Le Club Liégeois victime de lui-même mais aussi de l’Union belge


Le sort en est donc jeté: battu à Knokke, le Royal Football Club Liégeois a loupé la montée en division IB, qui était son objectif avoué de cette saison.

Une nouvelle fois, les «Sang et Marine» ont été victimes de leur manque d’efficacité: à la Côte, ils ont dominé entièrement la rencontre, mais ils n’ont pu inscrire qu’un seul but, tout en fin de rencontre, insuffisant pour leur éviter la défaite, et insuffisant aussi pour leur permettre de rester dans les talons de Dender, petit vainqueur, de son côté, d’un Dessel qui n’était pas vraiment motivé pour ce tour final, décisif pour une montée qu’il ne pouvait pas plus obtenir que Knokke.

Pour les sympathisants du matricule 4, le coup est rude. Pour ses responsables, le président Jean-Paul Lacomble en tête, il est urgent de tirer toutes les leçons de ce fiasco final, dont le club porte une part de responsabilité, mais une part seulement…

La première question à se poser est de savoir s’il était opportun de se séparer de l’entraîneur, Drazen Brncic, à l’amorce du sprint final. Biens sûr, le Club Liégeois traversait alors une passe difficile, mais son expérience n’aurait-elle pas été précieuse dans ce tournoi si particulier pour la montée en division IB?

L’interrogation suivante porte sur le choix de celui qui prendra l’équipe en charge la saison prochaine. Il semble bien que Gaetan Englebert ne conservera pas ce poste. Et il s’agira de ne pas se tromper.

Il faudra aussi se pencher sur le noyau qui vient de boucler le présent championnat. Le but n’est évidemment pas de tout chambouler. Mais il y a tout de même des questions à se poser, quand on voit le nombre de rencontres où le matricule 4 a eu toutes les difficultés à s’imposer, alors que le recrutement de Jeremy Perbet était censé résoudre en large partie ses difficultés offensives. L’ancien goleador du Sporting de Charleroi a peut-être répondu à l’attente, en termes de buts inscrits, mais n’a-t-il pas fait défaut au moment le plus décisif?

Le propos n’est évidemment pas de pointer l’avant-centre du doigt. Car une rencontre, c’est bien connu, se gagne à onze, douze, treize, quatorze, quinze ou seize. Et il y a peut-être divers postes sur lesquels un renforcement serait nécessaire, pour pouvoir enfin décrocher la timbale.

L’encadrement du club doit lui aussi être passé en revue. Car aussi stupides soient les règlements de l’Union belge, l’erreur qui a fait oublier d’inscrire un joueur de moins de 21 ans sur la feuille d’arbitre d’un match crucial contre Dender a été très chèrement payée. Trop chèrement peut-être: on le saura après l’appel que le président Lacomble entend poursuivre pour le principe. Et pour éviter à d’autres de subir ce que le Club Liégeois a subi.

Et là, au-delà des moyens de droit soulevés par l’avocat qu’est Jean-Paul Lacomble (et notamment le fait que Dender n’ait pas porté plainte dans les délais, ce qui, devant n’importe quelle juridiction, l’aurait fait débouter… mais pas apparemment devant le comité sportif, ou plutôt devant le «sportcomité» comme l’a opportunément prononcé le président du Club Liégeois, de l’Union «belge» de football.

Car, si les responsabilités du club ne peuvent être éludées dans l’échec de sa course à la montée, celles de l’Union «belge» n’en sont pas moins écrasantes.

Ce n’est en effet pas un hasard si c’est au lendemain de la victoire qui apparaissait décisive, face à Dender que le «sportcomité» a infligé un score de forfait pour sanctionner une erreur administrative qui avait valu une simple amende au matricule 4.

Très peu sportif, Dender, battu 3-0 dans le match incriminé où le jeune de 22 ans installé sur le banc n’était pas monté au jeu, s’était pourvu en appel, signalant que lui-même avait été sanctionné d’un score de forfait pour la même erreur lors d’un précédent match.

Le hic, c’est que la jurisprudence de l’Union «belge» de football semble bien avoir été balbutiante sur la question: amendes et scores de forfait ont constitué une jurisprudence particulièrement changeante en la matière.

