise.

Il suffisait alors d’effacer la trace de ce forfait: c’est ce que l’Union belge a fait, en début de semaine, en donnant… raison au Club Liégeois, et en annulant d’autant plus aisément le score de forfait qu’il ne lui permettait pas de récupérer sa première place. Ayant ainsi gain de cause, les dirigeants du matricule 4 n’ont désormais plus aucune raison de s’adresser à la justice civile, pour demander compensation pour le préjudice incontestable ainsi subi…

Tout cela est évidemment cousu de câble blanc: cette dernière décision des instances de la fédération belge achève de les décrédibiliser au sud du pays, où on n’oubliera pas les accusations de corruption lancées jadis contre l’AS Eupen par le KV Mechelen et Waasland Beveren, qui avaient eux-mêmes tenté «d’arranger» leur rencontre sans subir la sanction prévue en pareil cas; la manière dont l’Excelsior Virton a été «truandé» en division II, ou IB si vous préférez, et aujourd’hui cette maladroite tentative de mettre le couvercle sur une colère qui reste vive.

On plaint le nouveau président de l’Union belge de football, qui ne vient pas du sérail, et qui a évoqué dès sa première interview les nombreux «défis» auxquels il doit faire face, du stade Roi Baudouin au football féminin, sans oublier le foot professionnel et le football amateur. Tiens, il n’a pas parlé de la corruption endémique dans le football belge, dont la fédération ne semble plus se soucier, dans l’attente de la sanction judiciaire. Ni, non plus, de cette étrangeté qui a vu un seul champion ne pas accéder à l’étage supérieur…