Vaillants défenseurs d’une cause discutable


Plus de 60.000 personnes ont donc signé la pétition de soutien aux initiateurs du « vrai faux » journal de la RTBF annonçant la fin de la Belgique. Ce résultat est encourageant, puisque la pétition visait à faire croire qu’il s’agissait de défendre l’indépendance de la chaîne face à une « reprise en mains » du politique, sous forme de sanctions contre des journalistes iconoclastes. Mais la menace était-elle celle-là? Et cette indépendance est-elle bien réelle dans le chef des dirigeants de la RTBF?

M. Philippot, que l’on sache, est clairement étiqueté; le conseil d’administration est rigoureusement politisé, et il a suffi d’un coup de fil impératif de Fadila Laanan, ministre de l’Audiovisuel, pour imposer, le 13 décembre dernier, le bandeau indiquant que ce faux JT relevait de la fiction, qui aurait dû être à l’écran dès le départ. Face à cette politisation, des instruments existent qu’il faut renforcer et d’autres devraient être forgés. L’Association des Journalistes de la RTBF, tout d’abord, dont le président Alain Vaessen a exprimé les réserves face à cette émission controversée. Notons au passage que la fameuse pétition n’a pas émané de l’AJ, mais des proches des initiateurs de l’émission: on n’est évidemment jamais aussi bien servi que par soi-même. Un Conseil de Journalisme, ou Conseil des Médias ensuite, qui pourrait entre autres missions veiller au respect scrupuleux de l’indépendance journalistique à la RTBF, à l’égard des pressions politiques, mais là… c’est la RTBF qui n’en veut pas, préférant mettre sur pied en interne une instance déontologique croupion.

À son tour, cette pétition semble nous apparaître comme un faux nez, cachant une volonté de se placer en-dehors de tout devoir déontologique, ce qui n’a rien à voir avec l’indépendance rédactionnelle. Car une information dénuée de tout respect déontologique est bien plus vulnérable que l’information indépendante.
Vous le devinez aisément à la lecture de ces lignes: je n’ai pas signé cette pétition. Parce que je n’aime pas être victime d’un attrape-nigauds…