Toujours est-il que le coup de Jarnac a été parfaitement exécuté: euphorique dimanche et lundi, les joueurs liégeois ont été foudroyés par la décision lundi soir, et c’est avec un moral malgré tout dans les chaussettes qu’ils se sont présentés à Knokke, où ils ont eu la mauvaise idée de s’incliner.

Désormais, rien n’empêche les pontes de la fédération de maintenir le score de forfait, ou de l’annuler, puisque rien n’empêchera Dender d’accéder à la division I B….

Tout cela ne répond pas à la question de savoir pourquoi le Club Liégeois, vainqueur de la compétition de division I A, a été le SEUL club champion de tout le football belge à ne pas accéder d’office à l’étage supérieur, et à laisser les suivants s’empoigner dans un tour final pour désigner un deuxième montant.

Pareille incongruité (le champion ne monte pas, mais bien le club… quatrième classé!) dénature complètement la compétition, mais de cela, apparemment personne ne se soucie.

Autre absurdité: ce tour final, où le Club Liégeois se retrouvait face… à trois clubs flamands, était ouvert à deux formations (Knokke et Dessel Sports) qui ne pouvaient en aucun cas monter. Quelle logique, dès lors, à organiser un tour final à quatre, susceptible de donner naissance à toutes les suspicions de collusion?

Le plus simple, dès lors qu’on accepte, en dépit de toute logique, que la meilleure équipe de la saison ne soit pas promue, aurait été de faire s’affronter le Club Liégeois et Dessel Sports soit en un test-match décisif, soit par matches-aller et retour, avec une belle éventuelle pour emporter la décision.

Tout cela, sans doute, est trop simple, pour les grands penseurs de l’Union «belge» de football, qui préfèrent faire compliqué. Et favoriser au passage les grands clubs, et tout particulier les clubs flamands, avec cette inscription, en division I B, d’équipe «U23» qu’on enverra au casse-pipes, sous prétexte d’aguerrir des jeunes footballeurs.

À tout le moins ces équipes pourront-elles descendre en fin de saison, ce qui n’était pas le cas des jeunes du Club Brugge, les seuls autorisés (tiens, tiens…) à participer au championnat de division I B, lors d’une saison précédente.

La compétition, du coup, en avait été singulièrement faussée. Celle à venir le sera également, car, selon le moment de la saison, les jeunots, même encadrés par de vieux chevaux de retour, offriront une résistance acharnée, ou se feront dézinguer dans les grands largeurs.

Bon, cette fois, la falsification de la compétition ne se fera pas à coups de montres de luxe, c’est déjà cela. Tiens, au fait, on attend toujours les mesures d’assainissement que l’Union «belge» de football devait prendre après la révélation de ce scandale. Il est vrai qu’il lui faudrait faire preuve de courage politique….

Le retour de Seraing en D1A: sympa… mais de quel Seraing parle-t-on?


L’événement footballistique du week-end, dans notre petite terre d’héroïsme, a été la dégelée infligée par le RFC Seraing au SK Waasland-Beveren, qui condamne à la relégation le club waeslandien, et ramène du coup les Sérésiens au plus haut niveau du football belge, qu’ils ont quitté il y a un quart de siècle.

Ce résultat fait que la saison prochaine commencera à nouveau avec quatre clubs wallons au sein de l’élite: le Standard, le Sporting de Charleroi, l’AS Eupen (que je qualifierais plutôt de club germanophone… ou qatari), et donc, à la place de l’Excelsior Mouscron, le RFC Seraing, ou plus exactement le FC Seraing, si l’on s’en tient à la règle qui impose qu’un titre de «société royale» ne s’obtient qu’en fonction de conditions strictes (50 ans d’existence et agrément du Palais Royal), et qu’il ne peut se transmettre au gré de cessions à l’encan, dont le club de l’ancienne cité du fer a fait plusieurs fois l’objet au cours des dernières années.

Si l’on s’en tient aux faits, le RFC Seraing, club créé en 1905, a connu une existence chahutée marquée, au cours du dernier demi-siècle, par une grève des joueurs en 1969; par l’arrivée, l’année suivante, du défunt bourgmestre de Seraing, Guy Mathot, dans le comité de direction du club, ce qui lui attirera, plus tard, divers ennuis judiciaires; par la faillite du club, le 18 juin 1984, et sa reprise, en 1990, par le défunt entrepreneur bruxellois Gérard Blaton. Lequel fera flamber le Pairay, en qualifiant notamment le club pour une coupe d’Europe, avant de jeter l’éponge: le 2 avril 1996, le RFC Seraing est absorbé dans la fusion avec le Standard de Liège, et son matricule, le 17, disparaît pour toujours.

Feu le notaire Paul Plateus, fils de François Plateus, dirigeant historique du club, ancien secrétaire général du RFC Seraing, avait lutté jusqu’au bout pour faire échec à cette fusion, qui «tuait» son club. Mais comme le nabab bruxellois disposait de la totalité des parts de la coopérative, il n’avait eu que ses mots à opposer à une fusion qui équivalait à une mise à mort.

Restait le stade du Pairay, désormais veuf: il ne restera pas longtemps inoccupé. La Royale Union Liégeoise, née de la fusion de Bressous (matricule 23) et de Jupille, sous l’impulsion de l’ancien secrétaire du CPAS de Liège, Michel Faway, vient y planter ses pénates, et, en hommage au lieu, modifie son nom: le RFC Seraing-RUL voit le jour. Le 1er juillet 1996, il adaptera son nom: le RFC Sérésien accueille au sein de son équipe dirigeante d’anciens joueurs du RFC Seraing. En troisième division, le club se reconstruite patiemment jusqu’à l’irruption de Bernard… Serin.

Bernard Serin est une personnalité hors du commun. Il est arrivé en région liégeoise dans les bagages d’Usinor, et a été placé à la tête de Cockerill-Sambre quand le groupe sidérurgique lorrain a repris la sidérurgie wallonne.Tenu à l’écart du comité de direction du géant sidérurgique Arcelor, né de la fusion, le 18 février 2002, d’Usinor, de la luxembourgeoise Arbed, et de l’espagnole Aceralia, il claque ensuite la porte et reprend, avec l’aide de capitaux liégeois, Cockerill Mechanical Industries (CMI), la filiale la plus boîteuse du bassin sidérurgique liégeois. Il la transforme rapidement en success story wallonne et internationale: le groupe, qui a pris aujourd’hui le nom de John Cockerill, rayonne dans le monde entier.

Parallèlement à cela, cet hédoniste, originaire de l’Hérault, est devenu à la fois Lorrain et liégeois, et il est passionné par le football. Entré dans le comité du FC Metz en 2006, il en devient le vice-président exécutif en 2008, puis président en 2009, succédant au mythique Carlo Molinari. Bernard Serin préside toujours le club messin, qui, sous sa conduite, a connu des fortune diverses, faites de descente en Ligue 2 puis de remontée en Ligue 1, où il figure toujours aujourd’hui.

Cet homme d’affaires avisé imagine alors rapidement un partenariat entre le club lorrain et… qui au fond?

Dans un premier temps, le 1er juillet 2013, il reprend le RFC Sérésien, mais le club évolue alors en Iere provinciale liégeoise: la mariée n’est pas assez belle pour en faire un partenaire du FC Metz.

Un an plus tard, c’est le tour de passe-passe: le 1er juillet 2014, Bernard Serin rachète le matricule du club de Boussu-Dour, club lui-même issu d’une fusion, mais à bout de souffle. Sous le numéro 167, le club, baptisé Seraing United, évolue alors en division II.

Douze mois plus tard, le 1er juillet 2015, le club change à nouveau de nom: selon le site du club, il redevient le «RFC Seraing».

Petit problème, sauf à donner à la lettre «R» une autre dénomination, il ne peut en aucun cas exciper du titre de «Royal» puisque Seraing United n’avait pas hérité de cette distinction, non plus que Boussu-Elouges et Dour, clubs passé à la trappe de cette opération, de même que Bressoux, Jupille, et la Royale Union Liégeoise, dont le souvenir ne subsiste plus que chez les historiens du football belge.

Le phénomène n’est pas unique dans le football belge: pour ne plus parler du RWDM qui unit trois clubs disparus (le Racing de Bruxelles, le White Star, et le Daring de Molenbeek) qu’on a rebaptisé abusivement «Daring» à chaque fois qu’il a rencontré l’Union Saint-Gilloise, le Beerschot, par exemple, failli lui aussi, ne s’est tiré d’affaire qu’en rachetant le matricule de Wilrijk, et n’a gardé que pour un temps le nom de Beerschot-Wilrijk qui correspondait exactement à sa situation «matriculaire»

Le partenariat entre les deux clubs peut alors s’organiser: Seraing devient la succursale du FC Metz.

Un partenariat «gagnant-gagnant»? Pas immédiatement, puisque, avec la réforme du football belge, le FC Seraing s’est retrouvé en division IA francophone, où il a figuré sans briller jusqu’à l’année dernière, quand à la faveur d’un replâtrage de bric et de broc de la division I B (avec notamment l’intégration brillamment ratée des U23 du Club Brugge), le matricule 167 a bénéficié de circonstances administrative favorables, avec le désistement de plusieurs clubs, pour acquérir, sur le tapis vert, le droit de jouer à l’étage supérieur cette saison.

On connaît la suite: les renforts heureux venus de Lorraine, avec surtout le buteur Georges Mikautatdze, 22 buts cette saison, qui va repartir pour Metz; le début de championnat tonitruant; puis la lutte pour conquérir la deuxième place dans le sillage de l’intouchable Union Saint-Gilloise, placée, elle, sous tutelle britannique.

La conclusion de cette campagne est tombée dimanche, et quelques centaines de supporters ont fêté les «Rouge et Noir» à leur retour au Pairay.

Le plus dur commence maintenant. D’abord pour reconstruire une équipe, car Metz, qui a besoin de toutes ses plumes pour voler, reprendra ses meilleurs éléments, pour en amener d’autres, inexpérimentés, sur les hauteurs sérésiennes. Le problème, c’est qu’en division IA, les débutants n’ont pas toujours l’occasion de se faire les dents. Et le récent match de coupe de Belgique entre Seraing et le Standard est là pour montrer l’écart qu’il lui reste à franchir pour éviter de faire un rapide aller et retour.

Et puis reste la quadrature du cercle que Seraing, même à la grande époque des Bocande, Oblitas, Rojas, Bertelsen, Kabongo ou Lukaku (Roger, pas Romelu…) n’a jamais pu résoudre: hors les derbies liégeois, face au Standard ou au RFC Liégeois alors toujours en division I, ou à part la visite du Sporting d’Anderlecht ou du Sporting de Charleroi, les travées du Pairay sont le plus souvent restées désespérément vides.

Si on peut être heureux de cette promotion, et féliciter le FC Seraing pour ce résultat, ce n’est pas faire preuve d’un pessimisme exagéré de dire que son avenir reste aussi sombre que les fumées qui, jadis, sortaient de ses hauts-fourneaux aujourd’hui éteints…

Pour se maintenir ou obtenir une promotion dans le football belge, il ne faut pas briller sur le terrain


Ainsi donc, le club le plus mauvais de la saison dernière, qui avait réclamé l’arrêt de la saison pour motifs sanitaires avant de sombrer sportivement, a fait plier tout le football belge: contre toute logique sportive, Waasland-Beveren jouera toujours en première division l’an prochain, au motif que la dernière journée du défunt championnat n’avait pu être jouée, où la probabilité de le voir assurer son maintien devait être à peu près de l’ordre de un sur un million.

Cette pantalonnade n’est pas étonnante : l’an dernier, le football belge avait accepté que le KV Mechelen continue à jouer au plus haut niveau, alors que le club avait été convaincu d’avoir acheté une rencontre… face à Waasland Beveren. La tradition restait ainsi sauve: si, en Italie, la Juventus de Turin elle-même a été reléguée en deuxième division, il y a quelques années, pour des faits de corruption antérieurs -elle n’y est restée qu’une saison pour revenir régner sur le calcio- chez nous, on n’a jamais osé ne fût-ce qu’un instant imaginer le retrait au Standard de Liège de son titre de 1983, acquis après un fait de corruption avéré.

Le Beerschot-Wilrijk, qui ne doit sa survie qu’à l’abandon de son matricule et l’absorption par un club voisin, on l’oublie trop souvent, et l’OHL sont du coup exemptés de se départager pour la montée: tous deux sont promus parmi l’élite sur le tapis vert et non sur le terrain. Sauf réaction judiciaire de Westerlo, qui a eu le tort d’être la meilleure équipe de D1B l’an dernier, mais qui au départ de la saison a accepté ce règlement imbécile, où la meilleure équipe n’est pas forcément récompensée.

Ce maintien et ces promotions iniques ont des conséquences en cascade: pour compléter cette division IB croupion, le Lierse Kempenzonen, quatorzième de division I amateurs s’y retrouve sans autre forme de procès, au bénéfice d’une licence obtenue grâce à un financement étranger que les clubs flamands ne contestent pas, comme ils le font chaque année en vain pour Mouscron. Sans que la commission des licences ait jamais trouvé à redire au rôle trouble qu’y jouaient des agents de joueurs. D’où le passe-droit offert à Malines?

Ce tour de passe-passe ne suffisant pas l’équipe des moins de 23 ans du Club Brugeois est imposée dans une division dont elle… faussera le championnat. Car pour les jeunes Brugeois, il ne pourra bien sûr être question ni de montée, ni de relégation. Au fait, au passage pourquoi les jeunes du Club Brugeois? Un favoritisme de plus?

En attendant, l’Excelsior Virton qui aurait pu ou dû se trouver en lice pour atteindre la division IA, au risque de provoquer l’ire des clubs de l’élite peut-être peu alléchés par le déplacement en Gaume, a, lui, été dégradé, alors que, sur le terrain, l’équipe avait particulièrement performé. Logique?

Il y a trois-quarts de siècle, au sortir d’années bien plus éprouvantes que les mois de pandémie que nous traversons, une solution élégante avait été trouvée pour les cinq saisons et demie jouées en période de guerre: les montées étaient entérinées, et les relégations annulées. Et la saison 1945-1946 permettait de remettre les séries en ordre en augmentant le nombre de formations reléguées.

Personne, à l’époque, n’a remis le mécanisme en cause: le temps n’était pas à la judiciarisation systématique des questions sportives. Le pognon ne régnait pas non plus en maître sur notre football: ce n’est que deux ans plus tard que le transfert de Willy Saeren de Tongres au FC Liégeois qui n’était pas encore « Royal » pour un million de francs de l’époque, suscitera des cris d’orfraie.

Surtout, le football belge était sain à l’époque. Aujourd’hui, comme l’a écrit mon collègue Frédéric Bleus dans le quotidien (air connu) qui nous emploie et ne nous rémunère pas assez à notre gré, il est bien malade. Les grandes révélations sur les affaires de corruption et de commissions occultes n’ont abouti qu’à la suspension de lampistes, et puis le manteau de Noé à été jeté sur ces turpitudes.

Les performances exceptionnelles des Diables Rouges ne cacheront plus très longtemps cette décrépitude que le projet fumeux de Beneligue ne pourra guérir. Comme on sait aujourd’hui que l’hexachloroquine n’est pas la pilule Titus (celle qui guérit de tout) du Covid-19

Le RFC Liégeois champion: les grands clubs ne meurent jamais!


Liège champion

Une nouvelle fois, le RFC Liégeois a connu les joies d’un titre ce dimanche: quatre ans après l’avoir quittée, les «Sang et Marine» vont retrouver la division III, et comme un bonheur ne vient jamais seul, dès la saison prochaine, ils retrouveront les hauteurs de Rocourt, d’où ils ont été chassés il y a vingt ans dans les circonstances nébuleuses que l’on connaît. Le matricule 4 cessera alors d’être le seul club SSF (Sans Stade Fixe) du football belge, voire du football européen, et peut-être même du football mondial!

Un nouveau chapitre dans l’histoire mouvementée du club s’est ainsi clôturé: ce titre décroché en surclassement en promotion D renvoie à celui conquis, en 1943, par une équipe où évoluaient Roger Agneessens et Pol Anoul, tous deux champions de Belgique neuf ans plus tard. Il s’additionne aux cinq titres nationaux du RFC Liégeois (1895,1896,1899, 1952, 1953); au titre de division I B (le niveau de la division II actuelle) en 1944; et aux titres de division III de 1996 et de 2008.

Le hasard du calendrier fait qu’en même temps que l’équipe d’Alain Bettagno, un autre monument du football belge célèbre un titre identique, en promotion C. Mais un monument ravalé: on a beau parler du Beerschot, dont l’appellation finira sans doute par prévaloir, on ne doit pas oublier que seule une fusion avec Wilrijk a permis au club de Kiel de renouer avec sa superbe. Et avant cela, il y avait déjà eu l’union des «Mauves» anversois avec le Germinal Ekeren, pour donner naissance à un club, le Germinal Beerschot d’Anvers, dont l’acronyme GBA avait suscité l’ironie du président du grand rival de la Métropole. «Cela veut sans doute dire Grand Bazar d’Anvers» avait avancé Eddy Wauters, alors grand patron de l’Antwerp. Le Beerschot qui remonte en division III n’est donc plus tout à fait le Beerschot. Même s’il a gardé son public, malheureusement d’un flamingantisme exacerbé.

Rien de tout cela à Liège: le spectre de la fusion avec l’ennemi héréditaire de Sclessin une fois éloigné, dans les années 1980, il y a eu, c’est vrai, une union calamiteuse avec un Tilleur aux abois. L’essentiel, dans cette opération, a été le sauvetage du matricule du plus vieux club wallon, mais on ne peut dire que cette opération qui, aux yeux de l’Union belge, n’était pas une fusion, ait permis d’écrire les heures les plus enthousiasmantes de l’histoire du club.

La renaissance du RFC Liégeois n’est pas non plus le fruit d’une de ces opérations de rachat qui, depuis le sommet du football européen jusqu’aux niveaux les plus modestes, voient des clubs soudainement promis à des lendemains qui chantent, avant de déchoir irrémédiablement une fois que les bailleurs de fonds se sont lassés. L’exemple, en province de Liège, du CS Visé, qui a vécu ces dernières années sur des fonds indonésiens et attend d’hypothétiques repreneurs chinois est là pour démontrer le caractère illusoire de ces solutions. Les espèces sonnantes et trébuchantes apportées par le FC Metz au club de Seraing, qui n’a décroché le droit d’évoluer en division II que grâce au rachat du matricule des Francs-Borains, ne feront pas longtemps illusion, le club messin lui-même étant promis à relégation en fin de saison. Elles n’ont pas suffi à lui apporter des supporters que, même à sa meilleure époque, sous la présidence de feu Gerald Blaton, le FC Seraing n’a jamais réussi à fidéliser. Le mariage de Lille et de Mouscron-Péruwelz, à l’autre bout de la Belgique, n’est pas non plus très rassurant sous cet angle. Et bien que des résultat sportifs puissent être au rendez-vous, comme on peut le voir à l’AS Eupen désormais dirigée depuis le Qatar, le public n’adhère pas au projet. Car le club n’a plus aucune attache régionale.

L’intérêt et l’originalité de l’opération menée depuis le 25 juin 2011par les actuels dirigeants du RFC Liégeois, c’est que le club, conformément à sa tradition, a reconstruit son avenir sur ses propres forces. Et notamment en veillant à conserver le noyau de supporters qui, depuis deux décennies, en dépit de toutes les vicissitudes, ont continué à lui manifester leur soutien.

Pour remonter en division III, le matricule 4 n’a pas trahi son âme: c’est la marque des grands clubs, qui, pour cette raison, ne meurent jamais.

De quoi son avenir sera-t-il fait? Même si les ambitions sont grandes, au moment où on fête un titre en surclassement, il lui faudra d’abord se stabiliser en division III avant, qui sait, de reprendre sa marche en avant, malgré les obstacles multipliés par les clubs professionnels ou réputés tels, pour empêcher toute concurrence de venir leur faire de l’ombre.

Ces réformes n’auront qu’un temps: mises en place par des dirigeants sans grande imagination, elles démontreront rapidement leur inanité. Et d’ailleurs qu’importe: le retour du Stade de Reims au plus haut niveau du football français, il y a deux ans, la réussite renouvelée des «Verts» de Saint-Étienne, ou l’arrivée en première division espagnole du SC Eibar, un club qui… joue en rouge et bleu, l’an dernier, sont là pour montrer qu’une identité sportive forte est le meilleur garant de la pérennité des clubs. Alors, si on se remémore le précédent de 1943, Liège champion de Belgique en 2024?

Les héritiers d’une tradition footballistique vieille de 116 ans


La com’ du RFC Liégeois avait bien travaillé, en fin de semaine dernière: plus personne ne pouvait ignorer que si les «Sang et Marine» l’emportaient sur le FC Huy, ils signeraient un onzième succès d’affilée, et qu’ils égaleraient ainsi un record établi, avant eux, par leurs lointains prédécesseurs de 1899, et leurs glorieux ancêtres de 1943.

C’est aujourd’hui chose faite: l’équipe de 2015 rejoint ainsi les vainqueurs définitifs de la «coupe du championnat», attribuée, au tout début de la compétition belge, à la première équipe qui décrocherait trois titres d’affilée (le trophée ayant été aussi rapidement acquis, la fédération belge de l’époque décida de ne plus le remettre en jeu, l’acquisition régulière d’une coupe dépassant sans doute ses moyens financiers), et la formation promotionnaire qui amorça, en pleine Seconde Guerre mondiale, une remontée qui a conduit le Club Liégeois à ses deux derniers titres nationaux, en 1952 et en 1953.

Promotion-D-Huy_RFC-Liege-04-10-2014-48-626x380Il «suffirait» donc à l’équipe actuelle, maintenant solidement en tête de la promotion D, d’ajouter une nouvelle victoire à sa belle série, le week-end prochain, pour établir un record qui ne sera sans doute pas près d’être égalé.

L’événement est bien sûr anecdotique: il ne fera pas l’actualité des médias sportifs du monde. Il n’en a pas moins une valeur symbolique, qui ne devrait pas intéresser que les sympathisants du plus vieux club wallon et francophone de Belgique, comme votre serviteur.

Que ce succès ait été remporté face au FC Huy est à cet égard significatif: si la pérennité du football a été assurée dans la Cité du Pontia, ce n’a a été qu’au prix de la fusion entre Huy Sports, et l’Union Hutoise, qui, faut-il le rappeler, a évolué avant la Seconde Guerre mondiale au niveau de la division II actuelle. Les clubs hutois n’ont pas été les seuls, loin de là, à devoir passer par une fusion pour pouvoir poursuivre leurs activités: Genk, au plus haut niveau, a chassé des mémoires Winterslag et Waterschei, tous deux clubs européens en leur temps; Zulte-Waregem a permis au club du Gaverbeek de renouer avec les sommets; Waasland-Beveren a uni deux moribonds, Beveren-Waas et Sint-Niklaas et Mouscron-Peruwelz, qui vient de retomber sur un siège à bascule, n’a survécu qu’au prix d’une fusion et de l’intervention financière du club voisin de Lille. Intervention qui va s’étendre en fin de saison, soit dit au passage, ce qui peut laisser. Ailleurs, c’est l’intervention de capitaux beaucoup plus exotiques qui, au Lierse, à Turnhout, ou à Eupen, a permis à des clubs de surnager tant bien que mal.

Le phénomène, faut-il le rappeler, n’est pas uniquement belge: Manchester City, Manchester United, Chelsea, le Paris-Saint-Germain, Barcelone et le Real Madrid, pour ne nommer que ceux-là, ne doivent qu’à l’arrivée de magnats de continuer à régner sur leur foot national et européen. Avec toutes les questions que ces dérives suscitent: j’ai déjà évoqué ici le transfert d’Eliaquin Mangala de Porto à Manchester City. Le club de Bastia a été sanctionné financièrement pour une banderole, brandie lors de la victoire des Corses sur le PSG, qui rappelait le rôle trouble du Qatar, propriétaire du club parisien, dans le financement du fondamentalisme islamiste.

RFCL 1899Le RFC Liégeois ne joue pas, loin de là, dans les mêmes divisions. Mais il n’empêche, avec leur victoire de ce dimanche, qui rappelle leur filiation directe avec les premiers footballeurs «rouge et bleu» de la fin du XIXeme siècle, ce n’est pas uniquement un succès sentimental qu’ils ont remporté. Ils ont démontré, à leur modeste niveau, qu’une autre voie est possible dans le football. Une voie essentiellement basée sur des valeurs, et l’attachement à des couleurs.

C’est cette voie que les clubs allemands ont depuis longtemps empruntée. Le Bayern, dont la suprématie pèse sur la Bundesliga, véhicule toujours le particularisme bavarois. Et la mauvaise fortune sportive, cette année, du Borussia Dortmund, ne l’a pas privé de son très large soutien populaire. Dois-je encore rappeler, aussi, les 30000 personnes récemment présentes au Tivoli d’Aix-la-Chapelle, pour un match au sommet de la division IV entre l’Alemania locale et le Rot Weiss Essen?

Il reste aux «Rouge et Bleu» actuels  à poursuivre leur chevauchée. Dès la prochaine rencontre, pour marquer définitivement l’histoire du club. En laissant les pontes de l’Union Belge et de la Ligue Pro préparer un championnat fermé à vingt clubs «pros», qui à force de se rencontrer, finiront par tuer tout l’intérêt sportif pour leurs prétendus affrontements.

Record battu

En battant Bertrix ce week-end, l’équipe 2014-2015 du RFC Liégeois est définitivement entré dans l’histoire sportive du club: sa série actuelle de 12 succès de rang n’avait jamais connu d’égale dans le passé. Et le mieux… c’est qu’elle n’est pas terminée!

Un club SSF depuis vingt ans mais toujours vivant


Grâce à «La Tribune» de lundi, puis à «La Première» de ce matin, toute la Belgique sportive sait que le RFC Liégeois, premier club wallon et premier champion de Belgique de l’histoire de notre football, est un club SSF (Sans Stade Fixe) depuis vingt ans.

L’évocation de ce triste soir de novembre 1994, avec une rencontre entre les «Sang et Marine» et le Cercle de Bruges, conclue sur un triste 0-0 qui, sans cette circonstance particulière, ne serait pas passé à la postérité, n’a pas rappelé le jeu de rôles à trois qui, à l’époque, a conduit à la destruction du vieux stade-vélodrome de Rocourt.

1434452603L’acteur principal de cette dépossession était le président de l’époque du matricule 4: en toute légalité, André Marchandise avait, quelques années auparavant, remplacé l’antique coopérative du RFC Liégeois par une double société anonyme: l’une dont le capital était constitué par le stade et son site; l’autre par les joueurs du club. Dans le cas de cette dernière, l’arrêt Bosman, concluant une affaire entamée… au RFC Liégeois, allait réduire à néant la valeur du capital.

L’autre acteur était le groupe Kinepolis, en quête, à l’époque, d’un site pour implanter un complexe cinématographique en région liégeoise. Le site de Rocourt était parfaitement situé, à deux pas d’une sortie autoroutière: cette situation tout à fait favorable aurait d’ailleurs dû faire du stade-vélodrome rénové le stade liégeois de l’Euro belgo-néerlandais de football, si celui-ci s’était déroulé en 1996 plutôt qu’en 2000.

Le troisième partenaire était la ville de Liège, prise entre la volonté de vendre le stade à l’encan du premier (pour 1,4 million d’euros finalement); le désir d’acheter du second, et soumise au «chantage» exercé par les deux partenaires potentiels. Du côté du club, on attirera subtilement l’attention de l’autorité communale sur des problèmes de sécurité graves au stade… qui n’en avait pas moins accueilli, un an auparavant, et sans la moindre objection, un match européen du Club Brugeois, condamné à disputer une rencontre à au moins 200 kilomètres de ses bases. Le groupe Kinepolis menacera, lui, d’implanter son complexe à Hognoul, ou à Herstal, et non seulement de priver ainsi la ville du produit de la taxe sur les spectacles perçue sur les tickets d’entrée, mais également de fermer, à terme, les salles du complexe Opera et celles du Palace. Les premières ont effectivement fermé leurs portes, mais dans l’accord final, la rénovation des salles du Palace fut incluse: le centre-ville de Liège ne perdait ainsi pas complètement la clientèle des passionnés de salles obscures.

Le Club Liégeois s’est ainsi, depuis vingt ans, retrouvé balloté de stade en stade (Eupen, Sclessin, Tilleur, Ans, Seraing…) et attend, maintenant, de faire retour dans un site à Rocourt. C’est un exemple unique dans le football belge, et sans doute dans le football européen. Que le matricule 4, livré, entre-temps, à une époque, à d’authentiques mafieux, n’ait pas sombré dans l’aventure montre que les grands clubs ne meurent jamais. Mais surtout, que dans le monde du football pourri par l’argent, la corruption, et la criminalité en col blanc, il subsiste encore des valeurs simples, comme celles de l’attachement de sympathisants à leurs couleurs, et de pratique du football pour l’amour du sport.